La légende du l'homme(ou pas) muet<[ Pv Theophil ]

Invité

M___________U___________S___________I___________C

Il fallait faire vite. Vite était le mot. Honey n’était pas quelqu’un qui se pressait de nature. Non, lui il était plutôt calme, analysant les choses en leur temps. Le calme avant la tempête. Sauf que là, la situation urgeait. Aujourd’hui, encore les Extremists avaient parlé. Et lui, docilement avait répondu à leur souhait. Il n’était pas lâche. Sa position en sein du royaume était presque une aubaine bénis des Dieux, alors il avait saisit sa chance. Il n’avait plus le temps. Se faufilant à travers l’obscurité, il toucha à tâtons ce qui ressemblait à une poignée de porte. Une pression et il entra. La cuisine entra dans son champ de vision. Les casseroles pendaient en chaines sur les crochets usés. Dans un crissement assourdissant, il se faufila derrière la porte, une goutte de sueur perlant sur front. S’il se faisait prendre, il était mort. Son rang ne lui permettait pas de vagabonder la nuit dans le château, il n’était qu’un simple et faible domestique. Prenant son courage a deux mains, il se fondit dans l’ombre bien qu’il n’y ait personne dans la cuisine. Cela ne se voyait pas, mais il adorait le danger. Sentir le sang monter à ses tempes et créer un trouble profond entre l’envie de rester caché ou d’affronter en face la bête, le démon ou toute autre chose sortant du commun d’une vie trop banale. Un sourire sur ses lèvres et il s’approcha du garde-manger, prenant une feuille dans sa poche.

Plaçant les aliments dans un sac prévu exprès, il regarda de temps à autre la feuille dans sa main. C’était son job. Vidal n’étant pas là, la responsabilité de nourrir les troupes revenant à tout le monde. De toute façon qui allait le faire ? S’asseyant en tailleur pour plus de confort, son regard vagabonda entre les aliments et la porte. Les ordres avaient été clairs, il ne fallait pas qu’il soit vu sinon c’était adieu la nourriture et la découverte de la planque. Un énorme poids sur ses épaules, il plaçait les aliments en question sur son pauvre baluchon. Il avait été choisit pour la simple et bonne raison que personne le ne suspectait. Qui suspecte un domestique faisant parfaitement son travail sans poser de question ? Honey ne parlait pas. Enfin, il parlait comme tout le monde sauf que lui ne parlait pas en présence des gens. Laissant de grand et profond blanc en plein milieu d’une conversation, il pouvait mettre mal à l’aise les gens par un simple sourire. Il avait perdu la parole à l’âge de ses 6 ans et ne s’en était utilisé que très rarement, comme pour la mort de son père. Rien ne servait de parler, son opinons ne comptait pas de toute façon. Les rois, il allait les faire payer. Les faire payer cet accident. On ne mourrait pas comme ça. On ne pouvait pas, père n’aurait pas pu mourir ainsi. C’était impossible.
Avec une rage incomparable, il balançait maintenant les aliments dans le pauvre tissu. Ça le mettait vraiment en rogne que deux idiots et imbéciles frangins puissent régner sur autant de terrain et avoir autant de puissance. Au fond de lui, il enrageait sérieusement, comme une boule de laine faisant des neufs avec son estomac. C’était d’ailleurs une des raisons qui l’avait poussé à rejoindre les Opponant.

<-Et merde !> dit-il en jetant un bout de gigot.

Une main sur ses yeux, il se mordait la lèvre inferieur. Fallait qu’il se calme et vite. Un accident était vite arrivé et surtout dans une cuisine comme celle là. Levant les yeux vers le plafond, il repensa à ce qu’il ferait après. Après la chute des rois. Après Vidal au pouvoir. Il serait quoi ? Un vulgaire et insignifiant petit pantin ou au contraire vers le haut ? Mais bientôt, il allait être dérangé. Au loin, des pas se faisaient entendre dans le couloir et comme un idiot, Honey avait oublié d’éteindre la lumière. « Imbécile, imbécile, imbécile » criait son cerveau. Il y avait des fois où la logique le perdait complètement. Regardant le sac, il prit tous les bouts de viandes qui pu et commença à se relever…En retombant dans un énorme « BOUM ». Le sol 1- Honey…0. Rampant sur le sol tel un chien, il fit avancer son sac jusqu’au dessous d’un évier. Au moins, ça s’était sauvé…sauf que là, le bout de gigot au beau milieu de la pièce …ça le faisait...Comment dire… pas trop. De plus, un bout de gigot qui se baladait par enchantement au milieu de la pièce…Heu…Ouais pourquoi pas dans les contes pour enfants. Honey se tapa la tête contre l’évier, se punissant d’un agissement aussi puéril. Et les pas qui avançaient de plus en plus, et le cœur de Honey qui faisait du hoola hop …. Une pression sur la poignée et Honey qui vient miraculeusement de penser qu’il n’a même pas eu le déclique de se cacher

Il jeta par terre le deuxième et dernier mégot de la soirée. Dernier, parce qu'il savait très bien qu'une troisième cigarette pourrait signer son arrêt de mort. Que fait un Résistant, la nuit, quand il voit la lumière soudaine d'un briquet qui s'allume temporairement? Il charge son fusil. Que fait-il lorsqu'il voit cette même lumière une seconde fois? Il se met en position et vise. Et la troisième fois... Il tire. C'était le B.A.BA pour n'importe qui sachant se servir d'une arme. Aussi, Theophil Pàl, 21 ans, et fumeur invétéré, écrasa le triste mégot de son talon avec une pointe de regret.
Cette nuit, il gardait le rempart passant par l'aile principale, au dessus de la cuisine. Il avait encore séché le repas du soir, quelques heures plus tôt, mais il plaignait surtout d'avance le pauvre garde qui aurait à le remplacer entre 4h et 7h du matin. Le pauvre garde qui aurait à supporter l'odeur du petit déjeuner et du déjeuner en cours de préparation à ces heures matinales. Des mets de Rois. Du canard en Grenadin, de la bisque de Gasgogne. Soupir. Des plats de luxe inaccessibles pour un simple garde salivant comme lui. Mais, à cette heure de la nuit, il n'y avait personne... La cour était tranquille, voilà déjà plusieurs jours que les Résistants ne s'étaient pas manifestés...Et si... Non, il avait par trop de fois déjà manqué de décevoir la Royauté. Comme la fois où il avait voulu entrainer ses hommes, dans la forêt, en plaçant sur leur chemin des pièges à loups et en leur lançant de temps à autres des bâtons de dynamite – on l'avait accusé de vouloir diminuer les forces de l'armée. Ou encore, la fois où il avait tiré sur un noble par réflexe, alors que celui-ci ne faisait que ''danser'' dans la cour, lors du dernier banquet. Ou encore, la fois où il avait séché l'entrainement. Ou enco-
Son ventre gargouilla.

- … Je suis rapide. Et plutôt discret. Personne me verra, je ne quitterais mon poste que cinq minutes, tout au plus...

Ces excuses, murmurées entre deux crampes au ventre, lui parurent amplement suffisantes. Il posa sa lance contre le mur et avança vers l'escalier menant à l'étage inférieur, courant à moitié. Ses armes cliquetaient contre ses hanches, dans un bruit qui lui paraissait infernale; il les immobilisa de ses mains. Il adoucit du mieux qu'il put le bruit de ses semelles contre le sol. Hum, question discrétion, il s'était surestimé. Mais quand il arriva dans le couloir de l'Aile Principale, il ne se soucia plus d'être discret: à l'autre bout du corridor, un raie de lumière filtrait de sous la porte de la cuisine.
Theophil se stoppa un moment, se demandant s'il devait intervenir. Après tout, pourquoi s'inquiétait-il, il pouvait s'agir du chef cuisinier? « Réfléchis, pour une fois réfléchis, n'agis pas sur un coup de tête... » Il sursauta lorsqu'un énorme « BOUM » retentit dans la pièce, et, instinctivement, il se précipita vers la cuisine sans plus s'attarder. Avant d'atteindre la porte, il eut le temps d'entendre d'autres bruits – un poids qu'on traine rapidement, une masse qu'on frappe contre un objet en fer... Bon Dieu, y avait-il un meurtre dans cette foutue pièce? Il ouvrit la porte grinçante.
La lumière lui parut aveuglante dans un premier temps, il mit son bras devant ses yeux. « Crétin! Si c'est un Résistant, t'es mort! ». Il se força à baisser son bras, et des taches blanches dansèrent sur sa rétine brûlante tandis qu'il dégainait son pistolet pour le pointer droit devant lui.

- Pas un geste.

Sa voix était calme, bizarrement. Surement parce qu'inconsciemment, il avait déjà comprit à qui il avait affaire. Il baissa son arme. En un instant, il remarqua l'air paniqué du garçon, le gigot trainant à terre; plusieurs scénarios se dessinèrent dans son esprit. Mais il n'exposa que le plus bateau, avec un sourire doux et vaguement moqueur:

- Hoheinein. Alors comme ça, toi aussi tu as faim?

Il s'avança vers lui, toujours souriant. D'un geste amicale, surement une habitude prise chez la garde Royale, il lui fit une petite tape dans le dos et posa sa main sur son épaule. Son visage se rapprocha mécaniquement de l'oreille du domestique:

- Tu sais que pendant un moment, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un Résistant qui rôdait? J'ai bien crus que j'allais te tirer dessus...

Il savait que le garçon ne répondrait pas. Sa voix, il était rare qu'il l'entende. C'était normal donc, qu'Hoheinein garde le silence. Mais, tout en se disant cela, et en pensant aussi qu'il s'agissait de son ami, un lèche-botte des Princes lui aussi, un type sympa avec qui il aimait bien passer du temps, Theo ne pouvait s'empêcher de garder alerte un recoin de son esprit. Le garçon aurait du se détendre en voyant que ce n'était jamais que Theophil qui l'avait chopé dans la cuisine à 3hoo du matin, et non le chef cuisinier ou un autre garde inconnu. Or, il avait encore cet air angoissé collé au visage. Voilà qui était perturbant.
Aussi, même si Theophil avait baissé son arme, il l'avait tout de même gardé solidement en main.