Quelques figures qu'on croise à l'aventure
Qui passent et qu'on oublie
C'est ma rue, c'est ma ville
Et c'est ma vie aussi

Miraud c’est l’enfant. Celui qui passe, par les rues, le garnement. Le rat puant qui dort dans les égouts. C’est le gamin qui n’est pas né où il fallait. Qui vole pour manger, et vit rien que pour exister. Sa richesse c’est le sang dans ses veines, c’est ses jambes qui tiennent debout, c’est son cœur qui bat comme un fou, qui se bat juste pour un bout de chose, un bout de rien du tout.

Il a l’espoir dans sa voix et court sans savoir où il va. En plus il n’y voit pas. Ou presque pas. Le monde de ses yeux, c’est des taches, des ombres, qui glissent dans d’autres ombres. C’est des couleurs qui se remarquent à peine, c’est-ce qui brille qui sait tout juste se faire voir. C’est des formes sans contours, qui viennent et qui repartent.

Miraud c’est le bigleux, le gamin un peu curieux. Celui qui aimerait bien qu’on lui raconte, mais à qui on ne dit jamais rien. Ou alors qu’on insulte, la voix trop forte, les coups trop bas. Vivre c’est un combat, aimer c’est quoi? Il a quel âge, même lui sait pas. Quel est-ce pays, qu’est-ce qu’un monde? On parle d’autres langues ailleurs? Et qu’est-ce qu’une langue?

Le monde il se l’invente, puisqu’il n’y voit pas et qu’on ne lui dit pas. Le paysage il le créer. La justice on ne lui a jamais expliqué. Les souvenirs ça s’égare et combien de temps il vivra encore? Et combien d’heures dure une journée? Y a des questions mais pas de réponses, alors il s’y attarde pas.

Mais toi, qu'est-ce que tu fais ?
Qu'est-ce que tu es ?
Et d'où tu viens ? Ne l'prends pas mal
J'ai simplement besoin que tu m'parles

Spoiler:

La mort lui a jamais parlé, elle s’est jamais présentée, mais il la déjà vu, parfois elle l’a frôlé. Il y a ses frères, ceux qui ont marchés à ses cotés, dans le même rythme, parfois lentement, parfois courant. La mort courait parfois avec eux. Elle en ralentissait quelques uns. Et leur faisait des croche-pieds. Ensuite ils sont tombés.

Ils disaient viens c’est pas la peine, c’est pas grave. Parce que ceux qui tombent ne se relèveront pas. Alors il faut courir. Courir toujours plus vite qu’elle. Parce que si elle te fait tomber y aura personne pour te rattraper.

Y avait que la pluie pour les laver et que le soleil pour les sécher. L’été il faisait trop chaud et l’hiver pas assez. L’hiver ils couraient pas, et il y en avait toujours plus qui tombaient. Y a pas le temps, pas le temps de les ramasser, vite il faut se relever. Il faut y aller, quoi qu’il arrive. Et courir, attraper les bourses, et s’enfuir. Faut courir pour vivre, pour manger, pour pas se faire attraper, pour pas tomber.

Y avait que les rats pour venir les voir et y avait que leurs bras pour se réchauffer. Y avait que l’amitié pour connaitre l’amour, et après c’était tout. Enfin c’est-ce qu’ils croyaient.

Y avait ces gens qu’il aimait bien. Chiche c’était le chef. C’était lui qui commandait même si parfois il faisait des choses bêtes. Y avait Titi qui faisait le duo avec qui voulait, et avec Miraud être collègues ça leur allait. Y en avait pleins, des p’tits, des grands, des marrants, des pas très intelligents. Ils ont pas eu le choix mais s’aimaient quand même.

Même si y avait des exclus, comme Niquedouille le grand Nigaud qui savait jamais c’qu’il f’sait. Bon à rien mais c’est pas tout parc’que sur sa peau y avait de drôles de taches qui foutaient les j’tons. Y avait que Miraud pour pas voir et ne pas être embêté par le toucher.

Y avait des gens, autre que la bande. Comme Chipie la petite de la maison des prostitués. Métier que Miraud a jamais capté. Elle était agaçante mais ça faisait toujours quelqu’un de plus à qui parler. Y avait l’autre, Le mouflard, qu’ils aimaient pas. Fils de boulanger, avec son ros ventre, il faisait le fier. Et le Grigou, le pire de tous! Vil vieillard qui leur chipait des sous.

Mais dans la bande, il y avait une catastrophe. Une fille, la seule. La Prude. Une blonde aussi coquette qu’elle l’eut pu. Elle marchait joliment mais pieds nus. Et tous les frères regardaient la sœur, sauf Miraud qui voit que dalle, et Niquedouille parce qu’il parait qu’il est trop bête. Mais la chose blonde un jour a disparue. Et dans la famille une dispute. Et Miraud n’en pouvait plus. Suivit du Nigaud il est parti.

Et pis après ça, dans sa vie à Miraud, d’autres gens sont arrivés.

(Eden) C’était une blonde qui marchait dans la rue. Assez petite. Était-ce elle? Était-ce Prude? Miraud l’a suivit pour s’en assurer. Bien sur il n’y voyait pas grand-chose, mais la forme ne se déplaçait pas comme une gamine des rues alors même que ses vêtements étaient sombres et qu’elle portait des choses avec elle. Une lady ne porte jamais rien, quelqu’un porte toujours pour elle. Prude était une enfant des rues mais elle aimait imiter les ladys élégantes. Miraud était alors sur que c’était elle. Elle qui avait disparue et brisée le groupe. Il était en colère contre elle depuis, avait préféré la savoir morte, alors la voir là… Sans réfléchir il a couru vers elle et lui a tiré les cheveux. Les cheveux de Prude, il les détestent. Seulement il s’est avéré que ce n’était pas Prude. La voix était différente. Paniqué, Miraud s’est enfuit, sans rien dire. Depuis il la revoit de temps en temps au marché. Il avait essayé de se cacher mais elle l’avait reconnu. Ça c’était fait bizarrement, mais voilà qu’ils se parlaient de temps en temps.

(Theophil) Il arrive tout de même assez souvent à Miraud de se faire choper la main dans le sac. Il voit rarement les gardes arriver, et en pleines rues les bruits de pas sont trop nombreux pour savoir que c’est vous que l’on pourchasse. Il y en a pleins des gardes, et certains sont vraiment durs. Mais quand Miraud se fait attraper par le col il sait déjà que ça ne va pas trop mal se finir. Il y a cet homme qui doit avoir l’habitude de fumer qui le réprimande un peu, mais sa voix n’est jamais très fâché. Sa voix, il en a prit l’habitude, et sait la reconnaitre. Généralement celui là le laisse partir au bout d’un moment. Mais des fois Miraud essaye de s’enfuir, tout de suite, et engage une course poursuite. Il connait le bruit de ses bottes qui lui courent après. Ce garde là n’est pas une menace et le gamin a fini par vaguement l’apprécier. Pour tout dire, les courses il les commencent parfois exprès pour l’entendre courir derrière lui et quand il n’y a plus un son il sait qu’il a abandonné et doit être essoufflé. C’est comme une petite victoire. Comme un jeu.

Scarlett » Par habitude, Miraud continuait de trainer dans les rues des prostituées. Il cherchait juste à parler avec quelqu’un mais ces femmes le repoussait toujours parce qu’il n’a pas de sous et est sale. C’est au cabaret qu’il remarqua Scarlett. Habillée toute en rouge. Immanquable. Et puis elle avait une voix forte aussi, avec une drôle d’intonation. Bizarrement c’est elle qui est venu lui parler. Bon, elle lui a d’abord dit de partir, puis finalement lui a dit d’attendre et lui a donné à manger. Il s’attendait pas à ça. Mais quitte à se faire nourrir, il y retourna. Elle lui cri dessus mais elle est là. Elle est méchante mais elle est gentille. Miraud est un peu le seul à comprendre cette phrase. Il l’aime pas Scarlett parce qu‘elle est méchante, mais il l’aime bien parce qu‘elle est gentille. Elle lui donne du pain, lui cri dessus, lui donne des conseils, et le critique. Méchante mais gentille, oui. Il le sait pas, mais ce qu’il y a là, c’est un peu de l’affection, en fait.

(Izaiah) Une ombre dans la nuit. Tellement sombre qu’il en devient invisible. Invisible, oui, mais pas sans passer inaperçu. Il a quelque chose en lui, de particulièrement désagréable. La première fois que Miraud est passé à coté de lui il en a eu un frisson. Ce type là dégage de l’hostilité, palpable. Qui semble s’accroitre quand Miraud s’approche. Ce qui fait que le myope reconnait sa présence. Ce n’est que ça, une présence. Aucune forme, aucun son, et Miraud se dépêche d’avancer. Quoi que cette chose soit, Miraud ne l’aime pas. Et ça semble réciproque.

(Eulalie) Quelque chose comme un monstre. Miraud n’a jamais rencontré plus effrayant de toute sa vie. Elle vient là, sans raison, avec sa voix stridente et Miraud essaye de s’enfuir mais voilà qu’elle l’attrape. La première fois il a bien cru qu’il allait mourir. Surtout qu’elle la plongé dans une sorte de chose à l’intérieur mouillé. Elle faisait cela seulement pour le débarrasser de sa crasse, mais Miraud jeté sans aucune explication paniqua, s’était débattu. Surement l’avait-il griffé. Heureusement ce calvaire arriva à une fin, Miraud s’étonnant d’en être sorti vivant. En s’enfuyant il n’hésita pas à piquer ce qu’il trouvait, estimant qu’il en avait bien le droit après ce qu’il venait de subir. Il ne fallu pas beaucoup de temps avant que le manège ne recommence. Cette fille, vraiment, lui fait peur. Mais il accepte la torture vu que de suite après il a droit à une récompense.

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