Le soleil se mourrait derrière l'horizon, ses flammes rougeoyantes lentement étouffées par les sombres nuages qui annonçaient la venue imminente de la nuit. Alors que dans un dernier souffle, la lumière orangée du soleil illuminait l'horizon, une brise souffla. Celle-ci secoua les arbres, fit frissonner les fleurs du jardin qui refermèrent leurs pétales pour la nuit et éveilla le monde nocturne qui attendait la noirceur pour reprendre vie. À cet instant précis, deux mondes totalement différents s'opposaient l'un à l'autre dans le ciel sans qu'il n'y ait de conflits. Les massifs de fleurs colorées étaient parcourus par de petites allées de pierres qui se rejoignaient parfois autour d'une fontaine dont le glouglou incessant hantait l'air ambiant. Un silhouette tout en finesse et en grâce s'avançait dans l'une d'elle. Sa chevelure aux filaments d'or lâchement retenue dans une longue tresse oscillait sous la brise. Celle-ci était chaude et apaisante, une nuit sans nuage ni orage s'annonçait. Une nuit parfaite pour une balade rêveuse au clair de lune. De son côté, la reine de la nuit avait revêtu son manteau blanc dont les reflets argentés illuminaient le ciel.

L'âme solitaire qui rôdait dans le jardin semblait s'arrêter à tout les deux pas pour observer les fleurs sur lesquelles se posait son regard. Tulipes, roses, lilas, orchidées, des fleurs toutes plus magnifiques et éclatantes les unes que les autres se succédaient. Devant un bosquet de roses, la silhouette s'arrêta. Son délicat visage s'orienta vers le sol puis elle s'accroupit lentement pour ramasser quelques choses. Une rose. Une malheureuse fleur qui avait été arrachée à ses sœurs. Sa tige cassée et ses pétales fanées donnaient l'impression d'un vieillissement prématuré. Quel gâchis.

La demoiselle se redressa et se dirigea lentement, d'un pas discret vers une fontaine non loin de là. Ses yeux mordorés erraient sans vraiment capter quelques paysages que se soit. L'esprit d'Evelyne vagabondait sur une autre planète ou peut-être dans les cieux aux côtés de la lune et des étoiles. Son visage délicat n'exprimait rien d'autre qu'une profonde douleur, une douleur si intense qu'elle ne parvenait plus à la contenir. Prenant place sur le rebord de la dites fontaine, la jolie châtaine entreprit de retirer les pétales de la rose une à une. Sans vraiment porter attention à ce qu'elle fesait, Evelyne jeta les pétales une à une dans la fontaine. Chaque fois que l'une d'elle quittait ses doigts, la jeune femme semblait souffrir de cette séparation. On aurait dit que la fleur valait bien plus à ses yeux qu'une simple rose, comme si un souvenir y était rattaché. Une fois la fleur dépouillée de ses couleurs, le silence se fit. Elle restait immobile et fixait l'eau qui enveloppait lentement les pétales rouges pour les couler au fond... Un bruissement quasi imperceptible se fit entendre. Evelyne se tendit comme une corde d'arc et parcourut les alentours des yeux. L'idée qu'une personne puise se balader dans le coin ne lui plaisait guère....

-Il y a quelqu'un? murmura Evelyne plus pour elle-même que pour un éventuel visiteur.

-J'ai du halluciner, s'est à croire que je deviens folle, maugréa-t-elle finalement.

De nouveau plongée dans ses pensées, elle reprit la comtemplation de l'eau de la fontaine. Evelyne observait son reflet dans le liquide transparent comme s'il s'était s'agit d'une inconnue. On aurait dit qu'elle ne se reconnaissait plus....

Yeux closes, Evelyne fit le vide dans son esprit et huma l'air du jardin. Les odeurs étaient nombreuses et emmêlées, résultant en un amalgame doucereux qui ne plaisait qu'à ceux qui savait apprécier l'essence des fleurs. Elle parvenait sans peine à identifier chaque fleur ou plante que le jardin abritait. Ici, elle se sentait un peu comme dans une deuxième maison. L'ambiance l'apaisait tout comme lorsqu'elle se trouvait dans sa petite boutique. Chaque fois qu'elle devait quitter son magasin, Evelyne se promettait de passer par les jardins pour se remonter le moral. Elle n'appréciait pas du tout les contacts avec les inconnus, l'étiquette ne l'intéressait pas et sa vie de solitude lui allait très bien. La demoiselle ne souhaitait plus s'attacher à personne, car perdre les êtres qui lui étaient chers fût, autrefois, beaucoup trop douloureux. Une larme qui contenait toute la peine accumulée perla au coin de son œil droit et se fraya un chemin sur sa joue... C'est à cet instant qu'une voix inconnue se fit entendre. Surprise dans un moment de vulnérabilité, Evelyne se mit sur ses pieds en quelques secondes et fit volteface. Devant elle se tenait un jeune homme qui lui servit ce qui semblait être un sourire charmeur.

Le visiteur ne semblait pas lui vouloir de mal et ne présentait rien de menaçant. Pourtant, tendue comme une corde d'arc, Evelyne essuya rapidement la larme qui continuait de cascader sur sa joue et jeta un regard furibond à celui qui venait de la surprendre. Son regard mordoré jetait des éclairs. Cette fureur soudaine pouvait être mal comprise par quelqu'un qui ne la connaissait pas. Ce n'était pas une haine dirigée vers l'homme qui venait d'apparaître, mais l'orgueil d'Evelyne qui se manifestait. Elle évitait de montrer ses faiblesses et de se faire surprendre dans des moments de vulnérabilité. L'étiquette n'étant pas son fort et se sentant idiote de se fâchée pour un rien, la belle demoiselle fit une tentative pour tout simplement... disparaître ! Reculant, elle s'empêtra dans ses vêtements et fini par s'allonger de tout son long sur le dos dans l'herbe.

La colère fit place à la surprise dans ses prunelles et celles-ci s'écarquillèrent quelques instants. Evelyne jeta un regard à l'inconnu et se redressa légèrement. Ne sachant trop bien comment réagir, elle garda le silence quelques secondes. Le ridicule de la situation la frappa, un sourire étira les lèvres charnues de la belle châtaine et elle fini par éclater de rire. Un rire léger, longtemps retenu derrière un masque de solitude.

-Pardonnez-moi.... Et bien, j'étais venue profiter de la nuit chaude. Je voulais admirer ces jardins, je les trouve magnifiques. M'observiez-vous depuis longtemps?

Les gants blancs et l'étiquette n'étaient pas le fort d'Evelyne, sans détour elle disait à haute voix ce qui la tracassait. Son franc parlé était l'une des raisons qui rendait les relations interpersonnelles bien compliquées pour elle.

-Et vous, que faisiez-vous dans ces jardins à cette heure? Vous surprenez souvent les demoiselles ainsi?

Evelyne dont l'odorat surdéveloppé lui rendait bien des services captait l'odeur des étoffes émanant de l'homme devant elle. Cette odeur lui était familière. Oui... n'était-ce pas la même qui émanait d'un des commerces tout près de sa petite boutique? Peut-être était-ce pour cette raison que son visage lui était familier?

-Excusez-moi pour cet accueil si peu chaleureux, je n'ai pas l'habitude de voir d'autres personnes autre part que dans ma boutique....

Toujours assise sur le sol, Evelyne riait encore lorsque l'étranger répondit à sa question. La réponse n'était pas du tout ce à quoi elle s'attendait et mal à l'aise, elle cessa de rire pour soudainement fixer son regard sur la rose décapitée qui gisait à ses côtés. Que voulait-il dire? Il désirait apprendre à la connaître? Pas de commentaires sur sa maladresse ni sur son manque de politesse comme les gens le faisaient normalement? La demoiselle alors que ces questions l'assaillaient, se sentie observée et détaillées des pieds à la tête d'un œil d'expert. Certes, l'inconnu se faisait flatteur mais Evelyne n'avait pas l'habitude de ces compliments mondains, bien rarement dit avec sincérité. Les compliments honnêtes étaient bien rares de nos jours, tous étaient fait dans le but d'obtenir quelque chose ou de paraître être quelqu'un d'autre. La belle châtaine se faisait méfiante face à ces beaux mots facilement lancés. Dans une tentative de fuir toute l'attention que lui portait l'homme, elle examina sa tenue. Quoi que charmante avec ses allures un peu vite fait, des aiguilles la parcourait par-ci par-là, planter sans but apparent. Était-ce voulu? Elle espérait que non, car s'était très étrange. Quoi que la mode d'aujourd'hui la laissait bien perplexe... Evelyne ne s'était jamais intéressée à celle-ci, elle trouvait toute cette histoire superficielle et au combien douloureuse pour l'égo des gens sans moyen de la suivre. Pourtant, les tailleurs faisaient fortune avec leurs créations parfois si extravagantes qu'elles blessaient les yeux. Le goût de la belle fleuriste pour la nature et sa simple beauté contrastait beaucoup avec les modes fastueuses de la société d'aujourd'hui. Un mouvement de la part de son nouvel interlocuteur tira Evelyne de ses contemplations. Voyant l'homme parcourir ses lèvres avec l'aiguille, la demoiselle haussa un sourcil et le dévisagea de ses yeux mordorés. Que croyait-il réussir à faire avec cette expression?

-Vos journées sont éreintantes? Votre travail demande beaucoup de temps on dirait.

Evelyne hésita à continuer, se demandant si elle devait répondre à la question remplies de sous-entendus qui venait de lui être posée. Une curiosité mal placée ou un simple désir d'alimenter la conversation?

-Et non, je n'ai pas l'habitude d'être dérangée durant mes balades. Les gens n'ont pas très envie d'approcher une inconnue normalement. De toute manière, les relations interpersonnelles n'ont jamais été mon fort, je trouve la plupart du temps les gens ridicules. Et vous, est-il dans vos habitudes d'approcher n'importe quelle inconnue dont la compagnie pourrait faire paraître le temps moins long?

Ah la méfiance! Un bien vilain défaut qui avait grandit chez la jolie demoiselle durant de longues années. Seule, toujours rebutée par les autres, elle avait prit l'habitude de se tenir à l'écart. Le monde était cruel et sans pitié, Evelyne en avait fait les frais. De ses erreurs et expériences, elle avait tiré de douloureuses leçons qu'elle prenait soin d'appliquée chaque jour. L'étranger vint prendre place dans l'herbe grasse et fraîche à ses côtés. Il garda une distance respectueuse, mais peu acclimatée à une quelconque proximité humaine, la fleuriste se tortilla un peu sur place ne sachant comme réagir. Assise, elle joignit ses mains blessées et coupées par les dures épines de ses fleurs et les fixa quelques secondes. Evan Amos. Ainsi ce nommait l'inconnu à ses côtés. Il semblait si calme et en contrôle, cette conversation superficielle ne semblant pas l'incommodée autant qu'Evelyne. Certes, la compagnie d'une personne lui manquait ainsi que le plaisir de converser, mais tout cela lui semblait si faux...

-Je suis Evelyne, fleuriste. Enchantée de vous rencontrer. Effectivement, nos deux commerces sont situés sur la même rue.

Se disant, la demoiselle se tourna vers son interlocuteur et planta son regard doré dans le sien. Evelyne avait bien des défauts, mais sa franchise et sa simplicité étaient deux choses rarement rencontrés à cette époque. Bien souvent, ces caractéristiques étaient appréciées des rares personnes qu'elle rencontrait. Elle esquissa un petit sourire en ce présentant, question de ne pas avoir l'air trop impolie, mais son visage se referma aussi tôt. Détournant la tête, elle repéra un autre bosquet de roses rouges si près qu'elle pu en attraper une délicatement. D'une main d'experte, elle la détacha sans trop abîmée la tige et la fleur. Une épine piqua son index et une goute de liquide vermeille perla sur son doigt.

-Vous voyez maintenant pourquoi mes mains sont si abimées, dit-elle avant de contempler la rose. Je comprends mieux ces fleurs que je ne comprends les gens. Tout est si simple. Vous leur donner de votre attention, elles vous la redonne en fleurissant. Avec une femme ou un homme, vous donnez sans limite, et jamais vous ne recevrez quoi que se soit de bon. Ensuite, certains me reproche de préférer la tranquillité de ma boutique aux problèmes de la mondainité.

Evelyne conserva un moment de silence avant d'observer Evan.

-N'êtes-vous pas déçu de vous retrouvez en compagnie d'une sauvage qui préfère les fleurs aux humains Evan?

La méfiance d'Evelyne était un bien vilain défaut qui lui causait souvent des soucis. C'était aussi la raison première de ses difficultés interpersonnelles... Un cœur qui a trop souffert en vient à refuser complètement toute nouvelle souffrance même si cela implique de couper tout liens d'affection avec qui que se soit. La demoiselle n'était pas prête à attendre des heures, voir même des jours, quelqu'un qui ne viendrait jamais la chercher. Malheureusement, personne n'évitait ce vilain défaut et même Evan en faisait en ce moment les frais. Ce manque de confiance ne lui était pas tout particulièrement destiné, s'était simplement dans la manière d'être de la jeune femme. Peu avait prit le temps de franchir cette première impression pour voir ce qui se cachait dessous... Evelyne elle-même peinait à ce souvenir de la dernière personne avec qui elle s'était ouverte depuis que sa vieille protectrice était morte. Maintenant, s'était Evan qui semblait blessé par le manque de confiance de la demoiselle en son honnêteté. Elle n'y pouvait rien, ce n'était pas personnel.

Son interlocuteur semblait, tout comme elle, ne vivre que pour son art. Oui, car Evelyne se rappelait maintenant que le but de ces quelques visites avait toujours été une commande pour de quelconque clients fortunés. Demoiselle bien curieuse, elle se dit qu'elle aurait aimé voir le résultat d'un travail inspiré de ses fleurs tant aimée. Les tenues une fois terminée devaient être jolies. La fleuriste se promit de passer devant la boutique du couturier pour jeter un petit coup d’œil. Toujours assise dans l'herbe grasse, Evelyne laissait courir ses doigts entre les brins d'herbe, en arrachait parfois un pour le tortiller autour de son doigt. Certes, elle écoutait les réponses du jeune homme à ses côtés, mais un moment de silence lui suffit pour de nouveau sombrer dans ses rêveries. Son regard mordoré se perdit dans le firmament et elle entreprit comme à son habitude d'entortiller une mèche de cheveux autour de son index. Sa rêverie fut écourtée par un changement physionomiques chez Evan. La demoiselle détourna la tête pour fixer l'homme et tomba sur un regard brillant et énigmatique. Qu'est-ce que cela voulait dire? Un peu surprise de cette fougue soudaine qui habitait ces prunelles, Evelyne détourna un bref moment les yeux.

Comme ça, Evan trouvait sa comparaison des hommes et des fleurs un peu choquante. Il n'était pas le premier. Un petit sourire sarcastique s'installa sur les lèvres charnues d'Evelyne lorsqu'il répliqua.

-Alors je n'ai certainement pas rencontrer ces hommes en question. J'aimerais bien croire que de bonnes personnes existe mais dans ce royaume, c'est une chose difficile à prouver. Peut-être suis-je trop négative?

Au souvenir des clients ingrats qui ravageaient son magasin, des égoïstes qui n'avaient jamais voulus l'aider, elle, petite fille, à trouver un médecin, une douleur vive pinça son cœur. Tant de rancœur dans un si jeune cœur. Le regard brillant de la belle châtaine se durcit un peu et sa mâchoire se crispa l'instant d'une seconde. Imperceptible changement, son cœur eut pourtant le temps de souffrir. Evan de son côté semblait adorer les doubles-sens et de son côté, son interlocutrice était complètement nulle pour les deviner. La question du jeune homme tira complètement Evelyne de ses mauvais souvenirs et eut même l'honneur de la faire sourire. Il était si rare qu'un sourire illumine son visage délicat et pourtant, cette conversation avait déjà fait plusieurs miracles en matière de sourire.

-Vous entêté? Je ne vous trouve pas encore entêté mon cher Evan, peut-être un peu curieux, mais la curiosité n'est pas une mauvaise chose. Il m'est rarement donné de discuter avec autre chose que mes fleurs, donc votre venue, quoi que surprenante, est la bienvenue.

Son regard doré se posa sur les mains d'Evan.

-Ce dû être très douloureux, murmura la jeune femme en fixant la main droite gravement blessée.

Ses mains délicates et fines effleurèrent sans retenue la peau blessée. Indiscrétion? Quel était ce mot qui ne faisait pas parti du vocabulaire de la fleuriste?

-Si ce n'est pas trop difficile pour vous, puis-je savoir comment vous vous êtes blessé? Je ne savais pas que le travail de couturier pouvait être si dangereux...

Spoiler:

Savoir qui était en face de nous. Une chose bien difficile à faire dans ce monde où les apparences n'étaient que tromperie. Les gens jouaient pratiquement tout le temps un double jeu, leurs véritables intentions n'étaient jamais révélés. Après cela, pouvait-on reprocher à Evelyne sa grande méfiance face à la société en générale? Evan ne semblait pourtant pas trop cachottier ou menteur, mais ces fameuses répliques à double-sens que seul lui comprenait inquiétaient légèrement la demoiselle. Que voulait-il lui faire comprendre? Ce sentiment que certaines informations lui échappa dérangeait un peu la fleuriste même si son interlocuteur répondait volontiers à toutes ses questions. Avec un petit rire découragé, elle accueillit la réponse d'Evan.

-Il est compréhensible de manquer d'enthousiasme dans vos recherches mon cher si la perle rare est particulièrement bien cacher. Je crois que vous n'êtes pas le seul à réfléchir ainsi!

Le couturier semblait soudainement absorbé par ses pensées et s'est plus pour elle-même que la fleuriste parla. Son visage parut torturé le moment de quelques secondes, ces rêveries ne semblaient pas très agréable. Evelyne ne lui tint pas rigueur de ne pas l'écouter, car elle était elle-même bien souvenir envolé dans ses pensées. La réplique de la jolie demoiselle ainsi que son sourire semblait redonner vie à Evan et il lui répondit gentiment à son tour. Malgré cela, son visage illuminé disparu bien vite pour laisser place à une expression peinée. Evelyne caressait toujours la main du couturier lorsqu'elle réalisa son manque de tact. Peut-être était-ce un souvenir trop douloureux et personnel dans lequel elle venait de lui demander de replonger... Délaissant la main blessée, la demoiselle se tassa un peu sur elle-même avec un air désolé. Evan semblait si triste lorsqu'il lui expliqua qu'il ne s'agissait pas d'une blessure récoltée de son travail. Attentive, Evelyne écouta sa triste histoire et se sentie désolée pour lui. Elle de son côté, avait été encouragée à suivre ses passions... La jeune femme n'arrivait pas à comprendre comment les parents d'Evan avait voulu le détourner de ce qui lui insufflait le goût de vivre.

Evan posa sa main sur son cœur et le désigna comme l'endroit qui avait le plus souffert. Son interlocutrice n'eut pas de difficultés à ressentir ce pincement déchirant en imaginant toutes ses fleurs brûlées.

-Désolé de m'être montrée si curieuse, je ne voulais pas vous rappeler de durs souvenirs... Je ne peux pas vous affirmez que je comprends votre douleur, car je n'ai jamais vécue une telle situation, mais j'arrive facilement à imaginer ce que cela à pu être.

Le tour qu'avait prit la conversation n'était pas celui qu'Evelyne aurait voulu lui donner. Dans une tentative pour la rendre plus légère, la demoiselle changea de sujet.

-Y-a-t'il longtemps que votre boutique est ouverte? Je suis passée quelques fois devant et vous semblez avoir beaucoup de travail. Vous devez être très talentueux pour être si populaire!

Evelyne lui jeta un regard et un léger sourire pour tenter de lui changer les idées. Elle n'aimait pas se rappeler son passé et jugeait qu'Evan n'aimait pas plus cela. Ces yeux mordorés se fixèrent sur la fontaine tout près et elle se mit sur ses pieds. La fleuriste reprit sa place sur le rebord de la fontaine où elle se trouvait lorsqu’Evan était apparut. Elle laissa ses doigts glisser dans l'eau fraîche où les pétales de roses flottaient encore en surface.