Mon doux poison [ With Lady Aleth ]

Invité

Maria était venue avec plusieurs autres nobles pour la messe de dimanche. Ces compagnons se plaignaient et affichaient des mines renfrognés car la journée était délicieuse. Contrairement à eux, Maria affichait une mine joviale et papotait avec gaieté comme à son habitude, redonnant la bonne humeur à chacun. Le rouge qu’elle avait appliqué à ses lèvres brillait sous le soleil et la couleur donnait l’illusion que ses deux bouts de chairs n’étaient que des fruits juteux. Maria l’aimait à cause de cet effet.
Cela faisait un petit temps qu’ils attendaient dans la cour et la fatigue commençait à peser sur les épaules de Maria. En effet elle n’avait pas dormi et avait passé une grande partie de la soirée à danser dans le salon d’une quelconque marquise avec un quelconque homme qui était présent. Elle proposa au groupe de s’asseoir en prétextant que la cérémonie allait commencer. Pur mensonge car il y avait encore une bonne heure avant que le prêtre ose prononcer son serment parce qu’il faut qu’il fasse attention à ce que ses paroles ne sonnent pas comme une critique du pouvoir. Les nobles acquiescèrent et suivirent Maria comme des moutons dociles. Au moment de franchir la double porte en bois massif grande ouverte, un des nobles arrêtait tous ce troupeau et pointa du doigt une adolescente qui attendait. Elle regardait autour d’elle comme si elle était perdue ou qu’elle cherchait éperdument quelqu’un. Le noble se léchait les babines et faisait un véritable éloge de la petite personne. C’était l’un de ces êtres vicieux qui avait besoin de fraîcheur pour combler leur corps pourris par le temps. Maria avait juste envie de vomir et loin de participer à l’hilarité du moment, elle glissa une remarque désagréable pour le vieil homme. Piqué au vif il afficha un visage rouge au lieu de son visage gris habituel. Avant de partir pour rejoindre un autre groupe, il critiqua la jeune duchesse sur son âge et ses occupations. Maria était consciente que beaucoup de rumeurs, entre vieilles pies, couraient à son sujet. Pourquoi n’est-elle pas toujours mariée ? Pourquoi est-elle constamment dans les soirées à danser avec le meilleur homme présent, marié ou non ? Immorale ? Peut-être cet adjectif va-t-il de pair avec liberté et joie. Maria ignora ses rumeurs et continua son train de vie toujours aussi agité.
Les autres nobles la facilitaient de sa remarque mais Maria en riait et les tournait en ridicule dans son esprit. Dès qu’ils l’auraient quittée, ils participeront aux rumeurs et en raconteront d’autres encore plus fausses que les précédentes.

- Entrons mes amis. Il ne faut pas faire attendre ce cher homme. Apparemment il contesterait la luxure aujourd’hui.

Un rire nerveux s’échappa des lèvres de chacun car une fois cette cérémonie terminait, chacun ira rejoindre son amant ou amante, aussi changeant que leurs robes. Ils n’allaient pas écouter un mot de ce serment. Au moment d’entrer, Maria jeta un dernier coup d’œil à la jeune fille.

« Cette lady Aleth sera un véritable tourbillon dans un futur très proche. Je devrais peut-être penser à me marier. Non, impossible sinon je ne pourrais plus accomplir mes rêves d’horizons lointains ».

Sans s’en rendre compte Maria fixait intensément l’adolescente et même quand leurs yeux se sont croisés. Toujours avec indifférence, Maria détourna son regard et rejoignit son groupe à l’intérieur de l’église.
En entrant Maria observa avec un certain enchantement le travail de l’architecte mort il y a bien des années. Une frise d’ivoire recouvrait une partie du mur et dessus était gravé des scènes bibliques intrigantes et étranges. Tout au fond une estrade en hauteur avec un coin pour la royauté, vide aujourd’hui au grand bonheur de l’assistance, et une croix recouverte de feuilles d’ors et quelques pierres précieuses y étaient incrustées. Il n’y avait pas de crainte de vol car où vendre et comment déplacer un tel objet qui pesait facilement le poids de dix hommes dans le royaume sans rencontrer un garde. Le plafond était haut et on pouvait se demander où était la fin. Le sol marbré était toujours aussi lisse et il n’y avait pas les creux habituels causés à cause des nombreux allés et venus.
Maria s’assit aux côtés de ses compagnons. Leurs conversations la fatiguaient d’avantage et elle se demandait elle allait supporter les heures qui allaient s’écouler. Quelqu’un s’assit à ses côtés. Maria ne regardait pas, elle ne voulait pas s’encombrer d’une bouche de plus.
Au bout d’un certain chacun se taisait et soupirait d’ennuie. Une bénédiction. La voix grave et habituel de ce dimanche résonna et l’assistance fit semblant d’écouter. Maria observait ce médiocre orateur et le voyait transpirer à grosse goutte.

« Un parfum qui masquerait l’odeur de la transpiration et même qui empêcherait aux robes de se mouiller… une formule compliqué et long. Un produit trop insignifiant pour tant de travail. Je devrais plutôt penser à des poisons comme quelque chose de lent et qui se transfère au touché. Oui, c’est sa ! Il suffirait de l’imprégner dans les lettres quotidiens des Princes et un moment leur règne prendra fin…et personne ne sAUra l’origine du décès. Il faudrait que j’y travaille dès maintenant et une fois la formule trouvée il suffirait que je le propose à Vidal »

Aussitôt pensé, aussitôt elle se mit au travail. Elle passa en revue toutes les techniques mais elle avait encore trop de lacune. Il faudrait qu’elle aille à la bibliothèque pour les combler et même qu’elle aille consulter ces prétendus « sorcières » de pacotilles. Soudain l’assistance toute entière se leva et commença à se disperser. Un des compagnons de Maria l’interpella pour qu’elle les rejoigne cette après-midi pour prendre le thé. Maria ne voulait pas sinon elle devait abandonner toute une journée cette merveilleuse idée. Une perte de temps.

- Je voudrais prier un peu.

Une réponse étonnante mais personne ne contredisait. Ils partirent. L’église en un instant retrouva son calme saint et non saturée par l’ennuie de ces maudits invités. Quelques uns étaient restés et priaient à genoux. Maria les imita et ferma les yeux. Elle concentra tous ces efforts à établir une formule efficace et rapide et non lente comme certaines. Devrait-elle imprégner un simple poison dans les lettres ? Non se serait évident au moment de la mort.
Qui l’aurait vu penserais qu’elle était une fidèle fervente qui connaîtrait la bible sur le bout des doigts. Maria, à cet instant, pouvait confirmer la citation « l’habille ne fait pas le moine ». Effectivement elle ne connaissait rien de la bible et quant à la religion elle ne le résumait qu’à d’absurdes règles. Pourtant elle avait l’impression qu’il y avait bien une puissance mais la religion chrétienne ne l’incarnait pas bien. Maria pensait peut-être qu’à l’extérieur elle trouvera la « vraie » religion, celle qui est proche de cette sagesse.

Aleth attendait. Il était en retard. Elle avait pourtant dit dix heure, et il était presque dix heure et demi ! S’il n’arrivait pas tout de suite ils allaient rater la messe… Aleth se dirigea vers un des commerçants du bourg, lui demandant s’il n’avait pas vu William.

« Ah ! La dernière fois que je l’ai vu il dormait dans sa librairie ! »

« QUOI ?! Mais il m’avait promis de venir ! Quel imbécile ! »

« Bien désolé pour vous mademoiselle, passez une bonne journée ! »

« Merci… »

Elle resta un instant planté là, l’air morose, avant de repartir en direction de l’église, les larmes aux yeux. Il lui avait promis… Puis elle plissa les yeux et proclama presque en criant :

« Tu as intérêt à te préparer, parce que tu vas t’en prendre plein la figure ! »

Tout le monde s’arrêta pour la dévisager mais se fut à peine si elle le remarqua. L’habitude sans doute. Elle prit place sur un des bancs en bois sombres de l’église, jetant encore quelques regards désespérés vers la porte. Rien. Aleth soupira, ça ressemblait bien à William de lui poser un lapin pour ne pas s’être réveillé. Cet imbécile, cet idiot, ce bon à rien, ce… Un gloussement la sorti de son énumération. Il provenait d’un groupe de nobles devant l’entrée qui l’observait en rigolant. Comme des dindes. Elle détestait ce genre de personne, tous bien habillés, ne pensant qu’à faire la fête et à manger des sucreries. Une femme aux cheveux verts lança une remarque qui fit taire les autres. Si elle avait envie d’avoir des ennuis avec ses amis, ce n’était pas le problème d’Aleth. Cependant… elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil vers la noble. Cette dernière la fixait mais, se rendant compte qu’Aleth l ‘avait vu, détourna le regard. Son visage affichait une expression de profonde indifférence. Aleth, vexée, détourna également ses yeux et se concentra sur la messe. Les nobles de toute à l’heure semblaient s’ennuyer à un point…sauf cette femme. Encore elle. Toujours elle. Cette noble commençait vraiment à intriguer Aleth. Elle semblait…étrange, mystérieuse. Pendant la messe, elle avait l’air de réfléchir, l’adolescente mourrait d’envie de savoir à quoi. C’est pourquoi, lorsqu’elle vit la femme rester après la messe, elle alla la rejoindre. Il n’y avait plus qu’elles deux dans l’église et c’était assez inquiétant. Aleth se concentra donc pour sourire et balança la première question qui lui passa par la tête :

« Bonjour. C’est naturel votre couleur de cheveux ? »

Mince, elle aurait du dire « quel est votre nom ? » …

[ J'écris pas beaucouuuuup ! Désolé >.<]

Invité

Une voix interrompit les réflexions de Maria. Légèrement agacée, elle daigna à soulever ses paupières et posa ses yeux vert-foncés sur la personne qui l’avait importuné. C’était la petite adolescente de toute à l’heure qu’elle avait protégé. Maria posa nonchalamment son coude sur l’un des accoudoirs afin que sa main soutienne sa tête qui essayait de remettre en ordre ses idées. Le prêtre passa auprès d’elles et lança un regard réprobateur à la jeune duchesse mais cette dernière ignora royalement l’homme. Elle concentra toute son attention sur la jeune fille souriante qui lui faisait face.

- J’ai joué à la sorcière.

Elle rajouta à cette phrase un rire éclatant. Elle se permit cet écart de conduite car il n’y avait plus personne dans cet endroit. Pour une raison inconnue une gaieté, une vraie, l’animait. C’était bien la première depuis des jours voire des semaines. Perdait-elle l’esprit à force d’établir des poisons ? Devenait-elle réellement ces sorcières folles, s’enfermant dans leur sinistre donjon à concocter d’étranges mixtures ? Il fallait qu’elle sorte, il fallait qu’elle danse. Ce n’était pas une fantaisie ou un caprice, c’était une nécessité pour s’aérer l’esprit embrouillé. Maria aurait voulu réfléchir aux prochaines soirées mais elle se sentait obligé de réponde à Aleth, pour éviter une fâcheuse situation.

- Ce n’est qu’une plaisanterie bien entendu. J’aime créer des formules afin de guérir. Pourtant un jour j’ai voulu arborer cette magnifique chevelure blonde au lieu de mes cheveux noirs corbeaux. J’ai essayée de mijoter quelque chose d’après des écrits et des expériences en matière de cosmétique que j’avais trouvé dans le bureau d’un parent. Malheureusement le résultat a été un total échec, et même catastrophique dans un premier temps. En effet j’avais des cheveux orange comme les carottes, bref la couleur du diable pour beaucoup. J’en avais pleuré des nuits entières et puis un matin je me suis retrouvée en vert comme mes yeux. La couleur me plaisait et m’allait je trouve alors je n’ai rien fait pour remédier ou essayer d’avoir les cheveux blonds. Vous avez eu la chance d’avoir cette couleur tant prisée lady Aleth, en plus vous êtes très belle. Vous attirez déjà énormément de regard.

Maria avait résonné sa dernière phrase à l’affirmative et aucun signe de jalousie n’y était présent. Elle repensa au vieillard qui allait sûrement répandre de fausses rumeurs. Elle soupira à l’idée de futures plaisanteries acerbes de la cour. Elle fixa Aleth à nouveau et se demandait si cette comtesse, si elle avait bien écouté le vieil homme, en valait la peine de tant de désagrément. Un désir de taquiner s’empara de Maria.

- Un de mes amis, noble bien entendu, a fait un éloge de votre beauté et de vos manières avant le début de la cérémonie. Je pense que vous aurez rougi si vous nous aviez rejointe.

Maria se disait que la jeune fille aurait rougi plus de colère et même de dégoûts. Elle ne précisa pas l’âge ni l’apparence. Au contraire elle faisait vaguement illusion à une figure belle à voir et jeune afin de ne pas décevoir la petite chose. Pourtant il devait bien en avoir de ces figures que Maria décrivait rapidement et superficiellement. Elle espérait que la comtesse ne serait pas une de ces idiotes qui ne pensait qu’à aimer et être oublié aussitôt. Elle n’était pas d’humeur à alimenter une discussion sur les jeunes hommes de la cour. Elle espérait aussi secrètement que la jeune personne ne lui posera pas de question sur la Bible et la religion sinon de quoi aurait-elle l’air ? Il y aura alors la question cruciale, à quoi réfléchissait-elle ? En effet elle savait qu’ Aleth a du venir auprès d’elle à cause de cet air solennel parmi….personne. Même le prêtre était hésitant dans son discours. D’ailleurs elle n’avait rien écouté non plus. Maria n’avait même pas vu le temps passé.

« J’ai joué à la sorcière. »

« Ce n’est qu’une plaisanterie bien entendu. J’aime créer des formules afin de guérir. Pourtant un jour j’ai voulu arborer cette magnifique chevelure blonde au lieu de mes cheveux noirs corbeaux. J’ai essayée de mijoter quelque chose d’après des écrits et des expériences en matière de cosmétique que j’avais trouvé dans le bureau d’un parent. Malheureusement le résultat a été un total échec, et même catastrophique dans un premier temps. En effet j’avais des cheveux orange comme les carottes, bref la couleur du diable pour beaucoup. J’en avais pleuré des nuits entières et puis un matin je me suis retrouvée en vert comme mes yeux. La couleur me plaisait et m’allait je trouve alors je n’ai rien fait pour remédier ou essayer d’avoir les cheveux blonds. Vous avez eu la chance d’avoir cette couleur tant prisée lady Aleth, en plus vous êtes très belle. Vous attirez déjà énormément de regard. »

« Un de mes amis, noble bien entendu, a fait un éloge de votre beauté et de vos manières avant le début de la cérémonie. Je pense que vous aurez rougi si vous nous aviez rejointe. »

« Je ne pense pas. Vous savez, ce genre de personne ne m’intéresse pas vraiment, j’ai d’autres choses bien plus importantes à faire ! Et tant que nous y sommes, vous avez l’air de me connaître mais moi je ne sais même pas votre nom. Auriez-vous la gentillesse de vous présenter très chère ? »

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