Véritablement, cette journée-là était l’une des plus belles de l’année, l’une des rares qu’Hélios semblait gratifier de sa chaleureuse présence. Le fait qu’elle fût irrégulière en Angleterre la rendait encore plus délectable aux yeux de tout Anglais – ou presque.
Bien qu’appréciant la tiède caresse des rayons de soleil sur sa peau d’albâtre, Victoria ne portait qu’une faible attention à l’astre du jour – les individus pouvant se targuer de l’intéresser ne se comptaient que sur les doigts d’une main, comment une chose dépourvue de vie, telle que le soleil, pourrait aiguillonner son intérêt ? –, préférant plutôt promener son regard d’un cérulé pâle dans ces jardins qu’elle parcourait en ce moment-même d’un pas indolent.
Roses, tulipes, pensées et diverses autres fleurs se réunissaient en une délicate explosion bigarrée ; les pétales de chacune d’elles, frémissant imperceptiblement sous l’influence de quelque léger coup de vent, se déployaient fièrement à cette lumière qui avivait leurs couleurs andrinople, rosées ou bleuâtres. Ces dernières submergeaient somptueusement les environs, éclipsant presque cruellement le smaragdin de l’herbe avec laquelle elles croissaient ainsi que l’azuré jovial du firmament, qu’aucun nuage ne venait maculer de sa blancheur.
La jeune rouquine porta à ses lèvres purpurines la pipe qu’elle tenait entre ses doigts effilés et inspira longuement avant d’éloigner l’objet pour exhaler une dense fumée au bleuté effacé par la luminosité des lieux.
L’opium altérant considérablement sa perception des choses, exacerbant son intelligence et l’hallucinant à la fois, cet endroit paraissait à ses prunelles de glace tel le plus magnifique des paradis, un paradis que même une personne vile comme elle l’était pouvait atteindre. Un paradis tout autre que celui qu’incarnait l’acte charnel à ses yeux, un paradis de luxure et de débauche.
Non, ce paradis qu’elle explorait présentement, aucun vice ne le souillait, il demeurait d’une pureté que rien ne semblait pouvoir corrompre ; la nature l’offrait à elle comme à tout autre individu, sans aucune distinction.
Victoria ne lui accordait pas grand mérite, cependant, puisqu’elle savait pertinemment que les environs ne prenaient des environs d’éden que grâce à la drogue qui altéraient de délicieuse façon ses sens.
Promenant son seul œil visible dans le décor, elle aperçut inopinément, assise à un banc de marbre immaculé, non loin de l’endroit où elle se trouvait, une jeune femme dont elle remarqua tout d’abord la longue chevelure, rassemblée en deux couettes qu’un coup de vent faisait parfois virevolter, une chevelure d’un noir particulier auquel le soleil conférait des reflets d’un bleuté sombre, semblable à un firmament de nuit que la lune n’éclaircissait aucunement de son aura immaculée. Elle reconnut fort promptement Lady Ann, une personne assez connue de la cour.
Sans tergiverser une seule seconde, désireuse de s’essayer à la découvrir, elle qu’elle n’avait jamais vu que d’une certaine distance tandis qu’elle conversait avec un quelconque noble dont l’existence lui importait peu ou qu’elle triturait un intriguant jeu de cartes, elle s’approcha de ce qu’elle considérait comme un tout nouveau terrain de jeu.
« Bien le bonjour, très chère, permettez-vous que je m’asseye à vos côtés ?, s’enquit-elle d’une voix à la courtoisie gouailleuse. »
Parole qui s’avéra inutile puisqu’elle s’assit immédiatement après, nullement soucieuse du fait que la réponse pût être négative.
« Je me présente, Victoria Gray. Ici, on me connaît simplement en tant que Victoria, mais surtout en tant que Lecherous Lady. J’imagine que cela vous donne une idée du genre de personne que je suis, ajouta t-elle tandis qu’un infime sourire de prédatrice fleurissait sur ses lèvres charnues. »
- Spoiler:
Bon bah voilà, c’est ENFIN fait ! J’espère que tout te convient et, si ce n’est pas le cas, dis-le-moi afin que je puisse changer ^^.