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| Sinistre Commande [Izaiah] | |
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InvitéInvité
| Sujet: Sinistre Commande [Izaiah] Mer 29 Déc - 1:03 | |
| Le ciel était bien noir cette nuit et la lune s’était cachée, privant ainsi aux paysages de ses quelques rayons. Seuls les flocons de neige osaient brisaient ce noir d’encre mais ils étaient très vite happés par les ténèbres. La duchesse observait cette scène monotone à travers sa fenêtre, à l’abri du froid dans ses appartements réchauffés par une cheminée. Les ombres au mur se balançaient au rythme des flammes et le décor somptueux et élégant prenait un aspect bien mystérieux et effrayant dans cette pénombre. Anastasia ignorait cette sensation et fixait ce spectacle fort ennuyeux, perdue dans ses pensées. Sa main droite soutenant son front et sa main gauche triturant une de ses mèches de cheveux, elle réfléchissait sur ses sombres projets qui allaient bientôt être confirmés, très bientôt même. Le froid aurait pu, un court instant, la distraire mais elle n’avait pas cette chance ou ce malheur. Comme dit, ses appartements étaient très bien chauffés et elle pouvait se permettre de porter une robe légère noire et opaque, soulignant ses formes et sa silhouette. Ses bras étaient couverts d’un voile noir transparent et son cou était à découvert, comme à son habitude.
Quelqu’un toqua à la porte. En cette heure tardive, il était indécent d’avoir un invité mais Anastasia ignorait ces règles et invitait qui elle voulait à n’importe quelle heure. Les rumeurs l’importaient peu, après tout elle avait grandi avec et s’était faite à ces mensonges. Elle en riait même de temps en temps. La porte s’ouvrit, un domestique fit irruption et ordonna d’un geste à l’inconnu d’entrer à son tour. L’invité dans la pièce, le domestique sortit et referma silencieusement la porte. Lentement, elle se releva et fit face son invité. C’était un homme d’une haute stature dont la moitié du visage était cachée par un chapeau à large bord. Chaque geste de sa part entraînait une petite chute de neige autour de lui.
- Enlevez donc votre manteau et réchauffez près de ce feu. Nous parlerons une fois que vous serez à votre aise.
Elle tendit sa main vers la table posée devant la cheminée et les canapés qui l’entouraient. De plus divers mets et amuse-bouche appétissants étaient disposés et un narghilé, une acquisition récente de la duchesse, était posé entre deux canapés. Elle n’y avait pas encore goûté mais on disait que c’était agréable et bon. Anastasia le testera pendant qu’elle parlera affaire avec cet homme. Elle s’avança donc vers les canapés et s’y assit en soulevant ses cheveux. Ils étaient très longs et elle pouvait s’y asseoir dessus aisément. Par contre quand elle bougeait un peu, cette belle chevelure tirait et arrachait à Anastasia un petit cri. Pour éviter ce spectacle humiliant, elle mettait cette masse de côtés afin qu’elle ne la gêne plus et puisse parler tranquillement.
Maintenant, elle attendait que le jeune homme fasse de même et s’assit en face d’elle. En tant que bonne hôte elle aurait pu gentiment prendre le manteau et le chapeau mais elle ne le fit pas. Elle était une noble et il fallait le dire : la duchesse était imbue de sa personne malgré les sourires qu’elle distribuait ici et là. Ses yeux ne quittaient pas cet homme et elle observait chacun de ses gestes, examinant la tenue et sur les accessoires qu’il portait. C’était une manie chez elle de détailler la personne qui lui faisait face, une manie pas très mauvaise d’ailleurs étant donné que l’habit déterminait souvent la personnalité.
Enfin il s’assit … enfin elle pouvait commencer sa « commande ».
- Bien Izaiah, je peux me permettre de vous appeler ainsi ? C’est le seul nom que l’on m’a donné. Avant toute chose, êtes-vous réellement un homme de confiance ou plutôt un homme qui scellera cet entretien sous silence. Je ne désire pas traiter avec un ivrogne qui peut me vendre pour une ou deux bouteilles.
Elle risquait beaucoup dans cette affaire et l’erreur ou les « fuites d’informations » n’avaient pas leur place. Après-tout, nous parlons d’assassinat ici. En effet sa commande était l’assassinat d’une personne qu’elle ne supporte plus et cet homme était le tueur à gage qui allait effectuer ce travail pour une certaine somme.
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| | | Izaiah { "My words, The berretta, The sound of my vendetta" ♪ } Messages : 60 Localisation : Dissimulé. Âge du personnage : 24 ans
| Sujet: Re: Sinistre Commande [Izaiah] Mar 11 Jan - 2:04 | |
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[Désolée pour la longueur, je me suis un peu emballée ToT Et Izaiah est méchant avec Anya, moi je l'aime bien. Et je n'ai pas trop fait avancer, pour l'instant je préfère que ce soit Anya qui mène la danse, vu que c'est elle qui a quelque chose à demander! En tout cas, si quelque chose ne va pas, dis-le-moi et je modifierai mon post.]
Izaiah entra dans le corridor de l'immeuble et salua la concierge qui le regardait d'un œil torve, campée devant la vitre brumeuse de sa loge. Antipathique, acariâtre et aussi furtive que le bruissement de son balai sur le sol, cette femme n'avait d'engageant ni son aspect, ni son caractère. La monture de ses lunettes était à moitié arrachée du côté gauche et raclait l'arête de son nez, l'obligeant à en réajuster le verre à intervalles réguliers tout en lui conférant un tic nerveux qui mettait mal à l'aise ceux à qui elle parlait. Le peu de fois, évidemment, où elle acceptait de maintenir un semblant de conversation avec qui que ce soit sans se contenter de maugréer dans sa barbe, qu'elle avait fort épaisse. Un duvet foncé ornait sa lèvre supérieure et elle ne cessait de le gratter dans un murmure horripilant, sans que l'on ne parvienne à savoir si elle le faisait exprès ou si elle n'en avait pas conscience. Il avait l'impression d'entendre ses dents grincer les unes contre les autres lorsqu'elle tordait la bouche comme si elle cherchait à se décrocher la mâchoire d'un côté ou de l'autre, tel un croque-mitaine de papier. Puis elle abaissa ses paupières, formant un paravent sur ses orbites laiteuses garnies en leur centre de pupilles d'un vert sombre et humide comme le fond des eaux, parsemées de tâches plus foncées, difformes qui rappelaient les nuages éclatés dans la voie lactée. C'était peut-être la seule image touchante que l'on descellait chez elle lorsqu'on s'attardait à disséquer son physique et à en aligner les détails. Il avait connu une fille, concierge elle aussi, qui possédait les mêmes. Jolie comme un cœur, un cul ouvert à toutes les propositions, un corps de salope et l'esprit qui allait avec. Il ne s'était pas rendu compte immédiatement du changement qui s'opérait chez elle. Dit d'une manière différente, il ne s'y était pas beaucoup intéressé, jusqu'à ce qu'elle commence à lui courir sur le haricot. Il lui suffisait qu'elle soit vaguement réceptive à ses attentes et qu'elle puisse tenir une conversation censée sans lui poser de questions dérangeantes sur ses activités. Les filles les plus intelligentes comprenaient ce qu'il attendait d'elles sans qu'il ne le dise et décidaient vite si ce contrat tacite leur convenait ou non. Et soit ils entamaient une relation qui allait d'une poignée de jours à quelques semaines, jusqu'à ce que l'un ou l'autre décide que la situation ne lui convenait plus -Izaiah, cependant, ne laissait pas ses relations aller au-delà d'un ou deux mois, soit il ne prenait pas la peine de poursuivre. Toujours est-il que cette fille aux yeux verts, qui avait un nom aussi flamboyant que son attirail vestimentaire, s'était amusée à le suivre quand il sortait. Et s'il n'en avait rien à faire quand il partait acheter un morceau de pain chez le boulanger de la rue Saint-Loup, cela devenait plus problématique quand elle se présentait chez lui, toute de désir vêtue, alors qu'il avait à remplir un travail qu'on lui avait confié. Il n'avait jamais su si elle avait été engagée par quelqu'un qui en aurait eu après lui ou si elle était juste dotée d'une curiosité maladive. Lassé de ses interrogations incessantes, il avait fini par l'abandonner. Pourtant au départ elle lui avait beaucoup plu. Elle avait un air un peu trop rêveur et décalé à son goût, mais elle était charmante dans ses paroles comme dans ses gestes. Et entreprenante avec ça, il avait rarement profité d'une telle excentricité érotique. Hormis les désagréments de la fin, cela avait été une aventure agréable. Peut-être, quelque part, l'avait-il aimée.
Malheureusement, les expressions revêches et le silence irritant de sa concierge actuelle éclipsaient l'unique ressemblance qu'elle avait avec la jeune fille. La laideur de ses cheveux filasses, de son dos légèrement courbé vers l'avant, de ses pieds grossiers, de ses joues plissées ne jouait pas en sa faveur et entourait son corps d'une aura poisseuse qui éclipsait la lueur discrète de ses yeux.
Il passa rapidement devant elle, touchant son chapeau et camouflant son air dégoûté. Il n'avait jamais pu la sentir et s'estimait heureux de ne pas rester ici assez souvent pour avoir le bonheur de croiser tous les occupants du logis ou pire, être obligé de participer à leurs immondes soirées « entre voisins » au cours desquelles, d'après leurs dires, ils jouaient aux cartes tous ensemble dans une vaste euphorie collective, une tasse de thé à la main. A son avis, ils s'employaient surtout à médire sur tous les êtres vivants qui passaient à la portée de leur langue fourchue, se lançant des piques de moins en moins camouflées au fur et à mesure que le thé prenait la forme d'une bouteille de whisky. Il avait senti ses poils se hérisser sur sa nuque quand ses voisins de palier, un couple d'une cinquantaine d'années, lui avaient proposé de se joindre à eux pour leur sauterie du soir. Il revoyait le tableau, elle en robe de chambre bleu roi et lui fumant une pipe à la forme tarabiscotée, la fumée qui sortait du fourneau imprégnant le palier et lui conférant en permanence une odeur de tabac froid. Izaiah ignorait comment un si petit objet tenu par un si petit homme -il arrivait à peine à l'épaule de sa femme, qui n'était pourtant pas une géante- pouvait s'incruster autant dans un espace aussi étendu qu'un couloir, mais apparemment il y arrivait très bien puisque la première chose qui accueillait le jeune homme lorsqu'il rentrait était ces relents de fumée âcres, envahissants, grisés, qui imprégnaient ses vêtements et ses cheveux. Désavantage flagrant pour lui qui tentait de n'être rien et de passer inaperçu dans la foule, sans couleur et sans odeur. Il était souvent obligé de relaver ses habits plusieurs fois pour en éliminer les flagrances. Toujours était-il que son immonde gardienne le suivait des yeux avec un air de molosse qui l'horripilait au plus haut point. Si seulement il avait pu la liquider purement et simplement sans attirer les soupçons, histoire de lui faire rentrer dans la gorge ses horribles grimaces soupçonneuses et ses reniflements méprisants... Il se retourna une dernière fois en lui adressant un sourire crispé par-dessous son chapeau, espérant qu'elle arrêterait de le fixer avec autant d'insistance. Même si au même instant il avait plutôt envie de lui faire manger le tricot qu'elle tenait à la main -était-ce vraiment un tricot d'ailleurs? Cela aurait aussi bien pu être un vieux torchon, cette chose informe qu'elle tenait serrée le long de son corps, entre ses griffes aux ongles sales, et qui frottait contre sa robe de tissu brun. Incessamment, ses pupilles tremblantes le suivirent pendant qu'il montait l'escalier en évitant de s'accrocher à la rampe rendue poisseuse par une substance invisible et collante dont il préférait ne pas imaginer la teneur. Il avait tendance à oublier le manque de propreté qui régnait dans l'immeuble et en général, passait inconsciemment ses doigts sur ce qui avait été, à une autre époque, du bois ciré. La sensation d'avoir du miel collé aux phalanges perdurait jusqu'à ce qu'il remplisse d'eau un baquet de fer mince et s'en frotte les mains. Avant, il ne pouvait s'empêcher de tapoter l'un contre l'autre la pulpe de son index et de son majeur pour tenter d'enlever cette impression de saleté tenace. Il poussa un soupir quand son observatrice disparut dans le tournant de l'escalier, le laissant enfin seul, sans sa présence fantomatique pour planer sur ses moindres gestes et ses regards pour vriller son dos d'ondes suspicieuses. Il allait sûrement devoir déménager bientôt.
Il enjamba la dernière marche comme il en avait pris l'habitude car elle craquait et qu'il détestait entendre ce son se répercuter dans le couloir sombre, à peine éclairé par un bout de bougie fumant qui pendait à un mur. Il dépassa deux portes alignées côtes-à-côtes, sur lesquelles étaient inscrits les noms de leurs propriétaires sur une petite plaque de métal salie, à moitié effacés par les années. Il était probable que les propriétaires aient changés sans qu'une nouvelle plaque ait été installée, conférant à ses habitants un parfait anonymat. Le parquet sombre brillait d'un éclat inquiétant sous la brume de l'obscurité. Il n'y avait pas de fenêtre. Le mince interstice de lumière que l'on apercevait provenait de la cage d'escalier et projetait sur son squelette des formes d'animaux fantasmagoriques. On distinguait à peine les fissures du sol qui indiquait le manque d'entretien, courant entre les planches et les rainures du bois, contournant un nœud ou le scindant, disparaissant ou s'étalant à l'intérieur de leur face dissimulée. Au bout, il apercevait au creux d'un renfoncement l'éclat que projetait la poignée de la porte de son appartement. Se débattant avec son aveuglement provisoire, il entreprit, comme à chaque fois, d'atteindre son refuge à tâtons. La porte s'ouvrit silencieusement sur une grande pièce qui avait dû être somptueuse par le passé, comme en témoignaient un reste de peinture rougeoyante s'écaillant aux entournures des fenêtres, les figures dorées à moitié vaincues par l'effacement s'étalant au niveau des plinthes, de lourds rideaux d'un velours troué entourés d'une corde pimpante. Avec un soupir de contentement, Izaiah se débarrassa de son manteau et le jeta sur un fauteuil au centre de la salle. Celui-ci s'y écrasa avec un froissement sourd. Puis le jeune homme étudia la tâche de sang qui s'étalait sur sa chemise. Avec cet temps humide, ce n'était pas étonnant que son pistolet ait refusé de se plier à son bon vouloir. Il n'avait pas encore eu de problèmes jusqu'ici, mais cette fois, la poudre devait être trop mouillée et le coup n'était pas parti, l'obligeant à finir sa victime à la main. Forcément, c'était moins propre, pensa-t-il avec regret en déboutonnant son vêtement. Il batailla quelques secondes avec un bouton récalcitrant, son regard concentré sur les fines rayures de la tapisserie, à droite. Il faudrait aussi qu'il passe chez l'artisan, le silex commençait à être usé. Il reprendrait de la poudre en même temps. Enfin, il se défit de sa chemise qu'il fourra dans le baquet d'eau, la surface du liquide se colorant d'un rouge filandreux qui se répandait en vagues vers les profondeurs, dessinant des courbes aériennes. Trempant une serviette, il entreprit de nettoyer le sang qui s'était décalqué sur sa peau, se sécha avec une autre et alla prendre une chemise propre dans l'armoire. Tout en la passant, il sortit de sa poche un morceau de papier froissé qu'il lissa tant bien que mal avant de le poser sur la table, devant lui. Dessus, une adresse et l'heure d'un rendez-vous auquel il était convié le soir-même. Il fronça les sourcils. Il avait bien essayé d'expliquer subtilement au tenancier de l'auberge qu'il valait mieux éviter, pour plus de sureté, qu'il laisse ce genre de preuves matérielles derrière lui mais rien n'y avait fait. Sous prétexte que sinon, il allait oublier, il continuait à tout marquer. Avoir des contacts lui permettait de s'assurer un revenu constant, mais parfois c'était franchement usant. Et non, il ne s'était pas énervé quand il avait tenté de le raisonner. Il avait juste élevé un peu la voix avec l'espoir que l'information atteindrait mieux sa cervelle d'oiseau.
Izaiah mémorisa l'adresse -très simple- et l'heure -tout de suite. Il décrocha son briquet de sa ceinture et brûla proprement le papier. Il n'aurait plus manqué qu'un curieux tombe dessus par inadvertance. Il était persuadé que la vieille harpie du rez-de-chaussée avait un double de toutes les clefs et ne privait pas pour en user selon son bon vouloir. Peut-être même qu'elle se vautrait dans son fauteuil en son absence. Il frissonna de dégoût et s'en écarta vivement. Il était capable de supporter beaucoup de choses, mais qu'une vieille bizarre se permette de vagabonder dans son espace personnel, c'était hors de question. Il détestait cet endroit. Franchement. Se faisant la promesse de chercher un autre abri au plus vite, il entreprit de prendre de la poudre sèche qu'il avait caché dans une mince faille entre deux plinthes, se méfiant du secrétaire qui fermait prétendument à clef. C'était toujours une de ces clefs que l'autre aurait pu posséder et il était hors de question qu'elle touche à ses accessoires de travail. Il fit glisser la poudre dans une bourse qu'il glissa à sa ceinture, au côté opposé au briquet. Après s'être assuré du fonctionnement de son pistolet, il l'accrocha à sa jambe, dissimulé par la veste dont il se revêtit. Il gratta une tache de sang qui s'était formée sur la doublure de son manteau en jurant entre ses dents. Il n'avait pas le temps de le laver et n'en avait pas d'autre. Résigné, il abandonna cette entreprise vouée à l'échec et agrafa son manteau. Il haussa les épaules. Après tout, la personne qu'il allait voir ne se formaliserait sans doute pas de ce genre de choses, sachant ce qu'elle comptait lui demander. Et après tout, ce n'était pas comme s'il en avait quelque chose à faire.
Des couloirs sombres, des portes noires, des pas qui résonnaient. Il détailla le paysage sinistre qui s'étalait autour de lui tandis qu'il suivait le domestique, sceptique. Comment pouvait-on supporter de vivre là-dedans? Son cœur se serra un instant au souvenir des roulottes de son enfance, dans un souvenir fugitif qu'il s'empressa de refouler au fond de sa mémoire sans s'y arrêter. Tout en marchant, il essayait d'épousseter la neige qui s'accrochait à ses habits et fondait en s'enfonçant à travers les mailles des vêtements. Fichu temps. Dire qu'il avait dû faire le chemin sous les flocons serrés qui piquaient ses joues et refroidissaient son corps pendant qu'il se pressait dans la rue, rabattant son chapeau sur ses yeux pour se protéger des projections. Il n'avait croisé personne, ce qui, d'une part, l'avait arrangé, d'une autre, ne l'étonnait nullement. Qui était assez fou pour mettre un pied dehors avec des températures pareilles? Lui, apparemment. Mais il avait comme principe -pour un peu qu'il en ait, vu le métier qu'il s'était choisi- de ne jamais refuser une tâche pour laquelle on le demandait. Dans ce cas précis, on avait quémandé après ses services, il y répondait. Et peu importait qu'il soit gelé des pieds à la tête.
Enfin, il arriva dans une pièce qui paraissait posséder un minimum de vie, contrairement aux dédales de pierre impersonnels dans lesquels il avait cheminé ce qui lui avait semblé être une bonne dizaine de minutes.
« Enlevez donc votre manteau et réchauffez près de ce feu. Nous parlerons une fois que vous serez à votre aise. »
Le serviteur s'effaça silencieusement derrière lui et referma la porte qu'il avait ouverte un instant plus tôt pour le laisser passer. Le regard doré d'Izaiah se fixa sur la femme qui venait de lui adresser la parole. Elle était grande, belle, fine. Hautaine. Il pouvait le deviner rien qu'à la manière dont elle bougeait, inclinait la tête, se tenait assise bien droite sur son canapé, la tête haute. Ce qu'il pouvait détester les nobles et leur foutue prétention. Repoussant son irritation derrière un masque impassible et comprenant que la femme ne se lèverait pas pour l'accueillir, il enleva son manteau, son chapeau et les posa en travers du dossier de la place adjacente à la sienne. Ne resta plus sur son dos que sa veste simple, aussi noire que son pantalon, passée sur sa chemise. Contrairement à la plupart de ses concitoyens, il ne portait pas de chaussures à boucles et passait sur ses bas des bottes hautes, bien plus pratiques et moins salissantes, surtout dans un pays comme celui-ci. Ses cheveux, qu'il avait autrefois tenté de retenir par un mince ruban noir, s'étalaient sur sa nuque et venaient lécher ses joues, indomptables. Bien qu'habillé comme une personne de classe intermédiaire, il gardait toujours un physique de ''sauvageon'', comme le disaient à cette époque les habitants des villes où il passait avec sa famille. Une apparence de tzigane. Il s'assit en croisant les jambes, un coude posé contre l'accoudoir.
« Bien Izaiah, je peux me permettre de vous appeler ainsi ? C’est le seul nom que l’on m’a donné. Avant toute chose, êtes-vous réellement un homme de confiance ou plutôt un homme qui scellera cet entretien sous silence. Je ne désire pas traiter avec un ivrogne qui peut me vendre pour une ou deux bouteilles. »
Lady Anastasia. Il en avait déjà entendu parler au détour de conversations multiples. Objet de fantasme des uns, crainte par les autres, ces deux sentiments se mélangeant à l'occasion, elle restait une personne très contrastée. Il ne l'avait jamais vu auparavant, ou peut-être n'y avait-il simplement pas prêté attention. Sœur de l'ancien souverain, on avait raconté beaucoup de choses sur son compte, les rumeurs s'amplifiant sans que l'on sache réellement si elles étaient fondées. Sorcellerie, cannibalisme, sacrifices, tout et n'importe quoi avait dû y passer, et les langues s'échauffaient dès que l'on abordait le sujet, avides d'histoires qui enflaient au fil du temps, devenant de plus en plus sinistres et de plus en plus abracadabrantes. Mais quelles distractions avaient maintes fois apportées ces histoires derrière les comptoirs des établissements qu'Izaiah fréquentait à l'occasion! Elle et d'autres, à défaut de se soucier des gens en-dessous d'eux, leur offraient l'occasion de divertissements inépuisables.
« Je n'ai pas pour habitude de divulguer les missions que l'on me confie. Je n'aurais rien à y gagner. » fit-il d'une voix glaciale, son regard dérivant vers le feu qui ronflait dans la cheminée. Les flammes projetaient une lumière dansante dans le cadre qu'elles occupaient.
Pour la deuxième fois de la soirée, il se rappela à quel point il haïssait la noblesse. Rien que sa façon de parler suintait l'orgueil. Ces gens-là ne doutaient vraiment de rien. Ils n'avaient sûrement jamais pensé à ce qui leur arriverait si jamais quelque chose les faisaient brusquement tomber de leur piédestal, les obligeant à chercher de quoi se nourrir sans qu'on leur apporte leur nourriture toute faite sur un plateau, à s'habiller sans qu'ils ne puissent payer une couturière pour le faire à leur place, à s'abriter sans que la maison héritée de leurs parents ne leur procure chauffage et lit sec. Si cela devait arriver, lui, Izaiah, rirait en les regardant. Après un silence, il reprit en esquissant un geste vague de la main gauche et répondit à la première question, bien qu'il se doutât qu'elle n'ait été que rhétorique : Lady Anastasia avait directement embrayé sur le sujet qui la préoccupait réellement.
« Quant à mon appellation, cela m'importe peu. »
Il reporta son attention sur la duchesse qui lui faisait face, attendant qu'elle lui donne davantage de précisions sur ce qu'elle désirait.
Sans y faire vraiment attention, il nota pour la première fois à quel point sa chevelure était longue. Vaguement, il pensa que cela devait la gêner dans ses mouvements. |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Sinistre Commande [Izaiah] Dim 23 Jan - 19:19 | |
| Cet homme semblait être sérieux, un véritable professionnel. D’ailleurs les rumeurs et les diverses informations qu’on lui a transmis l’avaient décrit comme quelqu’un connaissant parfaitement son domaine et surtout qu’il était discret et extrêmement prudent. L’homme de main par excellence en claire.
Avant de faire sa commande, elle réfléchissait sur comment introduire et surtout ne pas paraître jalouse ou misérable face à un homme venant du plus bas de la hiérarchie. Elle était noble par conséquent elle n’avait pas à paraître si désespérée, de plus jusqu’à maintenant elle avait réussi à garder la tête haute malgré les coups durs de la vie alors il était hors de question qu’elle perde la face maintenant, déjà qu’appeler cet homme était les premières signes de sa faiblesse à trouver une solution à un problème. Son problème était le classique problème des domestiques flirtant avec son mari. Ce dernier s’était entiché encore d’une fille de bas étage et il l’a couvrirai d’or si la société et l’Eglise le lui permettaient. Le faisait-il pour la rendre jalouse ? Pour lui montrer que beaucoup ont réussi là où elle a échoué c’est-à-dire attirer la sympathie et l’attention du duc. Elle savait pertinemment qu’il se vengeait de son véritable amour, tuée lors du coup d’Etat par ses propres mains à cause d’Anastasia, en traînant avec deux filles faciles sans s’y attacher particulièrement. La brune aurait pu honorer son titre de « Sa Monstruosité » en menant la vie dur à cette domestique, du nom d’Elysia, mais elle n’avait pas pu à cause d’Henri. Il protégeait son « jouet » et la couvait du mieux qu’il pouvait pour l’énerver. La duchesse aurait pu utiliser son enfant pour qu’Henri mette à la porte cette donzelle mais les deux, Henri comme Anastasia, aimaient trop leur enfant pour l’entraîner dans ce théâtre d’intrigue et de coup tordu. C’était d’ailleurs le seul domaine où ils s’entendaient à la perfection.
- Demain j’irais à l’Opéra, accompagnée de mon fils et de mon mari. Aux côtés du Duc se trouvera une domestique… je voudrais que vous vous occupiez d’elle. Ma condition est la suivante : La mort doit paraître naturelle et banale. Je ne désire pas d’une fin tragique ou théâtrale qui attirera les soupçons sur moi ou sur mon mari.
Sa fortune était basée sur les fonctions de son mari par conséquent s’il perdait en notoriété, elle perdrait aussi des richesses. Une chose inconcevable pour une femme aimant le luxe et les plaisirs coûteux de la Cour. Enfin cet avenir était bien lointain car même si le duc était sans-le-sou, alors elle se fera entretenir par ses multiples amants, ces hommes stupides qui gravissent autour d’elle cherchant une reconnaissance pour beaucoup. Dans tous les cas, elle ne laissera pas Edward traîner dans la boue à cause d’une domestique ou d’un scandale mineure.
Finalement elle prit le narghilé et en respira une bouffée. C’était l’équivalent d’une pipe mais l’odeur était moins forte et moins étouffante dans les poumons. C’était assez agréable. Elle prit le deuxième tube –c’était pour deux à trois personnes – et le tendit au jeune homme.
- Il fait bien froid dehors n’est-ce-pas ? Ce narghilé est assez bon, je vous conseille d’y goûter si vous êtes fumeur bien évidemment.
Celui qui n’avait pas mis une pipe ou un cigare en bouche de toute sa vie ne pourra pas apprécier ce délicat goût par conséquent il gâchera plus qu’autre chose ce merveilleux instant de découverte.
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| | | Izaiah { "My words, The berretta, The sound of my vendetta" ♪ } Messages : 60 Localisation : Dissimulé. Âge du personnage : 24 ans
| Sujet: Re: Sinistre Commande [Izaiah] Ven 11 Fév - 23:12 | |
| Les flammes dansaient sous le couvert des pierres de la cheminée, balayant le sol de leurs ombres fauves. Elles flamboyaient, rayées de noirceur, échos ésotériques d'un temps reculé, vestiges d'une époque lointaine où sorcières et démons couraient libres et farouches dans la lande. Sous les langues de feu se déroulaient la farandole des compagnons de l'Enfer exhibant leur nudité. Ils se dandinaient, hurleurs et riants, à travers les franges du tapis. Contrastant avec le froid du dehors et la blancheur des flocons dégringolant du ciel, encore exempts des salissures de la boue collées aux chaussures des passants, ils fêtaient leurs propres corps, païens impénitents, dressés avec insolence contre l'ordre, partenaires et origines du chaos. C'était ces divinités d'ombres qui causaient les malheurs des hommes. Ils s'introduisaient sournoisement dans les maisons pour voler les nouveaux-nés, tuer les petites filles, manger les chiens et détruire les fours. Personne ne savait à quoi ils ressemblaient. Ils n'étaient que des silhouettes indistinctes parfois aperçues sur le rebord d'une fenêtre, juste avant qu'ils ne sautent dans le vide pour rejoindre leurs compatriotes, déjà à la recherche d'un nouveau méfait. Ils étaient les bruits, les chuchotements dans le lointain, ou ceux qui s'envolent si près, si près qu'il en devient impossible de les entendre. Et leurs paroles n'en étaient alors que plus inquiétantes. Comment se préserver contre quelque chose que l'on connait pas? Contre ce qui pourrait arriver à tout moment, et sous n'importe quelle forme possible? Qui protéger? Que faire? Quelle importance, ils reviendront. Car ils sont partout, intemporels, éternels. Leur cruauté ne faiblit jamais et leurs enfants sont toujours plus nombreux, instaurant d'autant plus d'idées cruelles inspirées par leur créativité juvénile. Ce sont les petits démons dont on ne connait pas le visage mais dont on reconnaît les méfaits. Fuyez, fuyez, ils sont partout. N'est-ce pas l'un d'entre eux perché sur votre oreille? Est-ce vraiment le vent qui fait bouger le rideau? N'y en a-t-il pas quelqu'un caché derrière, prêt à étrangler le mignon nourrisson? Méfiance, méfiance. Éloignez-vous. Ainsi ils étaient là, ces êtres miniatures qui dégringolaient sur les flammes comme s'ils nageaient au milieu d'une eau claire. Aériens, leurs jambes brillaient de rouge et leurs têtes d'or liquide ; leur œil projetait un éclat d'un orange flamboyant. Izaiah suivit du regard la pointe d'une flammèche qui s'étalait jusqu'au bas de la robe, dont l'étoffe se trouvait transfigurée par les reflets de l'âtre brulant. Vaste mélange éblouissant. Il était comme le contenu d'un chaudron brillant, à la transparence épaisse comme de la peinture, tournant sur lui-même en un entonnoir bouillonnant. Et Anastasia, elle, ressemblait à un oiseau de chasse, à un faucon emprisonné dans des larmes de métal chauffées à blanc. Les ombres formaient sur sa poitrine et son dos les courbes de plumes recourbées, telles les parures d'un chapeau coûteux, épaisses et frissonnantes sous le mince courant d'air qui voltigeait dans la salle. Elle était céleste. Et un peu effrayante sous son masque de feu. En transparence, il imaginait un bec se superposer à sa bouche effilée. Il voyait les pupille s'arrondir pour manger la couleur de son œil. Sa voix, trop humaine pour appartenir à un volatile, se dressa dans le silence qui s'était instauré et interrompit sa métamorphose. Brusquement, les pans d'obscurité redevinrent de simples flammes et l'ambiance mystique retomba, laissant place à l'ennui coutumier des rencontres professionnelles.
« Demain j’irais à l’Opéra, accompagnée de mon fils et de mon mari. Aux côtés du Duc se trouvera une domestique… je voudrais que vous vous occupiez d’elle. Ma condition est la suivante : La mort doit paraître naturelle et banale. Je ne désire pas d’une fin tragique ou théâtrale qui attirera les soupçons sur moi ou sur mon mari. »
Izaiah hocha la tête sans répondre. Il notait consciencieusement les détails de l'affaire dans son esprit et cherchait, au fur et à mesure, à déterminer son mode d'action suivant les données qu'il recevait. Il agissait comme une machine que l'on aurait programmé selon son bon vouloir, triant les informations et éliminant les solutions inappropriées. Seulement, il entrait lui-même les paramètres sur lesquels il désirait s'aligner. Son intellect tournait selon une action purement mécanique et scientifique, qui ne s'entachait d'aucune digression comme d'aucun avis personnel. Le jeune homme n'était pas amoral ni immoral. Il avait pleinement conscience des notions de bien et de mal et savait étiqueter les événements suivant ces deux éléments. Il était devenu tueur par nécessité, il continuait par habitude. Il s'était débarrassé de son violon parce qu'il faisait parti d'une vie antérieure à laquelle il savait n'être plus capable d'accéder, une vie où il avait eu des attaches, des aspirations, des regrets, des passions. Du mouvement, un mouvement constant et ô combien agréable, des désirs à combler. Aujourd'hui, sa vie se divisait selon deux segments : celui qu'il suivait pendant ses assassinats et celui, beaucoup plus réduit, où il vivait pour lui-même. Malheureusement, le premier étranglait le deuxième et ne rêvait que de l'engloutir, l'enfouir au fond de son gosier gluant où il resterait pour l'éternité. Izaiah avait conscience que son existence se restreignait petit à petit, s'organisant autour de son métier. Peut-être étaient-ils déjà irrémédiablement emmêlés. Les paroles de son employeur se gravaient dans son crâne. Il pinça légèrement les lèvres lorsqu'elle avoua qu'elle voulait une mort qui paraisse naturelle et eut envie de pester contre cette gosse gâtée -Qu'est-ce qu'elle croyait? Il était difficile de tuer quelqu'un sans se faire prendre dans un espace aussi réduit- mais il se retint. C'était son travail, après tout. A lui de s'accommoder des lubies des autres. C'était assez ironique, de gagner de quoi vivre en tuant des gens. Par ailleurs, il ne refusait jamais une mission qu'on lui confiait, quelle qu'en soit la victime. Le climat politique l'indifférait, et bien qu'il n'aimât pas les nobles, il tuait sans faire de distinction suivant les demandes. Il se disait parfois que les professionnels dans son genre étaient utiles à la société : s'ils n'existaient pas, les sources de désagréments, les conflits, les désaccords ne pourraient être réglés dans l'ombre et les concernés désirant résoudre leurs problèmes par eux-mêmes -et par la violence-, appelant à la rescousse leurs amis, formeraient un gigantesque réseau d'alliances et de concurrence qui finirait par dégénérer en guerre civile. Une hypothèse qui paraissait, certes, un peu tirée par les cheveux. Mais les hommes étaient parfois tellement lamentables que leurs déboires et leurs excès ne l'étonnaient même plus. Il avait connu un homme, à l'un des bistrots qu'il fréquentait, jovial, sûr de lui, beau garçon. Il buvait beaucoup et il suffisait qu'il ait un coup dans le nez pour payer des tournées à tour de bras. Tous les habitués le connaissaient et l'appréciaient. La générosité touche beaucoup chez les ivrognes, notamment lorsqu'elle concerne la boisson. Toujours était-il que ce garçon, bon vivant et enthousiaste, avait un jour cessé de venir à son auberge favorite. Cela avait jasé parmi les occupants pendant quelques temps, chacun cherchant une raison à cette soudaine désertion. Puis on avait oublié, les conversations s'orientant vers des sujets plus actuels. Un jour, peut-être six mois après, Izaiah avait appris qu'il avait tué sa femme et sa fille en rentrant chez lui, à coups de hache. Puis il s'était suicidé en sautant par la fenêtre. Celui qui l'avait renseigné avait ajouté, sur un air de conspirateur, que la maison qu'ils avaient occupés était invendable. Le tzigane avait demandé pourquoi, par politesse. Il n'avait pas vraiment envie de savoir. L'autre avait répondu que les murs étaient si empreints de sang que l'on n'arrivait pas à les nettoyer. La maison ne trouvait pas d'acquéreur. Izaiah avait alors pensé aux coups qu'il avait maladroitement tirés, aux couteaux qui avaient glissés et tranchés les nerfs, aux victimes qui refusaient de céder sous ses assauts et sur lesquelles il était obligé de s'acharner avant qu'elles ne rendent leur dernier soupir dans une mare de chair. Il s'était demandé si les endroits où ces meurtres s'étaient déroulés avaient, eux aussi, été retirés de la vente. Peut-être des taches brunes continuaient-elles à serpenter sur les murs. Cependant, il n'éprouvait pas de culpabilité. Il savait qu'il faisait des choses condamnables mais elles lui semblaient nécessaires, comme lui était apparu autrefois sa vengeance calculée. Il devait se nourrir. Et pour ce faire, il assassinait. En quoi cela différait-il des bouchers qui égorgeaient les cochons pour les vendre, exposant les dépouilles dans sa vitrine et laissant s'écouler le sang dans la rigole au centre de la rue? Les bourreaux qui décapitaient les prisonniers étaient-ils plus innocents que lui, alors qu'ils exécutaient ceux qui dérangeaient? Les vrais coupables n'étaient-ils pas ses commanditaires? Lui n'était que l'instrument. Infiniment plus criminels étaient ceux qui appelaient la mort par son intermédiaire, demandant délibérément à ce que l'on élimine leurs ennemis. Parfois leurs proches. Combien en avait-il vu se dresser contre leur propre famille? Qu'ils ne se chargent pas eux-mêmes de la basse besogne ne changeait rien. Sa main, en donnant le coup fatal, était la leur. Un schéma identique à tous ceux qu'il avait connu se répétait dans cette pièce. Izaiah aurait pu se demander ce que la duchesse reprochait à cette jeune servante, ce qu'elle haïssait en elle au point de vouloir la rayer de la surface de la terre. Il n'en ferait rien. Il avait cessé de poser ces questions et regardait de l'extérieur, indifférent, les tragédies qui se nouaient sous sa poigne. Il était le froid observateur, il était la mort anonyme qui n'accordait jamais la pitié à ses cibles. Cependant, il ne tuait pas à tort et à travers, évidemment. Quand il pouvait l'éviter, il n'extrapolait pas et ne frappait pas au hasard. Il n'était pas un psychopathe. Si la cible avait des enfants, des parents, des amis présents, il les épargnait. Sauf si l'un deux le voyait. Dans ce cas, il n'avait pas le choix. Pour préserver son anonymat, il était obligé de sévir. Il n'avait pas la gentillesse -la faiblesse- nécessaire aux attendrissements. Il ne l'avait plus depuis longtemps. Et d'ailleurs, il préférait ne pas y penser. Cela le mènerait vers des méandres moraux dans lesquels il aurait pu se perdre facilement. A d'autres le soin des considérations humaines, lui s'occupait des actions. Et des cadavres.
« Il fait bien froid dehors n’est-ce-pas ? Ce narghilé est assez bon, je vous conseille d’y goûter si vous êtes fumeur bien évidemment. »
Il commençait à réfléchir aux techniques qu'il devrait employer pour accéder à la requête de la femme, sûr d'en avoir gravé les détails dans sa mémoire, quand elle reprit la parole. Irrité d'avoir été stoppé dans ses réflexions, il eut le réflexe de la foudroyer du regard, avant de se reprendre. Son caractère emporté prenait souvent le pas sur ses résolutions de maitrise. Il se demanda s'il devait répondre à tant d'hypocrisie. Hypocrisie, parce qu'il ne pensait pas que poser une question météorologique relevât de la bêtise. Cependant, quoi de plus décalé que de demander s'il fait froid à un homme que l'on engage pour liquider un de ses domestiques? Habituellement, les gens qui l'employaient lui donnaient ses instructions et repartaient aussi vite qu'ils étaient venus, comme s'ils avaient peur que, en restant trop longtemps près de lui, il lui prenne l'idée de les tuer eux. Comme s'il allait dilapider sa source de revenus. Pourtant, Anastasia n'était pas désarçonnée et le traitait, avec certainement une bonne couche d'ironie, comme un invité normal. Il la jaugea un instant. Était-ce de la provocation ou de l'inconscience? De la moquerie ou de l'innocence? Il repoussa rapidement la dernière proposition. Le corps de cette fille criait la débauche, depuis sa gorge dénudée jusqu'à ses bras chenus. Il soupira discrètement.
« Oui, il fait froid. Vous avez dû voir la neige depuis la fenêtre de vos appartements. »
Le narghilé, devant lui, semblait chauffer de l'intérieur, faisant réponse au feu de la cheminée, répandant ses reflets dorés sur le tissu luxueux du canapé. Izaiah le regarda avec suspicion. Il avait tendance à se méfier de ces machines bizarres et exotiques que l'on trouvait maintenant un peu partout dans les bistrots. D'un autre côté, il aimait fumer. Cruel dilemme. Après hésitation, il opta finalement pour la prudence avec un geste de dénégation. De plus, il tenait à préserver son ego, qui se serait trouvé rudement malmené en acceptant cette offre formulée par un de ces nobles puérils qu'il exécrait. Il ne voulait rien avoir à faire avec ces gens-là. Ou si peu. Les relations d'employeur à tueur étaient tolérées. Celles d'homme à homme, de femme à homme proscrites. Il ne parlerait pas en humain à Anastasia. Il lui parlerait toujours en assassin. C'était une subtilité comme une autre. Et si elle pouvait se rhabiller d'une manière convenable, il aurait sans doute plus de facilité à la respecter. Était-ce donc si compliqué de rajouter une couche de vêtements?
« Je me vois obligé de décliner votre charmante offre. Mais je suis touché que vous me l'ayez proposé. »
Il avait l'impression que les mots lui arrachaient la bouche en sortant, râpaient contre sa langue, bloquaient derrière ses dents. Etait-il possible qu'il fasse preuve d'autant de faux semblants? Il en était bien obligé s'il ne voulait pas se faire mettre immédiatement à la porte. Et bien qu'il ait hâte de s'en aller, il avait encore des détails à régler.
« Est-il vraiment nécessaire que cet assassinat ait lieu demain? Si vous désirez que cela soit discret, il serait plus simple d'agir à un autre moment, lorsque cette domestique sera seule. »
S'il n'y avait pas de raison valable pour le choix de cette date, il préférait éviter les risques inutiles. Agir en plein milieu d'une foule était dangereux, car cela incluait une hausse des risques qu'il se fasse prendre sur le fait. Il n'avait pas spécialement peur des représailles, mais il aurait aimé ne pas finir ses jours dans une des prisons puantes du château. Ou abattu froidement devant un mur impersonnel, un fusil pointé à l'arrière du crâne. |
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| Sujet: Re: Sinistre Commande [Izaiah] Lun 28 Fév - 19:57 | |
| Elle était consciente qu’elle l’avait gêné dans sa longue réflexion. En effet les mots qu’il prononçait semblaient être une corvée terrible et vraiment difficile pour sa bouche. Elle ne comprit pas ou plutôt ne voulut pas comprendre cette attitude grognon et haussa seulement les épaules lorsqu’il déclina son généreux offre aves une phrase fort hypocrite. S’il mettait un peu plus de cœur dans la voix alors elle pourra peut-être croire à cette phrase. Il ne l’aimait pas beaucoup, c’était clair et net. Elle n’y prêta pas plus attention car ce n’était pas le premier à ne pas l’apprécier tout de suite et il ne sera certainemment pas le dernier.
Elle continua donc à fumer en solitaire en fixant les flammes. Il interrompit cette contemplation en lui demandant s’il était nécessaire de la tuer demain soir, cette domestique. Anastasia fronça les sourciles, interrogateurs. Elle lui avait dit de tuer cette catin demain soir ? Soit il avait mal compris, soit elle s’était mal exprimée pour qu’il lui pose une telle question. Pourtant elle pensait avoir été claire avec cette exigence d’une mort banal. Dommage que cette fille n’était qu’une domestique car un meurtre devant tant de monde pourrait s’avérer fort plaisant, fort intéressant. Malheureusement il fallait jouer discrètement et oublier le théâtre.
- Je ne pense pas avoir dit demain soir obligatoirement. Non je sous entendais seulement qu’il serait bon de mettre un visage sur notre cible voyez-vous, il serait stupide de se tromper de personne. J’aurais bien pu l’appeler maintenant malheureusement, ce soir elle est assez occupée et je ne peux pas discuter avec vous en journée. Vous comprenez ?
La domestique était occupée à donner du plaisir à son mari, ce qu’Anastasia ne semblait pas réussir apparemment. La jalousie d’une femme brisée était vraiment dangereux car elle sera dès lors prête à tout, ne craignant ni une sanction, ni les regards qu’on lui jettera. Une fois ce venin elle, son esprit sera rongé jusqu’à que sa vengeance s’accomplice de la meilleure façon possible.
Quant à la journée, elle était assez occupée entre repas, les thés, les salons, les invitations, les robes, le coutourier, le coiffeur, l’achat de meubles, l’arrangement des meubles, son fils et les divers ordres à donner à la maisonnée pour que tout fonctionne comme il se doit. De plus tout le monde verra le mystérieux tueur entrer dans son salon privé donc de bouche à oreille, cette nouvelle étrange parviendra au duc qui deviendra dès lors très soupçonneux en cas de mort de sa favorite même si la mort semble banale. Il n’était pas né de la dernière pluie et ne manquait pas d’esprit. C’était à la fois un atout et un désavantage. Un avantage car il pouvait s’assurer une excellente position au sein de la société mais un désavantage car Anastasia se retrouvait très limitée en action et en libre-arbitre. Il se fichait d’elle en apparence mais dès qu’ils se rencontraient, en public ou en privé, il la rabaissait outrageusement. Rien de mieux qu’attiser cette flamme vive qui brûle et consomme Anastasia depuis ce désastreux mariage.
- Vous pouvez donc la tuer le moment que vous jugerez opportun. Quant à vos honoraires… je vous écoute.
Elle avait demandé qu’il vienne mais n’avait pas la moindre idée de ses prix. De toute manière, elle n’avait pas peur à ce sujet… l’argent ne manquait pas à Anastasia. Au contraire, elle nageait dedans. Un véritable poisson.
- Spoiler:
HS: C'est assez court par rapport à toi mais j'espère que mon post te convient malgré tout
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| | | Izaiah { "My words, The berretta, The sound of my vendetta" ♪ } Messages : 60 Localisation : Dissimulé. Âge du personnage : 24 ans
| Sujet: Re: Sinistre Commande [Izaiah] Mar 3 Mai - 1:18 | |
| Izaiah planta ses yeux dans ceux d'Anastasia et les détourna automatiquement. Il n'avait pas envie de soutenir ce regard, regard perverti, regard trop fixe, trop venimeux pour permettre la sincérité. Dans les yeux, il n'avait jamais rien vu. Les pupilles lui restaient muettes, inaccessibles, même lorsqu'elles brillaient encore, animées par la vie. Paradoxalement, il lisait bien plus dans celles qui s'étaient éteintes, brillants encore sous une lumière artificielle, argentées par la lueur d'une lune parfois trop absente, cachée sous le couvert de nuages d'un bleu profond. Pourtant, celle-ci semblait toujours s'arranger pour les atteindre. Était-ce parce qu'il œuvrait de préférence au cœur de la nuit, s'enfuyant dès que le coup raisonnait dans le silence immobile? Il n'en était pas certain. Elles avaient une apparence identique le jour. Le soleil réverbéré par le bleu d'un regard devenait astre, la pluie formant un arrondi autour de narines enclenchait une métamorphose lumineuse, et les cris du peuple vaquant à ses occupations dans les ruelles adjacentes, les cris bourrés à craquer d'une vie communicative, brusque, vulgaire, ne traversaient plus la prunelle aux arrondis vaseux, redevenus composants physiques sans âme. Anastasia, à l'image de ces iris si habituels, ne reflétait rien. Ou peut-être n'avait-il tout simplement nul envie de voir ce qu'ils reflétaient. Il pinça les lèvres, se renfonçant légèrement dans son fauteuil avant de reprendre sa position initiale -si ses mouvements avaient pu passer pour un trouble vis-à-vis de la jeune femme, il aurait eu beaucoup de mal à le supporter. Quoiqu'à la réflexion, il ne l'aurait même pas supporté du tout. Son dégoût le dominait en entier, s'insinuant contre sa bouche, mêlant sa saveur âcre à sa salive, paralysant sa langue, asphyxiant son palais, collant, partout. Il le ressentait d'autant plus qu'il le sentait toucher à l'irrationnel : pourquoi tant de haine pour cette femme? Elle ne lui avait rien fait, rien de plus que les autres et rien de plus que les hommes qu'il côtoyait de son plein gré. Quand il ne leur dédiait qu'un avis nuancé, cette femme provoquait chez lui une vague d'émotions haineuses qu'il ne parvenait pas à réfréner. Il étouffa un soupir dans la paume de sa main, profitant de l'opportunité que lui offrait l'extrémité de son bras couvrant le bas de son visage. Relevant la tête, il jaugea la duchesse du regard, s'attachant à détailler son visage, ses prunelles tremblotant à la lueur des flammes.
« Je ne pense pas avoir dit demain soir obligatoirement. Non je sous entendais seulement qu’il serait bon de mettre un visage sur notre cible voyez-vous, il serait stupide de se tromper de personne. J’aurais bien pu l’appeler maintenant malheureusement, ce soir elle est assez occupée et je ne peux pas discuter avec vous en journée. Vous comprenez ? »
Il eut soudainement envie de se frapper la tête contre un mur, histoire de se punir de la bêtise congénitale qui l'empêchait trop souvent à son goût de finir de réfléchir avant de parler, et donc de dire des âneries. En écoutant la demande d'Anastasia quelques minutes plus tôt, il avait été persuadé que la jeune femme s'était trompée dans ses dires -ou mieux, qu'elle était assez ignorante du monde pour faire une suggestion inappropriée, contraire à une sécurité primaire. Malheureusement, elle avait paré ses paroles avec l'aisance que lui conférait... Son statut aristocratique, son caractère, et qu'en savait-il encore? Peut-être un mélange de tous ces éléments. Elle affichait le visage de ceux qui ne doutent pas, avançant sans se gêner en piétinant doucement les autres, sans se presser, accordant à peine un regard à ces corps qui s'agglutinent autour d'eux. Il n'était même pas certain que l'on puisse qualifier ce comportement de cruel au sens propre. Peut-être était-ce seulement de l'inconscience. Comment savoir? Ce visage, aussi imperméable que l'étaient ses yeux, ne lui fournissait que des impressions sans réelle fondation. Il ne pouvait qu'enchainer entre eux les sentiments que la femme provoquait chez lui pour tenter de se faire une image d'elle, image qui restait cependant toujours aussi floue à mesure qu'il tentait de la cerner. Il n'avait jamais été douée pour comprendre les gens. Ses réactions étaient toujours démesurées. Il se faisait des idées en se basant sur un geste sans fondement, pensait que les autres le jugeaient alors qu'eux n'en avaient absolument rien à foutre, si on lui passait l'expression. Mais par peur de se tromper, il avait commencé à attaquer avant qu'on ne l'attaque. Au fur et à mesure, la défense était devenue réflexe, puis habitude, et enfin trait de caractère. Quelle importance? Le calme imperturbable que masse de gens arboraient en société lui était inconnu. Lui détestait pour ne pas adhérer, ou plus encore, pour ne pas intégrer une indifférence crasse à sa manière d'être. Quelle plus grande marque d'inhumanité que l'indifférence et le je-m'en-foutisme? Haïr, c'était rester humain. Et penser que l'on restait humain, lorsqu'abattre froidement servait de gagne-pain, c'était important. Alors s'il ne ressentait rien pour ses victimes, ni pitié ni haine, il reportait ses émotions sur les autres, les vivants, ceux qu'il pouvait détester sous couvert de bonnes raisons. Des raisons morales. Les nobles étaient trop orgueilleux, trop riches par rapport aux autres, les Princes tyranniques et fous, fous jusqu'à la destruction, les habitués des tripots, soûlards aux tendances violentes. C'était cela, les raisons de surface. La vérité, c'était cette habitude qu'il avait prise, ce caractère qui s'était forgé de lui-même. Ses parents le disaient impulsif, sa sœur excessif. C'était comme une réaction chimique. Deux éléments débouchaient forcément sur une conséquence résultant de la nature des produits. Ainsi, Izaiah + Anastasia devaient arriver à quelque chose, sinon explosif, du moins potentiellement mouvementé. Et c'était lui qui, pour l'instant, jouait le rôle de détonateur. Pour combien de temps encore pourrait-il réfréner ses pulsions caractérielles?
« Ce genre d'incompréhension n'arriverait pas si vous saviez vous exprimer correctem... »
Il se coupa en plein milieu de sa phrase, blasé par son manque de retenue. Il n'avait pas voulu dire cela, mais les mots avaient franchi ses lèvres avant qu'il ait eu le temps de se dire qu'il valait mieux qu'il ne dévoile pas le fond de sa pensée. Et de sa frustration. Il fallait croire que sa résolution de parler en assassin à Anastasia s'était très vite émiettée. Pourquoi n'était-il pas capable de se taire? Un jour, son énergie le perdrait, c'était certain. Il se maudit pour ne pas savoir tenir sa langue. Et il se bénissait en même temps de sa résolution de limiter au maximum les contacts entre la foule et lui. Observer et commenter de loin était préférable au vu des défauts peu discrets qu'il se baladait. C'était aussi pour cela qu'il évitait les contacts prolongés : pour rester invisible, provoquer des bagarres et des joutes verbales n'était pas la meilleure solution qui soit -et c'était un euphémisme. Tant bien que mal, il tenta de se rattraper.
« Oui, en effet, je comprends. C'est une bonne idée » finit-il par lâcher en hochant la tête, plissant légèrement les paupières.
Il y avait peu de chances que sa remarque soit passée inaperçue, mais après tout, que lui importait? Au pire, il ferait comme s'il ne s'était rien passé, n'est-ce pas? Il jouerait les innocents et il n'aurait pas à engager une conversation puérile avec la femme, une conversation qu'il aurait lui-même enclenchée. Ce ne serait donc que justice si sa remarque lui revenait en plein dans la figure. Il fut soulagé lorsqu'Anastasia embraya sur la question du prix du meurtre à perpétrer. Au moins c'était un sujet, s'il n'était ni joyeux ni particulièrement jouissif, qui avait au moins le mérite d'être plus normal, plus cadré, plus englouti dans les conventions de ce drôle de rendez-vous.
Parallèlement, il se sentait aussi un peu vexé. Comme s'il s'était jamais trompé de cible pendant ses missions! Il était possible qu'il ait commis des bourdes au début, lorsqu'il n'avait pas encore l'habitude, comme ne pas quitter les lieux assez vite après la mort, tirer trop tôt, surcharger l'arme de poudre ou n'en mettre pas assez... C'était les détails matériels qui lui avaient posés le plus de problèmes. L'humidité lui avait longtemps causé beaucoup de souci et il avait fini par développer d'autres tactiques que le pistolet pour pallier à ce problème, s'attachant à apprendre le maniement du couteau, de la corde italienne et autres techniques qui pouvaient se pratiquer quelle que soit la météo, mais étaient moins efficaces dans la mesure où elles requéraient davantage de temps. Il n'y avait pas de doute quand on comparait la durée respective des différents assassinats qu'il avait commis : une balle dans la tête, lorsqu'elle était était bien placée, prête à détruire les régions vitales, était certainement plus expéditive que l'asphyxie ou l'arme blanche. Et puis il y avait une distance entre l'exécutant et la victime qu'il appréciait. Le résultat était plus propre, pour lui comme pour l'autre. Faire la lessive n'était pas une activité à laquelle il vouait beaucoup d'amour, alors s'il était possible de l'éviter, il préférait choisir la solution allant dans ce sens.
Par ailleurs, il était préférable que la cible, cette servante que son interlocutrice désirait éliminer pour une raison inconnue -histoire d'argent? De coucherie? C'était en général les deux raisons principales qui motivaient ses commanditaires. La vengeance pour x raison était très représentée également- ne vienne pas maintenant. S'il était nécessaire qu'il la repère, mieux valait, en revanche, qu'elle ne voit pas son visage. Il ne ferait pas l'erreur de se montrer au logis d'Anastasia et sur les lieux du futur crime en même temps. Il était peu probable, si jamais on l'apercevait, que quelqu'un fasse le rapprochement, mais il ne préférait pas prendre de risques. Tuer sans bavures était déjà assez compliqué, il n'avait pas envie de se retrouver avec la Garde collée aux fesses, d'autant que d'après ce qu'on en disait, la plupart de ceux qui en faisait partie ne s'affichaient pas dans la catégorie des tendres. En témoignaient les manifestations publiques visant à réprimer les humeurs résistantes de la populations. Mais ce n'était pas ses affaires : ce qui lui importait était de gagner sa vie jusqu'à la réouverture de la ville. Il refusait de mourir coincé ici.
Et naturellement, tandis qu'il se faisait ces réflexions, les paroles qu'il prononça ne furent pas, une fois de plus, celles qu'il aurait souhaité prononcer.
« Le prix dépend des gens et des circonstances. Plus la personne à éliminer est importante et difficile à atteindre, plus le prix monte. Idem s'il se présente des complications dans l'exécution : le montant augmente suivant la difficulté de la mission. Certains paient en monnaie sonnante. D'autres préfèrent effectuer le paiement en nature. »
Bien sûr. Magnifique. Voilà qu'il se prenait à faire des sous-entendus sexuels dans les appartements d'une des grandes nobles de la Cour -bien qu'il n'ait fait que dire la vérité, il acceptait parfois ce mode de rétribution. Il avait oublié son cerveau chez lui ou quoi? Il maudissait sa langue et son inconscience. Pourquoi fallait-il qu'il parle toujours sans réfléchir dès qu'il menait une discussion construite? Et pourquoi sa voix avait-elle ces inflexions rageuses, presque agressives? Il devenait plus que nécessaire d'annihiler ces réflexes qui lui pourrissaient lentement l'existence.
Prenant une grande inspiration, il finit par donner un prix qu'il estimait représentatif du meurtre et de ses difficultés (pas de risques particuliers, membre du prolétariat et non de la noblesse, a priori pas de protection particulière autour de la cible), résistant à l'envie de lui soumettre une valeur exorbitante pour le plaisir. Malgré l'aversion qu'il lui vouait, il se devait de rester professionnel -et même si ce principe ne valait plus grand-chose au vu de ses exploits précédents, il se devait d'essayer de sauver les meubles, au moins un peu.
« En général, on me donne la moitié de la somme avant et la deuxième après que la chose ait été menée à bien. Mais évidemment, vous faites comme vous l'entendez. » fit-il en esquissant un geste vague de la main pour montrer qu'il lui donnait des précisions dont elle n'était nullement obligée de tenir compte.
Visiblement, Anastasia ne connaissait pas grand chose au monde de la pègre. Izaiah esquissa un sourire, goûtant avec délectation la relative supériorité qu'il avait sur elle dans ce domaine, enfouissant ses bévues sous un vernis de satisfaction personnelle. Et espérant que la suite se passerait mieux. [Bon heu, désolée pour ça, j'espère que ça te conviendra quand même > < (Et sinon tu me le dis et je modifie) En plus je devais te répondre dimanche soiiir. On va dire qu'on est lundi et que j'ai heu, qu'un jour de retard *sblarf* Et ne t'inquiète pas, j'aime beaucoup tes posts <3 Et Anya *o*] |
| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Sinistre Commande [Izaiah] Dim 22 Mai - 2:15 | |
| Comme elle l’avait deviné, c’était lui qui avait mal compris. Anya n’aimait pas cette étourderie, après tout ils parlaient d’un sujet grave passible d’une peine de mort à la moindre erreur. Allait-il se montrer aussi maladroit et imprudent qu’à cet instant ? Ou se sentait-il plus à l’aise sur le terrain, une arme à feu en main et un corps glacé à ses pieds ? Cette idée ne provoqua aucun frisson en la duchesse car pourquoi devrait-elle se sentir mal, ou se soucier, pour une stupide et insolente domestique ? Oh que oui ! Elle était devenue arrogante cette petite chose dès qu’elle comprit qu’elle était devenue la favorite du maître des lieux, passant ainsi de la condition d’une insignifiante domestique à celle de la putain de son employeur, choyée et parée des plus beaux atours que son rang pouvait lui permettre. Mais cette dernière s’était laissé bercer d’illusions en se croyant « intouchable », abaissant sa garde vis-à-vis d’Anya qui se déplaçait silencieusement, sournoisement, à coup de sourire ou d’indifférence. En aucun cas on ne croirait – excepté cette nuit – qu’elle haïssait profondément cette femme. Au contraire on aurait tendance à penser que l’épouse adultère aurait depuis longtemps oubliée son mari pour les robes et les amants. Elle dupait la maisonnée et toute la Cour avec ce masque hypocrite qui change au gré des situations.
Elle garda toujours ce masque même lorsque l’impertinent qui était face à elle l’accusait directement pour s’être mal exprimé soi-disant. Au fond elle s’impatientait et était offusquée par une telle attitude boudeuse. On aurait dit un pauvre enfant qui cherchait à rattraper sa faute. Elle était également surprise – mais qu’elle ne montra pas – par cette franchise. Il n’y avait pas d’implicite ou de sous-entendu, c’était une accusation des plus directes qu’un homme du bas peuple envoie sans scrupule à la duchesse. Il fallait qu’elle ne se fût pas attendue à ça ! Le seul résultat qu’il obtint d’elle était la perte croissante de la confiance accordée par la duchesse au début de l’entretien. Il s’attirait ses foudres et si c’était son objectif, il avait réussi !
Sa tentative d’excuse ne servait strictement à rien. Elle ne réparait pas l’offense qu’il lui avait faite tout à l’heure ou encore adoucir la colère montante d’Anya. Son narghilé en bouche, elle abandonna la contemplation du beau visage d’Izaiah pour se tourner vers les flammes crépitantes de la cheminée. Elle soupira. Sa bonne humeur et son plaisir pour la dégustation de ce nouveau tabac venait d’être gâté par l’attitude revêche de son invité. Plongée dans ses pensées, elle se demandait comment se venger gentiment, lui rappeler qui il était et qui elle était. Pour l’instant, elle ne savait pas comment. Ce n’était pas les idées qui manquaient mais elle ne voulait pas non plus détruire toute fierté et orgueil et ainsi risquer d’être vendu à un quelconque garde par lui à cause de cette stupide vengeance. D’une manière ou d’une autre, ils étaient complices maintenant non ?
Comme un simple d’esprit, un idiot, un agneau bien docile au destin, il lui offrit généreusement le bâton pour le battre. Il parlait d’argent mais ce n’était pas la monnaie sonnante ou encore cette pseudo-suprématie qu’il osait s’accorder en constatant le peu d’expérience de la duchesse dans la pègre qui la firent réagir. Non c’était cette expression : Payer par nature, qui lui arracha ce micro sourire malsain. Un tel acte ne lui faisait pas honte, au contraire elle y prenait du plaisir comme n’importe quel humain. Malheureusement dans cette situation, elle ne pensait pas à rendre réalité ce mode de payement malgré l’ambiance propice et le bel qu’il était. Enfin elle n’était pas désespérée non plus financièrement pour se traîner à ses pieds, histoire d’avoir droit à ses beaux yeux. Non, non, c’était l’une des duchesses les plus riches du royaume et ce n’était pas rien en ces temps de misère. De toute manière, même si elle le voulait - et l’envie n’en manquait pas – cet homme refusera de la toucher vu le dégoût évident qu’elle lui inspirait alors qu’elle n’avait rien fait de détestable depuis le début de l’entretien à son sens.
Elle se leva lentement, tout en reposant son narghilé, fit le tour de la table et se plaça en face de lui, à quelques centimètres de son visage et du corps. Elle était très proche mais prenait grand soin de ne pas le toucher. Seule sa longue chevelure échappait à son contrôle en se déposant mèche par mèche sur les cuisses de l’assassin. Anya posa son regard sur lui, fixa longuement ses prunelles dorées si hypnotisantes, et laissa sortir volontairement cette haleine fruitée et teintée de fumée à cause du narghilé. Son corps comme ses cheveux dégageaient également un parfum floral, si opposé à l’hiver et ses chutes de neiges qui sévissent le royaume.
- Payer par nature ? Voilà un mode de payement qui procurait sans nul doute du plaisir et de la satisfaction aux deux parties.
Elle ne le quittait pas des yeux et ne réagissait nullement lorsqu’elle sentit que son décolleté laissait voir le début de la frontière entre son gracieux cou et ses seins, tas de gras mince chez elle, qui obnubile malgré tout tant d’hommes et femmes.
- Malheureusement vous semblez me détester, être dégouté par ma personne. Cette manière de payer ne me convient donc pas car un homme qui n’a envie que de vomir dès qu’il me touche m’écœure.
Comme pour appuyer ses dires, elle osa poser une main sur la cuisse et s’approchait dangereusement de la zone sensible des hommes, approchant toujours plus son visage du sien, au pont de presque l’embrasser mais s’arrêta encore une fois à la limite. Elle se releva, s’éloigner pour prendre une bourse dans un coffret.
- Tenez… Cette monnaie vous parle plus je suppose.
Elle l’avait dit d’une manière fort dédaigneuse, comme pour bien remettre en place l’invité. Il faisait partie du peuple et elle était duchesse. Il lui devait donc respect et non insolence et rébellion, qu’il soit valet ou assassin.
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