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| "Un Ange à ma table" ~ PV Louis ♥ | |
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InvitéInvité
| Sujet: "Un Ange à ma table" ~ PV Louis ♥ Ven 12 Fév - 14:26 | |
| - Doucement, voyons. Tu vas t'en mettre partout, si tu bois trop vite.
La chevelure blonde scintillait à la lumière de la lune. Le visage enfouit dans ces boucles miroitantes, Armand sentait pleinement leur parfum suffocant. Suave, intense - écœurant. L'empressement imminent de recouvrir cette odeur chaleureuse par une autre, plus métallique et plus froide, compressa la poitrine de l'adolescent jusqu'à rendre douloureux les battements de son cœur. A moins que ce ne fusse l'étreinte de cette catin répugnante qui l'étouffa?
Il attrapa une lourde mèche de cheveux à la racine et la tira en arrière, de façon à mettre la nuque pâle de la femme en évidence. Furtivement, ses doigts fins parcoururent le cou gracile, éveillant des frissons sur la peau. Elle ouvrit la bouche, réclamant d'un gémissement une nouvelle gorgée; Armand lui donna à nouveau le goulot de la bouteille verte à téter. Elle déglutit avec joie, avala goulument, la tête toujours jetée en arrière tandis que l'adolescent caressait la pomme d'Adam en action. Un filet d'alcool coula à la commissure des lèvres vermeilles, continua son chemin le long de la gorge et vint goutter sur la robe style pompadour aux motifs fleuris. Le tissus absorba le liquide; la tache pourpre devint une fleur parmi les autres.
Armand éloigna de nouveau la bouteille de cette bouche trop gourmande. Aussitôt, les mains de la prostituée se firent baladeuses, surement à la recherche d'autre chose à se mettre sous la dent. L'adolescent laissa faire ; avec une vague moue de dégout il ignora les doigts de l'infâme gourgandine tenter de se glisser sous sa chemise de lin. Quand elle essaya de faire glisser la capuche de sa cape noir qui dissimulait son visage, il lui donna une petite claque sur la main. Oh, qu'il aurait voulu frapper plus fort cette femme qui l'obligeait à recourir à de tels contacts – tout cela pour réussir à l'attirer dans les cachots – lui assainir une gifle monumentale et la coucher à même le sol pour lui arracher les tripes, là, dans l'immédiat. Ce n'était qu'une putain, Grand Dieu. Mais il fallait faire preuve de patience et prendre d'infinies précautions, malheureusement. Il devait endurer les bassesses de cette femme jusqu'à ce que l'alcool lui fasse perdre conscience, ensuite il devrait la trainer depuis cette ruelle poisseuse jusqu'aux sous-sols tout aussi poisseux du château.
« Pauvre idiote. Tu auras vécue dans la misère et tu mourras miséreuse, ignorée en beauté par la soi-disant miséricorde de Dieu. »
La catin vacilla, et dans ses grands yeux troubles on ne lisait plus que de la fatigue. Elle s'écroula.
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Pourquoi devait-il la transporter lui-même jusqu'au château, Armand se le demandait. Grommelant comme jamais, chancelant sous le poids de la femme bien en chair, ses efforts étaient ceux d'un galérien forcené. S'il n'avait pas quitté le château sur un coup de tête, s'il n'était pas parti brusquement sans amener avec lui un domestique de confiance pour porter à sa place le corps pâmé de cette femelle inutile... Non, pas tout à fait inutile. Il ferma les yeux, se concentra sur les battements de son cœur et tenta de calmer sa respiration. Lentement, son désir, sa pulsion revint le faire frémir. Il se vit un couteau à la main, il se vit baignant dans une marre de sang. Il se vit rire au milieu d'un carnage sans nom, calme et apaisé. Il se vit aussi puissant que lorsque son frère était à ses côtés. Il vit le sourire de Louis. « Oh, Dieu, Vieux Croulant, pourquoi m'avoir attribué cette soif insatiable en même temps qu'une force de mouche? » Si au moins il était assez endurant pour porter une femme. Si au moins il n'était pas si avide au point de ne pas contrôler ses besoins. Allons Petit Prince, ne réclame pas trop – tu as déjà la chance de pouvoir étancher ta soif.
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Sans ménagement, il jeta à terre le corps de la femme. Il l'entendit gémir dans son sommeil. Penché en avant, ses mains s'appuyant sur ses cuisses, il reprenait son souffle sans détacher son regard de la catin endormie. Il se vit labourer ses chairs, il se vit teindre cette chevelure blonde d'un rouge serein. Sa pulsion de plus en plus violente lui permit de soulever une dernière fois la femme pour l'étendre sur la table humide. Il était tard, cette salle du cachot était plongée dans une obscurité malsaine que l'unique torche ne parvenait à repousser complètement. Les flammes du flambeau projetaient des lueurs sépias sur la peau blême; arabesques sanguins, allégories des pulsions d'Armand. Celui-ci se débarrassa de sa cape, révélant un visage assassin qui aurait fait trembler la femme si elle n'était encore inconsciente. Mais elle dormait si bien quelle ne sentit qu'à peine les menottes glacées se refermer sur ses poignets. Avec un sourire emprunt de sadisme, il dégagea quelques boucles du visage de la prostituée; elle gémit de nouveau. De la sueur perlait sur ses tempes.
- Pauvre enfant. Tu ne supportes donc pas l'absynthe?
Un rire cruel, presque lascif, résonna dans la pièce.
- Je vais chercher quelques outils; ne bouge pas d'ici, surtout. Ah, mais suis-je bête: tu ne peux pas!
La plaisanterie était pitoyable, il n'y avait pas de quoi en être fier. Pourtant Armand rit de nouveau, et, à demi euphorique, se dirigea vers la porte. Son seul regret, anodin, minuscule, était d'avoir laissé son attirail dans la salle d'à côté. Mais quelle importance, désormais?
Allons Petit Prince, ne réclame pas trop – tu as déjà la chance de pouvoir étancher ta soif. |
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| Sujet: Re: "Un Ange à ma table" ~ PV Louis ♥ Sam 20 Mar - 21:35 | |
| « Echec et m a t. »
Louis déclara officiellement sa victoire, devant son jeu d’échec. Il souffla, après cette longue partie contre lui-même, et s’écroula dans la pièce, sombre, humide, dans laquelle il se trouvait. Sa chambre, comme toujours, inspirait crainte. Personne n’osait y rentrer. Personne n’avait jamais osé. Et n’oserais jamais. Un petit sourire scintillant, et en un rictus tremblant, il prit son fou en main, qu’il jeta avec force et froideur sur le roi blanc. Il tint le pied de la tablette sur laquelle était posé son jeu d’ivoire et d’ébène, afin de se hisser de quelques centimètre et d’effectuer avec virtuosité la tâche – comme toujours. Louis prenait toujours les noirs. C’était sa couleur attitrée, c’était celle qu’il respectait le plus. C’était celle du mal et de la décadence ; celle du péché et du diable. Elle lui correspondait bien plus qu’on ne l’imaginerait. Le prince appela son majordome, qui s’empressa de ranger le jeu, sous le regard pesant et menaçant de son maitre ; Louis surveillait les moindres gestes du jeune homme, la moindre chose qui pourrait nuire à son jeu, qui pourrait rayer les pièces ou bien pire, le plateau. Un plateau auquel il tenait particulièrement, que son père qui avait offert, à l’époque où il était encore en vie. Tout en pensant à cela, le garçon effectua un signe de croix inversé, à l’intention de son père : depuis son malheureux décès, inattendu, lorsqu’il rendait hommage au roi, Louis n’effectuais que le signe de la croix des enfers. Son père ne pouvait pas être autre part, et tant mieux pour tous.
D’un geste suave et élégant, il prit entre index et pouce la tasse de thé que Shad lui apporta après avoir terminé de remettre l’endroit en ordre. La chaleur embauma ses lèvres rosées et la liquide s’écoula dans sa gorge comme une caresse. Earl Grey, comme toujours. Délicatement sucré, délicieusement amer, le petit prince sentit ses sens s’éveiller au touché du fabuleux thé que son majordome avait fabriqué dans les règles de l’art. Le jeune homme reposa l’objet en porcelaine sur la tablette blanche que lui tendit Shad, et attrapa sa canne, avant de se diriger d’un pas décidé vers la chambre de son frère, objet de tous ses désirs depuis des années maintenant ; L’envie de le voir lui tiraillait le corps et l’esprit depuis quelques minutes uniquement, mais son corps tremblait de plus belle, à l’idée de voir Armand.
« ARMAND ! »
Blanc. La porte en bois grinça lorsque le garçon la repoussa, déçu. Son frère ne se trouvant pas dans ses appartements, Louis descendit consciencieusement les dizaines et dizaines de marches, désabusé devant le comportement de son frère. Il avait envie de lui. De sa chaleur sur sa peau, de son souffle dans ses reins. De sa présence chaleureuse.
Soudain, l’illumination. Les cachots. Son cœur ne fit qu’un bond, et il se dirigea vite, trébuchant sur des pierres usées par le temps et la pluie qui avait ruisselé des jours auparavant. Après avoir demandé à Shad d’arrêter de le suivre, il s’empressa de descendre dans un « clac clac clac clac » Les marches en bétons des cachots, desquels s’échappaient quelques bruits douteux. Des goutes d’eau qui tombaient dont le son résonnait en écho dans le couloir, des cris d’hommes fous qui se frappaient la tête contre les barreaux ou bien le mur. Des cris isolés encore, de ceux qui vivaient leurs derniers instants en ce monde. En passant devant les cachots, il remarqua le sang sec et coagulé qui tapissait les parois salies et humides des prisons. Tout cela n’était pas gai. Il continua malgré tout son chemin, sans regarder les pauvres hommes suppliants, ni les femmes aux allures de sorcière. Et puis, tout à coup, une porte ouverte. Une femme, à l’intérieur, qui paraissait souffrir. Encore une de ses femmes qui vendent de l’amour le temps de quelques instants. Tant pis pour elle. Louis esquissa un sourire vicieux et sadique, avant de lui demander, sans l’examiner pour autant :
« Auriez-vous, chère madame, idée de l’endroit dans laquelle pourrait se trouver notre prince bien aimée, Armand, mon frère ? Mais oh, il n’a pas fait les choses à moitié, je suppose, et tu ne peux pas parler, quelle ironie ! »
Il ponctua ironiquement sa phrase d’une courbette à l’attention de la jeune femme. Un rire s’échappa lorsqu’il remarqua qu’elle dormait à point fermé, et que ses pupilles s’avéraient dilatées. Elle avait été droguée. Comme Armand était mignon. Puis, quelque chose lui traversa l’esprit. Il s’approcha de la jeune femme, et souleva la masse de jupons qu'elle portait en guise de robe. Louis pu observer quelques goutes de sperme sur un de ces derniers ; Qu’avait-elle fait ? Qu’avait-il fait ? La mine étrangement joyeuse se transforma en un visage noir et sombre. Il donna une gifle à la prostituée qui, si ce n’était avoir joué à la fille du trottoir, renfermait en elle les secrets de la journée de son frère. De SON frère.
Des pas se firent entendre. Qui se rapprochaient, de plus en plus vite, leur écho sourd blessant les oreilles sensibles de Louis. Si un garde le voyait ici, on lui dirait de rentrer au château car ce n’était pas un endroit à voir pour un jeune garçon tel que lui. Et surtout, ils répéteraient cela à Armand, Louis en était presque totalement sur. D’un geste souple et rapide, il se tapit aux côtés d’une des bordures de l’oubliette, son souffle rauque et saccadé résonnant, lui aussi, dans l’endroit. Mince. Il fit un bond lorsqu’il vit la personne qui entra, et se précipita, exténué, vers la jeune femme qu’il avait précédemment découverte de plusieurs jupons.
« … Je… Armand ! Je… te cherchais. »
Armand, qu’avais-tu fais ? Bon dieu.
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