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| La leçon de Piano ~ PV Sixtine ♥ | |
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Primo { "PASTAAAA !" } Messages : 174 Localisation : Reclus quelque part ? Âge du personnage : 20 ans
| Sujet: La leçon de Piano ~ PV Sixtine ♥ Dim 10 Avr - 20:28 | |
| La porte s'ouvrit violemment, permettant à un rai de lumière de pénétrer la pièce sombre et insalubre.
« Primo ! Je sais que tu es là ! »
Alceus entra comme une bourrasque dans la chambre, se dirigeant mécaniquement vers le fond pour écarter brusquement les rideaux de la fenêtre. La lumière crue finit d'inonder la pièce complètement. Un simple regard laissa d'abord croire à Alceus que le lieu était bel et bien inhabité, mais la chandelle à demi-consumée sur laquelle dansait encore une petite flamme, posée sur un coin de bureau, lui avoua le contraire. Il s'avança vers le dit bureau.
« ... Primo ? »
Soudain, une main émergea de derrière le meuble pour s'y poser à plat, aidant avec difficulté le corps qui y était rattaché à se relever. Des cheveux noirs ébouriffés apparurent lentement, suivis d'un visage plus pâle que d'ordinaire et au regard de zombie. Une voix d'outre-tombe:
« Tu déranges, Alceus. - Bien. La prochaine fois, rappelle moi de ne pas venir t'empêcher de mourir de faim. Après tout ça ne fait que trois jours que tu n'es pas sorti de cette chambre. »
Les yeux de Primo s'illuminèrent de façon démente:
« Manger, dormir... Tout ça c'est du temps de perdu quand je suis en train de composer la plus belle Aria jamais faite sur cette terre. »
Alceus s'abstint de répondre, se massant simplement le front de deux doigts fins. Il finit par soupirer, rejeter une mèche de cheveux en arrière et se diriger vers le violoniste, à présent occupé à contempler la façon dont sa plume laissait goutter l'encre sur le bois de la table. Il le souleva par le col, le trainant en dépit des protestations vers la coiffeuse où trônait une bassine d'eau; le souleva pour ensuite lui enfoncer la tête dans l'eau sans ménagement. Après quelques secondes de débâcle, il le ressortit et lui balança un linge au visage.
« Primo, Primo... Mais que serais-tu sans moi ? - L'homme le plus heureux du monde, certainement. Qu'est-ce que tu viens faire ici ? - Je m'assure que tu es encore en vie. - Tu es venu uniquement parce que tu as besoin de moi. - Je ne pourrais pas m'occuper de l'élève de cet après-midi. - J'en étais sûr. - Tu devras t'en charger. - Comme d'habitude. - Et cette fois-ci, convenablement. Je veux dire, sans lancer quoi que ce soit par la fenêtre. - La faute à qui si le dernier élève que tu m'as refilé de force était désespérant au point de confondre ses gammes ? - Cette élève là est différente. Elle est douée. - Oh miséricordius, j'ai faim. - Cela fait plusieurs années qu'elle pratique le clavecin. - J'aimerais bien manger une tourte à la viande. - Et surtout, elle est noble. - Avec du sorbet pour le dessert. »
Non sans avec un certain contentement gamin, Primo, tandis qu'il s'était mis à jouer distraitement avec la serviette qu'on lui avait donné pour se sécher, entendit Alceus soupirer.
Ces derniers temps, j'avais l'impression que mon caractère évoluait de plus en plus dans le sens de celui de Silvio – et pourtant, j'étais bien loin de mon frère. Mais c'était surement la présence trop encombrante et quasi-continuelle d'Alceus qui me taillait les nerfs à vif. Sans compter la sale ambiance de ce foutu Royaume. Alors que je marchais vers le Château, le temps se couvrit un peu plus. J'accélérai le pas – de toute façon j'avais plutôt intérêt, étant déjà en retard à cause du temps que j'avais passé dans le bain et devant mon assiette. Les salons réservés aux nobles avaient été convenus comme lieux de rendez-vous car l'un d'eux comportait un piano à queue; élément rare même chez les plus riches, la taille des appartements de la Cour ne laissant en principe de place qu'aux petits pianos. Je me demandais vaguement comment serait la nouvelle élève. Apparemment, elle n'avait commandé qu'une leçon ou deux : comme l'avait annoncé Alceus, elle savait déjà jouer, cela laissait donc supposer qu'elle ne souhaitait que se perfectionner ou retrouver une pratique musicale perdue depuis peu. Tant mieux, Primo aurait moins de boulot. Mais noble ou non, je comptais bien me comporter comme avec tous les autres. De toute façon, je m'en foutais, si Alceus perdait des élèves par ma faute. Il n'avait qu'à pas me refiler son boulot, voila. Mon violon toujours sur le dos, j'avançai maintenant d'un pas ferme vers la porte à double-battant, que deux domestiques ouvrirent sur mon passage. Je traversai la moitié de la salle, me stoppai et lançai un regard impérieux autour de moi pour détailler les lieux. Les portes se refermèrent dans un craquement sourd, puis Primo se présenta majestueusement comme il se devait en plantant son regard dans celui de la jeune fille.
« Primo Andrei Orlandi Feliciano. Je remplace le Seigneur de Santis qui est trop occupé pour se bouger jusqu'ici. Mademoiselle Sixtine, je vous en prie, installez-vous. »
Ça, c'était ce qu'on appelait une entrée réussie – embourbée de conventions et fardée d'un minimum de politesse. Sans plus tarder, je me débarrassai de mes affaires sur une des tables, m'étirai tranquillement et me dirigeai vers le piano pour donner quelques coups au hasard sur les touches, distraitement, puis m'y appuyer sur le côté, bras croisés. Et maintenant, au revoir les conventions.
« Eh bien, t'attends quoi ? » |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: La leçon de Piano ~ PV Sixtine ♥ Lun 11 Avr - 15:51 | |
| Nuit affreuse. J'avais mis un temps fou avant de réussir à m'endormir. Les souvenirs, toujours les mêmes, venaient me hanter nuit et jour. J'étais rongée de l'intérieur par le sourire perdu de mon grand frère que je regrettais tant. Plus j'étais fatiguée, moins j'avais de facilité à trouver le sommeil. Et quand j'y parvenais, mes rêves ressassaient constamment le passé, je revivais des moments de bonheur que jamais plus je ne pourrais retrouver. Le réveil difficile, était souvent précédé de sanglots. Ainsi, je me tenais sur le bord de mon lit aux draps de soie prune, larmoyante, mes cheveux blonds en cascade désordonnée devant mon visage. Des pas pressés retentissaient dans le couloir et venait s'arrêter devant ma porte. Avant que je n'ai eu le temps de réfléchir à qui pouvait bien appartenir ces bruits, Papa fit son entrée, ouvrant doucement la porte et se présentant avec une mine triste et grise. Je ne l'avais plus regardé depuis des jours et des jours et n'avais donc pas remarqué que lui aussi, était touché, accablé par le chagrin. Il s'asseyait à côté de moi et me soulevais le visage, remettant mes cheveux derrière ma tête en me regardant droit dans les yeux.
- J'en ai assez de te voir comme ça. Il faut que tu te ressaisisses, Sixtine.
Passant sa main sur mes joues, séchant mes larmes d'une main rugueuse comme celles d'un chef de famille, il continua sur sa lancée.
- Il faut que tu penses à autre chose. Je t'ai payé des leçons de piano avec ton ancien professeur. Je veux que tu t'y rendes tous les jours de cette semaine, à treize heure précise.
Reconnaissante, j'esquissais un "oui" de la tête en guise d'approbation. Son ton ne me laissait de toute manière guère le choix. Il avait décidé que c'était tant pour moi d'arrêter de souffrir dans le vide, que je devais changer d'air. Je le ferais. C'était ainsi. C'était irrévocable. Puis, contre toute attente, il me porta jusqu'au bain, comme lorsque j'étais gamine et malade, puis me déposa sur mes pieds et quitta la pièce en me collant un baiser sur le front.
Il était treize heure. Me voilà dans une robe légère au satin d'un bleu cobalt qui me saillait parfaitement, dessinant finement ma taille dans un ruban de même couleur. Le bleu était certainement ma couleur préférée, celle qui collait le plus à mon teint, à mon caractère. Cette robe que m'avait offerte mon père, parmi tant d'autres, n'était pas aussi chère qu'elle était à la mode. C'était plus le genre de robe que portait une fillette, mais tant pis. J'y était belle et à mon aise. J'attendais depuis quelques minutes seulement quand la porte s'ouvrit en grand, dévoilant un homme à la chevelure noire et désordonnée vêtu d'habits modestes. Il se présentait comme le remplaçant du professeur de Santis. Puis, d'un air un peu agacé, se dirigea vers le piano en y posant ses doigts fins de pianiste expérimenté. Du moins, c'est ce dont il avait l'air.
- Eh bien, t'attends quoi ?
Là, j'avais compris que ce Primo était différent. Ça se sentait rien qu'à sa manière de parler et je n'avais pas besoin d'user de mon empathie pour comprendre ça. Docile, je m'installais avec précaution devant le piano sans le quitter des yeux, attendant ses instructions. La tristesse de ce matin pouvait encore se lire sur mon visage aux traits doux et sans imperfections. J'espérais seulement qu'il ne le remarque pas ou qu'il soit assez sensé pour ne pas me demander ce qui n'allait pas. Primo semblait se moquer totalement de mon statut de noble comme des politesses qui s'imposait en la présence d'une Lady. Mais après tout, moi aussi, et je n'étais pas plus dérangée que ça par son comportement qu'on pourrait juger de désinvolte. Il était jeune et pas trop désagréable à regarder, hormis son visage balafré et son allure négligé d'un "jemenfoutiste" de première catégorie. Cette leçon allait promettre.
Dernière édition par Lady Sixtine le Jeu 23 Juin - 10:12, édité 2 fois |
| | | Primo { "PASTAAAA !" } Messages : 174 Localisation : Reclus quelque part ? Âge du personnage : 20 ans
| Sujet: Re: La leçon de Piano ~ PV Sixtine ♥ Mar 26 Avr - 22:52 | |
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| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: La leçon de Piano ~ PV Sixtine ♥ Mer 27 Avr - 22:11 | |
| Ma musique préférée... Sans chercher, une musique me traversa immédiatement la tête et dans le même temps, mes doigts se mirent à jouer. C'était la musique la plus agréable que je n'avais jamais entendue et celle qui pour moi, évoquait le plus de souvenirs. Encore une fois, comme la plupart des choses que je faisais, voyais et entendais dans ma vie, quelque chose, même le plus infime des éléments me ramenait toujours à Octave. Mais là, c'était encore plus fort. Cette musique, c'était lui qui me l'avait apprise et c'était aussi la première que j'avais jouée quand j'ai recommencé mes activités. Elle représentait beaucoup pour moi et pendant que je montrais mes capacités à ce Primo, j'avais franchement du mal à retenir les larmes qui menaçaient de couler sur mes joues. J'usais d'une certaine maitrise de mes sentiments et d'une contenance extrême. Un rien aurait pu me faire partir en sanglot, mais je résistais au souvenir de sa présence à mes côtés, à son visage, à son sourire.
J'entendais le bruit de ses pas et comprenais qu'il était derrière moi. Impression seulement confirmée par la pressions de ses doigts sur une des touches du clavier et par le son de sa voix qui raisonnait derrière moi en me demandant de jouer le morceau que je détestais le plus. Une question peut être un peu étrange sur les bords, mais après tout, c'était mon professeur. Tout d'abord, pour le choisir, je du réfléchir un long moment cette fois-ci avant de me rappeler de ce morceau que j'avais dû jouer pour je ne sais plus quelle occasion, un mariage peut-être. C'était un morceau peu connu, mais dur et vif. Un de ces morceaux qui expriment la haine profonde du musicien qui l'expose. Je le connaissais aussi bien que le premier et le jouais à la perfection, guidée par mes sentiments, je pouvais presque sembler être en transe. Puis, je m'arrêtais sur une note violente et tournais la tête vers ce Primo.
- Verdict ?
Pour ma part, le seul défaut que je voyais, c'était le manque de lucidité que j'avais. En effet, en me laissant entrainée par mes pensées et mes ressentis, j'avais un certain mal à conserver toute ma concentration et il m'arrivait de continuer une mélodie en l'improvisant totalement au gré de mes émotions. Or, ce n'était pas ce que l'on attendait de moi, l'improvisation. Mais là, je doutais que Primo pourrait m'être utile en quelque chose sur ce domaine qui relevait plus du mental qu'autre chose. Quoi que. Mes prunelles profondément encrée dans les siennes tentaient de lire quelque chose dans ses yeux, mais je ne voyais pas grand-chose, un peu brouillée par mon état d'esprit actuel, légèrement confuse. J'étais curieuse de connaitre le fond de ses pensées. De faire sa connaissance comme j'avais appris à faire celle de Alceus. Peut-être que j'y trouverais quelqu'un de meilleur, peut-être que j'y trouverais quelqu'un de moins bon. En tout cas, tant pis pour ce que je découvrirais, mais je chercherais quoi qu'il m'en coute. C'était là une énorme bêtise de ma part de m'intéresser d'aussi près à une personne, mais tant pis. Il en a toujours été ainsi et je ne m'en porte apparemment pas si mal que ça. [Excuse moi, j'ai toujours peur de trop en faire.. ]
Dernière édition par Lady Sixtine le Jeu 23 Juin - 10:11, édité 1 fois |
| | | Primo { "PASTAAAA !" } Messages : 174 Localisation : Reclus quelque part ? Âge du personnage : 20 ans
| Sujet: Re: La leçon de Piano ~ PV Sixtine ♥ Sam 21 Mai - 16:11 | |
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| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: La leçon de Piano ~ PV Sixtine ♥ Sam 21 Mai - 20:58 | |
| [Tu es entièrement excusée ! :) Trop bonne idée le cap/pas cap. Je vais fuser. ♥ ]Quand je suis sincère... Voilà chose bien complexe pour moi. En fait, on n'aurait pu me demander plus compliqué. Moi qui avais tant de mal à me confier, qui me préservait du mieux que je le pouvais derrière un visage énigmatique. Mes sentiments, il faut aller les chercher au plus profond de mes yeux à moins que je ne les révèle par moi-même. Ou bien parce que je suis sur le point d'exploser, ou bien parce que je vous fais confiance. Dans les deux cas, vous n'avez qu'une petite chance que cela se produise. Sous torture ? Allez savoir.
- He. Là, tout de suite, je paris que tu ne peux pas improviser sur le premier morceau que tu as joué, de façon à te l'approprier entièrement, et sans que je ne doive t'interrompre parce que tu te montres trop ou pas assez émotive.
Un temps. Je m'attendais à tout, sauf à...
- Et cela, avec les yeux bandés.
En voilà un défi. Défi que je ne refuserais pour rien au monde.
- Alors, Sisi ?
Je regardais mon jeune professeur avec une intensité particulière. Grande surprise. Jamais je n'aurais imaginé qu'il puisse me défier. Et encore moins de cette façon. Cependant, mon sourire avait quelque chose d'étrange. Une pointe de sadisme ? Peut-être pas. Plutôt quelque chose qui ressemblait à de la provocation. J'aimais bien cette manière de présenter les choses. Tant que j'accepta sur le champ en lui offrant comme réponse un sourire charmeur et que je m'emparais du ruban qu'il tendait pour me l'attacher derrière la tête. Je sentais vaguement l'odeur de Primo sur le ruban qui bandait mes yeux verts. Agréable, masculine. Le souvenir de l'odeur de mon frère. Un de plus que j'accumulais au fond de mon cœur. Un de plus que je devrais exprimer en jouant, apparemment.
Posant délicatement mes mains sur le clavier, je me situa tout d'abord pour savoir où diriger mes doigts, puis, toujours le même sourire que précédemment aux lèvres,je me mit à jouer en pensant à mon frère. Je jouais avec une aisance étrange et avec émotions. Émotions qui se faisaient ressentir dans les notes de mon improvisation. Évitant de justesse une fausse note, je décidais de monter dans les aiguës pour un passage touchant et mélancolique. Est-ce que je progressais ? Je n'en savais rien, sur le plan musical en tout cas. Mais il n'y avait pas de doute sur mes progressions mentales. Au fur et à mesure de la partition que je me créais, je me sentais mieux. Note finale. Douce et longue. J'étais libérée momentanément du poids qui s'exerçait en permanence sur moi, influant sur mon moral et mes réactions. Un sourire séduisant s'était ajouté à un visage serein. Une larme avait perlé sur ma joue, d'ailleurs cette fois-ci, je n'essayais pas de m'en cacher.
- C'était mieux ?
Dans ce regard, je lui accordais tous ses remerciements. Je l'aimais bien, Primo. |
| | | Primo { "PASTAAAA !" } Messages : 174 Localisation : Reclus quelque part ? Âge du personnage : 20 ans
| Sujet: Re: La leçon de Piano ~ PV Sixtine ♥ Dim 9 Oct - 11:54 | |
| [Voilaaaa, c'est pas terrible désolée, mais j'ai enfin posté. Encore pardon pour le retaaard ._. PS: J'ai testé moi-même la position de Primo, et je confirme: c'est dur, mais ça reste possible 8D *jetée*] La surprise se dessina sur son visage, précédant un sourire charmeur (et charmé, je ne doute pas de l'effet que je suis capable de produire sur le beau sexe) montrant qu'elle relevait mon défi. Joueuse et légèrement provocante, elle saisit le ruban que je lui tendais pour bander ses yeux plein de malice.
Sixtine se débrouillait plutôt bien, les yeux bandés – on sentait qu'elle ne jouait que de mémoire et que les partitions devenaient futiles une fois l'apprentissage du morceau terminé. Le morceau se réinventait dans sa tête au fur et à mesure des doigtés, complètement neuf et tellement plus expressif. Quand elle eut finit de jouer, une larme coulant sur sa joue, elle ôta son bandeau. Elle avait l'air heureuse. Et pendant quelques secondes, Primo en fut légèrement perturbé – mais seulement quelques secondes, hein. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu quelqu'un mettre autant de cœur dans un morceau, voilà tout. Sixtine brisa le silence en même temps que sa torpeur:
- C'était mieux ? - ... Pas mal.
Comme toujours mon jugement, quand il est fait à voix haute, reste réservé (et ceux qui le disent « faussé » exagèrent, c'est tout). Je cache ma satisfaction. Je n'aime pas trop caresser l'égo des élèves: ils s'emportent trop vite, ils s'installent sur un petit nuage et cessent de travailler. Bien sûr je doute que Sixtine soit ainsi, mais l'habitude est là. Je préfère flatter mon propre égo que de gonfler les chevilles d'autrui. Mais tout de même, elle joue sacrément bien. Alors j'ai bien envie de continuer à m'amuser. Je lui lance un grand sourire railleur et, d'un geste léger, m'empare du ruban qu'elle a à la main.
- Bien sûr, je n'en aurais pas attendu moins de la part d'un débutant: il aurait donc été lamentable pour toi de ne pas réussir quand un bambin peut y parvenir. D'ailleurs, je savais faire ça à cinq ans. (Je tendis d'un coup sec le bandeau, avant de finir ma phrase d'une voix onctueuse:) ... Et je peux faire bien mieux maintenant, j'en suis certain.
Le défi était relancé. J'inclinais légère la tête vers le siège pour demander poliment à me mettre à ses côtés – je n'attendis bien sûr pas la réponse et me plaçais, à genoux, sur le large banc. Mais dos au piano. Primo plaça le morceau de tissu noir sur ses yeux Et, malgré cette position abracadabrante et l'air profondément stupide que cela devait lui donner, il ne resta pas moins digne et fier – autant qu'on pouvait l'être dans ce genre de moment quoi. Étrangement tordus, ses doigts caressèrent les touches d'ivoire. Il avait déjà entendu dire qu'un de ses contemporains (Mozart, peut être, ou bien un autre nom comme ça) s'amusait à jouer à peu près de cette façon dans les tavernes pour amuser la plèbe. Et bien soit, aujourd'hui c'était à lui d'expérimenter. Il se mit à rejouer le morceau de Sixtine, l'adaptant à sa sauce d'après ce qu'il en avait entendu et retenu. C'était difficile, de cette manière là il devait simplifier le morceau autant que possible (enfin, pas trop non plus, on est pro ou on ne l'est pas). Il remerciait une fois de plus les exercices de son père pour assouplir autant que possible ses doigts étant enfant – si seulement le dit paternel voyait comment il en faisait usage, il serait tout de suite moins fier de sa progéniture. Les dernières notes furent jouées; Primo ôta son bandeau dans un « Haha ! » victorieux. Le petit ruban noir s'enroula ensuite autour de mes doigts; j'observais Sixtine et l'envie de jouer se remarqua à travers ma voix:
- Tu fais mieux ?
Dernière édition par Primo le Mar 20 Déc - 0:38, édité 1 fois |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: La leçon de Piano ~ PV Sixtine ♥ Dim 9 Oct - 19:50 | |
| Pas mal. Certes. Ce n'était pas mal du tout en fait. J'étais douée et je savais très bien me juger. Je savais si oui ou non je jouais bien. Alors pourquoi est-ce que j'avais besoin de lui ? Seulement et uniquement pour la raison que, seule, je n'arriverais jamais à corriger le moindre de mes défauts. Je n'avais ni l'expérience, ni la pratique. J'avais mes manies, bonnes ou mauvaises, et il fallait les corriger.
- Bien sûr, je n'en aurais pas attendu moins de la part d'un débutant : il aurait donc été lamentable pour toi de ne pas réussir quand un bambin peut y parvenir. D'ailleurs, je savais faire ça à cinq ans. Et je peux faire bien mieux maintenant, j'en suis certain.
Oh oui... Je n'en doute pas, mon chère Primo. Vous l'aurez compris, mes pensées autant étaient plutôt ironiques. Et ça se sentait dans mon regard. Je ne le prenais pas au sérieux. Autant à cinq ans il était capable de jouer un morceau les yeux fermés, autant il n'était pas dans les capacités d'un enfant d'assimiler un si long morceau que le mien et de le jouer sans fausses notes. J'étais du genre à croire un peu n'importe quoi, mais je n'étais pas crédule à ce point. Me laisser abuser ne faisait pas partie de mes coutumes. Un sourire un peu moqueur et plein de malice se dessinait sur mon visage alors que je le laissais s'installer à mes côtés d'une manière on ne peut plus... insolite. Mais au fil du morceau, il fallait bien le dire, mon expression se mua en quelque chose qui ressemblait fortement à de l'admiration ? Mon regard ne savait plus trop quoi regarder et chavirait entre Primo, et ses mains. Mes yeux brillaient doucement et l'envie me prenait de fredonner en même temps qu'il jouait. Et comme il jouait bien ! Comme il était beau de jouer ainsi ! Comme j'aimais le regarder ! Comme j'aimais l'écouter ! Et quand il s'était arrêté, une vague de désir me prenait. Le désir de jouer à mon tour.
- Tu fais mieux ?
Malgré toute l'estime que je lui vouais, je n'allais tout de même pas refuser un défi. Je ne refusais que très rarement, les défis. Tout dépendait de leur nature, simplement. Mais ceux-là, non. Jamais.
- Allons-y...
Je lui prenais doucement le ruban des doigts pour le nouer et entreprenais de m'asseoir de la même façon, prenant toujours bien soins que ma robe ne se plisse pas sous mes jambes, faisant attention au peu d'élégance qui me restait dans cette position. Puis je me lançais après lui dans une mélodie rapide qui me permettrait de quitter au plus vite cette posture peu accommodante pour une demoiselle. Je n'avais pas joué aussi bien que précédemment, mais j'avais tenue tête à Primo et toute ma gloire était là. Je n'avais pas été ridicule, face à lui, malgré tout. J'avais ri, pendant mon morceau. Par amusement. Parce que le ridicule ne me tuait pas, mais me faisait rire. Je me moquais de moi-même.
- J’apprécie vos méthodes, Primo.
Je le regardais avec admiration, presque. Ou peut-être que c'était tout à fait ça, de l'admiration, finalement. Il me faisait penser à... Non. Il ne doit pas me revenir à l'esprit dans ces conditions. C'est décidé. Octave ne reviendrait que pour la musique, ou le théâtre. C'était tout. Il ne saurait réapparaitre qu'à ces moment-là uniquement. Je me disais ça avec toute la force dont j'étais capable. Et je l'appliquerais au mieux, avec toute la rigueur que je pourrais sortir. Je ferais le maximum pour ne plus penser à lui qu'à ces instants privilégiés. Et peut-être que Père l'oublierait à son tour, s'il ne voyait plus la tristesse sur moi à chaque fois qu'il posait son regard dans le mien.
Pour ce qui était de ce Primo, il allait de soit que je comptais reprendre des leçons de piano avec lui. Ou peut-être même du violon, s'il savait l'apprendre et le corriger. Et je le demanderais à Alceus. C'était tout vu : je ne prendrais plus de cours qu'avec Primo. Et s'il n'était plus là, peu importait. Je ne prendrais plus de leçon du tout, dans ce cas.
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| | | Primo { "PASTAAAA !" } Messages : 174 Localisation : Reclus quelque part ? Âge du personnage : 20 ans
| Sujet: Re: La leçon de Piano ~ PV Sixtine ♥ Ven 23 Déc - 0:55 | |
| Le visage de la Lady était passé de l'ironie au respect, puis de l'envie et à la fanfaronnade. Elle me prit le ruban des mains et avec élégance, le noua et tenta tant bien que mal de s'asseoir dans la même position, sans laisser paraître ses jambes ni froisser sa robe bleue. Ah, la délicatesse féminine ! - Allons-y...
Et elle joua. Elle releva le défi un peu maladroitement, mais avec amusement – son rire s'élevait de temps à autre, cristallin. C'était certainement une des meilleurs méthodes d'apprentissage : transformer la leçon en plaisir. Moi aussi je m'amusais bien, il fallait le reconnaître. Mais c'est que cette petite me plaisait bien, contrairement aux autres élèves elle avait... (Non, pas seulement un jupon, bande de petits coureurs) du répondant. Oui, ça devait être cela.
- J’apprécie vos méthodes, Primo.
Descendue du piano, elle s'était tournée vers moi pour me regarder avec (était-ce bien cela?) de l'admiration (oui !). Et bien que cela ne me surprenait guère (au fond, j'ai toujours su que je méritais les éloges d'autrui), j'en étais tout de même étonné.
- Rares sont les élèves à penser comme vous. En principe, la plupart quittent la place en claquant la porte. J'ai fait perdre une quantité incroyable d'élèves à Alceus de cette manière. Enfin, ça lui fait les pieds, à cet imbécile.
C'est vrai que c'est très plaisant de voir la tête qu'il fait, quand il reçoit les plaintes. « Primo, on m'a rapporté que tu avais cassé l'archet du dernier élève sans raison ? C'est vrai ? » (Je lui ai expliqué cent fois comment le tenir, son archet, est-ce ma faute s'il est bouché ?) « Primo, comment as-tu osé t'endormir pendant l'audition du Seigneur Cavalone ! » (Damned, lui il a bien le droit de dormir pendant les leçons de solfège.) « PRIMO ! Les parents ont peur pour l'hymen de leurs filles, cesse de tourner autour d'elles ! » (.......) Mais bon, avec le temps j'ai cessé de me justifier toujours – en fait c'est encore plus plaisant de faire semblant d'ignorer Alceus quand il essaye de me faire des remontrances. Mais le plus drôle, c'est quand il commence à hasarder des menaces, et que je lui rappelle en souriant qui est celui qui compose réellement les morceaux qu'il présente en son nom à l'Évêque. Aussitôt il ferme la bouche et reste là, bras ballant, bouillant d'énervement et las, si laaas. Je jubile rien que d'y repenser. Tout en rêvassant, je récupérai mon ruban et le renouai autour de mon col. A cause de la bruine, il n'y avait qu'une lumière morne et grise pour éclairer la salle par les larges fenêtres, si bien que la notion du temps était devenue très abstraite pendant la leçon. Mais un coup d'œil à ma montre à gousset suffit pour me ramener à la réalité ; je vis que cette leçon allait bientôt devoir toucher à sa fin. Il était temps de libérer le salon de thé. Attrapant mes affaires sur la table, je saisis mon chapeau et présentai à Sixtine une référence faussement majestueuse, parodiant les nobles.
- Eh bien, Mademoiselle, je crois qu'il est temps de se quitter. Si vous souhaitez poursuivre les leçons, j'en serais pour une fois heureux. Je n'ai pas souvent des élèves comme vous, très chère Sixtine.
Mais non, Primo ne se sert pas des conventions pour dire des choses qu'il trouve gênantes. J'ajustai mon violon sur mon dos, puis m'arrêtai pour lui lancer un dernier regard, droit dans les yeux.
- A la prochaine, Sisi.
Sans plus attendre, je fis demi-tour et sortis de la salle. |
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