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InvitéInvité
| Sujet: Désastreuse journée Lun 21 Déc - 18:08 | |
| Les jardins du royaume étaient les seuls lieux où un semblant de liberté régnait. L’air était pur et nous faisait parvenir les douces effluves des éclatantes plantes et, un agréable concert de chant d’oiseaux nous parvenait à l’oreille. Quand à nos yeux, il distinguait difficilement les limites de ce domaine et, même après dix-huit années que je foule ce terrain plusieurs lieux restent à découvrir. En effet le terrain était vaste offrant aux couples, aux solitaires, aux rêveurs, aux intellectuels, aux paresseux… un endroit rien qu’à eux sous l’ombre des arbres fruités avec le clapotis de la petite cour d’eau qui traversait tout le jardin. Une autre facette que j’aimais dans ce lieu était les murailles complètement, ou en grande partie, caché nous donnant l’illusion de ne plus être des prisonniers parés de bijoux, mais de simples humains se promenant sur de la verdure avec la possibilité d’aller loin, très loin. De nombreuses fois je venais ici pour rêver, qu’il soit tôt le matin ou tard le soir, en observant les oiseaux étrangers à la voilière, venant et allant là où ils en ont envie et quelque fois, quand j’étais irritée et fatiguée, j’enrageais car ces petites bêtes nous narguaient en s’installant ici pour repartir loin en hiver alors que nous on était condamné à vivre sous ce règne, l’épée de Damoclès sur nos têtes.
Je soupirais et relevais le chapeau de paille qui avait glissé légèrement à cause d’un coup de vent. Aujourd’hui, un panier en main et une feuille dans l’autre, je renouvelais ma collection d’herbes pour les antidotes et poisons. La liste était longue et les plantes ne se trouvaient pas au même endroit, et certains ne poussaient pas là, mais ailleurs. Ce qui me manquerait, je devrais demander aux domestiques de les acheter. Une idée que je déplorais, car dernièrement ils s’ennuyaient et inventaient d’autres rumeurs qui se répandaient dans la Cour. Actuellement j’étais devenue une sorcière qui dansait sous la pleine lune, nue, pour le Satan avec ma mère qui s’enfermait souvent dans sa chambre. Cette dernière, telle que je la connaissais, n’était pas une Hermite et devait avoir une botte secrète pour inviter ses amants sous ses draps. Bref, c’était le cadet de mes soucis, mon problème actuellement était mes sorties nocturnes remarqués par l’uns des domestiques, par conséquent je devrais m’abstenir d’aider directement les rebelles tant que cette histoire ne s’est pas éclipsé. Au pire des cas, j’en créerais une autre bien plus « choque », ce n’était pas compliqué.
J’arrivais à ma première destination. Je m’accroupis et cueillis avec précaution la menthe qui dégageait une forte odeur, puis après les avoir mis dans mon petit panier je me relevais et respirer le bout des gants noirs, ils sentaient bel et bien la menthe. Je n’aimais pas sentir ce que je ne voulais pas, donc je m’équipais toujours d’un petit flacon et m’en aspergeait discrètement, à l’abri des regards indiscrets, quand l’envie m’en venait. La rose ou la lavande étaient mes favorites suivi de l’odeur fruitée comme la fraise ou le melon. Mais ces derniers étaient moins répandus sur le marché, presque inexistant car les caprices du temps étaient ingérables pour les pauvres marchands.
Je continuais ma route, et les piaillements des oiseaux devinrent plus fort, signe que je m’approchais de la volière. Je passais à côté alors que ce n’était pas sur ma route, c’était juste un détour pour les observer. Je mis ma paume sur le verre, et regardais avec une certaine fascination ces espèces différentes de toutes les couleurs. La magie s’intensifia davantage grâce à leur active agitation où les couleurs se mélangeaient, se mêlaient et se fusionnaient. Un sourire sincère remplaça mon sourire hypocrite et fis demi-tour pour me diriger là où le thym poussait en quantité incroyable. Soudain quelque chose s’écrasa surmoi, me faisant vaciller pour qu’au final je me retrouve par terre. Ma joue grattait le sol ainsi que tout mon côté droit, et enfin cette chose s’enlevait de mon corps. Encore étourdi, je me relevais tant bien que mal, complètement furibonde prête à lancer mes foudres de la colère. Malheureusement le coupable fuyait déjà au loin rapidement, ne le voyant que de dos. Ma rage augmenta encore plus, et entrepris un instant de le suivre. Mais mes plantes complètement déchiquetées, le panier cassé et ma robe salie, je me ravissais. Tout d’abords je m’essuyais le visage avec un mouchoir qui se trouvait dans le panier, imbibé de parfum, puis tapota mes gants pour ensuite épousseter ma robe. Ensuite j’essayais d’explorer mes cheveux, ce qui était peine perdue : beaucoup de mes mèches s’étaient échappées des épingles strictes qui la jonchaient. Je ramassais mon chapeau et me dirigeais très vite vers un coin tranquille, où personne ne me dérangerait. L’endroit était entouré de buisson verdoyante et assez haute et un citronnier mûr. Là je détachais totalement mes cheveux et, fatigué, je me couchais sur cette herbe luxuriante et fermer les yeux. Vraiment j’aimais ces moments de silence. Malgré tout je rouvris mes paupières en pensant à toute la besogne qui m’attendait. Commander un nouveau panier, et recommencer à cueillir le thym et la menthe. Il me fallait encore plusieurs propriétés d’urgences, comme le ginseng, le trèfle rouge, le romarin...ect… . Je m’assis et entassais tant bien que mal tous mes cheveux sous mon chapeau. Effectivement j’étais une véritable empotée de mes dix doigts quand il ne s’agissait pas de violon ou de médecine. Une ombre se dessinait soudainement au-dessus de moi, et je relevais la tête. Je ne vis rien, aveuglée par la lumière, donc je me relevais et regardais la personne en question. C’était une petite fille mignonne et adorable si dans ses yeux une drôle de lueur ne brillait pas. Je fis une parfaite révérence, en faisant attention à ce que mon chapeau ne trahisse pas ma désastreuse coiffure.
- Bonjour princesse, quelle belle journée pour une balade n’est-ce-pas ?
Je me relevais et lui adressais un sourire chaleureux. J’espère que cette rencontre ne va pas être insupportable. |
| | | Eden { The Lady who dreams to cut heads } Messages : 367 Localisation : Avec ma poupée. Âge du personnage : 13 ans
| Sujet: Re: Désastreuse journée Lun 21 Déc - 21:27 | |
| Elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas sortir. Il faisait très beau, le soleil brillait d’un éclat indescriptible. Elle ne voulait pas s’exposer à ce soleil traître, elle voulait juste rester dans le noir à jouer avec sa poupée… Mais elle se doutait de la venue prochaine d’une domestique qui, tout sourire, lui demanderait si elle ne voulait pas aller jouer dehors, par hasard. Et qui ouvrirait grand les rideaux de velours de sa chambre. Quelle tristesse… Elle prit une ombrelle sur son épaule et sa poupée dans sa main et ouvrit la porte d’un air maussade. Cependant, dès qu’elle se trouva dehors, elle sourit doucement, comme si cette journée était la plus belle de sa vie. Elle alla voir les jardiniers, faisant mine de s’intéresser à leur stupide besogne. Un sourire par ci, une pirouette par là, une phrase gentille et d’une chaleur feinte par ici… C’était son quotidien, pas besoin d’en faire plus. Elle sentait au fond d’elle la rage s’accumuler. Pourquoi. Pourquoi était-elle toujours obligée de faire semblant ?
- Non, tu ne dois pas te montrer telle que tu es, tu dois rester comme ça, tout est plus simple ainsi, tu ne crois pas ?
Cette phrase murmurée la fit sourire. Encore sourire, toujours et toujours sourire. Elle soupira. Il fallait absolument qu’elle se repose, elle ne supporterait pas de devoir continuer comme cela toute l’après-midi. Elle se tourna vers la grande horloge qui surplombait le jardin. Encore une heure et elle retournerait dans sa chambre. Et elle jouerait avec sa poupée, elles prendraient le thé ensemble, avec toutes leurs amies, et personne, personne ne viendrait les déranger. Elle effaça rapidement le rictus malsain qui s’était affiché sur son visage. Elle ne pouvait pas s’en empêcher, elle avait tellement hâte d’être avec sa seule amie, la seule qui ait jamais compté pour elle. C’était compréhensible, non ?
Perdue dans ses rêveries, elle n’aperçut que trop tard la branche de rosier qui barrait le passage et les épines s’enfoncèrent profondément dans sa chair. Elle n’eût aucun mouvement de recul, elle resta la à observer le sang goûter lentement le long de son visage, recueillant les petites perles rouges sur le bout de ses doigts. Elle sourit et porta ceux-ci à ses lèvres. Elle fût curieuse de ne rien ressentir. Elle pensait qu’il aurait un goût particulier, le sang d’une princesse, c’est quelque chose quand même. Mais non, rien. C’était un sang comme tout les autres, un peu salé, un léger arrière-goût de métal rouillé… Elle était déçue. Elle essuya ses mains sur sa robe (sur du noir, ça se voit pas) et avança le long de sentier, cherchant une victime pour s’amuser un peu après cette si grande déception. Au détour d’un massif de chrysanthèmes, elle tomba finalement sur… Elle ferma les yeux, son cœur battant à tout rompre. Qui cela pouvait-il bien être ? Elle se délecta de cette sensation, de cette impatience grandissante, puis ouvrit lentement les yeux. Lady Maria. Elle eût un sourire en coin. La parfaite victime. La jeune femme aux cheveux verts se leva, puis la reconnu. Elle reprit immédiatement un air neutre.
- Bonjour princesse, une belle journée pour une ballade n’est-ce pas ?
"Je n’aurais pas dit mieux moi même." Ses yeux se remplirent de larmes et ses lèvres se mirent à trembler. Elle laissa échapper un sanglot puis se jeta dans les bras de la jeune femme.
- Maria, je me suis fait mal !
Les larmes roulaient le long de ses joues, sans qu’elle puisse les arrêter (ou pas). Elle tourna son visage vers la-dite Maria, lui faisant des petits yeux suppliant. Elle rit intérieurement. Jamais elle ne saurait ce qu’elle pensait réellement. "Quelle cruche celle-là." "Je vais la réduire en miette." "Dis adieu à ta tranquillité, je suis là." |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Désastreuse journée Lun 28 Déc - 12:57 | |
| - Maria je me suis fait mal !
Aussitôt des petites larmes coulaient sur ses joues, dont l’une était souillée par un liquide rouge. J’enlevais calmement mon gant en tissus, m’approchais près d’un cour d’eau où l’eau était limpide et pure, et le trempais dedans. Par la suite je me dirigeais vers la petite princesse avec une certaine méfiance qui naissait au fond de moi pour une raison que j’ignorais, puis je me mis à genoux pour être un peu à sa hauteur et frotta doucement sa joue en sang. Je fixais de temps en temps ses yeux en larmes où j’avais du mal à distinguer cette lueur étrange, avait-elle disparu ? Etait-elle toujours là ? Qui sait. En peu de temps mon gant d’une blancheur immaculée était taché par ce sang « royal ». En quoi l’était-il, j’avais suffisamment connu et senti cette odeur de métal rouillé pareil chez tout le monde, pourtant c’était bien ce « sang royal » qui lui donnait un rang comme mon sang à moi qui m’a permis d’être duchesse sans que j’y fasse quoi que se soit.
- Princesse vous devriez faire plus attention la prochaine fois, vous êtes la lumière de notre peuple.
Les grands mots pour une si petite fille, encore si ce n’était pas hypocrite car oui au fond de moi je me disais qu’elle pouvait mourir sans que ceci ne me fasse quelque chose, après tout j’ai ma vie, je ne suis pas liée à elle. Une de ses mèches blondes tomba sur ces minuscules épaules, et le contraste qui s’opérait avec sa robe noir. Ce dernier détail me dérangeait, car dans toutes ses sorties ou réceptions, Eden était toujours en noir ni plus clair, ni plus sombre. Ses bras étaient toujours comblés par un unique objet, une petite poupée assez vieille. Aujourd’hui aussi elle l’avait cette poupée aux cheveux gris, à la tête ronde démesurément grande par rapport au corps de lilliputien.
« Même robe et même poupée. Quelle tristesse ! »
En effet, une princesse devait se distinguer dans l’allure et l’attitude. D’ailleurs ce second détail aussi était étrange, la princesse loin d’être hautaine et arrogante semblait plus humain : elle pleurait devant l’un de ses sujets. Certes pour beaucoup c’était normal à seulement douze ans, moi aussi j’étais de ces gens-à jusqu’à ce que je vois cette lueur. Maintenant j’avais un nom à cette lumière : la folie. J’avais soigné des hommes, j’ai vu plus d’une émotion tel la peur, la colère, la joie mais surtout la folie qui était une véritable maladie se propageant partout, n’ayant aucune barrière de classe. Oui ces yeux là je les avais vus chez ma mère. Un frisson traversa tout mon corps, et malgré mon désir de fuir loin pour un lieu calme et vierge de toute population je restais auprès de cette fille en souriant agréablement.
- il faudrait se rendre à l’infirmerie du château.
Je me relevais et pour la seconde fois en une journée j’époussetais ma robe. Un coup de vent se leva et souleva mon chapeau de paille que je rattrapais rapidement, malheureusement une bonne poignée de cheveux s’éparpillèrent autour de moi, me couvrant tout le visage. Maudit soit la domestique qui m’avait coiffée ! Au final voyant que je ressemblais à rien avec ce chapeau de paille je l’enlevais ce chapeau, et essayais de mettre dans mon panier cassé. Vraiment pitoyable à voir !
- Excusez-moi de ma tenue. Un individu m’a renversée dans sa course, et sous son poids et le mien mon panier se cassa et mes cheveux se sont totalement décoiffés. Sinon mettons-nous en route vers le château princesse Eden.
Je me mis un pas en arrière, non pas par respect, mais pour mieux observer ce qui m’entoure et écouter en même temps. Je me demandais si la haïr était juste ou pas, elle n’avait que douze ans. Peut-être étais-je devenue trop paranoïaque ?
Soudain le monde autour de moi s’effondra. Le sol était inexistant, et le ciel comme la terre s’était confondu au noir, quand à mon corps il fondait. Je m’arrêtais doucement et regarda un vide, petit à petit les couleurs revinrent et mon corps retrouva sa solidité. J’avais encore eu une baisse de tension. Ceci n’avait duré que quelques secondes, mais ces quelques secondes m’ont suffisamment fatigué et je voudrais m’allonger à nouveau seule. C’était impossible. Il fallait que je soigne sa majesté. Je continuais derrière en accélérant légèrement le pas, plus vite elle était sur un lit d’hôpital et plus vite je la quitterais pour mon propre lit. Ma tête me tourna encore, et n’y pouvant plus je m’arrêtai définitivement. Prenant un air serein malgré mon malaise.
- Princesse, votre joue n’a subi que quelques égratignures qui ne laisseront aucune cicatrice ni trace. Et si je puis me permettre, je pense que vous étiez sortie pour vous promener, alors pourquoi ne pas s’asseoir dans ces bancs plus loin là-bas ?
Effectivement il y avait quelques bancs blanches disposaient sur le bord du chemin. Il y avait qu’un jeune jardinier de l’âge de la princesse, et j’espérais inutilement qu’elle joue avec cet enfant. Mais comme dit, la famille royale ne supportait pas plus bas que soit. C’était de vrais descendants de Narcisse.
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| | | Eden { The Lady who dreams to cut heads } Messages : 367 Localisation : Avec ma poupée. Âge du personnage : 13 ans
| Sujet: Re: Désastreuse journée Dim 10 Jan - 18:16 | |
| Comme prévu, elle se pressa d’aller mouiller son gant dans un point d’eau afin de nettoyer son visage. Cependant, Eden ne voyait pas cette crédulité qu’elle attendait dans son regard."Elle se méfie… Je dois faire plus attention." Elle fit semblant de tenter de contrôler ses sanglots, reniflant et suffocant.
- Princesse vous devriez faire plus attention la prochaine fois, vous êtes la lumière de notre peuple.
Elle remarqua le vide de ses paroles et cela la fit bouillir d’indignation. Elle s’en fichait en fait ! Elle devait absolument se rapprocher d’elle, juste pour mieux pouvoir la détruire."Aie confiance." Le regard de la jeune demoiselle se promenait le long de sa robe, puis sur sa poupée. Elle n’avait pas le droit de la regarder ainsi, avec ces yeux dédaigneux, elle ne lui avait rien fait. Et puis elle était si belle, si gracieuse. Contrairement à elle, qui était si laide, si ridiculement vêtue et coiffée avec ses cheveux verts… Elle la détestait, sincèrement. Qui était-elle pour la juger de la sorte ?
- Il faudrait se rendre à l’infirmerie du château.
Elle voulait se débarrasser d’elle. Elle voulait la mettre entre les pattes d’un quelconque médecin, n’importe lequel fera l’affaire. Pas question de se laisser faire. Mais elle dû se contenter d’un petit sourire triste et d’un acquiescement timide. Quelle ironie ! Elle attendait patiemment son heure lorsque le chapeau de Maria s’envola. Elle espéra un retournement de situation, elle pouvait peut-être lui proposer de la coiffer ? Cette idée lui était insupportable. Et puis, jamais une princesse ne s’abaisserait à cela ! Il lui sembla qu’elle lui parlait de quelqu’un qui l’avait bousculé mais n’y prêta pas attention, bien trop préoccupée par la perspective de devoir toucher de ses mains si délicates les cheveux verts de la jeune femme. Elle abandonna bien vite cette idée. Elles poursuivirent leur chemin en silence, Maria derrière elle comme pour la surveiller. Elle avait bien l’impression qu’elle avait perdu cette manche… Elle soupira d’exaspération.
Et puis la chance lui sourit. Maria subit une sorte de malaise et demanda à s’asseoir. Eden hésita à faire comme si elle n’avait rien remarqué ou bien faire semblant de s’inquiéter. Elle opta pour la seconde proposition, espérant marquer quelques points dans l’estime de Maria.
- Vous vous sentez mal ? Vous voulez que je vous aide à marcher ?
Elle prit un air inquiet et la traîna jusqu’au banc. Elle prit ses mains dans les siennes, la regardant droit dans les yeux. On aurait pu croire qu’elle était réellement désolée.
- Oh mon Dieu, que vous êtes pâle ! Vous devriez rester assise quelques temps. Je vais rester avec vous.
Elle voulait engager la conversation mais ne savait pas quoi dire. Devait-elle parler de la pluie et du beau temps ? Elle n’avait jamais été très douée pour ses choses là… Le vent soufflait très fort, c’était ce même vent qui avait fait s’envoler son chapeau. Ce ridicule chapeau. Et elle se moquait de sa poupée ? Elle n’avait qu’à se regarder ! Elle ferma les yeux, tentant de se calmer avec difficulté. Elle commença à caresser doucement les fils en laine qui servaient de cheveux à sa poupée et son visage se transforma. Elle était rayonnante, pleine d’amour. Mais un amour fou, un amour déformé, un amour insensé. Pourquoi un tel amour avait-t-il prit forme ? C’était une erreur, peut-être parce qu’elle n’avait jamais rien eu d’autre à aimer. Comme sortant d’un songe, elle s’adressa à sa voisine d’une voix chantante.
- Elle est belle n’est-ce pas ? Je trouve que c’est la plus belle de ma collection.
Ses grands yeux noirs brillaient. Pour tout le personnel du château, il était évident qu’elle était la plus laide de toutes les poupées que la jeune princesse exposait dans sa chambre. Ils ne comprenaient pas pourquoi il fallait que CELLE-CI soit sa préférée. Personne ne pouvait comprendre. Personne ne comprend jamais un enfant brisé. |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Désastreuse journée Dim 21 Mar - 21:25 | |
| Ainsi sa majesté allait m’honorer de sa présence. Quelle plaie ! Je n’aimais pas les enfants surtout s’ils se montraient aussi capricieux que je le fus. D’ailleurs je me demande encore aujourd’hui comment mon défunt père avait pu me supporter et d’où il avait pu avoir le courage de me présenter à maitre Earl. Ce dernier n’avait pas à s’inquiéter de mes caprices : j’avais eu une peur bleue à notre première rencontre. Par la suite la peur avait laissé place à la haine face à son plaisir de blasphémer des cadavres. Un frisson me parcourut à l’évocation de son petit rire. La voix de la princesse résonna d’un coup à mes oreilles. Elle demandait mon avis au sujet de sa poupée. Hideuse poupée et étrangement simple pour une fille de son rang.
- Je n’aime guère les poupées Princesse Eden. Quand j’avais votre âge j’avais réalisé ma première dissection sur un corps humain. Une expérience traumatisante au point que je ne pouvais plus supporter la vue d’une poupée et même d’un corps. Ce n’est qu’à quatorze ans que j’ai pu en toucher une mais je suis restée très froide envers ses choses.
Je rigolais légèrement pour faire comprendre à la princesse que je ne souhaitais pas l’offenser. Je reportais mon attention à un bout de papier qui trôné au fond de mon panier cassé. Je le pris et poussa un soupir d’épuisement en lisant la liste d’herbe écrite. J’en avais tellement à ramasser ! Je regardais autour et à part le petit jardinier il n’y avait personne de qualifié.
- Princesse merci de votre sollicitude à mon égard alors que vous êtes vous même blessée mais il faut aller désinfecter cette égratignure à l’infirmerie. Je vais vous y accompagner.
La blessure était si superficielle que je voyais d’avance la mine perplexe et exaspéré des infirmières. Actuellement elles devaient être débordées ce qui m’était égale tant que la petite disparaisse. J’espérais seulement que la princesse n’aurait pas la mauvaise idée de me nommer son « infirmière » ou simplement refuser l’infirmerie et continuer sa promenade avec moi. Ces cas ne m’enchantaient guères sachant qu’il faut que je ramasse d’urgence ces herbes, sans elles pas de remèdes pour les rebels ni même pour les familles dont je prends soins. Je me levais et époussetais rapidement ma tenue. Puis me tourna vers la demoiselle pour afficher une mine inquiète bien calculée. A force de passer de nombreuses heures devant un miroir pendant quatorze ans pour afficher tel ou tel tête, je me montrais douée et insoupçonnable. Tout le monde tombait dans le piège même si ce n’est pas immédiat. Je regardais le ciel au loin, derrière ces hauts murs. Il était toujours aussi bleu et les nuages continuaient leur traversé sans se soucier de nous. Ainsi était le monde : égoïste. A cette pensée j’affichais un rire ironique. La princesse n’aurait pas pu le voir étant donné que j’étais de dos. Je me retournais à nouveau vers elle avec le visage inquiet et le mince sourire pour encourager la petite à avancer. Plus je la regardais et plus je la confondais à ces frères. Pourtant ils n’avaient aucun trait de caractère commun, elle était blonde et eux brunâtres. Ce n’était pas le physique, c’était le regard. Elle avait cette flamme qui revenait dès qu’elle posait ses yeux sur cette poupée grise. Le désir et la passion s’y confondaient, on aurait dit qu’il n’y avait qu’elle et sa poupée.
- Vous tenez beaucoup à votre poupée princesse Eden, sûrement parce que la personne qui vous l’a offerte avait une grande place dans votre cœur. Au fond de moi je souhaitais qu’elle se montre bavarde au sujet de ses frères avec l’avantage qu’il n’y ait aucune nourrice pour aller la rapporter. D’un autre côté la fillette pourrait très bien raconter elle-même notre malheureuse rencontre et retranscrire chaque mot prononcé avec exactitude.
- Votre poupée a-t-elle un nom ? Je pense que dire « votre poupée » serait un peu offensant de ma part. Après tout quand une personne à un nom, elle voudra sûrement qu’on l’appelle avec ce nom.
Gagner la confiance de la demoiselle serait une bonne chose par contre la tâche sera rude. Qu’elle se montre docile ou non n’était pas le problème, c’était moi. Pourrais-je supporter une gamine pour deux ou trois informations ? Je rigolais intérieurement. Pourquoi craindre ? Au final qui ne tente rien n’a rien.
- Je soignerais personnellement votre blessure en tant que disciple dévoué de maître Earl.
Quant aux plantes je confierais la course à un jardinier qu’on rencontrera en route. Le jardin est assez vaste et la journée excellente pour en trouver plus d’un.
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| | | Eden { The Lady who dreams to cut heads } Messages : 367 Localisation : Avec ma poupée. Âge du personnage : 13 ans
| Sujet: Re: Désastreuse journée Ven 26 Mar - 19:30 | |
| - Vous tenez beaucoup à votre poupée princesse Eden, sûrement parce que la personne qui vous l’a offerte avait une grande place dans votre cœur.
Eden regarda la jeune femme avec une lueur d’agacement. Elle ne pouvait pas comprendre, mais si elle avait pût lire dans la tête de la petite princesse, elle aurait sût que dans son cœur, il n’y avait de place pour personne. Elle répondit cependant avec un ton mielleux :
- Oui, sûrement. Mais je ne me souviens plus très bien, j’étais trop petite… Je trouve cela dommage de ne pas se souvenir de tout. Peut-être aurais-je pût retrouver dans ma mémoire un souvenir de ma mère où elle me prenait encore dans ses bras…
Ses lèvres tremblèrent légèrement. Elle aurait très facilement pût mimer un sanglot, ou bien un torrent de larmes. Mais elle sentait que Maria aurait peut-être plus de pitié pour une fille qui tente de cacher sa faiblesse, plutôt que pour une pleurnicharde. Elle essuya des larmes invisibles aux coins de ses yeux et poursuivit :
- Excusez-moi, je ne devrais pas… Devant une femme de la cour, c’est mal vu…
Et elle lui sourit timidement.
- Votre poupée a-t-elle un nom ? Je pense que dire « votre poupée » serait un peu offensant de ma part. Après tout quand une personne à un nom, elle voudra sûrement qu’on l’appelle avec ce nom.
Elle s’arrêta, les yeux exorbités. Non seulement elle n’avait pas réagit à sa comédie, mais en plus elle lui posait LA question à laquelle elle n’avait jamais pût répondre. Elle ne parla pas tout de suite, remettant un peu d’ordre dans ses pensées.
- Non. Elle n’a pas de nom. Mais, après tout, qu’est-ce qu’un nom ?
« Une partie de nous même, ce qui fait que nous sommes ce que nous paraissons être… Aux yeux des autres. » Mais elle n’allait sûrement pas le lui dire, ce serait dire le contraire de ce qu’elle voulait lui faire croire.
- Je soignerais personnellement votre blessure en tant que disciple dévoué de maître Earl.
Elle grommela intérieurement. Elle avait encore esquivé la discussion… Tout en marchant, elle se mit à tapoter nerveusement la tête de sa poupée de ses doigts fins. La tâche s’avérait plus ardue qu’elle ne l’aurait pensé… Elle devait trouver quelque chose à dire, où sa proie allait lui échapper en même temps que son contrôle sur la Eden qui s’agitait derrière le mur en donnant des coups furieux.
- Vous êtes si gentille Maria, vous acceptez de perdre de votre précieux temps en vous occupant de simples éraflures… J’avoue avoir été un peu paniquée au départ mais je suis heureuse de votre dévouement.
À ces mots, elle sautilla pour se mettre face à la jeune femme aux cheveux verts, la forçant ainsi à s’arrêter, et fit une courbette comme on lui avait apprit à les faire. Puis elle rit. Elle rit de son petit rire cristallin qui l’insupportait mais qui lui était utile dans bien des situations. Comme celle-ci. |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Désastreuse journée Mar 6 Avr - 1:12 | |
| Quand j’étais petite et que mon père me lisait des contes, je rêvais toujours d’être la princesse qui sera sauvé par son prince charmant sur son beau cheval blanc mais tous s’écroula depuis ce nouveau règne. Les murs furent construits, nous figeant dans l’espace temps. Rien ne semblait changer, ni bouger. Les nobles restaient toujours nobles, les riches bourgeois qui désiraient s’anoblir le faisaient encore, les marchands continuaient à vendre leurs marchandises et la vie continuait répétant la même tous les jours. Le lendemain ressemble à hier qui ressemble aujourd’hui. Quelle existence déprimante ! Je ne voulais plus être la princesse. Cette vie recluse ne me convenait pas. Soudain je m’arrêtais et regardait la chose qui se dressait devant moi d’un air interrogateur. Elle me remerciait et faisait la courbette. Par courtoisie je fis de même en riant mais avec un faux air de gêne. Tout était hypocrisie dans ce bas-monde.
- Princesse vous m’honorait. Cette courbette était parfaite. Nous voyons là l’éducation soignée de votre mère. Elle serait fière de vous.
Je m’inclinais à nouveau, cette fois avec un visage impassible…Signe d’une profonde tristesse sur mon petit visage doux. Depuis quand la tristesse m’étreindrait-il ? Mon père, la seule personne qui « m’aimait » fut tué sous mes ordres indirectement, ma mère me haïssait au point d’essayer de me tuer, mon grand père m’ignorait royalement et les rebelles, que j’aide du mieux que je peux, ne me connaisse pas et certains me déteste encore plus que ma tendre mère. Ma vie n’est qu’une suite de déception. La haine et la liberté sont les seuls sentiments qui m’animent. Je suis peut-être égoïste mais je pense que j’en ai bien le droit de temps en temps. Je m’arrêtais à nouveau. Je voyais un jardinier d’âge mûr qui semblait s’y connaître en plante. Je m’approchais de lui, la princesse toujours collait à moi comme une sangsue à s’occuper soigneusement de sa poupée. J’aurais vraiment voulu qu’elle reste à l’écart.
- Jardinier viens là. Je te donne deux pièces d’or si tu confie toutes ces plantes avant le coucher du soleil à un des domestiques qui les déposera dans mes appartements. Sais-tu lire au moins ?
Je laissais couler le mépris de mes lèvres et affichais un air hautain. Je jetais un coup d’œil à la princesse.
- Jardinier incline-toi devant la princesse Eden, sœur de nos princes qui nous protègent.
Le jardinier s’inclina immédiatement avec maladresse. Cette situation me désespérait encore plus. Il me répondit qu’il savait lire. Au bonheur ! Malheureusement il n’avait pas sa langue dans sa poche. Il commençait à s’étonner de la quantité et des variétés demandées et se posait des questions légèrement indiscret comme « V’voulez guérir une armée D’moizelle ? » pour les apostropher d’un rire indiscret. Il m’agaçait ce « vilain » avec sa peau tanné et ses dents noires. Je lui jetais un regard glacial, il se tut aussitôt et partit, sûrement pour ma besogne. Je m’intéressais à nouveau à la princesse, espérant qu’elle ne me posera pas de questions encore plus indiscrète. Enfin d’un côté elle pourrait avoir droit vu ce que je désirais entendre de sa bouche enfantine. Je me demande si elle a encore cette innocence et cette naïveté pour tout me dire. Malheureusement je voyais à ses yeux que j’allais devoir la fréquenter d’avantage après cette promenade.
- Ces domestiques ! Ils perdent la notion de respect princesse Eden. Ne pas s’empresser de saluer ses souverains est vraiment inimaginable. Cette situation doit être agaçante pour vous et pour vos frères aimés.
Petite fille à l’hideuse poupée, parle-moi de tes chers frères sinon ta présence et cette discussion n’est qu’une perte de temps comme tant d’autre. Je regardais au loin. On avait encore du chemin avant l’infirmerie.
- Princesse quel parfum aimez-vous entre la rose, la lavande et la menthe ? J’utilise ces odeurs pour mes antidotes ainsi c’est agréable et curatives. On ne sent pas tous les produits misent à l’intérieur et qui ont une mauvaise odeur. J’aime concocter des antidotes, des huiles et des onguents pour apaiser nos corps.
J’évitais de faire allusion aux poisons qui d’une certaine manière apaisait le corps mais c’était mon point de vue. Il fallait que j'évite de me forger une réputation d'empoisonneuse, même si c'était le cas, dans la cour.
- Sinon la journée je joue du violon ou je fais du cheval et la nuit, je vais à des soirées et bals. Et vous princesse Eden, qu’aimez-vous faire de vos journées ?
Au final j’étais curieuse. Que fais une princesse de ces journées ? En plus si jeune ? Je ne la vois pas souvent à des soirées, sauf celles où la présence de la famille royale est exigée. Je me demandais également si elle me considérait comme une idiote écervelée à passer ses soirées chez autrui à danser au lieu de travailler sérieusement l’anatomie affreuse du corps humain décrite par mon maître Earl. Maintenant que j’y pense, combien de temps reste-il avant la prochaine opération ? Mes pensées furent interrompues par la voix de la princesse. Je relevais la tête, les yeux brillants réellement d’intérêts.
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| | | Eden { The Lady who dreams to cut heads } Messages : 367 Localisation : Avec ma poupée. Âge du personnage : 13 ans
| Sujet: Re: Désastreuse journée Jeu 8 Avr - 18:44 | |
| ...- Princesse vous m’honorez. Cette courbette était parfaite. Nous voyons là l’éducation soignée de votre mère. Elle serait fière de vous.
Eden resta silencieuse. Son visage se ferma subitement, comme un rideau qu’on tire pour cacher quelque chose. Sa fureur en l’occurrence. Cependant, elle n’était pas sûre d’être en colère. Elle était blessée. Maria savait appuyer là où ça faisait mal… Des images de sa mère apparurent devant ses yeux. Elle suivait toujours Maria, mais elle était ailleurs.
Elle voyait sa mère dansant avec le Roi lors des bals qu’ils organisaient pour la Cour. Elle la voyait, par l’embrasure de la porte, se préparer pour les réceptions. Elle la voyait, plaisantant avec les nobles. Elle avait toujours voulu devenir comme elle, si belle, si gracieuse. Mais un jour, elle avait remarqué que jamais, jamais sa mère n’avait posé ses yeux sur elle. Elle n’avait aucune importance, elle était presque un fardeau, un boulet qu’il faut tirer derrière nous avec difficultés. Et la mère qu’elle admirait tant n’était qu’un visage couvert de maquillage. Un visage souriant qu’elle avait reproduit sur celui de sa poupée. Pour toujours se souvenir de ce qu’elle ne devait jamais devenir. Sa mère, derrière son sourire, cachait sa lassitude. Elle, cachait sa folie. Cette folie ne devait jamais la quitter, jamais.
Ensuite vint son père. Ou plutôt, le Roi. Elle ne savait même pas s’il l’avait, ne serait-ce qu’un jour, considéré comme sa fille. Pourquoi faire des enfants si c’est pour qu’ils soient traités comme des étrangers ? Elle voulait qu’on la regarde, elle voulait qu’on lui donne de l’amour, autre que celui feint des domestiques. Lady Maria venait de lui poser une question. Elle la regarda, elle et son sourire… Ce sourire. La petite princesse se mordit la lèvre inférieure. Le sourire de sa mère. Elle faisait semblant, jamais elle ne s’intéresserait réellement à elle. Elle s’arrêta, les poings serrés, la tête baissée. Ses lèvres s’entrouvrirent et elle murmura d’une voix sifflante :
- Ma… mère…
Elle perdait complètement le contrôle, elle avait l’impression que la corde qu’elle cherchait à retenir était enduite d’eau savonneuse. Des larmes amères vinrent perler aux coins de ses yeux.
- Ma mère n’a jamais été là pour moi. Si je suis ce que je suis aujourd’hui, ce n’est sûrement pas grâce à elle ! Vous pensez ? Vous pensez que je lui suis redevable ?! Je ne lui dois rien, j’aurais préféré qu’elle disparaisse plutôt qu’elle continue à m’ignorer !!!
Les mots étaient sortis presque naturellement. Elle qui n’avait jamais réussi à dire ce qu’elle ressentait, voilà que sa haine avait pris la forme de phrases acides. Elle se sentait vide. Elle regarda Maria, redoutant sa réaction. Qu’elle pouvait être stupide. Elle n’aurait jamais dû dire cela…
- Excusez-moi…
Elle essuya ses yeux et respira calmement. C’était fini, elle était sereine à présent, elle allait trouver une excuse plausible pour expliquer ce léger dérapage. Elle s’entraînait à jouer un rôle dans une pièce de théâtre ? Ou alors, elle ne pensait pas ce qu’elle avait dit, c’était la peine de l’avoir perdue qui lui faisait dire cela… Oui, peut-être. ... |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Désastreuse journée Lun 12 Avr - 1:07 | |
| La réponse aurait dû me laisser pantois mais au lieu de cet attitude je pris une rose, respira son odeur, sourit et la tendit vers la princesse. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait un tel acte.
- Les roses sentent toujours aussi bon n’est-ce-pas ? Les oiseaux continuent à chanter avec insouciance. On se demande toujours comment le monde tourne-t-il avec les désastres, morts et injustices qui y règnent. C’est le reflet de l’égoïsme humain.
J’enlevais avec soin chaque épine de la tige et coupa un bout afin qu’elle ne soit pas trop longue pour la glisser derrière l’oreille de la fillette. J’effaçais au passage les larmes de sa royale personne, aussitôt de nouvelles larmes coulèrent. J’éprouvais de la pitié pour elle. J’avais connu le même sentiment, en plus fort même le jour où ma mère m’avait battu à mort et abandonné dans la rue en espérant que j’y meurs. A son grand malheur ce ne fut pas le cas et à son grand bonheur j’avais perdu l’usage de la parole durant quelque jour où elle me menaçait afin que je ne dise rien. Elle réussit car je n’avais rien osé dire et même encore j’aurais beaucoup de mal non pas à cause de la peur mais à cause de la honte. A force de m’être répété ces pensées aucun signe de tristesse, de regret ou de rougeur n’apparut. Juste un sentiment de haine ressortait. La princesse avait dû le remarquer. Il fallait justifier et si elle ne l’avait pas remarqué, mes propos seront peut-être un moyen d’être plus proche. Il le fallait et je n’avais pas perdu mon objectif des yeux. Je regardais autour de moi. Il y avait quelques jardiniers et domestiques mais chacun était occupé. Je poussais doucement la princesse vers la direction de la volière. On n’y était pas loin. Arrivée après quelques minutes de marche je la fis entrée, en effet une petite terrasse fermée avait été aménagé où l’on pouvait boire le thé en observant les oiseaux volaient derrière une autre vitre. Le bruit était ainsi amortit. Ce n’était pas un concert assourdissant, au contraire c’était un véritable chant apaisant. Je demandais à l’un des domestiques présent de ramener le thé. Il s’empressa de sortir et de courir. Il reviendra dans longtemps. Je voulais éviter les jacassements, pire que les animaux, des domestiques dans les couloirs.
- Vous voulez peut-être savoir pourquoi vous avoir amené ici ? Je voudrais juste vous aider princesse et je pense que je le peux. Avez-vous déjà entendu quelques rumeurs à mon sujet ? Un père rebelle très actif et une mère à la mauvaise réputation à cause de ces amants multiples étaient mes parents. Mon père a sûrement reçu le châtiment qu’il méritait pour avoir trahi le royaume, quant à ma mère je ne la considère plus comme tel depuis bien longtemps. Elle m’ignore depuis ma tendre enfance ou plutôt me jalousait. En effet elle ne supportait pas l’attention que mon traître de père me portait et faisait tout pour me rendre malheureuse. En peu de temps elle est devenue folle, on raconte même que quand j’avais disparu elle avait sauté de joie et dansé toute la nuit. Je suis sûre qu’elle avait fait ça, elle en serait capable. Elle m’a apprise quelques enseignements mais pas les bonnes. Elle voulait et désirait ma disgrâce et ma destruction. Les manières, le langage à adopter et les danses je ne les ai appris qu’en imitant les autres. Ma mère ne m’a montré que l’hypocrisie, les vils remarques et le plaisir d’une vie mal vu...je sous entends le goût de danser avec le plus beau même s’il est marié. Elle m’a enseigné que l’immoralité. Maintenant que je ne suis plus une enfant influençable, elle m’ignore et va câliner d’autres jeunes filles de mon âge, devant moi. Elle leur choisit leur vêtement et les comble de compliment et quand je passe près d’elle, ma mère me critique honteusement en réduisant à néant mon rang et ma classe devant même de simple paysanne.
C’était la situation actuelle. Insoutenable. Je fuyais ma mère comme la peste en fuyant avec mon destrier mais jusqu’où peut-on fuir ? Une force inconnue m’obligeait à continuer. Les paroles que je prononçais m’étaient indifférentes. Je m’étais endurcie à force de me les répéter.
- A votre âge je pleurais chaque nuit dans un coin sombre de ma chambre. Mon père et mon grand père se plaignaient de mon attitude gâtée et insupportable que ma mère soutenait en secret. Je devais fermer les yeux sur les amants de ma mère sinon une guerre allait être déclenchée au sein de la famille. Je devais supporter les moqueries et les railleries de ces hommes changeant.
J’ai même dû connaître la rue à cause de cette femme. Quelle horreur ! Le domestique arriva. Il posa le service à thé, nous servi et sortit sous mes ordres. J’avais gardé cette expression calme et but tranquillement mon thé.
- Je garde cette attitude sereine car j’ai assez pleuré pour une femme qui m’ignore. Elle ne mérite pas mes larmes de même pour vous princesse. Personne ne mérite les larmes d’un autre.
Je posai ma tasse après une gorgée et regarda de l’autre côté de la vitre. Un pigeon tapait nerveusement la vitre transparente. Je me demandais pour ses frères mais je n’osais pas. Il ne fallait jamais se précipiter. Il fallait savoir attendre comme le héron qui patientait toute une journée pour obtenir ce qu’il désirait. J’attendrais autant qu’il le faudrait pour avoir ce que je désire. |
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| Sujet: Re: Désastreuse journée | |
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