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| Une Journée d'Exception {Intrigue} | |
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Eden { The Lady who dreams to cut heads } Messages : 367 Localisation : Avec ma poupée. Âge du personnage : 13 ans
| Sujet: Une Journée d'Exception {Intrigue} Mar 21 Déc - 17:44 | |
| Aujourd'hui était un grand jour. Aujourd'hui, c'était jour de fête. Aujourd'hui, les masques étaient de sortie, tous dansaient et s'amusaient au rythme effréné imposé par les joueurs d'instruments divers et variés disséminés dans la foule. Aujourd'hui, pensa la petite princesse sombre en se levant, c'était jour de Carnaval. Elle attendit tranquillement que la servante venue ouvrir les lourds rideaux de velours sorte de sa chambre avant d'afficher un irrépressible sourire sadique. Aujourd'hui, elle allait bien s'amuser.
Elle se leva, les jambes tremblantes, et se dirigea vers l'immense fenêtre croisée qui surplombait toute la ville, lui permettant d'observer ce qui se passait aux alentours. Elle posa sa petite main délicate sur la vitre glacée et ouvrit doucement les yeux, ceux-ci s'habituant lentement à la lumière aveuglante du soleil transperçant les nuages. Le ciel était très clair, presque blanc. Un temps parfait pour une journée aussi exceptionnelle que celle-ci.
Après s'être vêtue d'une robe noire à dentelles blanches et de s'être faite coiffée par No de son habituel ruban noir, elle attrapa sa poupée et sortit de sa chambre en souriant gaiement, et progressa en grande hâte vers la Salle de Réception, endroit où se trouvait très certainement son frère Armand. Elle entrouvrit doucement la porte grinçante, jetant un œil à l'intérieur à la manière d'une petite fille espiègle, avant d'entrer, les mains dissimulées dans son dos et son visage affichant un sourire narquois. Un pas. Deux pas. Trois pas en direction de son "grand frère préféré", et elle lui sauta littéralement dessus en riant, déposant gracieusement sur son nez un masque noir puis reculant pour admirer le résultat.
« Ce masque vous sied à merveille, mon frère, vous êtes magnifique ! »
Puis elle se désintéressa de lui pour aller sur le balcon en passant par la grande fenêtre ouverte, poussant un petit glapissement de joie et joignant ses mains devant elle en voyant la foule fourmillant dans la cour du château. Dieu, que c'était... Pitoyable. Ennuyeux au possible. Elle en aura presque grincé des dents tant cette fête lui semblait inutile et horripilante. Malgré tout, elle prit un air passionné devant ces gens qui faisaient absolument n'importe quoi. Si seulement quelqu'un pouvait se faire égorger devant ses yeux...
« Regardez, regardez ! Ils lui balancent des tomates par là-bas ! Et lui, que fait-il ? Hahaha, il danse sur la tête ! Oooh, et regardez cette femme qui nage dans la fontaine, on dirait une sirène ! »
Stupide. Et pourtant, elle s'efforçait de rire, sautillant légèrement sur place, faisant virevolter ses longs cheveux blonds au même titre que les dentelles de sa robe. Elle parcourut la foule des yeux, cherchant en vain quelque chose qui soit un peu plus digne de son intérêt. Partout les gens masqués mangeaient, s'embrassaient, dansaient, chantaient des chansons paillardes sans soucis d'éthique ou de représailles... Dire que son imbécile de peuple pensait qu'elle serait ravie de se mêler à la liesse générale. Heureusement que ses frères le lui "interdisaient", elle avait une bonne raison de ne pas se faire bousculer sans vergogne par ces badauds. Et puis, malgré son masque, on pourrait aisément la reconnaître et la faire, en quelques secondes à peine, ressembler étrangement à ces marionnettes sans vie qu'elle affectionnait tant. Elle s'imagina en frissonnant se vidant de son sang, petite mer rouge s'étendant sur son corps de plus en plus froid, un voile se déposant devant ses yeux pendant que la Mort lui tendrait les bras, comme une mère la remerciant de lui avoir offert autant de victimes. Elle secoua la tête, sortant brusquement de sa léthargie. Pas maintenant. Elle avait encore beaucoup de choses à accomplir, et puis elle ne laisserait à personne le soin de s'emparer de son inestimable vie.
En attendant, elle scrutait la foule à la recherche de l'acte ignoble qui, tâchant d'une douce couleur pourpre son peuple effrayé, ferait naître un sourire d'extase sur ses lèvres pâles. Aujourd'hui, elle allait bien s'amuser. |
| | | Armand { What a sadistic smile, my Lord...} Messages : 133 Âge du personnage : 17 ans
| Sujet: Re: Une Journée d'Exception {Intrigue} Mar 21 Déc - 17:53 | |
| Même les rares flocons de neige ne semblaient pas pressés de toucher terre. Le sol, boueux et détrempé, était martelé de centaines de pas enthousiastes. Aujourd'hui, c'était jour de fête. Les jupons colorés se soulevaient, les armes tournoyaient en duels, les chants paysans s'élevaient tandis que robes et bottes de cuir dansaient, les grains de riz pleuvaient, les bouteilles passaient de lèvres en lèvres alors que les aliments gras et sucrés n'en sortaient plus des bouches qui les avaient avidement gobés. La joie s'entremêlait avec confusion aux débandades. Sous le couvert d'un masque grimaçant, chacun profitait de l'anonymat pour réaliser souhaits et noirs désirs. Au tour des amants de tromper librement; des valets de prendre la place de leurs maîtres; des criminels de défier la justice impunément. Dieu merci, le bas peuple restait hors du château. Aujourd'hui, c'était Carnaval. Armand soupira. Face à l'immense fenêtre, il observait d'un œil sombre les débordements citadins. Il n'aimait pas cette fête. Quel jour était plus prompt aux insolences de la part des sous-fifres? Pourtant, s'il la faisait interdire - s'il lui était possible de la faire interdire – c'était la révolte assurée. On ne privait pas un enfant de son seul cadeau dans l'année. Tout de pourpre, noir, or et chemise blanche vêtu, Armand paraissait plus distingué que jamais. Et quand on ne prêtait pas attention aux traits violacés sous ses yeux, ni à ses lèvres pincés ou sa peau encore plus pâle que d'habitude, il semblait tout aussi orgueilleux qu'à l'ordinaire. Il soupira une nouvelle fois et alla s'asseoir sur le large siège en bout de salle, une jambe par dessus l'accoudoir de façon désinvolte. La pièce était vide pour l'instant. Un instant, Armand se prêta à l'observation de ses doigts, les remuants lentement devant ses yeux jusqu'à ce que ceux-ci s'en désintéressent nonchalamment, emportés par la rêverie. Après quelques minutes, il secoua légèrement la tête, comme pour se réveiller.
« Mes nuits doivent être un peu trop malmenées ces derniers temps... », marmonna-t-il pour lui même en se massant la tempe d'une main.
Il y avait son jeune frère et une bonne partie de ses nuits, certes. Mais il y avait également les Résistants, ces enflures qui multipliaient les assauts et contre lesquels il devait faire face. Il y avait aussi les Nobles, hypocrites et fêtards, qu'il devait fréquenter pour conserver leur soutien. Sans parler des Intendants dont il devait écouter les fréquents rapports, et à qui il devait donner des ordres pour qu'ils aillent ensuite orchestrer les autres domestiques. N'oublions pas les réclamations du peuple qu'il devait au moins faire semblant d'écouter de temps en temps. Et enfin, les affaires juridiques où il devait trancher le bien du mal avec un faux-semblant d'équité. Et aujourd'hui, par dessus toutes ces fastidieuses obligations, le Carnaval. Armand avait à peine fermé les yeux que l'écho léger de pas dans sa direction le crispa. Inutilement: il ne s'agissait que d'Eden. À la manière d'une petite fille malicieuse, elle tenait quelque chose caché dans son dos et s'approchait de lui en souriant. Et soudainement, elle se jeta sur lui avec un rire enfantin pour déposer devant son visage... un masque, noir.
« Ce masque vous sied à merveille, mon frère, vous êtes magnifique ! »
Comme toujours, aurait-il répondu froidement s'il s'agissait de quelqu'un d'autre - d'un noble à désarçonner, par exemple. Mais Eden n'était pas comme les autres. Déjà, la fillette était postée devant les grandes fenêtres, commentant ce qu'elle apercevait de la fête en riant, sautillant, battant des mains joyeusement. Prenant pitié, Armand décida de l'arrêter d'un ricanement:
« Inutile de jouer plus longtemps la comédie, Eden, pour l'instant nous sommes entre nous. »
Aussitôt, sa sœur redevint calme, presque froide, comme une poupée de porcelaine au regard hautain et vaguement rêveur. Il devina que, tout comme lui, Carnaval n'avait pas lieu de l'enchanter. Armand croisa son autre jambe sur celle qui était passée par dessus l'accoudoir, s'installant en biais sur son siège d'un air flegmatique, et de là, il ôta le masque de son visage pour l'observer tranquillement. Il devait bien passer le temps encore un peu en attendant que Louis et les autres domestiques se joignent à eux pour commencer les festivités.
Plus tard, les larges portes de la salle de Réception furent ouvertes aux festoyeurs. Nobles, domestiques s'étant auto-déchargé de leurs fonctions ou serviteurs fidèles à leur poste malgré le jour de fête, affluèrent dans la salle. Les gardes encadrèrent les trois Royautés trônant sur leur estrade, les valets obéissants se postèrent au banquet, et les musiciens lancèrent la cadence. Après un énième soupire, Armand remit son masque sur son visage et jeta un vague coup d'œil à la pièce.
« He bien, que la fête commence, puisqu'il le faut. » _____________________ |
| | | Vidal { Where is Vidal? Vidal is in the kitchen ! }Messages : 195 Localisation : Agissant discrètement Âge du personnage : 23 ans
| Sujet: Re: Une Journée d'Exception {Intrigue} Mer 22 Déc - 16:59 | |
| Ce n'est pas drôle. Vidal hait le carnaval et ce ne sera pas demain la veille qu'il s'habituera à porter un masque. Ce drôle de truc qu'on l'a forcé à porter le démange, il a envie de gratter sa cicatrice, c'est vraiment désagréable. Il maudit le chef-cuisinier qui, dès qu'il est arrivé, ce matin, lui a collé une réflexion complètement conne à la figure, à savoir : « Espèce de couillon, dépêche-toi d'aller chercher un masque ou j'te vire ! » Le chef-cuisinier était con, pas intelligent, et parfois, il arrivait au blond de le détester encore plus que les princes. Parfois hein. Parce que le reste du temps, c'était bien contre la royauté qu'il dévouait toute sa haine. Vidal était donc retourné dans le dortoir où il logeait pour fouiller dans ses sacs : il se souvenait qu'au cours d'un des nombreux voyages de son absence, ses parents lui avaient offert une petite merveille digne des plus grands nobles. Il sourit. Le carnaval n'était pas carnaval pour rien. N'était-ce pas cet instant où toutes les classes sociales devaient s'inverser ? Il retourna ainsi vêtu vers la cuisine et s'étonna de voir son chef s'incliner bêtement devant lui. Le malentendu pris fin lorsqu'il parla, alors, il se prit un de ces coups qui l'expédia à l'autre bout de la pièce.
« PUISQUE TU TE CROIS AUSSI MALIN, TU VAS ACCOMPAGNER QUENTIN SERVIR SES MAJESTÉS !!! »
Il était vraiment en rogne, ce gros taureau, et sur le coup, Vidal aussi. Il n'avait pas du tout prévu cela, son après-midi étant plutôt consacré à...faire autre chose ? Non, très honnêtement, la Résistance ne voulait pas rester inactive cette journée-là. Ils étaient prévu, non pas de faire éclater quelques bombes, mais de profiter de la confusion des masques pour enlever quelques nobles et les remplacer par de vulgaires appâts. Vêtus de masques, ceux-ci seraient méconnaissables jusqu'à la fin de la journée. Leurs cibles étaient toutes désignées. Lord Lucien, une petite fille prénommée Lady Aleth – ils disposaient actuellement d'un petit garçon très revêche envers la royauté pour incarner son double – et la belle Eulalie. Des cibles de choix qui allaient toutes s'endormir très vite, la prochaine fois qu'ils porteraient une tasse de thé à leurs lèvres. Cette fois-ci, les catacombes allaient abriter d'autres personnes que les résistants et quelques cadavres qui peuplaient l'endroit. Leur vengeance allait être au point, même si elle ne s'adressait pas encore vers les Princes.
En attendant, il se dirigeait, en direction du dénommé Quentin vers la salle de réception, où étaient censés se trouver les Princes. Il avait de la chance d'être vêtu de ce masque, peut-être cela l'empêcherait-il de vomir. Mouais. Peut-être pas, finalement. En regardant pas les fenêtres, en passant, l'assistant-cuisinier remarqua l'agitation du Peuple, devenu presque aussi fou que ses monarques. Tout cela était ridicule. Et regardez-les, ces deux fous qui gueulent juste là-bas, presque là où ces connards royaux doivent se trouver qu'ils ne sont que des porcs et qu'ils les détestent. Encore des lâches, des gens qui profitent de ces masques pour se cacher et dire des trucs dégoûtants. Vidal détestait ce genre de personnes, lui prenait tellement de risques pour la Résistance. En parlant de cela, le jeune homme à côté de lui, celui qui traînait le lourd chariot était louche également. Même si un masque blanc intégral lui recouvrait le visage, il avait l'air stressé, ses mains gantées tremblaient sur la poignée.
« Prince et Princesse. »
Tous deux s'inclinèrent devant Armand et Eden d'un même mouvement, n'osant pas les regarder dans les yeux. Ce que Vidal ressentait à ce moment-là importe peu. Juste la très légère envie d'étrangler Armand, peut-être mais ceci ne devait pas faire échouer sa mission. Il devait partir vite fait de ce fichu guet-apens, pour revenir au rendez-vous qu'il s'était fixé avec ses chers nobles. Pendant ce temps-là, Vidal observait toujours Quentin qui, d'un geste maladroit, venait de saisir la théière et sortirent quelque chose de blanc de sa manche. Du poison ? Mais il était con, ce mec-là ? Vraiment pas malin ? Il ne savait pas qu'un attentat ne se prépare pas à la légère ? Et si...les princes ne voyaient rien et que l'attentat réussissait ? Ou qu'ils voyaient tout ? Il serait accusé, c'est sûr et la Résistance serait complètement dans les choux. Vidal se mordit les lèvres, retournant le médaillon chrétien sur sa poitrine. Il prit son courage à deux mains, n'osant pas croire ce qu'il allait faire, mais c'était ça ou sa vie.
« Que fais-tu ? », dit-il d'un ton aussi froid que possible.
Il agrippa la main du serviteur, le forçant à faire tomber la poudre blanche. Du poison, sans aucun doute ou alors, un résistant qui n'avait pas compris que les cibles n'étaient pas les princes, aujourd'hui. Un imbécile. Un de ces foutus imbéciles qui se croient rebelles parce qu'ils sont vêtus d'un masque. Il s'inclina devant ses majestés avec respect, retenant Quentin à l'aide de son pied. Il fallait qu'il se dépêche : à l'aide qu'il était, ses émissaires avaient certainement pénétré les appartements des nobles concernés et leur avaient fait boire un élixir qui les avaient fait profondément dormir. Ils devaient même être au fin fond des catacombes et commencer à se réveiller, attachés à des pierres. Oui, ce plan était particulièrement sadique, et les Princes allaient bientôt se retrouver seuls monarques d'un royaume fantoche. La prochaine fois, ils essaieraient même d'avoir Shad ou Shark, mais les deux étaient pour l'instant de trop solides proies pour qu'ils osent les capturer sans essai. Ils ne voulaient rien risquer, le moindre mouvement de trop pourrait les perdre.
« Voyez, Sire. Je...le laisse à vos bons soins. », marmonna-t-il tout en ne cessant de rester incliné.
Pourvu que les Résistants aient réussi leur coup...Vidal se dirigea à reculons vers la porte, en espérant qu'il ne serait pas interpelé. D'un geste furtif, le chef de la Résistance s'éclipsa vers la sortie, laissant ce jeune impudent dans la salle de réception, à terre. Il le retrouverait certainement un de ces jours suspendu à un gibet et ne regretterait sûrement pas son action, comme ayant évité à la Résistance un risque potentiel. Et qu'on ne le contredise pas, il avait toujours raison. Sauf quand il avait tort.
D'un air accablé, Vidal se dirigea d'un pas pressé vers les souterrains, prenant garde à ne pas être suivi ou espionné. Il déplaça un fil d'une tapisserie et une porte s'ouvrit. Il pénétra dans le souterrain, puis referma l'entrée.
« Lucien, Eulalie, Aleth ? Voyons qui nous avons dans nos filets ?~ »
Ces masques étaient finalement les bienvenus.
[Monsieur et mademoiselles les Nobles susnommés, si vous désirez et avez accepté /sbamm ce rapt, allez poster dans les catacombes ! :D]
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| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Une Journée d'Exception {Intrigue} Jeu 23 Déc - 23:19 | |
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| | | InvitéInvité
| Sujet: Re: Une Journée d'Exception {Intrigue} Dim 26 Déc - 15:26 | |
| Shad observa silencieusement cette foule qui se pressait aux portes du château. Une véritable fourmilière écervelée qui ne pensait qu’à manger, s’amuser et paresser. Leur désir bien futile ennuyait ses Princes ainsi que la Princesse, il entendait déjà les soupirs discrets d’Armand ou encore voyait les traits ennuyés d’Eden cachés derrière un bonheur hypocrite et mensongère. Ces pauvres maîtres devaient jouer un rôle et être le pantin du peuple pour cette journée, reculant les affaires importantes et primordiales pour le bon plaisir du peuple. Décidément il haïssait Carnaval comme ses idoles. Tout d’abord, il fallait se déguiser et tromper son entourage sur son rang au sein de la société. Cette règle prouvait à quel point les Hommes étaient faibles de nature, le simple fait de copier leur suffisait à croire qu’ils atteignaient les sommets et qu’ils étaient aussi distingués par la naissance qu’une famille royale. Pauvre sot, s’enfermant dans des rêves chimériques sans lendemain et si opposés à la réalité ! Seuls quelques rares élus avaient le droit de se prétendre Prince et Princesse, Reine et Roi, Souverain suprême et despote éclairé ! Il était indécent, voir de contre-nature de se prétendre ce que l’on n’était pas.
Carnaval. Quel mot horrible traduisant toute l’inutilité du peuple pour Shad ! Autant dire qu’avec de tels préjugés, trouver un déguisement adéquat était presque une mission difficile. Il ne voulait pas s’abaisser pour devenir un paysan cultivant une pauvre terre et encore moins se transformer en ces nobles superficiels. Il aimait sa condition de domestiques et ne s’en plaignait absolument pas. Il tourna donc en rond devant les trois tissus qu’il avait commandé à un couturier qu’il aimait bien. Son objectif était de garder une certaine rigueur dans l’apparence, éviter les couleurs bien trop voyantes et respecter cette règle de Carnaval.
Finalement il opta pour une tenue qui lui donnait une allure distinguée et soignée. Son pantalon noir, ses chaussures noires ainsi que sa montre à gousset en argent ne le quittèrent pas. Ce qui changeait fut le haut. Au dessus de sa chemise blanche, il mit un corset doré au motif arabesque noir, entoura un foulard fort élégant autour du cou et prit une cape noire. Ainsi on ne pouvait deviner sa tenue que lorsqu’il tendait la main ou marchait. Quant à son visage, il le recouvrit d’un masque qui ne recouvrait que ses yeux et dont la longueur du nez était impressionnante. Les masques de carnaval abandonnaient tout sens de proportion et de normalité apparemment. Revenons donc à ce masque, plusieurs losanges aux couleurs d’or, rouge et de noir le composaient et les contours étaient soulignés avec de fines motifs par une peinture dorée. Il gardait définitivement une attitude noble qui lui sied à merveille. Jamais il ne se laisserait aller à la négligence, autrement il ferait honte aux personnes qu’il servait. Il compléta cet accoutrement par une paire de gant blanc et quitta enfin la pièce pour rejoindre la salle de réception.
Il arriva enfin dans la pièce et fut surpris d’entendre des rumeurs. il entendait des bribes de phrases qui pouvait se traduire par cette simple phrase "tentative d'empoisonnement de la famille royale". Il avait raté une chose capitale. Il s’approcha donc des Princes et de la Princesse, et s’aperçut en chemin qu’un homme était accroupi, pleurant et tremblant de peur.
- Emmenez cet individu aux cachots. Je m'occuperai de lui personnellement.
Un sourire sadique, un sourire que Shad connaissait que trop bien, naquit sur les lèvres d’Armand. En concert, le majordome afficha également un léger sourire. Enfin devant ces maîtres, il s’agenouilla pour une parfaite révérence pour ensuite se mettre aux côtés d’Armand.
- Il semblerait que le peuple vous a offert un jouet fort amusant pour ce soir. Sinon mon Prince, désirez-vous quelque chose ? Une confiserie ? Un plat ?, dit-il à haute voix
Sa voix était calme, grave et soutenue. Il n’y avait aucune compassion ni sentiment qui s’y ressentait. C’était Shad, un homme dévoué à ses maîtres, se préoccupant peu des autres. Il releva les yeux et détailla la pièce. Généralement il faisait une liste dans son esprit des invités présents ou non mais comme c’était Carnaval il ne pouvait deviner qui était qui. Une journée idéale pour tromper les gardes et faire un coup d’Etat. Ainsi en tant que majordome fidèle, il se devait d’assurer la sécurité des membres de la famille royale.
- Spoiler:
Je me suis permise de squatter l'intrigue et j'espère que j'en ai pas fait trop et que mon post convient pour la suite >.<. Clelio j'ai apporté le changement désiré ^^
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| | | Primo { "PASTAAAA !" } Messages : 174 Localisation : Reclus quelque part ? Âge du personnage : 20 ans
| Sujet: Re: Une Journée d'Exception {Intrigue} Sam 12 Fév - 21:17 | |
| Quel putain de lèche-bottes, cet Alceus. Primo observait d'un air dégouté – qui modulait son visage contre son gré de plus en plus souvent ces derniers temps – l'homme avec qui il était contraint de travailler, en train de discuter du programme musicale de la journée avec deux intendants de la Royauté. Les Princes désireraient-ils une marche militaire pour commencer, préféreraient-ils uniquement les morceaux à danser, faudrait-il jouer de courtes sonates d'ambiances pour accompagner les discutions au buffet, et bla, et bla, et bla ? Sa voix était mielleuse, il ne cessait de lancer des coups d'œil aux portes encore closes de la salle de réception. La fête n'avait pas encore commencée qu'il s'assurait pour la troisième fois de son organisation. Ça c'est sûr, Alceus tenait à se faire bien voir. A demi-allongé sur la canapé fleuri, une jambe jetée par dessus l'accoudoir plaqué or, je détourne mon regard de la scène pitoyable pour observer avec ennui le boudoir où nous étions. Quand la discution sera finie il nous faudra encore attendre les autres membres de l'orchestre de chambre. Quelle plaie. Être coincé avec des demeurés à une sordide réception, condamné à jouer pour des dévots hypocrites qui ne connaissent surement rien à la musique. Alors que c'était Carnaval ! En Italie, cette fête est toujours une des plus magnifiques de l'année, une des plus joyeuses, une des plus bordéliques. Je me rappelle même d'un prêtre qui avait un peu trop abusé du sang du Christ ce jour là. A Carnevale Ogni Scherzo Vale comme on dit, ''Tout va pendant le Carnaval''. Dire que cette année, je ne pourrai même pas voir le bonhomme du carnaval – le mannequin de paille, je veux dire – brûler ! Tout le monde savait que le Carnaval était à fêter dans les rues. Pas à une réception pompeuse. Enfin, heureusement pour le peuple, le Grand Primo était là pour mettre un peu d'animation. Je lâche un bâillement bruyant. Alceus et les deux autres flagorneurs me toisèrent; je leur souris:
« Je vais me dégourdir les jambes. Appelez-moi quand vous aurez fini. »
Je prend la porte du boudoir qui menait au salon de thé bleu.
L'avantage qu'avait l'Aile Principale du Château, je l'avais remarqué depuis bien longtemps: toutes les pièces étaient liées entre elles. Les salons étaient rattachés les uns aux autres par des boudoirs, deux de ces boudoirs donnaient sur la salle de réception principale, laquelle offrait un accès aux cuisines, liées à leurs tours aux boudoirs menant aux salons. La possibilité de me balader un peu partout en explorateur était un des privilèges obtenus lorsqu'on trainait avec des larbins de l'État – Alceus avait au moins cette utilité. L'autre avantage du jour était le suivant, bien célèbre pour l'occasion: le masque. Le mien était rouge vermillon, avec un petit museau de renard allongé, des arabesque d'or le parcourant jusqu'aux deux oreilles pointues. La tenue – rouge, brodée d'or, blanche, pour changer de l'habituel noir et blanc des musiciens – m'avait été offerte par Léandre il y a longtemps. Quand Primo entra dans les cuisines, personne ne fit attention à lui. L'agitation était à son comble, pour les domestiques s'acharnant à la tâche comme pour les intrus profitant de l'anonymat pour chiper un truc à grignoter avant l'heure – le flan aux raisins secs était excellent. Mais bon, là n'est pas le sujet. Je jette un regard rapide autour de moi: personne ne fait attention à mes agissements, naturellement. Je sors de ma poche une liasse épaisse, petite mais compacte, de feuilles noircies par des caractères d'imprimerie. Des tracts. Savoir comment les faire parvenir à la populace sans me faire arrêter ou descendre m'était venu à l'esprit quelques minutes plus tôt. Il était temps, l'improvisation a tout de même ses limites. Toutefois j'avais visé juste en allant vers la table où reposaient les desserts, un peu en retrait. Je soulève au hasard les cloches recouvrant les plats: une soupe de fruits, loupé; une crème, encore loupé; ah, des macarons, gagné ! Enfin un dessert qui ne tâche pas, ne dégouline pas, ne graisse pas. Je dépose quelques feuilles sous les petites pâtisseries colorées. Il n'y avait plus qu'à faire de même pour tous les plats qui n'arriveront qu'au troisième ou quatrième service. Et ça en faisait, des plats. Je jette un coup d'œil par dessus mon épaule avant de reprendre plus rapidement.
Quand Alceus entre en trombe, Lucio et deux autres musiciens à sa suite, dans le salon jaune où j'avais fini par élire domicile, je suis assis, tranquillement, jambes croisées sur un fauteuil avec une tasse de café à la main.
« Où étais-tu passé, sombre crétin ? On va être en retard ! » Je hausse un sourcil en souriant: « Je n'ai pas bougé d'ici. Tu devrais reprendre ton souffle et te recoiffer, avant que les Princes ne te voient. »
Il rejette ses cheveux en arrière mécaniquement, passe une langue sur ses lèvres comme à sa ridicule habitude.
« Les premiers invités sont déjà là, on doit y aller. »
Nous jouons depuis un moment déjà quand une première perturbation a lieu. Alceus mène le mouvement au piano, j'accompagne au violon – dire que c'est un des chef-d'œuvres que J'AI dû composer pour lui et que je n'en suis même pas à la tête, ça me dépasse, vraiment – Lucio est à la flûte avec je-ne-sais-plus-qui-1, et je-ne-sais-plus-qui-2 est au violoncelle. Il faudrait que je me souvienne des noms des pseudo-élèves d'Alceus, un jour. Un domestique venait de se faire attraper en pleine tentative d'empoisonnement. J'eus un mal de chien à ne pas m'arrêter de jouer. Me précipiter vers lui m'aurait semblé tellement plus honorable - et si idiotement suicidaire que ce n'était même pas la peine d'y penser. Mais tout de même, en dehors de ce pincement au cœur que j'éprouvai en le voyant se faire emmener, je ressentis une solidarité nouvelle: c'est vrai, je l'oubliais toujours, mais je n'étais pas seul à combattre le régime. Courage, inconnu camarade, Primo te vengera ! je promets solennellement. Et l'occasion arrive, en effet. Mon cœur est à nouveau pincé d'un battement beaucoup trop fort, d'un afflux de sang trop abondant pompé dans les artères, comme une trop grosse gorgée d'eau qui fait mal à la gorge qui l'avale: du coin de l'œil, je venais d'apercevoir la domesticité apporter le troisième service pour détourner l'attention de l'accident. Je continue à jouer. A quelques mètres de nous, sur l'estrade, la Royauté. Ils discutent avec leur domestique du sort de mon pauvre compagnon inconnu comme s'il parlait de la météo – j'entends le Prince Armand envoyer son interlocuteur ''chercher un thé qui, lui, serait fiable et de qualité.'' Quand il se précipitera au buffet pour remplir son devoir, il aura la surprise de découvrir... Non, trop tard, il s'est fait griller: c'est une jeune fille qui se sert en première pour ce troisième service. Elle attrape un sablé d'un geste gourmand, va pour le porter à ses lèvres quand quelque chose l'arrête. Elle farfouille légèrement le plat, creusant de ses doigts un accès vers le fond du récipient. Ce sont de mystérieux tracts qui sont le fruit de son excursion culinaire. Un sourire se dessine sur le visage de Primo tandis que la fille crie, agitant le papier dans sa main gantée en se questionnant, que les invités les plus proches s'approchent du buffet, attrapent à leurs tours des feuilles pour les lire, que la foule appelle à la foule et que les tracts passent de mains en mains. L'agitation devient telle que même la Royauté s'en rend compte. La bouche du Prince Armand tique violemment quand un domestique lui apporte un des papiers à sa demande.
« Débarrassez-moi ces torchons révolutionnaires de là ! Qu'on retrouve le vaurien à l'origine de ce complot rebelle. Commencez par les cuisines, si vous ne trouvez pas de suspects, débrouillez-vous pour qu'il y en ait un. »
He abruti, le vaurien, il est sous ton nez. Il achève justement à l'instant le morceau que tu écoutais distraitement, et il jette un œil faussement interrogateur sur ce qu'il se passe autour de lui avant de poser son violon sur son étui, le temps d'une pause. Le pianiste s'approche de lui pour lui murmurer à l'oreille, un peu inquiet, en désignant l'agitation:
« Primo, tu as vu ça... ? - Ouais. Moi non plus, je n'arrive pas à croire qu'il n'y a pas de flan aux raisins secs. »
Alceus peste et s'éloigne, insensible à mon incroyable humour, pour choper un des tracts qui continuent à se promener sous le nez de la Royauté. Moi, je n'ai pas besoin d'aller les lire, je les connais déjà si bien, ces insultes au Régime et ces encouragement à la rébellion. |
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