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| Sujet: A l'abordage ! [PV Gabriel] Jeu 12 Mai - 19:56 | |
| Allongée sur une large et solide branche, et adossée contre le tronc gigantesque de ce chêne bien plus vieux que ce royaume, Cannelia méditait. Son bras pendait dans le vide, et elle soupirait. Pourquoi ? Simplement parce-que l'ennuie la rongeait. Elle qui était habituée aux aventures rocambolesques sur les mers, elle la pirate intrépide, effrontée et débordant de courage. Cannelia pouvait encore s'imaginer, en fermant les yeux, elle sur le pont du navire, à fermer les yeux et à sentir la brise marine fusionnée avec elle-même. Ce sentiment de liberté la hantait. Elle était un poisson enfermée dans un minuscule bocal. Non, pas un poisson, un requin. Car elle était dangereuse, elle savait se défendre, tout aussi bien qu'elle savait attaquer. La rousse avait fini par quitter la bourgade oppressante et inquisitrice, pour rejoindre cette forêt sombre, mais bien moins inquiétante que les hommes malveillants et pervers qui surveillaient chaque habitant dans l'attende qu'un fasse un faux pas, et avoir un prétexte pour l'arrêter. Elle-même avait déjà capturé des gens, des royalistes, des traîtres, et elle savait mieux que quiconque ce qui leur arrivait. Elle se rappelait d'un déserteur, il était resté peut-être un mois dans une cellule humide et sale à manger le strict nécessaire fourni par les matelots. Et puis quand il avait fini par délirer et avoir des hallucinations, on lui avait fait prendre un peu l'air en l'accrochant au mât, nuit et jour, par tous les temps, subissant les humiliations puériles des pirates. Après ce cruel et atroce tourment, on lui avait tiré une balle dans la tête avant de le jeter dans la mer. Elle n'aimait pas ça. Mourir dans l'océan, le grand le bel océan, c'était un trop grand honneur pour un traître. Surtout mourir d'une balle. Il n'y a que les bons pirates qui devraient mourir dans leur pays natal, c'est-à-dire dans l'eau agitée par le vent capricieux. Après ce sentiment de nostalgie quant aux tortures des prisonniers, elle finit par s'endormir, car ce fut une longue journée. Elle avait dû parcourir toute la ville, repérer les lieux, les cachettes, les issues, trouver de la nourriture, et bien sûr, elle avait tenter discrètement de s'échapper de ce microcosme, mais rien n'y faisait. Partout des murs imposants, avec des gardes aux aguets. Enfin elle avait trouvé la forêt, petite et dense à la fois. Habile comme elle était, elle avait réussi à se percher assez haut pour avoir l'impression d'être libre, et qu'il n'y avait aucune muraille de pierre. Quand elle dormait, elle faisait des rêves, des rêves d'aventures et de liberté. Alors consciente ou inconsciente c'était toujours la même idée qui revenait : s'échapper, s'échapper. Liberté, liberté. Comme ces satanés pleutres de petits nobles voulaient la misère et l'autorité, ils auraient alors la solidarité et l'émeute. Elle était déterminée, et de nature capricieuse, Cannelia faisait toujours tout pour obtenir ce qu'elle voulait. Elle n'avait vraiment aucune limite. Elle se réveilla en sursaut, en entendant des cliquetis d'armure : c'était encore ces pitoyables petits toutou des princes, ces soldats pervers. Elle resta caché sur sa branche en silence, en attendant qu'ils passent et s'éloignent après leur ronde. Mais ils reviendraient, la rousse le savait bien, c'était sûrement l'heure de leur patrouille. Elle se mit alors sur le ventre sur sa branche, et observa : ils étaient deux. Elle se demandait si la prochaine fois qu'ils arriveraient, elles les attaqueraient. Puis elle ne se demanda plus, elle savait elle-même qu'elle était belliqueuse, elle savait qu'elle allait les attaquer. Elle se redressa en souriant : l'aventure allait revenir dans une petite heure. Alors elle se redressa lentement debout, et tâta sa ceinture, pour vérifier qu'elle avait bien tout : son sabre fétiche, et son fusil italien. Elle esquissa un sourire arrogant, car c'était toujours ce genre de sourire qui se dessinait sur son visage. Puis elle se rassit sur sa branche, toute droite, prête à bondir et à surgir de nulle part pour se jeter sur ses soldats, et les tuer. Ça serait ça en moins à garder les murs de la ville, et à nourrir la puissance de ces nobles qui ne sont rien. Ils ne savent pas se battre, ils ne savent utiliser que la vanité des autres, et leur faire des discours éloquents. Pour la pirate, sa répartie résidait entièrement dans sa lame, et elle pouvait affirmer qu'elle était cinglante, et qu'elle avait toujours le dernier mot. C'était aussi ça qui avait plus au Capitaine du Gorgone, c'est l'acharnement de cette femme tenace. Tous les jours elle s’entraînaient, repoussant ses limites, courant partout comme une effrénée, se battre jusqu'à en suer de la tête au pied, et à s'en saigner les mains. Dix minutes passèrent, et Cannelia attendait toujours, encore plus énervée par son impatience. Elle était alors certaine : ils prendraient cher ses soldats qui se sont fait attendre et désirer. Bien évidemment, elle n'était pas totalement inconsciente et idiote, elle savait qu'elle allait attaquer sur un territoire qui était loin d'être le sien, alors elle avait scruté de sa branche, les issues, les cachettes, comme toujours. Et si elle était blessée, elle avait une fiole de soin. Alors qu'elle songeait à cet échec qui lui paraissait impossible, elle entendit du bruit, et se prépara alors, comme un félin qui se tapis dans l'herbe pour bondir sur sa proie. |
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