De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l'Impair [...] [pv la Chapelle]

Il fait sombre. Milo attend. Il n'est pas triste, il n'est pas heureux non plus. Il attend, juste. Son frère, son acolyte n'est plus là. Il a disparu depuis qu'il est parti à la chasse de ce maudit étranger et depuis, le jeune homme n'a plus aucune nouvelle de lui. Il se demande décidément ce qu'il avait pu fabriqué, Denzel n'est pas homme à se laisser avoir comme cela, même si le drôle de zouave qu'ils ont poursuivi tout à l'heure avait l'air un peu plus costaud que la normale. Alors, il commence à avoir peur. Ça vient comme ça, tout naturellement, Milo a peur. Il se rappelle des rares fois où il a été isolé de son grand frère – une minute de plus à l'accouchement – et les fois où il était couché, à terre, en train de sangloter du fait de la mort de leur mère. Il a peur – et il sait qu'il ne peut pas rentrer tout seul ou les autres comprendront ce qu'il s'est passé. Et il préfère ne pas imaginer ce qu'il risquerait de se produire si c'était le cas.

« Merde. »

Il sait qu'il y a le couvre-feu, mais il traîne dans les rues. Si un garde le chope, il pourra au moins le torturer pour le faire avouer si oui ou non son frère est retenu prisonnier au château. À quoi ressemble-t-il, déjà ? Il se souvient qu'il a les cheveux bruns – leurs vrais cheveux, puisque lui se les ai teints un beau jour. Ou alors c'est sa mère qui a accompli l'action, il ne sait plus vraiment, au bout d'un certain moment, tous les souvenirs se mélangent ; les récents, les vieux, les beaux, les moins beaux. Il ne sait même plus à quoi ressemblait le clown qui les a tous deux attaqué, alors qu'il s'agit de l'instant qui a le plus marqué son existence. Denzel n'est plus là et il ressent un vide incroyable. Il ne s'en rendait pas compte, mais jusque là, c'était son frère qui faisait tout : lui qui prenait la parole, lui qui agissait. Milo n'a jamais pris d'initiatives, il préférait attendre que son frère le raisonne, car l'autre avait un tempérament beaucoup plus calme.

Il n'est pas mort et cela, Milo le sait. Il le sentirait de loin, si c'était le cas, comme la fois où Denzel s'était cassé une jambe et qu'il l'avait senti de l'endroit où il était. Personne n'avait encore rien fait de grave à son frère, du moins rien qui ne l'ait conduit à la mort. Après, savoir s'il avait été torturé ou non, c'était une autre histoire, le blond ne sentait pas ces choses-là, ils étaient jumeaux, mais à ce point, ç'aurait été exagéré.

« Putain d'bordel de merde ! »

Il shoota dans une canette, à moitié – et pas qu'à moitié – désespéré. Pour un peu, il aurait sorti un poignard et se serait amusé à torturer la première personne venue, mais il se rappela à temps, voyant le garde qui faisait sa ronde habituelle, que Denzel ne serait pas là pour combler sa faiblesse de droite. Ils se complétaient tellement qu'il n'était plus habitué à se battre en sa compagnie ; et le jeune garçon semblait bien désarmé. Intérieurement, il ruminait contre tout le monde, en particulier contre le seigneur qui les avaient amenés ici. Ils n'avaient pas eu le choix d'intégrer cette garde si spéciale, c'était ça ou la peine de mort. Les moyens de pression était forts, au royaume voisin, même contre deux gosses presque sans défense.

« PUTAIIIIIIIIIN ! »

Il shoota dans un cailloux et se péta le pied.

Invité

La soirée la plus étrange que je n'avais passée depuis longtemps. Le temps était changeant et l'humeur aussi. J'avais réussi à oublier Octave, ce soir, et par conséquent, je me sentais moins triste, plus forte, capable de tout et de n'importe quoi. La tristesse qui avait précédé sa mort m'avait, me semble-t-il, affaiblie. Je ne m'étais pas sentie aussi bien depuis des jours, mais même si j'arrivais à penser à autre chose, je savais qu'en me recouchant, ou même seulement en pénétrant dans la maison, son souvenir me frapperait en plein visage, m'enfonçant dans la mélancolie à laquelle mon père m'avait arrachée pour une journée en m'offrant des cours. Ainsi, je retardais le moment où je devais rentrer chez moi, me moquant totalement du couvre-feu qui se rapprochait dangereusement, fredonnant un air que j'avais joué au piano. Une vague pensée pour Primo me traversait.

J'entendais des pas, des bruits étranges d'objets fracassant le vieux sol, des jurons et des paroles lointaines. Je me laissais alors glisser vers la personne qui faisait ce boucan, poussée par ma curiosité légendaire, emportée par mes jambes bien dessinée. Il n'était pas du tout prudent pour une Lady de se promener seule la nuit, en des temps pareils, et encore moins de chercher à rencontrer une personne dont on ne savait rien. Ça pouvait être n'importe qui. Un garde comme un bourgeois. Un assassin comme un innocent.
J'avais froid dans ma robe fine faite de satin dans une couleur blanche fracassante. Comme une étoile dans le ciel. C'est ce qu'aurait dit Octave.

De loin, j'apercevais une personne à la tête blonde, franchement plus grande que moi. Je ne savais pas trop s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. Doute renforcé par le fait que cette personne était dotée d'une chevelure blonde assez longue. Toujours était-il que c'était une silhouette finement dessinée, une démarche fluide et bizarre. Manifestement, l'agacement était présent et je ne tombais pas au bon moment
Je ne savais pas s'il _ oui car maintenant, à cette distance, ses traits me révélaient que c'était bien un homme _ me voyait ou pas. L'obscurité se renforçait, mais la lumière de la lune se reflétait sur ma robe. Je me lançais d'une voix claire et distinct, suffisamment forte pour qu'il m'entende, suffisamment basse pour qu'il soit la seule personne qui distingue mes paroles. Tout un art me direz vous. Non, pas vraiment.

– Bonsoir...

Je détaillais son visage. Un type à l'allure étrange, grotesque. Un maquillage on ne peut plus forcé, un costume farfelu aux couleurs vives. Je n'aurais peut-être pas du lui adresser la parole, mais tant pis. Ce n'était pas vraiment intelligent de ma part de me lancer dans une telle rencontre, mais après tout je n'avais plus rien à perdre maintenant, de toute façon. Je n'avais pas peur, ne ressentais pas la moindre once de crainte, je ne me méfiais pas le moins du monde, ne pensant pas à ce qui pouvait éventuellement m'arriver.
Mon étrange soirée semblait continuer sur sa lancée.

Qui était cette nana qui venait juste de se ramener, le sourire aux lèvres comme si sa visite était opportune ? Milo grimaça. Cette fille ne voyait donc pas que ce n’était pas vraiment le moment de l’emmerder ? Qu’il n’était pas d’humeur. D’un air furieux, il effaça les quelques traces de larmes – et oui, Milo avait beau être un grand garçon, cela n’empêchait pas le fait qu’il se mette à chialer comme un môme lorsque quelque chose n’allait pas en ce qui concernait son frère – qui coulaient sur son visage. Il lui jeta un drôle de regard avant de s’asseoir à terre et d’enlever sa chaussure. Le dernier shoot lui avait vraiment fait mal au pied et il avait du mal à le poser à terre sans grimacer. Il enleva la chaussette puante et pleine de crasse qui prouvait que visiblement, il n’avait pas dû la laver depuis qu’il l’avait en sa possession, et se malaxa un pied complètement blanc, contrastant avec son visage bronzé artificiellement par le maquillage.
Qui était-elle ? Il avait relevé la tête, se tenant toujours le pied. Il n’avait jamais vu cette femme – demoiselle ? – et aurait bien été incapable de dire quelle était sa fonction sociale. En tout cas, il était étonné : ne savait-elle pas qu’il y avait le couvre-feu, après la tombée du soleil ? Ceci était peut-être un premier indice sur ses convictions politiques mais il ne devait pas parler trop vite et demander de l’aide ; après tout, il savait également que de nombreuses personnes ici avaient un cerveau qui manquait à l’appel .

« Tu es qui ? Pourquoi tu m’dis bonsoir, là ? On s’connaît ? J’ai couché avec toi l’aut’ soir et tu viens me rappeler de nourrir le gosse ? »

Il était de mauvaise humeur, au moins, cela était sûr et certain. Il se releva soudainement, souriant d’une drôle de manière. Il ne devait pas avoir bonne mine, le maquillage devait lui couler affreusement sur le visage, mais il n’avait aucune bouteille près de lui et n’avait pas encore commencé à se saouler. Un bon point, au moins. Au pays des clochards, fais comme eux. Il sortit son poignard de manière très ouverte et continua à faire quelques mouvements vers elle, cette fille qui avait osé lui dire « bonjour ». C’était un peu comme si elle le narguait, en fait. Lui dire « bonsoir » comme si ce soir avait pu être « bon ». Si seulement Denzel était là.
Si il l’enlevait, peut-être pourrait-il réussir à avoir un moyen de pression pour faire délivrer son frère ? Non, les deux Princes se fichaient sûrement de qui était cette fraîche donzelle et la preuve même qu’elle devait ne pas être importante était justement qu’elle se trouvait là, seule, dans les rues, non encadrée par une dizaine de gardes.

« Bouge pas. »

Et s’il rameutait le groupe terroriste « Resistant Union » ? Il avait entendu dire que ceux-là avaient des appuis un peu partout dans le château et pourraient exaucer son souhait. Puisqu’elle séchait le couvre-feu, peut-être que cette fille en aurait entendu parler. Il lui mit le couteau sous la gorge et sourit triste, l’air plus affolé que dangereux. Il savait que Perceval voulait exterminer ce groupe-là mais tant pis ; le cas Denzel était bien plus urgent, Milo ne pouvait se permettre d’écouter les arguments stupides du blond aux dents de cheval, combien même venaient-ils de leur Seigneur.

« La Résistance. Tu sèches le couvre-feu, alors tu dois savoir des choses à propos. Comment les contacter ? »

C’était désespérément direct, et Milo venait de faire preuve d’une logique pour le moins étrange. Si cette fille était en réalité une guerrière à la solde des princes, il serait dans la merde.

Invité

Comment aurais-je pu savoir que mon salut allait provoquer une telle situation ? Eh bien en réfléchissant un peu par exemple. Ou en l'observant plus longtemps avant de lui adresser la parole. Les larmes qui coulaient sur son visage en traçant des traits colorés le long de son visage et sa façon de réagir m'indiquèrent, certes un peu tard, que ce type était tout ce qu'il y avait de plus triste et d'instable. Quelque chose lui était arrivé, quelque chose de franchement désagréable qui l'avait mis dans un piteuse état, et manifestement, j'étais arrivée au mauvais moment. Bien sûr, j'avais pris cette éventualité en compte avant de lui adresser la parole, mais pas suffisamment. Quelle idiote.
Je ne savais pas si c'était le fait qu'il soit si triste _ du moins c'est ce que je comprenais _ qui lui faisait prononcer des mots aussi répugnants, mais après tout, qu'est-ce que ça pouvait bien me faire ? Pas grand-chose. Pas plus que de savoir qui était l'auteur de ces bruits. Mais je suis curieuse et entêtée, voilà tout.
Je ne prononçais pas un mot, le fixant de mes prunelles avec une intensité tout autre que celle que j'avais exercée précédemment. Plus forte. Plus violente. Je cherchais à déceler dans ses traits ce qu'il se tramait dans sa tête. Connaitre le pourquoi du comment. Mais ma capacité d'empathie n'était apparemment pas assez puissante pour comprendre. Il fallait aussi préciser que son maquillage dégoulinait sur ses joues et rendait l'interprétation assez difficile.

Je le regardais s'avancer vers moi, un poignard la main. Une menace et des gestes que je jugeais assez désorganisés. Il n'était franchement pas bien. Je ne réagissais pas, me contentant de le regarder toujours de la même façon. En peu de temps je me retrouvais le tranchant sous la gorge, son visage pile en face du mien. Sans ciller, sans montrer le moindre signe de recul, je le considérais, la lame sous la gorge. Mon visage n'exprimait aucune expression, ne laissant place que pour un sourire presque imperceptible que je lui rendais.
J'avais vu juste. Il paniquait. Je le voyais dans l'éclat de ses yeux.
Est-ce que je devrais lui révéler que j'étais de Resitante Union ? Certainement pas. J'avais assez fait de gaffe comme cela en l'espace de peu de temps pour ne pas en plus me dévoiler. Ma voix était légère, comme si le poignard n'était en fait qu'une simple fleur, comme si ce type me voulait tout le bonheur du monde.

– Je ne suis pas tout à fait idiote, enlève cette lame de mon cou tu veux ? Pourquoi tu voudrais avoir à faire à eux ?

Je ne révélais rien en employant "eux". Je voulais laisser entendre que je savais certaines choses, sans plus. Et je lui livrerais de fausses informations, si c'était nécessaire. Pour le moment, ce qui m'intéressait, c'est qu'il arrête ses menaces. Je posais ma main sur la sienne et exerçait une légère pression pour qu'il l'abaisse. Pourquoi me tuerait-il s'il voulait me soutirer des informations ? Que ma gorge soit en bon état pour que je puisse parler, c'était tout à fait nécessaire. En cet instant, même si je ne le montrais pas, je trouvais ce personnage particulièrement irréfléchi, à la limite de la bêtise. Mais je n'étais pas du genre à m'arrêter à la première impression, bien au contraire. Je voulais savoir plus, toujours plus. Et cela concernait tous les sujets. Même les plus insignifiants.

Il ne savait pas du tout qu'elle était de ce groupe de Résistants, disons plutôt, que vu l'état dans lequel il était, il essayait de trouver n'importe quelle solution pour sauver son frère, dusse-t-il sacrifier sa propre vie. Comme la jeune fille le lui ordonna, il enleva de sa gorge le poignard. C'était vrai, cela ne servait strictement à rien. Il valait peut-être mieux lui poser des questions intelligentes avec lesquelles elle pourrait éventuellement se trahir...Mais Milo n'avait pas l'esprit assez clair pour prendre ce genre d'initiatives. Il n'aurait même pas pu prononcer correctement une seule phrase, d'ailleurs. Il allait répondre à tout ce que lui demandait cette femme ; il n'allait même pas essayer de la menacer de nouveau, c'était carrément au-dessus de ses forces. Denzel. Son cher frère. Il donnerait tout pour le revoir ce serait-ce qu'une seule seconde. Quand il pensait que ce matin même, ils étaient encore tous deux à torturer Elliott ensemble, c'était vraiment merveilleux ! En voilà un qui serait heureux, plus que heureux, s'il apprenait que Denzel avait disparu à jamais. En revanche, il ne pourrait avouer à Perceval où il avait disparu, et ce dernier serait condamné à mort d'office pour désertion. Il devait à tout pris éviter cela.

« Pitié, pitié ! Mon frère ! Il a été enlevé par un marjordome ! Shad...je sais plus quoi ! »

Si seulement il s'était douté, à la seconde-même où il avait vu ce visage du fait que celui-ci allait lui enlever la chose qu'il allait de plus chère. Mais non, le blond ne réfléchissait jamais, le cerveau du duo appartenant à Denzel. Il fallait qu'il réunisse le maximum de personnes possible et qu'il le délivre de cet affreux satire. Comment ? Il s'agissait encore d'un énième mystère, mais ils réussiraient, c'était certain ! Ne chuchotait-on pas dans les ruelles de la ville que la Résistance avait bien des stratagèmes pour se faufiler dans les murs du château ?

Il regardait la jeune femme de la même manière qu'un cocker aurait pu s'y prendre pour quémander un biscuit sucré à son maître. Sauf que, malheureusement, avec lui, cela devenait plus ridicule qu'autre chose. Son maquillage, coulant sur son visage le gênait horriblement et de la morve coulait de son nez pour finir dans sa bouche. Ce que c'était dégoûtant ; une personne un peu censée lui aurait aussitôt donné un mouchoir pour qu'il s'essuie le visage immédiatement.

« Je ne peux pas vivre sans lui ! On a...un peu chatouillé le majordome...okay, on a voulu le tuer et il nous a séparé, mon jumeau et moi ! Il a dû comprendre, vu c'qu'on lui a dit, qu'on était pas vraiment pour les princes. Il a même dû se poser quelques questions sur le groupe auquel on appartenait... Merde, je veux trouver la Résistance pour qu'elle m'aide à le faire s'échapper ! Denzel le mérite ! »

Invité

Sans grande surprise, il s'était exécuté. Il avait, sans l'ombre d'une riposte, abaissé son poignard, libérant ma gorge en même temps que mon empathie. J'ai toujours fait preuve d'une certaine sagacité, mais ce soir, je pense qu'elle serait au maximum. Enfin, on verra bien...

Un enlèvement. Super. Vraiment, je n'avais pas besoin de ça. Le pire dans tout ça, c'est que ce type me faisait franchement pitié avec son visage dégoulinant dans un mélange de larmes et de maquillage. Il avait l'air franchement dérangé et quelqu'un d'un peu censé aurait déserté sur-le-champ. Mais non, moi et mon esprit tordu, on resterait. Seulement pour aider ce type _ que je ne connaissais d'ailleurs pas du tout _ à retrouver son frère. Cet imbécile avait fait ressurgir Octave dans mes pensées en parlant de son jumeau. Il me communiquait sa tristesse sans le vouloir et quelques larmes emplirent mes yeux verts aux reflets émeraude. Bien sûr, j'aurais pu l'ignorer et repartir, rien ne m'en empêchait, mais non. Je ne pouvais pas. Tout simplement parce que sa détresse me touchait et me faisait penser à la mienne.
La question qui se posait maintenant, c'était : " Qu'est-ce que je dois faire ?" Une question simple, mais qui mène à peu d'issues.
Je ne pouvais pas lui révéler ma position politique comme ça, s'en rien savoir, sans avoir la garantie qu'il se terrait, mais alors quoi ? Le conduire à des alliés serait-il mieux ? Certainement pas. Je pouvais toujours glisser quelques informations dans mes phrases, ... De toute manière, dans un état pareil, il n'aurait rien compris. Bon. La décision que j'allais prendre serait certainement la plus risquée et la moins raisonnable de toute ma vie jusqu'à présent et causerait peut-être bien ma perte, mais ce n'est pas important. Je voulais lui épargner la mélancolie qui me rongeait et peut importait les conséquences. Au fond, c'était peut-être une façon de me racheter face à l'impuissance que j'avais eu en ce qui concernait Octave. Oui, c'était ça.

– Où habites-tu ? Tu ne peux pas réfléchir dans cet état. Il faut que tu te laves pour t'éclaircir les idées. Et baisse d'un ton, on va nous entendre.

Mon intonation ne lui laissait pas vraiment le choix. Ma voix était douce, mais mes propos étaient catégoriques. Je devais prendre les choses en main, sinon ce Denzel serait perdu comme Octave, s'il avait bien été enlevé. Avec un frère qui panique à ce point et qui ne semble pas vraiment être une lumière, il ne pouvait pas vraiment compter sur sa capacité de réflexion. Par contre, la logique des évènements voulait qu'il n'était surement pas au pays des merveilles. Quelle idée de divulguer ses idées à un type qui est du côté des princes ? Mais bon, le temps n'était pas aux reproches et il faisait bien ce qu'il voulait. Moi, ce qui m'importait, c'était d'aider ces jumeaux autant que j'aurais voulu qu'on le fasse pour Octave et moi dans cette situation. Je ne savais que trop bien ce que c'était de perdre son frère et ne le souhaitais à aucun être humain. Si je pouvais lui éviter cela, je le ferais sans aucune hésitation.

Oui, délivrer Denzel. Le plus vite possible, et avec les meilleures chances de réussir. Il ne fallait pas qu'il échoue une seule fois dans ses plans, ou alors, il devrait arrêter de penser pouvoir le revoir une seule fois, hormis peut-être le jour où il se fera exécuter officiellement en place publique et où, lui, Milo, brave frère, au moment où la lame tomberait, leur crierait d'arrêter et se ferait lui-même prendre. Triste époque que celle dans laquelle ils étaient obligés de vivre ; si seulement ils n'avaient tout simplement rien fait, ce jour-là ! Cependant, il reconnaissait que même si c'était un brin idiot, ils avaient tout de même sacrément bien fait de vouloir se venger de cet impertinent. Après tout, où le monde irait-il si ces gens se croyaient tout permis ? Ils boiraient alors leur thé, heureux et certains que tout le monde les aime ? Non, de temps en temps, il fallait bien évidemment que quelqu'un se sacrifie. Le problème, bien entendu dans son cas, était qu'il s'agissait de son propre frère, et qu'il ne pouvait vivre sans. Bien sûr, il savait que Denzel avait les moyens de négocier avec l'imbécile qui l'avait kidnappé, mais il préférait sous-estimer son frère plutôt que le sur-évaluer et risquer que celui-ci ne meure.

Il ne pouvait pas non plus guider cette jeune femme jusqu'à chez lui. En y repensant, dès le début, elle n'avait pas eu une seule parole comme : « ce n'est pas bien, les Princes sont nos souverains, nous devons les respecter. » Pensait-elle autrement et était-elle prête à l'aider ? Milo lui jeta un regard, comme si elle était le messie en personne et pouvait tout d'un coup lui apporter gloire et espoir. Cependant, comme je l'ai mentionné précédemment, il ne pouvait se permettre de la guider jusqu'à chez lui. En effet, un des membres de leur groupe logeait également là-bas, et la masure était voisine de la maison où cohabitait son propre chef et Meghan. Jamais deux-là ne devraient apprendre ce qu'il s'était passé, cependant...comment expliquer à cette fille les raisons du fait qu'il n'ait trop envie de rentrer chez lui ?

Milo commença par avaler de manière particulièrement étrange. Il était toujours très mal à l'aise avant de mentir. Et pourquoi cette fille ne l'invitait pas chez elle, tenez ? Il y avait quelque chose qui la retenait de le faire ? Où alors, était-ce l'hypothèse d'inviter un type aux fréquentations assez louches, qui la faisait hésiter ?

« Je ne peux pas. Mon appartement est...mal rangé. Oui, c'est ça. Mal rangé. En revanche, je suis sûr que ça ne te posera aucun problème de m'inviter chez toi...si ? »

Première chose à peu près censée qu'il disait. Oui, le jeune homme avait certes dit quelque chose d'un peu ridicule et si elle avait un peu de jugeote, la jeune dame pourrait se douter qu'effectivement, cela cachait quelque chose d'autant plus énorme, mais au moins, il n'avait pas révélé d'emblée qu'il travaillait pour un groupe activiste qui avait pour but de discréditer la résistance et de permettre à leur seigneur de mieux préparer le terrain pour une future invasion. Oui, c'était comme cela. Programme assez complet, n'est-ce pas ? Et pourtant, même s'il avait fait attention à ce qu'il disait dans sa dernière phrase, il allait perdre un peu la tête et se trahir dans la suivante.

« Vous voyez...j'aurai des petits problèmes...avec mon chef, s'il apprenait que j'ai voulu chercher à contacter la Résistance. Enfin tu vois. Ils ont pas vraiment bonne réputation et...ils pourraient contre-carrer certains plans...MERDE ! »

Il en avait trop dit. Milo recula de quelques pas, l'air parfaitement confus. Mais tant qu'à faire, si cela pouvait sauver son frère, il dirait tout et n'importe quoi sur le Seigneur Paulin. Avec lui, pas de fidélité, juste compte Denzel.

Invité

Mal rangée ? Voilà une excuse bien mal trouvée, même s'il était un maniaque du rangement acharné. Mais dans tous les cas, ce mensonge _ car il était évident que s'en était un _ cachait quelque chose. Il me semblait maintenant évident qu'il était contre le régime. Je ne savais pas encore exactement de quelle partie il était, mais je n'avais plus aucun doute sur sa position générale.

Cependant, l'inviter à reprendre ses esprits chez moi n'était pas la solution la plus intelligente, du moins pour ma part. En effet, que dirait père si je ramenais un inconnu à la maison, pour de simples raisons que sont les miennes ? Même si je savais qu'au fond il me comprendrait sur ma démarche, j'étais absolument persuadée que cela déboucherait sur un long débat sur la question de mon inconscience et de mon entêtement. Soit. Si je voulais l'aider, apparemment, il fallait que je l'accueille chez moi ou que je lui révèle mon appartenance, ma réelle position. J'optais pour la première option. S'il devait découvrir qui j'étais, ce serait par son propre raisonnement, pas par mes mots. Pour la simple et bonne raison que, lorsque l'on devine quelque chose, il persiste toujours certains doutes. Et le doute, c'est ce que je voulais préserver. C'était un minimum. Vidal ne serait certainement pas très heureux d'apprendre ce que je faisais, mais tant pis. Là, ça me concernait plus à moi qu'à la Résistance.

Sa seconde phrase n'était autre que la confirmation de mes impressions. Je riais en silence, me moquant légèrement de lui. Ce type était parfaitement pathétique, enfin c'était le cas ce soir. Mais l'heure n'était pas à rire et je reprenais vite les devants, secrètement motivée par Octave, du moins ce qu'il en restait.
Je commençais à marcher en direction de ma maison, vers le bourg, sans prendre la précaution de regarder s'il me suivait ou non, atteinte d'une mélancolie sans fin. Je retombais dedans, à chaque pas vers elle.

– C'est bon, j'ai compris. Viens.

Il faisait froid et je n'avais qu'une simple robe sur moi. Ainsi, je pressais le pas dans les ruelles sombres et étroites du Royaume, cherchant ce que je pourrais bien dire à père. Je trouvais que ne rien lui dire serait la meilleure solution pour ce soir. S'il voulait des explications, ce serait pour plus tard, quand tout cela serait définitivement fini. Non, car vraiment, je n'avais pas besoin de son inquiétude pour l'instant. Je m'arrêtais devant la porte de notre maison dont la peinture bleue nuit était légèrement écaillée. De l'extérieur, il était évident qu'il s'agissait d'une maison appartenant à de riches propriétaires. Cela se voyait aux multiples fenêtres qui parsemaient les deux étages, à la grandeur du terrain qu'elle occupait ainsi qu'à la belle pierre qui constituait ses murs. Posant ma main sur la poignée, je me décidais enfin à parler dans un chuchotement :

– Comment tu t'appelles ?

Si je voulais prendre quelques précautions, connaitre sa réelle identité, en supposant qu'il ne me mentirait pas, était nécessaire. Ne serait-ce que pour le citer si j'en éprouvais le besoin. Mais cette question était aussi un problème de présentation. Père serait certainement moins désagréable s'il pense que je le connais un peu. M'enfin, ce n'était pas chose prévisible.

Ce qui était sûr et certain, c’est qu’il avait de la chance : plus que de la chance, on pouvait dire exactement que son cul était bordé de nouilles. Rencontrer une nana favorable à la Résistance – ou du moins n’alertant pas la garde alors qu’il se trouvait à l’extérieur pendant le couvre-feu – était assez exceptionnel, surtout en ces temps-là où les résistants ne devaient être qu’une poignée comparés à la population toute entière. Maintenant qu’il y repensait, elle était vraiment jolie, mais dans l’immédiat, ce ne fut pas vraiment ce détail qui le frappa, son estomac était trop retourné par la disparition de Denzel. Il avait entendu parler de cet homme, Shad von Kaizel, et de sa réputation dans plus terribles. Si Denzel se trouvait entre ses mains, nul doute qu’il finirait par parler : son frère était un homme d’action mais le blond ne savait que trop bien qu’il résistait mal à la torture. Il grimaça ; il fallait rencontrer la résistance le plus vite possible et organiser sa libération. Il se doutait que ce ne serait pas facile : d’abord, il devrait tout avouer au groupe le plus rebelle du château, ensuite, il faudrait qu’ils trouvent un moyen de contourner gardes et personnes importantes. Il n’avait guère envie de finir lui aussi en prison, quoique, mourir en même temps que Denzel lui semblait également une bonne initiative.

La demoiselle le mena jusqu’à une maison couverte de peinture bleue à moitié écaillée ; l’intérieur avait l’air grand, mais la peinture pas fraîche le faisait douter. Etait-elle véritablement noble ou n’était-ce qu’une façade ? Il savait que beaucoup de nobles, dans cette ville, avaient perdu leur fortune et cherchaient à vivre comme s’il ne s’était rien passé ; avait-il à faire avec une famille de nobles fantômes, sans aucun domestique et qui rationnait leur nourriture ? Milo fronça les sourcils. De toute manière, il n’aimait pas les nobles, alors ce n’était pas la peine d’y penser.

« Milo. Milo Johnson. », chuchota-t-il.

Pas un seul instant il ne se douta que le père de la fille puisse être à l’intérieur de la maison et surveiller les allés-venues de celle-ci. Il avait tellement l’habitude d’être à peu près libre comme l’air – excepté ce sale blond qui le surveillait tout le temps, qu’il lui semblait qu’il devait en être de même pour les autres. C’était une évidence. Il ne savait pas encore comme elle s’appelait, elle, mais tant pis. Il n’était focalisé que sur un seul détail : Denzel. Denzel et lui-seul, peu importait les moyens pour le délivrer. Elle voulait qu’il se lave, n’est-ce pas ?

Tous deux entrèrent alors dans la maison. Il y avait un homme, mais le blond n’eut pas à l’affronter directement ; c’était le boulot de la fille bleue, après tout ? A elle de dire qu’elle avait fait la fête un peu trop tard et rapporté un zoulou complètement maquillé. Celle-ci lui montra où se trouvait la salle d’eau et il s’y rendit. Par chance encore, la bassine contenait encore de l’eau un peu chaude : la dernière personne s’y était sans doute baignée il n’y a pas longtemps. Il restait une bonne dizaine de minutes dans l’eau savonneuse, avant d’en ressortir totalement blanc ; exactement le contraire de la couleur de l’eau qui, elle, était totalement noire. Denzel. Quand…allait-il…pouvoir revoir son frère ? Des larmes dégoulinèrent à nouveau sur ses joues sans pour autant qu’une traînée noire en dégoulinât. Même Shad ou Perceval n’auraient pu le reconnaître, tel qu’il était.

Il n’y avait d’habits de rechange, par contre, juste une serviette. Milo s’en enroula et revint vers le salon, frissonnant.

Invité

Alors, comme ça, le type à qui j'avais à faire s'appelait Milo Johnson. Un aspect et un prénom très peu commun qui contrastait avec son nom de famille.
J'enregistrais son identité à la fois pour ne pas hésiter devant Père, mais aussi par mesure de... sécurité ? Oui, ça me serait peut-être utile à l'avenir s'il me faisait des coups bas. En tout cas, si on considérait qu'il ne me mentait pas. Je me sentais par contre, obligée de me présenter à mon tour. Pour qu'il puisse m'appeler par mon prénom et à la fois par simple politesse. Je n'étais pas très à cheval sur ce qu'il convenait de faire en présence d'une Lady ou non, mais j'avais quelques principes.

– Sixtine Elder.

Je poussais enfin la porte qui s'ouvrit dans un très faible grincement, puis refermait la porte derrière le dit Milo en lui indiquant la salle d'eau où il pourrait se laver de ce maquillage sale et dégoulinant. J'entrais dans le grand salon et saluais père. Il était un bel homme, il avait certes un visage marqué par le temps, il possédait des traits harmonieux dont Octave avait hérité. C'était un homme à l'expression sévère et au corps bien bâti, mais qui possédait un grand cœur, une grande indulgence et une intelligence hors du commun. Il me regardait de ses yeux bleus grisés.

– C'est un ami. Milo Johnson. Je ne sais pas combien de temps cela prendra, mais je dois lui apporter mon aide.

J'avais prononcé ces mots sur un ton qui ne laissait aucune autre alternative, comme si même mon père n'avait pas le moindre avis à donner à propos de ma décision. J'avais également évité de préciser les détails de mes intentions et à vrai dire, je n'avais pas l'intention d'en dire plus.
Son regard s'était dirigé dans mon dos. Un regard fuyant qui précédait son départ vers la cuisine où il donnait ordre à notre domestique de préparer le diner pour deux personnes. Puis, comme il le faisait souvent depuis la mort d'Octave, il enfilait sa veste et sortait sans prononcer mot pour manger chez un vieil ami de la famille. Enfin, de ce qu'il en restait, de notre famille.
Je me retournais et découvrais un Milo nouveau au visage triste qui détenait une pureté. Il était plutôt agréable à regarder sans son accoutrement qu'on pouvait dire de grotesque. Je me précipitais alors à l'étage et entrait avec cérémonie dans la chambre d'Octave pour y trouver des vêtements. Je sortais avec précaution une chemise blanche intacte et un pantalon léger. Des vêtements qu'Octave avait l'habitude de mettre. Certes, ils ne représentaient peut-être pas notre richesse, mais c'était le genre de choses dont il se fichait éperdument. Je tendais les vêtements à Milo et me détournais de lui pour qu'il s'habille. Cependant, je n'en oubliais pas mon projet.

– Tu dis que ton frère a été enlevé par un certain Shad. Qu'est-ce que tu attends exactement ?

Je pourrais l'aider seulement s'il m'expliquait en détail ses intention et ses attentes. Je ne pouvais rien lui garantir, si ce n'était ma bonne volonté. Je devrais certainement contacter d'autres membres de la Resitance et leur expliquer la situation et ma décision. Ce ne serait pas chose facile, mais j'étais persuasive.

C'était des vêtements à sa taille, contrairement à ce qu'il s'était attendu. Oh, non, pas des vêtements féminins qu'elle-même aurait pu porter ou ceux de son père – qui dans ce cas-là auraient sans doute été mille fois trop grands – mais ceux de quelqu'un qui avait sans doute dû fréquenter la maison un long moment....Et qui n'était pas là ? Mystère : en tout cas, il ne se risquerait pas à poser la question, ne voulant pas blesser la jeune fille. Le nom de Elder lui-même ne lui disait rien, mais ce devait être car il n'était vu en toute illégalité dans le royaume que depuis trop peu de temps. Il pourrait repartir aussi vite qu'il était venu, par ailleurs, mais sans son frère, ce n'était possible. Et puis il avait entendu dire que de plus en plus de gardes surveillaient le coin qui contenaient des failles vers l'extérieur : conclusion ? Il ne valait mieux pas se hâter vers coin-là ? Milo grimaça. Dire ou non l'entière vérité à Sixtine était un choix ardu. Il pouvait bien sûr lui demander de garder le secret, mais la vérité était tellement grosse que si elle appartenait réellement à la Résistance, elle s'empresserait de tout révéler à son chef. Qui était-il, d'ailleurs, déjà ? Il lui semblait qu'avec la bande à Perceval, ils avaient un peu parlé de cette organisation quasi-mafieuse, mais à ses souvenirs, le blond n'avait désigné personne comme étant leur chef. Celui-ci cachait donc très bien son chef, et heureusement, un gibet l'attendant patiemment sur la place publique.

Ils étaient tous deux dans une chambre, sans doute celle du garçon à qui appartenaient les vêtements. Étrangement, elle paraissait avoir été déserté depuis un petit bout de temps : l'être qui y habitait avait-il été banni car en voyage, lorsque les portes du voyages s'étaient fermés, ou étaient-ils morts, comme une grande majorité des résistants s'étant fait prendre. Lui-même se fichait intérieurement de ce groupe, et s'il n'y avait son frère, il n'hésiterait pas à dénoncer cette fille, si cela pouvait lui apporter la libération de Denzel. Cependant, le blond était loin d'être bête – même s'il l'était tout de même un tout petit peu : il savait que cela ne marchait jamais comme cela, et surtout que les gens aux cachots étaient longuement torturés avant d'être exécutés. Il arriverait sans doute trop tard pour sauver son frère de la torture – et cela lui faisait mal, vous ne pourrez même pas imaginer à quel point – mais s'il pouvait le sauver du sort qu'il l'attendait, en s'alliant à n'importe qui, même s'il trahissait son Seigneur, Milo le ferait.

« Je vais tout t'expliquer. Mon frère et moi, nous faisons partie d'un groupe de...humhum résistants, sauf qu'il est un peu spécial, à ce petit détail prêt. Sache également qu'en te révélant ces informations, je suis passible de peine de mort. Nous obéissons à notre chef et au seigneur du royaume voisin, Paulin, dans le but de perturber le Royaume et discréditer la Résistance. Dans notre groupe ont été embauchés les pire loubards de la garde, dont Denzel et moi. Sauf que voilà. On avait l'habitude de choisir au hasard quelques gardes, les torturer pour donner une bonne leçon aux princes sans que notre chef le sache et là...On est tombés sur le majordome des Princes. On est fort, mais là, il nous a bernés comme des bébés et il...il a enlevé Denzel ! »

Milo s'était remis à pleurer. Finalement, il allait le lui demander : à qui était ces vêtements. Parce que la question le turlupinait et qu'il voulait véritablement savoir pourquoi cette fille ne l'avait pas mené directement jusqu'à un garde, comme l'aurait fait un habitant normal du Royaume. Maintenant qu'il y pensait, de plus en plus de monde commençait à en avoir ras la claque des Princes et de leur système, cependant, une grande majorité des paysans, même s'ils étaient contre le régime, s'y pliaient et dénonçaient sans pitié, de peur de voir leur petite famille torturée et pendue. En tout cas, il voulait sortir de la pièce. Si elle avait hébergé un être auquel sa jeune hôtesse tenait, il valait mieux qu'elle soit en bonne santé pour répondre à ses questions. Et puis il avait faim : pleurer donnait un appétit insatiable ! N'entendez-vous donc point son ventre gargouiller, là ? Il lui prit la main de la manière la plus respectueuse qu'il pouvait et l'attira à l'extérieur.

« À qui appartenaient donc ces vêtements ? Le dîner sera bientôt prêt ? »

Deux questions qui n'ont a priori rien en commun, mais il avait bien trop faim pour ignorer la seconde !

Invité

J'écoutais avec attention chacun des détails de son histoire, j'enregistrais tout au mot près. Une capacité d'analyse allié à une mémoire comme la mienne avait souvent des avantages dans beaucoup de situations, y compris celle-ci. D'un coup, le nom de Shad me frappa en plein visage. Je me souvenais enfin de qui il s'agissait... Le majordome des Princes. L'amoureux de nos détestés Princes. Celui avec qui j'avais conversé à la bibliothèque il y a peu. Je me rappelais son visage, son regard, son ton mielleux et ses sourire ravageur. Cet homme avait marqué mon esprit à jamais. Comment avais-je pu ne pas comprendre de qui il s'agissait plus tôt ? Si j'avais bien tout suivi, il y avait peu de chances pour que son frère soit encore en vie. Mais peu de chance voulait dire qu'il y en avait tout de même. L'espoir était de mise et je ne lui ôterais pas ça. C'était indispensable.

Je comprenais de quel mouvement il faisait partie. C'était bien sûr l'autre mouvement qui avait le même but que le nôtre. Sauf que nous étions une organisation et eux agissaient seuls face aux Extremist. Il était dangereux de me révéler cela, à la fois parce que j'appartenais à la Resistant Union, mais aussi parce que rien n'était sûr. J'aurais très bien pu l'attirer dans un piège, et dans l'état où il était, cela aurait facilité la tâche. Mais justement, dans un état d'esprit tel que le sien, désespéré, rien même sa propre mort ne pouvait l'effrayer. Du moins, c'est ce que je pensais moi.

Puis, Milo fondit en larme devant moi, impuissante. Moi aussi, j'avais envie de pleurer, d'autant plus que si son frère était mort, on aurait à quelques détails près la même histoire, la même haine, les mêmes pensées. Je ne pouvais me résoudre à le regarder ainsi et préférais donc baisser mes yeux verts humides de tristesse vers le plancher.
Les questions qui suivirent me déstabilisèrent autant que le fait qu'il me prenne la main et m'attire à l'extérieur de la chambre d'Octave. Il semblait y être mal à l'aise.
Mes larmes coulèrent enfin sur mes joues satinée, formant des perles pour ensuite s'éclater sur le sol, sans bruit.

– Ils appartenaient à Octave... Il est mort en voulant s'échapper... Tué par des gardes... Je ne veux pas qu'il t'arrive la même chose, Milo...

Et je m'effondrais définitivement au sol, secouée de sanglots à en briser le cœur au plus heureux des hommes. Je ne supportais plus de garder ma tristesse en moi. Voilà trop longtemps que mon frère occupait mes pensées. La faille de mon cœur s'élargissait de plus en plus et il semblait que je ne pourrais plus me contenir. Aider Milo me semblait être une nouvelle manière de quitter la mélancolie qui me tuait peu à peu. J'aurais fait n'importe quoi pour qu'il soit toujours en vie. J'aurais fait n'importe quoi pour être touchée d'amnésie. Épargner ce malheur à mes connaissances, voilà ce que je voulais.

– Pardonne moi...

Sans mot, portant mes mains à mon visage, je me dirigeais vers l'escalier pour atteindre la cuisine où Emma, notre domestique depuis de nombreuses années, avait préparé un succulent diner à base de champignons et de bœuf, comme à son habitude. Le couver avait été mis et ils ne nous restait plus qu'à nous installer à table. Les petits plats étaient nombreux, la vaisselle ravissante et les boissons exquises.

Spoiler:

Oh, il était sûr et certain du fait que Denzel soit encore en vie : d'une part il aurait senti sa mort, d'autre part, c'était malheureux à dire, mais Denzel et lui gardait beaucoup trop de renseignement pour qu'un type aussi intelligent que Shad l'exécutât tout de suite. Il aurait au moins droit à un interrogatoire dans les règles, auparavant, même si ce détail qui pouvait peut-être sembler léger faisait véritablement peur à Milo. Il continuait à pleurer, malheureux également de la mort du frère de cette fille. Il avait tenté de fuir, hein ? Alors, il comprenait maintenant pourquoi elle n'avait pas dit non lorsque le blondin avait parlé de Résistance, combien même ce mot était tabou dans ce royaume. Se rendait-il compte à cet instant présent de la chance qu'il pouvait avoir ? Qu'il se serait fait enfermer et exécuter pour moins de choses que cela, si toutefois il était tombé sur quelqu'un d'autre que Sixtine ? Et elle pleurait. À la vue des larmes qui coulant le long de ses joues, Milo ne sut plus quoi faire. Il se demanda même subitement s'il toutefois il devrait la prendre dans ses bras ou quoique ce soit. En fait, ce qu'elle avait dit était totalement inutile, mais il eut le tact de ne pas lui faire remarquer. Le blond savait très bien ce qu'il risquait si toutefois il tentait de partir d'ici et même, pour avoir franchi les frontières une fois le huis-clos établi, il avait pu constater de l'étendue de la force militaire déployée aux frontières.

Il était gêné face à cette demoiselle écroulée par la mort d'un être cher, mais ne savait pas totalement comment y réagir. Il regarda un instant autour de lui, comme s'il ne voulait pas la gêner elle-même, préférant la laisser s'encombrer de son deuil, puis, fit deux pas timides vers sa silhouette recueillie. La meilleure chose dans ces cas-là était de passer à un autre sujet. Il se souvenait de la mort de leur mère, un peu de celle de leur père. Cela le rendait maintenant un peu triste, mais il ne pleurait jamais pour cela ; seulement un profond sentiment de nostalgie restait.

Il resta ainsi, debout, complètement inutile, combien même il aurait dû parler jusqu'à ce que la jeune fille se reprit. Ce n'était pas vraiment dans ses habitudes, lui préférant parler pour ne rien dire, mais cette fois-ci, un silence comme il en règne souvent dans les églises s'avérait nécessaire. Comme pour lui permettre de faire un point sur elle-même, comme pour respecter son deuil, sinon, le désir de vengeance ne pourrait subsister et elle ne pourrait l'aider à retrouver son frère. C'était un peu cruel à dire, cependant, Milo n'avait plus peur d'être cruel pour retrouver celui qu'il aimait. Il ne prétendait pas non plus avoir tout machiné, l'air gêné ou respectueux pour lui permettre d'avoir de l'aide, mais cela en faisait partie.

Et c'est ainsi que Milo atterrit dans une magnifique salle à manger, et ouvrit la bouche en grand lorsqu'il vit tous les couverts et les petits plats qui avaient pour l'instant été déposée sur la table. Comment ? C'était inouï ! Jamais il n'avait vu une table aussi bien garnie ! Souriant comme un gamin et ayant presque oublié son frère pour l'occasion, il se rua sur une chaise et s'assit, souleva un des plateaux pour se servir avec ses doigts. C'était carrément magique, et succulent, de plus. Il s'aperçut soudain que ses doigts étaient maintenant gras et s'essuie discrètement sur sa chemise, jetant un regard sur Sixtine afin de voir si elle ne le regardait pas, grand enfant ayant peur d'être pris en flagrant délit.

« C'est bon ! J'aime beaucoup ! Enfin, j'ai pas mangé grand chose pour l'instant, mais c'est cool, quoi, je suis ému ! »

Ouais, la bouffe l'émeut. Ce jeune homme était très étrange ; mais un saucisson qui se trouvait là lui rappela l'allergie de Denzel au saucisson et il se referma considérablement sur lui-même.

« Tu sais comment contacter les gens de la Résistance ? Ils voudront pas nous tuer ? On a fait des bêtises, tout de même... »

Invité

Je mangeais avec délicatesse, me servant rarement plus d'une fois d'un des plats qu'Emma avait concocté. Elle était douée, Emma. Elle l'avait toujours été. C'était certainement là la raison principale de sa présence ici et de sa paye qui pouvait faire peur à n'importe quel autre domestique. Père la payait des sommes astronomiques _ pour son statut _ simplement pour qu'elle nous prépare à manger et qu'elle s'occupe un peu de la maison. Ainsi, elle était là une bonne partie de la journée à remplire les thermes de notre contrat avec un talent tout particulier. On l'aimait bien, notre Emma. D'ailleurs, elle avait connu Octave, elle aussi. Elle avait versé quelques larmes le jour de son exécution.

J'avais séché mes larmes et faisait de mon mieux pour mettre de côté la tristesse qui tentait de m'envahir à nouveau. Je me concentrais sur Milo qui mangeait avec voracité et sans aucune retenue. Je souriais faible lorsque je l'aperçue en train de s'essuyer les mains sur la chemise de mon frère. Une attitude puérile digne d'un gamin âgé d'une dizaine d'année. C'était assez drôle à voir. D'autant plus qu'il s'assura que je ne l'avais pas vu une fois le délit commit. Alors je m'appliquais à baisser la tête vers mon assiette mais ne pu m'empêcher de sourire.

Je portais un verre de vin à mes lèvres pour conclure mon diner. Je supposais que Milo allait se charger de finir les plats ainsi que la bouteille.
Il était ému par la nourriture ? N'aurait-il pas mieux faire de s'engager dans la cuisine plutôt que le cirque ? Une étrange personne que voilà. C'était assez amusant, surtout du ton qu'il employait pour prononcer ces mots étonnants.

- Je sais comment faire en effet...

Posant mon menton sur mes mains croisée, je le regardais manger et tentais de trouver une réponse à sa question. Bien sûr qu'ils n'allaient pas le tuer étant donné que je faisais moi-même parti de la Résistance. Si je demandais grâce pour eux, ils l'obtiendraient. Alors, il serait préférable qu'après cet épisode, ils disparaissent totalement de notre vue ? A moins qu'ils n'usent encore plus de leurs maquillages histoire de camoufler leur visage mieux qu'ils le faisaient déjà ? En admettant que ce soit possible bien entendu.
Je n'allais tout de même pas lui révéler directement que je faisais partie de la Résistance, si ? Soit, il comprendrait par lui-même de toute manière, même s'il apparemment pas très malin, il se poserait des questions, non ? C'était ce qui était prévu initialement. Et je ne changerais pas d'avis sur ce point. Je devais préserver le doute quoi qu'il arrive. C'était un minimum.

- Ils ne vous tueront pas, non. Mais vous leur seraient redevable pendant longtemps.

Devront-ils rejoindre nos rangs ? Je n'en avais pas la moindre idée pour l'instant, ce serait à Vidal de décider ce qu'il adviendrait d'eux une fois l'affaire réglée. Mais j'espérais seulement qu'il ne me blâmerait pas trop.

- Demain matin, à l'aube, on rejoindra leur meneur.

Encore faut-il qu'il accepte.

K'en veux pas ?

Denzel, je l'admire. Il est beau, il est intelligent, et les filles, elles courent après lui...Même si lui, j'crois qu'il s'en fout, il a horreur qu'on le harcèle et préfère manger des glaces aux abricots que je vole parfois chez le glacier. Tu sais, il me manque. Toi, il est mort, ton frère, tu sais que tu l'reverras pas, mais le mien, il doit être en train de se faire torturer alors qu'il est le plus fragile des deux par un ignoble chacal ! C'est tellement pas juste, je voudrais le revoir !

J'suis prêt à faire c'que les gens d'la résistance veulent, j'le veux juste lui !

Tu veux me consoler, cette nuit ?

Invité

Sixtine, le menton reposant sur ses mains délicates, regardait Milo s'empiffrer. Oui, c'était le terme exacte. En cet instant, c'était un véritable goinfre. Jamais aucune jeune femme noble comme elle aurait pu supporter un tel spectacle, ni même accepter que cette répugnante personne puisse être son hôte. Personne, sauf elle. Sixtine était du genre à se moquer totalement des manières des gens. Pas qu'elle en soit insensible, plutôt qu'elle considérait cela comme la révélation de l'éducation. Et là, il était plus qu'évident que Milo n'avait pas ressue la plus belle éducation qui soit. En effet, Sixtine et son frère avaient appris à être aussi distingués que possible en toute situation. Ce qui incluait de ne pas s'essuyer une bouche dégoulinant graisse sur son vêtement, ou de ne pas se servir de ses mains pour manger. De tenir la porte aux dames. D'user de son charme pour séduire les hommes. Voilà ce en quoi avait consisté leur apprentissage du côté de la noblesse. Milo, lui, était tout simplement répugnant. Ça, même la plus gentille des personnes n'aurait pas pu l'exclure. Malgré tout, elle n'en montra aucun signe et continua de fixer Milo de ses grands yeux verts, impassiblement. Tellement qu'elle eu peine à réagir à son récit.

Comment ça, elle ne le reverrait jamais ? Voilà une personne bien limitée. Du moins, c'est ce qu'elle pensait de lui. Oui, rien n'était jamais sûr. Peut-être que dans une autre vie... Peut-être peut-être espérer une réincarnation ? Peut-être qu'elle peut le remplacer ? Peut-être... Peut-être... En somme, des idées de démente digne d'une échappée d'asile extravagante et traumatisée.

Elle s'imaginait un second Milo, plus beau encore, plus charmant, plus agréable, plus fin. Un être torturé par ce si beau domestique et dont à la personnalité était définitivement immonde. Elle le voyait en sang, balafré, apeuré, à la limite de la mort, ne pouvant plus articuler aucun mot. Une image pitoyable et triste. Ce Milo, malgré son incompétence à la subtilité, avait su trouvé les mots, le moment. Elle ne pouvait plus lui refuser aucune aide. Elle se devait de tout lui apporter. Il était grand temps de se mettre en œuvre. Il en dépendait d'une vie. Si seulement ce Denzel était encore en état de respirer, en tout cas.

Elle souriait face à son audace. Il était surprenant, parfois. Des amants, elle en avait eu. Mais elle ne les choisissait pas au hasard. Tous étaient attirants et séduisants, intelligents. Milo ne possédait aucune de ces qualités. Sans répondre à sa question on ne peut plus grossière et déplacée, elle dit quelques mots d'une voix décidée.

- Il faut que nous partions immédiatement.

Quand Sixitne avait une idée en tête, quand elle avait décidé quelque chose, rien ne pouvait l'arrêter.

- Tant pis pour la Resistant Union. Nous irons seuls et dès ce soir. Enfile les vêtements d'Octave dans l'armoire et je prépare des armes.

Sur ce, elle mit sa cape bleu nuit sur ses épaules et s'arma comme jamais elle ne l'avait fait. Les dagues étant ses armes préférées, elle pris toutes celles qu'elle avait à porté de main, ajoutant poignard et autres lames soigneusement rangées sur elle. Puis elle attendit Milo sur le pas de la porte, se préparant mentalement à la trahison qu'elle allait faire, s'en voulant tout en sachant qu'elle n'avait pas le choix, ou plutôt qu'elle ne comptait pas cette alternative en option. Elle se remémora les chemins menant sur les lieux. Il y en avait plusieurs, mais le plus sûr était un des plus longs. Seulement, mieux valait jouer la carte de la sureté. Ils auraient donc plus de trente minutes de marche, mais peu importait.

Sixtine ouvrit la porte à la nuit et mit son capuchon sur sa tête, camouflant la partie haute de son visage, l'ombre se chargeait du reste. Ainsi, personne ne pouvait la reconnaitre. De plus, elle serait muette tout le trajet, n'accordant mot qu'à Milo lorsque ce sera nécessaire, et seulement quand cela le sera.

Partir maintenant ? Mais pourquoi donc cela ? Ils ne devaient pas passer la nuit ici, normalement ? Quoique, en quelque sorte, cela le rassurait un peu, de pouvoir revoir son frère. Il s'était déjà absenté deux jours – depuis que Denzel avait été enlevé, du moins – du quartier général imposé par Perceval et le plus tôt serait le mieux. Qui connaissait les tortures que Shad pourraient lui faire subir s'ils le laissaient mariner quelques heures de plus en prison ? Maintenant qu'il y pensait, il ne pouvait pas arriver comme cela en prison. Non, Shad l'avait déjà vu, et même si tout son maquillage avait coulé, il valait mieux qu'il ressemble totalement à autre chose. Alors, ses cheveux, ses beaux cheveux, il allait purement et simplement les couper. Milo, pendant que Sixtine était en train de se préparer, retourna dans la sale de bain et enleva la chemise rendue sale par la graisse de nourriture et se saisit d'une paire de ciseau posée près du miroir. Le blondin prit une grande inspiration : ce qu'il allait faire le rendait intensément triste, Denzel avait tellement l'habitude de lui caresser les cheveux et de les démêler, il devait au moins accomplir ce sacrifice pour lui. Rien que pour lui. Milo passa les ciseaux dans ses cheveux et en coupa une mèche à la mi-hauteur de son cou. Puis, une autre, et enfin, une autre. À la fin, il ne ressembla plus vraiment au Milo qui s'était présenté devant le miroir – d'ailleurs, il ne ressemblait carrément plus à rien du tout, ayant coupé ses cheveux n'importe comment. Un petit tour chez le coiffeur après leur escapade ne lui ferait pas de mal. Milo sortit de la salle de bain, torse-nu, laissant la chemise et les multiples cheveux blonds en plan dans la pièce. La domestique s'en chargerait plus tard, et il n'était pas d'humeur à penser à ranger ses ordures tout de suite. Seuls comptaient Denzel et sa libération.

Milo respira un bon coup, s'éclaircit la voix et marcha en direction de la chambre d'Octave une nouvelle fois. Cette fois-ci, il retourna toute l'armoire pour trouver une chemise blanche, lui prit une cape et se dépêcha de prendre quelques armes là où Sixtine lui avait montré avant de la rejoindre là où elle l'entendait. Il avait baissé la capuche sur sa tête, mais l'on pouvait nettement voir qu'il s'était coupé les cheveux.

« On y va ? »

Il suivit Sixtine sans trop parler, jusqu'à apercevoir une silhouette qu'il croyait reconnaître. Merde, et si c'était un garde ? Quelle excuse pourraient-ils sortir pour avoir séché le couvre-feu ? Milo sortit le poignard, bondissant vers l'ombre, et mettant l'arme à sa gorge.

« Plus un seul mouvement », chuchota-t-il.

Finalement, il détailla plus du regard l'étranger et comprit pourquoi cette silhouette seule dans la nuit lui disait quelque chose : Meghan ! C'était Meghan ! La folle amoureuse de Perceval qui n'arrêtait pas de le suivre et d'obéir à ses ordres ! Les yeux du blondin s'agrandirent tout d'un coup ; il s'éloigna soudainement et s'inclina carrément devant elle. Il avait manqué de respect à sa supérieure hiérarchique : qui savait les supplices qu'elle pourrait lui faire subir dans quelques instants. Milo jeta un regard alerté à Sixtine, lui indiquant de rester sur ses gardes. C'était fini, maintenant, il allait devoir tout révéler à cette femme ; de toute manière, aller chercher Denzel à seulement deux était impossible, avoir quelqu'un qui avait les compétences de Meghan était non négligeable, même si tout cela risque de mal se terminer pour lui. Il enleva alors sa capuche afin de lui faire voir le sort qu'il avait fait subir à ses belles mèches blondes.

« Au secours Meghan ! Denzel..Denzel s'est fait capturer par Shad, le majordome des princes ! Il..il l'a emmené dans les cachots ! Mais le dis pas à Perceval, il nous taperait et Denzel a déjà dû pas mal souffrir ! », il pleurait désespérément, « On a un peu fait les cons, on l'a énervé et...et il l'a emmené ! J'ai trouvé cette fille et elle connaît des gens d'la résistance et et...elle va m'aider ! Aide-moi aussi, s'il te plaît ! Rien que pour qu'il parle pas ! Pitié, Meghan, sauve mon frère ? »

Milo était présentement effondré sur le sol, léchant pratiquement les pieds de Meghan. Il voulait Denzel...Juste Denzel.

Messages : 17 Âge du personnage : 24 ans

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Lady Sixtine & Milo & Meghan

« Baisse d'un ton veux-tu ? Je vous ai cherché partout ! Qu'est-ce qui vous a pris de vous éloigner comme ça et d'aller chercher des noises au majordome des Princes ?! ...Et qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux ?»

« J'espère que tu as une confiance certaine en elle et qu'elle ne nous trahira pas, sinon tu auras encore plus de raisons de pleurer. »

« Bon, vous savez où exactement est enfermé Denzel et comment on peut l'atteindre facilement sans se faire prendre ? Il faudrait agir avant le lever du soleil... Quelqu'un nous attend et sa patience a des limites. »

Spoiler:

Invité

Sixtine face à une inconnue. C'était un phénomène fréquent mais qui suscitait tout de même de l'attention. Immédiatement, mon visage se fermait, ne laissant place qu'à un sourire énigmatique et une expression on ne peut plus étrange, si bien qu'on ne savait pas réellement ce que je pensais réellement. Or, à cet instant, je me disait que jamais je n'aurais imaginé tomber sur un des supérieur de Milo. Deux Unsettled, si ma déduction était juste du moins, en une soirée, c'était vraiment une aubaine. En temps normal, je me serais empressée de les faire prisonnier de quelque manière que ce soit. En temps normal... Là, je me devait de faire abstraction de nos différent. Je devais donc m'unir à eux. Et ce n'était pas chose aisée. Mon habituelle méfiance était tout d'abord triplée et les règles que je m'étais imposées lors de son intégration à la Resistant Union, mises de côté.

Regardant le spectacle de Milo évoquant sa tristesse à cette dite Meghan de mes yeux d'un vert perçant dissimulés par l'ombre de son capuchon, je ne faisais aucun bruit, attendant qu'on m'adresse la parole avant de me manifester. Je devais parler le moins possible et surtout ne jamais dévoiler mon visage. Meghan, qui était apparemment quelqu'un de respecté du côté des Unsettled, n'était certainement pas du genre à laisser passer une occasion. Soit, ce soir elle les aiderait à retrouver Denzel, mais alors que pour Milo, c'était par pur amour, pour Meghan cela devait être l'occasion de garder des adeptes de leur mouvement. Plus tard, elle n'hésiterait certainement pas à me rechercher pour m'assassiner. Par conséquent, garder une certaine part de mystère était nécessaire, bien qu'insuffisante.

Non, je ne savais pas avec certitude où se trouvait Denzel, mais étant donné que Shad étaitle majordome des princes, il devait, en toute logique, se trouver au cachot. Quel autre endroit plus approprié pour recevoir un prisonnier ?

Les yeux maintenant rivés sur Meghan, je la détaillais, devinant des cheveux d'un blond doux dans l'obscurité qui régnait et des yeux clairs. Finalement, je me décidais à répondre dans quelques chuchotements, histoire qu'on ne reconnaisse pas ma voix. De plus, je devais également garder mon nom anonyme. Sixtine n'était pas un prénom très répandu et j'étais suffisamment connue dans le royaume pour qu'on me retrouve facilement. Ainsi, j'espérais seulement que Milo serait assez malin pour ne pas divulguer mon identité et comprendre ma discrétion. S'il m'était un minimum redevable, il ferait comme s'il ne me connaissait pas, comme s'il n'était jamais rentré chez moi.

- Pour information, je me prénomme Jeanne, dit elle d'un ton des plus naturel. D'après ma logique, Denzel doit se trouver dans le cachot. J'ai en ma connaissance quelques passages qui pourraient nous permettre d'y accéder, mais indirectement. Il nous faudrait environ une dizaine de minutes avant d'y parvenir. Partons immédiatement, les gardes sont moins nombreux à cette heure si et sans doute ne sont-ils pas très attentifs.

Je me mit alors en route d'un pas rapide et silencieux dans des ruelles sinueuses et insalubres.