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 A silly situation { PV Eulalie ♥

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Theophil

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Theophil
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MessageSujet: A silly situation { PV Eulalie ♥   A silly situation { PV Eulalie ♥ EmptyDim 31 Jan - 22:18

    Theophil jeta un œil maussade sur la vitre. Dehors, la pluie tombait drue.

    Les gouttes d'eau s'abattaient, cinglantes, sur les carreaux de la petite fenêtre; et si le martèlement régulier de l'eau avait bercé la chambrée complète durant la nuit, il avait également dérobé le sommeil au jeune homme. L'inconvénient dans un dortoir collectif - autre que les blagues salaces lancées par les poivrots de l'armé jusqu'à tard le soir - était de ne pouvoir choisir son lit soi-même. Theophil, bien que son grade de chef de troupe lui permettait certains avantages, était une des jeunes recrues arrivées au cours des dernier mois. Évitant toute tentative de bizutage par de simples regards perçants, et s'appropriant ensuite le respect d'une partie de la Garde en gravissant les échelons et se faisant nommer Lieutenant, le garçon s'était rendue compte que la réalité était toute autre en dehors du boulot. Dans le dortoir, c'était la loi du premier arrivé, premier servi. Theophil n'avait eu d'autre choix que la place du fond, sous la fenêtre au verre tremblant et fragile - celle qui donnait sur la cour principale et laissait passer tous les bruits extérieur, celle qui, comble du bonheur, fuyait pour un oui ou pour un non.

    Il se leva lentement, rabattit les couvertures au passage. Le mur à ses côtés était humide, sur la vitre la pluie continuait de dessiner des sillons grisâtres. Les soldats de sa troupe, une dizaine de colosses moribonds se trainant difficilement au travers de la pièce, étaient déjà en train de se préparer. Theophil se dirigea vers la bassine reposant sur la table, plus loin, et tenta de sortir de ce sommeil inachevé en s'aspergeant le visage d'eau froide. Tandis qu'il essuyait la flotte dégoulinant sur son visage, il ignora avec lassitude les ricanements familiers « He, Theo, on te fait mouiller! ». Bouffonneries vulgaires et irrespectueuses de son statut supérieur auxquelles il était fréquemment soumis, mais qu'il avait pris l'habitude d'ignorer plutôt que de faire taire. Sans doute comprenait-il que la plupart de ses hommes de main étaient simplement des hommes en manque d' "affection".
    Il lassait ses bottes en silence quand un jeune garçon, le plus gracile du groupe, mais non moins le plus inoffensif, l'interpela:

    - Alors Theo, bien dormi j'espère? Parce que ce matin, j'te rappelle que c'est entrainement pour les bataillons trois, sept, et neuf.

    Tiens, le bataillon numéro sept était celui, lui semblait-il, du garde sadique qui l'avait initié au métier lors de son arrivé. Un type bien, dommage pour lui de devoir aller s'entrainer par ce temps.

    Silence. Theophil réalisa avec horreur qu'il était lui-même Sergent de la troupe numéro neuf.

    Il tourna vivement la tête en direction de la fenêtre, pour vérifier qu'il pleuvait bien toujours autant. Il imagina sans peine la pluie s'infiltrant dans ses vêtements, le froid l'engourdissant et la boue l'éclaboussant chaque fois qu'il serait obligé de se jeter à terre pour éviter les faux tirs. Il balada son regard sur les autres hommes du dortoir, soudain abattu. Non, sérieusement, on a beau aimer son métier, faut pas pousser. Rien n'empêche d'être prit parfois d'une paresse monstre et de n'avoir plus qu'une envie: aller se recoucher.
    Une expression dégoutée à présent peinte sur son visage, Theophil n'amorça aucun mouvement pour finir de se préparer. Autour de lui, les hommes a ses ordres avaient fini de se vêtir et l'attendaient en se défiant les uns les autres, se frappant gentiment l'épaule.
    Soudainement, une idée lui vint à l'esprit.
    Comme à son habitude, il ne prit pas le temps de réfléchir aux conséquences éventuelles - à force de penser on finit par ne plus agir, se disait-il souvent. Il enfila sa veste et, sans un mot pour ses soldats, il quitta le dortoir.

    Il ne se souciait même pas d'inquiéter ses hommes, ou même de pénaliser son bataillon. Une cigarette se consumait lentement au coin de ses lèvres.
    La fumé embaumait la pièce étroite, masquait l'odeur fraiche des draps soigneusement pliés.
    Certes, les placards de la Blanchisserie n'avaient pour fonction classique que le rangement des linges, mais Theophil leur avait trouvé une toute autre utilité. Caché comme il l'était, il serait tranquille pendant un bon moment.

    Enfin, c'était ce qu'il pensait, insouciant et irréfléchi qu'il était - jusqu'à ce que la porte s'ouvre pour révéler son visage ébahi à la personne qui venait de le surprendre.

    Il venait de se faire pincer en beauté.

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Eulalie

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MessageSujet: Re: A silly situation { PV Eulalie ♥   A silly situation { PV Eulalie ♥ EmptyVen 19 Fév - 0:14

    Eulalie vit avec horreur le sol se rapprocher dangereusement à mesure qu'elle basculait en avant, les pieds emberlificotés dans les bas qu'elle tentait en vain d'enfiler. Elle aurait du savoir que ce n'était pas une bonne idée de s'habiller tout en gardant son regard fixé sur l'horloge. Elle aurait du, mais elle avait pensé qu'en cas d'extrême urgence, il lui fallait dépasser ses limites, bien que celles-ci ne soient pas forcement très éloignées de ses capacités ordinaires. Voire au même niveau. Toujours est-il qu'elle heurta le parquet avec un bruit sourd qui se répercuta dans son crane avec la violence d'un mini-typhon. Lâchant d'une main le tissu qui pendait sur ses jambes, elle se massa la tête en poussant un gémissement de douleur. Puis elle s'assit, remontant sa robe sur ses cuisses pour mettre les bas récalcitrants. Elle jeta un coup d'œil à l'heure. Elle était déjà en retard d'une demi-heure. Comme la journée précédente. Plus les autres jours d'avant. Et si elle continuait elle allait vraiment finir par se faire renvoyer. Paniquée, elle se remit debout, glissa, s'accrocha à la poignée de la porte qui s'ouvrit toute grande, découvrant devant elle deux femme qui parcouraient le couloir en caquetant, s'arrêtant pour regarder avec des yeux ronds et réprobateurs cette jeune fille aux cheveux châtains qui se présentait à elles à moitié dévêtue. Rougissant, Eulalie bredouilla des excuses qu'elle n'écoutèrent pas, et leur claqua la porte au nez, s'appuyant derrière le panneau de bois en soufflant. Cinq minutes de plus étaient passées. Seigneur. Courant à l'autre bout de la chambre exiguë, elle rajusta son décolleté, enfila un collier de pacotille et tenta de remettre sa chevelure en place pendant qu'elle mettait ses chaussures. Tache qui ne se révélait déjà pas aisée pour le commun des mortels, et qui ne sourit pas plus à la douce enfant. La mort dans l'âme, elle dut se résoudre à ne pas coiffer ses cheveux comme à son habitude, et les fourra sous son bonnet, plus ou moins emmêlés, et plus ou moins présentables. Il ne restait plus qu'à espérer qu'elle n'aurait pas à faire le service auprès d'un Lord ou d'une Lady exigeants, sinon elle n'aurait plus qu'à dire adieu à sa place, à ce qu'il restait de sa réputation et à la chance de revoir Candice. Se précipitant vers la porte, elle trébucha sur un de ses lacets qu'elle avait mal attachés, décida de les ignorer et se rua dehors.

    Sous le porche minuscule qui encadrait l'entrée de la maison, elle dut s'arrêter quelques secondes pour agrafer son manteau, fixant d'un air pensif la pluie qui tombait drue. Elle serra les lèvres, fronça les sourcils et mordilla son pouce hésitante. Sous une telle averse, nul doute qu'elle ne ressemblerait à rien en arrivant et se ferait réprimander par les domestiques supérieurs. Rien que d'y penser elle en avait des frissons. Cependant, si elle restait ici sans se rendre à son travail, c'était son existence qui se faisait la malle. Elle fixa l'épais rideau d'eau qui continuait de se déverser sur la terre, se répercutant avec un bruit aigu de cascade sur les dallages de la rue. Reprenant sa respiration, elle remonta ses jupes jusqu'au genoux pour tenter d'éviter que la boue ne s'incruste dans ses jupons, prit son élan et courut jusqu'au château en adressant une prière silencieuse à son Dieu personnel. La pluie dégoulinait dans son cou, sa chevelure collait à son visage, ses mèches faisaient leur chemin dans sa bouche, les flaques claquaient sur ses chevilles. Le tissu s'imprégnait du jus de la route, alourdissant sa démarche et gênant sa course. Autour d'elle, derrière les briques et les fenêtres, elle apercevait du coin de l'œil les gentlemen et leurs femmes au chaud dans leurs salons, auprès d'une lampe qui écartait les ténèbres causées par le mauvais temps. Portant ses mains en visière, elle aperçut enfin la porte de service et s'y engouffra, heureuse d'être à nouveau au sec malgré ses vêtements trempés. Elle les essora tant bien que mal, laissant à ses pieds une mare d'averse sur laquelle elle marcha avec précaution avec l'espérance de ne pas glisser. Heureuse de son attention, elle réussit son entreprise en se contentant de glisser légèrement de son pied gauche, et arriva sans mal du coté où elle était à l'abri du danger. Continuant sa folle progression, elle déboucha dans la salle du personnel, essoufflée. Elle était vide. Les autres étaient partis depuis longtemps se charger de leurs taches respectives, laissant la pièce inoccupée. Eulalie s'approcha de la cheminée et s'efforça de se réchauffer, ou au moins de faire sécher un minimum sa robe, qui affichait à cet instant une piètre figure. Elle se dandina, exposant les différentes parties de son corps au feu, paumes tournées vers la chaleureuse lumière qui s'en dégageait. Elle s'interrogeait. Devait-elle partir à la recherche d'un majordome qui serait apte à lui donner ses taches de la journée? Ou devait-elle plutôt errer au hasard en espérant qu'un travail se présenterait à elle? Il fallait aussi qu'elle trouve quelqu'un pour faire acte de présence, ou on croirait qu'elle avait fait passer son travail à la trappe... Si elle avait un poste dans une famille plus réduite, sa vie en serait facilitée, mais elle aimait trop ses princes et sa princesse pour envisager partir du château. Ils étaient l'âme de ce pays, et elle était heureuse de leur être utile, ne serait-ce qu'un son humble échelle. Elle serra le poing, l'amenant devant son visage, l'air convaincu. Oui, elle se devait de les soutenir, eux qui étaient les garants de cette ville. Elle sursauta lorsque la porte de la salle s'ouvrit brusquement dans son dos.


    « Eulalie! C'est maintenant que tu arrives? Dépêche-toi d'aller travailler, espèce de fainéante! »

    Elle soupira de soulagement en reconnaissant la figure hargneuse de la domestique qui la gérait, et elle se retrouva vite à son coté, les mains jointes, dans une expression d'adoration suprême. Sa sauveuse, était là, prête à lui donner les activités de sa journée.

    Quelques minutes plus tard, Eulalie marchait sereinement sur le chemin de la blanchisserie, des draps propres enrobés d'une nappe coincés entre ses bras potelés. Elle avait reçu l'ordre de ramener la literie propre, et de prendre ce qui lui serait nécessaire pour aller faire les lits du deuxième étage. Elle marchait en sifflotant, heureuse d'être utile. Elle aimait l'odeur de cette pièce où se mêlaient savon, propreté et parfum des servantes qui venaient y prendre des couvertures. Elle aimait sa sérénité et sa propreté, loin du boucan qui régnait dans le reste de la bâtisse -et auquel elle participait grandement de ses cris et de ses chutes. Indirectement, elle lui rappelait le silence de son petit frère Rosiel, aussi taciturne et réservé qu'elle était joyeuse et expansive. Il était blanc, elle était colorée. Il était immobile, elle était le mouvement. Ils s'opposaient en tous points, et Eulalie avait l'impression de retrouver dans cette pièce ce paradoxe entre elle et son frère, bien qu'elle ne mette aucun mot dessus. C'était plus un sentiment diffus qui s'imprégnait dans son esprit, dans son corps. Elle n'y avait jamais vraiment pensé, elle le ressentait. C'était un instinct sur lequel elle ne s'attardait pas. C'était juste une pensée enfouie sous sa conscience, un arrière-goût dans sa bouche. Arrivée à destination, elle tourna la poignée de la salle qui grinça indiciblement pendant qu'elle se faufilait à l'intérieur, la pile de draps en équilibre sur ses avant-bras. Fière d'avoir presque mené à bien sa mission, elle fit un tour sur elle-même à la manière d'une danseuse (la grâce et l'élégance en moins), la pile à bout de bras, et perdit l'équilibre. Dans sa joie, elle avait oublié le détail de la réception, qui se rappela à son bout souvenir en la propulsant par terre. Empêtrée dans sa robe qui remontait sur ses jambes, les draps semés un peu partout à coté d'elle, elle entreprenait de se relever quand un mouvement devant elle lui fit relever la tête. Dans un éclair fulgurant, elle se rappela les histoires que se racontait les gamins du château, celles où des spectres réclamant vengeance se faufilaient dans les recoins sombres pour assassiner les vivants. Elle perçut une odeur de fumée. L'idée fit un rapide chemin dans son esprit. Ce serait... Un homme mort dans un incendie qui aurait soif du sang d'un vivant?! Il allait la tuer, et ce soir on retrouverait son cadavre sanglant coincé dans le placard? Elle hurla, terrifiée, les mains sur la tête en attente de la catastrophe qui ne pouvait être qu'imminente.

    Quelques secondes après, voyant qu'il ne se passait rien, la jeune idiote releva le menton. Elle était toujours couchée par terre, à deux doigts de l'inconnu qui n'avait... pas l'air d'un fantôme. Eulalie fronça les sourcils. Serait-il possible qu'elle se soit trompée? Que ce garçon soit juste une personne de passage? Mais dans ce cas, que pouvait-il bien faire dans la blanchisserie? Elle secoua la tête et s'agenouilla, pleine d'enthousiasme, les mains jointes devant sa poitrine. Le garçon ne ressemblait pas à un noble. Il était blond. Les yeux gris. Assez charmant. Les doigts de sa main droit contre ceux de sa main gauche, elle levait la tête pour apercevoir l'autre, un sourire jusqu'aux oreilles, de ce sourire bienheureux que son entourage qualifiait à juste titre de niais.


    « Enchantée de vous rencontrer, je m'appelle Eulalie! Eulalie Sally, Sally est mon deuxième prénom, mais ma famille m'appelle Lala, parce qu'ils trouvent ça mignon, je crois. Et vous, quel est votre nom? »

    Elle regarda autour d'elle, comme si la cause de la présence de cet homme ici y était inscrite. Et elle crut percevoir la réponse quand elle entendit la pluie battante rebondir contre les murs. Et sans laisser à l'individu le temps de lui répondre, elle enchaina sur d'autres stupidités.

    « Haa, c'est parce qu'il pleut, peut-être? Moi aussi, ce matin j'ai hésité à m'aventurer dehors, mais je me suis dit que si je ne venais pas, je serais renvoyée, et j'ai besoin d'argent, vous voyez? Et puis nous sommes redevables aux princes et à la petite princesse de nous protéger, alors comme je les respecte, je me suis dit qu'il fallait que je fasse de mon mieux, et je suis venue! »

    Soudain, elle se rendit compte du désastre qu'elle avait perpétré dans son excès de joie. Et son cœur se glaça.

    « Oh non, les draps! Ils doivent être sales maintenant, qu'est-ce que je vais dire à Madame? »

    Désolée, elle s'empressa de réunir les draps en une seule pile, grattant les taches qui étaient apparues lors de sa chute. La lessive serait à refaire.

_________________
Et vous aurez vécu, si vous avez aimé.
[Musset]


Dernière édition par Eulalie le Dim 22 Aoû - 23:25, édité 1 fois
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Theophil

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MessageSujet: Re: A silly situation { PV Eulalie ♥   A silly situation { PV Eulalie ♥ EmptyMar 9 Mar - 21:24

BEATI PAUPERES SPIRITU /vlam/ 8D


    Theophil se crispa lorsqu'un cri perçant fusa dans la blanchisserie. Seigneur, il venait de frôler la crise cardiaque.
    Avec l'adresse et la délicatesse d'un ouragan, quelqu'un, non, une jeune fille aux long cheveux virevoltants, venait à l'instant d'ouvrir la porte du placard de la blanchisserie, tout en s'empêtrant les pieds dans la ribambelle d'étoffes qu'était sa robe et en s'étalant au sol. Une dizaine de draps blancs avaient accompagné sa chute, s'éparpillant un peu partout autour d'elle tandis qu'elle commençait à se redresser. Mais brusquement, comme si son apparition n'était déjà pas assez soudaine, la jeune fille releva son visage vers lui avant de le baisser de nouveau vers le sol en hurlant, ses mains plaquées de chaque côté de sa tête. … Hein?
    Comment diable avait-il pu l'effrayer sans faire le moindre geste? Theo eut pour premier réflexe de se reculer contre le mur, légèrement désorienté, avant de se dire qu'il vaudrait peut-être mieux calmer la jeune fille avec des paroles rassurantes. Mais avant qu'il n'amorce quoi que ce soit, elle avait cessé de crier et s'était agenouillée devant lui, rabattant convenablement sa robe pour dissimuler ses jambes aux yeux du garçon, le regardant ensuite d'un air enthousiaste. Maintenant qu'elle avait adopté une pose à peu près stable, Theophil pouvait lui aussi l'observer. Ses long cheveux tombant jusqu'à ses hanches étaient gris pâles, surement blonds, donc, ou du moins de couleur claire. Elle avait de grand yeux, brillants et délavés. Des formes assez généreuse. Et une aura ô combien vive. Tandis que Theo était encore un peu perdu, que son cœur battait toujours la chamade, elle, les mains jointes, le fixait avec un grand sourire.
    Elle se présenta, désordonnée, d'une voix aiguë qui ne cessait de couler à flot de ses lèvres agitées. Eulalie. Non, Sally. Lala? Mais c'était quoi, à la fin, cette présentation? Un peu de jugeote lui permis de compléter l'identité de la jeune fille. Sa tenue, la pile de draps qu'elle transportait un peu plus tôt, son jeune âge - et sa grande maladresse, ça, ça ne passait en aucun cas inaperçu - l'incitèrent à penser qu'elle était une domestique novice au château. Ah, quoi, elle demandait son nom à lui, maintenant? Il lança un « Theo... » hésitant; le son fut aussitôt balayé par une bourrasque de vent contre la fenêtre et la jeune fille enchaina, toujours en pleine effervescence:

    - Haa, c'est parce qu'il pleut, peut-être? Moi aussi, ce matin j'ai hésité à m'aventurer dehors, mais je me suis dit que si je ne venais pas, je serais renvoyée, et j'ai besoin d'argent, vous voyez? Et puis nous sommes redevables aux princes et à la petite princesse de nous protéger, alors comme je les respecte, je me suis dit qu'il fallait que je fasse de mon mieux, et je suis venue!

    Oh, elle parlait de la présence du garçon dans la blanchisserie. Oui, en effet, c'était à cause de la pluie qu'il était là, à sécher l'entrainement et à pénaliser sa troupe de brutes surexcités. Mais à mesure que la domestique exaltée exposait ses principes et sa volonté de faire plaisir à la Royauté, Theophil se rendait compte à quel point il avait merdé. Ce n'était pas seulement son bataillon qu'il remettait en cause. C'était les Princes eux-mêmes. Et son cœur se glaça.

    Qu'il était con, mais qu'il était con! Il était dans ce placard depuis trop longtemps maintenant pour se permettre de rejoindre les autres soldats en passant inaperçu. Personne ne se lancerait à sa recherche, non: après tout, il serait puni en conséquence, plus tard – et le plus effrayant c'est qu'il n'avait aucune idée de la punition en question. Un espoir fit son apparition: peut-être pouvait-il y échapper... Connaissant ses hommes de mains, ils étaient surement allés s'entrainer malgré l'éclipse mystérieuse de leur Lieutenant. Non, d'autres soldats, plus gradés que Theophil, auraient vite fait de se rendre compte de son absence et de faire un rapport au Sommet. Il devait trouver un prétexte, une excuse valable. Certes il n'échapperait pas à la punition, mais celle-ci serait surement moins rude. Et il ne décevrait pas les Princes.

    - Oh non, les draps! Ils doivent être sales maintenant, qu'est-ce que je vais dire à Madame?

    Theophil sursauta: la domestique – pourtant peu discrète mais qu'il avait momentanément oublié – venait de le tirer de ses pensées. Aussitôt, son sang ne fit qu'un tour. Cette fille, cette incroyable pipelette, elle était surement femme de chambre suivant les heures. Si, par miracle, le Garde trouvait une excuse pour avoir séché l'entrainement, elle pourrait tout gâcher en lâchant par erreur qu'un inconnu s'était réfugié dans la blanchisserie un jour de pluie. Son regard changea. Cette simple fille tentant de nettoyer les étoffes d'un air désolé venait de se transformer en poudre à canon.
    Auparavant appuyé contre le mur, les jambes pliées contre son torse et légèrement écartées, Theo, affolé, bascula sur ses genoux, se rapprochant de la fille par ce même mouvement. Il oublia la politesse et le vouvoiement habituel quand il fit d'une voix paniquée, lamentable:

    - Écoute! Je ne pensais pas à offenser nos Princes, je le jure! Mais... Mais si tu dis à qui que ce soit que tu as aperçu un Garde ici, je suis mort!

    Nerveux, il l'empoigna par les épaules et la fixa d'un regard qu'il aurait voulu neutre, mais duquel transparaissait clairement une angoisse et une honte grandissante. D'un mouvement du menton, il désigna les draps salis que la jeune fille tenait toujours:

    - Je... Je t'aiderais même, si tu veux.

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Dernière édition par Theophil le Jeu 24 Fév - 23:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: A silly situation { PV Eulalie ♥   A silly situation { PV Eulalie ♥ EmptySam 31 Juil - 21:00

    Eulalie, les jambes repliées sous elle, continuait de tenter un nettoyage désespéré des draps, marmonnant en vitesse des prières à tous les Saints qu'elle connaissait, toutes les sommités religieuses dont elle avait entendu parler et enfin l'ensemble des nobles qui séjournaient ou avaient séjourné au château pour faire bonne mesure. L'un d'eux allait l'aider, non? Ce n'était pas pour rien qu'on leur avait donné leur rang! Malheureusement, au fur et à mesure qu'elle passait ses doigts abimés sur les taches, il lui semblait qu'elles se multipliaient. Catastrophée, elle envisagea de faire demi-tour aussi sec pour implorer le pardon de sa supérieure, certaine qu'elle venait de commettre une faute professionnel dont les répercutions allaient bouleverser la marche du monde ou pire, le devenir des Princes et de la petite Princesse. N'importe quel résultat devenait possible dans l'esprit surchauffé de l'adolescente. Et si, par un malheureux hasard, les draps étaient le maillon manquant d'une importante manoeuvre militaire ou politique et que par sa faute un gigantesque cataclysme était déclenché, provoquant la ruine du pays? Si, à cause de cette innocente pile de draps, de fil en aiguille le palais venait à s'écrouler, enterrant ses dirigeants sous une épaisse couche de pierres impossibles à soulever? Ils mourraient écrasés, étouffés et broyés dans d'atroces souffrances. A cette pensée, elle eût les larmes aux yeux. On l'accuserait de négligence et de tentative d'attentat, elle deviendrait une paria et devrait quitter sa famille qui la regarderait comme si elle n'était qu'une semi-humaine indigne d'être touchée. Elle se mettrait à errer dans les landes, bannie de la ville à jamais, serait obligée d'apprendre la magie noire dans l'optique de ressusciter ses victimes. Elle serait instruite par une vieille sorcière habillée de loques, défigurée par une verrue verte lui mangeant la moitié du nez et des oreilles ornées de poils blancs. Peu à peu, elle évoluerait à son image, sa chevelure claire prenant une teinte sale et ses yeux bleus devenant fixes et vitreux. Elle mangerait des crapauds au petit-déjeuner et des coccinelles farcies les jours de fête... Eulalie laissa échapper une longue plainte. Quelle horreur! Il fallait absolument qu'elle résolve le problème au plus vite, avant qu'il ne détruise irrémédiablement son existence. Elle se mit à réfléchir en vitesse, monopolisant ses maigres facultés et sa culture restreinte, se limitant aux passages de romans que son frère acceptait de lui lire le soir au coin du feu, un silence duveteux les entourant, après qu'elle ait insisté pendant une demi-heure afin qu'il accepte sa requête. Leur mère s'asseyait dans le fauteuil et finissait par s'endormir, la tête calée contre l'accoudoir, Jensen sur ses genoux, essayant de résister à l'appel du sommeil. Mais ce n'était pas le sujet, l'avenir du royaume était en jeu et... Elle fut interrompue dans ses réflexions par la voix du jeune homme camouflé dans la blanchisserie. Entre deux phrases mitraillées, elle avait saisi son prénom, Theo. Elle résista à l'envie de le bombarder de questions sur l'origine de l'appellation, demander si c'était un surnom ou un diminutif, s'il avait une connotation précise, s'il connaissait beaucoup de gens le portant et autres interrogations se formant à la vitesse de l'éclair à travers le minuscule appareil lui servant de cerveau. Interloquée, elle le laissa la prendre par les épaules, visiblement anxieux.

    « Écoute! Je ne pensais pas à offenser nos Princes, je le jure! Mais... Mais si tu dis à qui que ce soit que tu as aperçu un Garde ici, je suis mort! Je... Je t'aiderais même, si tu veux.»

    Aussitôt, la veine maternelle d'Eulalie prit le dessus, balayant ses conceptions de pseudo-cataclysme qui, selon elle, allait s'abattre d'une minute à l'autre sur le royaume, et privilégiant l'aide qu'elle pouvait apporter actuellement. A son extrême soulagement, celui-ci ne passait pas par un quelconque éboulement ou d'obscures pratiques de magie noire. Elle joignit ses mains dans un claquement sonore autour de celles de Theo, en une attitude de prière, entrelaçant ses doigts avec les siens. Elle plia les genoux pour le regarder par en-dessous, les yeux remplis d'étoiles et un sourire radieux collée sur ses lèvres, passionnée à l'avance par sa nouvelle quête. Les draps tombèrent à terre. Quelqu'un avait besoin d'elle dans l'immédiat, elle se devait de rassembler l'ensemble des maigres moyens dont elle disposait histoire de l'aider de son mieux, quitte à devoir se déguiser en vache laitière à clochette mauve ornée de rubans. Elle avait foi en la famille royale, mais elle ne pouvait ignorer le miséreux quémandant son concours.

    « Bien sûr Monsieur Theo, vous pouvez compter sur moi! Je serais muette comme une tombe et je vous aiderais du mieux que je pourrais. A nous deux nous pourrons abattre des montagnes et le chemin s'ouvrira devant nous! »

    Elle lâcha brusquement le blond et repartit, guillerette, rassembler les draps étendus par terre en chantonnant une chanson qu'elle avait entendu il y avait une poignée d'années, braillée par des soldats à moitié ivres et dont elle ne comprenait pas la moitié des paroles. C'était un hiver pluvieux alors qu'elle venait de trouver sa place en tant que servante au château, elle ne devait donc avoir pas plus de dix ans. Elle avait accéléré quand les soldats s'étaient arrêtés momentanément de gueuler les paroles, quasiment incompréhensibles dans le brouhaha ambiant et l'empâtement de leurs voix d'ivrognes remplis comme des outres. Elle balança les draps pêle-mêle dans le panier, puis les reprit pour les plier de ses bras frêles, ne réussissant qu'à en faire une bouillie informe et malpropre, étendant les taches sur l'ensemble du drap en les mettant en contact avec les recoins immaculés. Sans se démonter, elle alla en chercher un qui avait voltigé dans un recoin sombre, échappant aux regards. Elle fut heureuse de se dire qu'il n'avait pas résisté à l'examen de sa vue acérée. Courant à travers la pièce, elle finit de remettre les étoffes en place et s'empressa de retourner auprès de Theo, qu'elle attrapa par le bras en le faisant tournoyer dans l'espace exigu de la blanchisserie, exaltée à l'idée des aventures qui, le pensait-elle, ne manqueraient sûrement pas de leur arriver dès qu'ils seraient sortis. Elle laissa le garçon au centre de la pièce et se précipita sur son panier, en saisit un drap et s'empêtra dedans pour s'en faire une cape qui la recouvrait depuis le sommet de son crâne jusqu'à ses pieds. Elle le salissait davantage en le collant contre sa robe humide de l'averse tombant à l'extérieur. Elle avait l'air d'un lutin ou d'une folle échappée de sa prison, suivant les versions que chacun pourrait donner en apercevant une fille habillée de couleur vive, empêtrée dans un drap et arborant un air ravi, comme si rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de se trouver là, dans cette situation précise. Elle montait un plan où elle devancerait Theo, caché sous un drap en guise de camouflage, et où ils se faufileraient à l'endroit où relaver les draps -on avait toujours besoin d'aide. La question du pourquoi de cette demande subite ne lui effleura pas l'esprit, occupée qu'elle était à imaginer les cas de figure à éviter, ceux qui leur seraient bénéfiques.

    « La tâche se révélera ardue, n'est-ce pas? Ne pouvant disposer d'une préparation psychologique digne de ce nom, il ne nous reste plus qu'à affronter les épreuves qui nous attendent armés de notre courage et de notre bonne volonté! Il nous faut sortir dans le silence, étouffant le bruit de nos pas, jusqu'à la salle où nous pourrons relaver les draps des bons seigneurs et dames veillant sur nous. Mais n'ayez point d'inquiétude, je ferais mon possible et si notre but est pur, l'avenir nous sourira. » asséna-t-elle avec un sérieux qui aurait affolé sa mère, et pour cause: elle avait en général un comportement similaire lorsqu'elle s'apprêtait à faire une énorme bêtise sans en avoir conscience. Nul doute que s'il savait l'influence néfaste que les livres avaient sur sa sœur, Rosiel les aurait fait disparaître rapidement.

    Elle jeta le drap sur la tête du jeune homme sans se soucier du fait qu'elle aurait pu le froisser en se montrant si familière. Une fois Eulalie lancée, il était difficile de l'arrêter sans qu'elle ne se fut elle-même lassée. Elle fonçait vers les ennuis et se rétractait après, au moment où elle ne pouvait rien faire pour arranger la situation. Ne lui restaient que des regrets qu'elle expulsait à renforts de gémissements et d'excuses bafouillées pendant des heures interminable, les paumes tordues devant elle en une supplique exagérée. Elle s'entêtait à se faire pardonner en partageant les charges de la personne à qui elle avait causé du tort, portant ses affaires ou, si on lui refusait la chance de se rendre utile d'une quelconque manière possible et imaginable, la suivant tel un chien fidèle durant la journée entière, se jetant sur la première occasion venue d'aider, provoquant à chaque fois une catastrophe de plus à rajouter à la liste déjà longue. S'ensuivait une vaste réaction en chaine jusqu'à ce que le pauvre haire en ait assez et lui somme de façon peu cordiale de s'en aller avant qu'il n'explose, ou jusqu'à ce que la journée se termine et qu'Eulalie doive rentrer chez elle après s'être platement excusée de devoir le quitter un bon millier de fois. Ici, c'était la même chose. Eulalie partait au quart de tour, heureuse d'avoir une occasion de se rendre utile, dut-elle marcher par monts et par vaux sous la pluie pour arriver au but fixé. On aurait pu penser que l'important pour elle n'était que de trouver une occasion de s'amuser, au vu des réaction stupides dont elle régalait l'assistance depuis une dizaine de minutes, mais il n'en était rien. Malgré son attitude excentrique, elle était contente que l'on demande son aide, fut-ce venant d'un parfait inconnu qu'elle venait à peine de rencontrer. En fait, elle s'imaginait déjà devenir amie, à la vie à la mort, avec ce garçon aux cheveux clairs et aux yeux de pluie qui lui était très sympathique et qu'elle n'aspirait qu'à connaître, comme la majorité des gens qui croisaient sa route. La plupart l'envoyait bouler au bout de trente secondes. Rares étaient les exceptions. Mais la jeune fille ne se démontait nullement, éternelle optimiste qu'elle était, et décidée à faire de son mieux.


    « Il nous faudra faire preuve de discrétion, en serez-vous capable? » murmura-t-elle avec ferveur.

    Ses sourcils froncés formaient un accent circonflexe inversé au-dessus de son nez, sa bouche se tordait en une moue faussement tragique.

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MessageSujet: Re: A silly situation { PV Eulalie ♥   A silly situation { PV Eulalie ♥ EmptySam 26 Fév - 15:59

    Un « clap ! » sonore, et sans même que Theophil ne l'ait vu venir deux mains s'entrelaçaient aux siennes en une attitude de prière maladroite. Eulalie le fixait avec de grands yeux scintillants, un sourire exalté aux lèvres:

    « Bien sûr Monsieur Theo, vous pouvez compter sur moi! Je serais muette comme une tombe et je vous aiderais du mieux que je pourrais. A nous deux nous pourrons abattre des montagnes et le chemin s'ouvrira devant nous! »

    La surprise passée, l'expression décontenancée qu'affichait le garde laissa place à un soulagement bienvenu – c'est simple, s'il se laissait aller à la réciprocité de la domestique face à lui, des larmes de joie seraient déjà en train de couler sur ses joues. Pouvait-il faire confiance à cette fille complètement survoltée ? Aussi dingue que cela puisse paraître, ne remettant pas en cause une seule seconde le serment qu'elle avait prêté avec tant de ferveur, il ne se posa même pas la question, comme un enfant perturbé par une peur se contentant d'avaler les mots rassurants jetés par ses parents. Le fait qu'elle se taise sur sa fugue réglait-il son problème initial ? Non, mais il ne voulait plus y penser pour le moment. Il avait offert son aide, désormais c'était cela qui importait, il ne reviendrait pas sur sa proposition alors que l'autre venait de lui faire une promesse capitale. Et puis... L'espoir infime, minime, de son salut lié à la maladresse même de la jeune Eulalie: et s'il prétextait une galanterie pour sauver sa peau ?
    ''Écoutez, Colonel, jamais je n'ai pensé à me soustraire à l'entrainement obligatoire mais... Cette douce enfant, avec ses draps sales, semblait si perdue, si désespérée qu'il m'était impossible de l'abandonner à son triste sort ! Comprenez que je n'ai pu m'empêcher de lui venir en aide, et que par la faute de ma trop grande courtoisie je n'ai pas vu l'heure tourner et... Ah, Colonel, j'abandonne, c'est tout de même entièrement ma faute: allez y, passez-moi les menottes ! Je n'avais qu'à rester de glace face à la détresse de cette demoiselle, je l'ai bien mérité.'' ''Lieutenant Theophil, je... Vous vous êtes comporté de façon admirable, je vous prie de pardonner les doutes que j'ai eu vis-à-vis de votre comportement... Je.. Je vous nomme même Capitaine. Capitaine Theophil. Allez, mon vieux, allons prendre un verre pour fêter ça !'' ''Colonel, c'est trop d'honneur ! Je ne peux-''
    On l'attrapa brutalement par le bras pour le tirer à ses rêveries, le propulsant au milieu de la pièce sans qu'il ne s'y attende. Eulalie semblait plus que surexcitée, désormais. Elle se jeta sur la corbeille où elle avait jeté pêle-mêle les draps anciennement éparpillés au sol, se saisit de l'un d'eux et s'enroula dedans pour s'en faire une sorte de cape de justicier. Theophil retint un rire – il conclut que de toute façon, même s'il l'avait voulu, il n'aurait pas pu resté fixé sur ses propres conneries tellement celles de Eulalie retenaient l'attention.
    Soudainement sereine, sans pour autant perdre son sourire heureux, elle exposa son plan quant à la suite des opérations comme si elle était le général de brigade en personne. Elle parlait avec un optimisme déconcertant de ce qui semblait être la mission du siècle, la plus dangereuse qui soit – entendons-nous bien, il s'agissait seulement de laver quelques draps. Mais la jeune fille y mettait tant de cœur qu'il était difficile de ne pas se laisser entrainer – enfin, en ce qui concernait Theophil. Nul doute qu'agissant de la sorte avec d'autres personnes un peu étroite d'esprit, Eulalie ne devait pas connaître le même succès. Mais Theo, lui, quand elle lui lança le drap sur la tête – obstruant un court moment sa vue de blanc et son odorat d'une odeur fraiche et légère, différente du tabac qui l'avait embaumé dans le placard jusqu'à maintenant, avant que sa clope ne finisse seule dans un coin, pour s'auto-consumer; bref – et qu'elle lui souffla avec une animation empreinte de gravité « Il nous faudra faire preuve de discrétion, en serez-vous capable ? », il ne put s'empêcher de faire aussitôt le salut militaire, doigts bien tendus à côté de sa tempe droite encore à demi recouverte du linge. Pour un peu il aurait répondu un « Chef, oui, chef ! » – il se retint juste à temps. Tout de même, Theo n'était plus un enfant, il avait passé l'âge de jouer. Quoiqu'il l'avait abrégée bien tôt, son enfance. Il aurait bien volontiers aimé y retomber, un instant. Et puis merde quoi, la dernière fois qu'il avait joué à un jeu, c'était à Chat et il avait neuf ans ! Quelle injustice. Au point où il en était dans son taux de gaminerie, il pouvait bien se permettre de s'enfoncer d'avantage. Et puis, si cela permettait de calmer un peu l'exaltation de la jeune fille, il n'y avait rien de mieux que de rentrer dans son jeu, non ? Voilà, c'était cela. Il devait jouer parce que de toute façon, il ne pouvait rien faire d'autre. Bon, il fallait au moins tacher de ne pas passer pour des aliénés mentaux – d'un air grave, Theophil se prit à répondre:

    « Je ne crains pas tant notre discrétion que la redoutable perspicacité de nos ennemis. Qui sait ce qui rôde au dehors de cette pièce ? C'est pourquoi... » Il ôta le drap qui le recouvrait à moitié, et, toujours sérieux mais baissant d'un ton: « … je propose de ne pas s'aventurer caché ainsi. Nous pourrions attirer de mauvais esprits. »

    Il ne savait pas d'où il sortait cela. Il ne croyait même pas aux fantômes. Mais, sans doute, était-ce la vision enfantine que lui prodiguaient les draps blancs. Sans lâcher le linge, il s'approcha de la porte, l'ouvrit et lança un regard rapide à l'extérieur; puis la referma et balaya la pièce d'un regard suspicieux, comme à l'affut d'une entité dangereuse prête à leur sauter à la gorge dans le but de faire faillir leur noble mission (comprendre: non, il n'entrait pas du tout dans un jeu de rôle grandeur nature, il vérifiait juste qu'il n'y avait personne dans les environs susceptible de leur tomber dessus et de les prendre tous les deux pour des attardés, hum).

    « Mais, d'ailleurs, nous ne devrions même pas avoir à quitter cette pièce. Il y a de quoi relaver les draps ici même, je crois. Comme ça, nous ne risquerons rien. »

    Ni les monstres, ni personne. Theophil alla attraper la bassine de linge, jeta son drap dedans et chercha des yeux un baquet pour laver les draps. Il en trouva un, au fond, derrière une cloison de toile fine. Souriant, il s'en approcha; confiant, il incita du regard Eulalie à le suivre.


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MessageSujet: Re: A silly situation { PV Eulalie ♥   A silly situation { PV Eulalie ♥ EmptyMar 26 Juin - 1:46

    Depuis que Theo était arrivé, cette journée, commencée dans la pluie et la grisaille, devenait lumineuse, éblouissante dans l'esprit d'Eulalie. Déjà, elle avait oublié les trombes d'eau qui lui étaient tombées dessus quand elle était sortie, la misère des draps, et se retrouvait à resplendir de joie dans une lingerie, en compagnie d'un homme qu'elle venait de rencontrer. Toute autre qu'elle se serait posée de sérieuses questions sur les raisons qui poussaient un jeune soldat à s'enfermer dans une pièce réservée au nettoyage en plein milieu de la matinée, comme sur les motivations qui l'animaient, mais Eulalie restait bloquée sur deux éléments dont elle aurait, pourtant, dû se méfier : elle pouvait aider celui qu'elle considérait déjà comme son ami (Il fallait qu'elle le lui dise, elle était si heureuse qu'ils s'entendent bien!), et lui-même allait l'aider à réparer la galère dans laquelle elle s'était fourrée. Et il lui répondait avec gentillesse! Elle en aurait presque eu les larmes aux yeux. D'habitude, les gens la regardaient d'un air accablé et lui disaient (sans raison, pensait-elle), de se calmer ou de se taire. Certains se révélaient même un peu méchants. Pire, d'autres, levaient la main sur elle. Heureusement, la plupart ne la frappaient pas, bien qu'elle garde le souvenir cuisant d'un bleu qui avait décoré son épaule droite pendant une bonne semaine, et qui lui avait fait pousser des cris de douleur à chaque fois qu'elle levait le bras (Bon, il fallait avouer qu'elle était douillette, mais ça lui avait réellement fait mal quand même! Du moins était-ce ce qu'elle avait soutenu auprès de sa mère qui avait soupiré en l'écoutant se plaindre). Elle dirigea sur Theo un regard brillant (que l'on aurait qualifier d'énamouré si la jeune femme n'avait pas d'autres ambitions sexuelles).

    Elle reprit toutefois son sérieux et renfrogna sa petite bouille quand son nouvel ami se mit à parler de mauvais esprits. Il avait raison, il ne fallait point les attirer en ces lieux! Ils mourraient sûrement dans d'atroces souffrances! Et sa famille serait triste! Peut-être même qu'ils attireraient la calamité sur le royaume et qu'il s'écroulerait, abattu par une armée de fantômes aux abois. Décidément, vivre était une entreprise remplie d'obstacles.

    Accessoirement, ces histoires étaient un peu effrayantes. Inconsciemment, elle se rapprocha de Theo, pensant peut-être, par-là, éloigner ce qu'il avait évoqué. Dans les nombreuses peurs qu'Eulalie trainait derrière elle, celle d'être tuée par un fantôme dans un coin obscur figurait en bonne place, entre se retrouver encerclée par une bande d'employeurs en furie et perdre une nouvelle fois son chat dans une poubelle inconnue. Celle qui se prétendait une courageuse héroïne au service du bien avait encore des progrès à faire! Mais elle tiendrait bon. Et encore plus si elle réussissait à ne pas quitter la présence rassurante du jeune homme. Après tout, il devait en avoir vu d'autres au cours de sa vie. Pour la première fois, alors qu'elle l'avait auparavant mis de côté devant l'urgence de la situation, elle remarqua véritablement son uniforme.

    Et se dit que peut-être, elle était en face d'un pur héros.

    Il avait dit qu'ils ne risquaient rien. C'était forcément un héritier des preux chevaliers de l'ancien temps. En tant que soldat, il avait dû survivre à d'effroyables situations, combattre des monstres de cruautés, avoir frôlé cent fois la mort et sauvé la veuve et l'orphelin à tour de bras. Elle l'imagina, cheveux au vent, sur une colline (qu'il n'y avait pas au royaume, mais passons), surplombant une montagne de cadavres avec des cornes et autres accessoires ridicules et voyants (Elle se disait que ceux que les gentils gardes combattaient devaient certainement avoir une apparence révélant leur vilenie, puisque le contraire n'aurait pas été juste : on n'aurait pas pu reconnaître les méchants. Et les résistants dont on parlait tant ne devaient pas être si mauvais. Ou alors ils étaient des démons descendus sur terre pour semer le mal et la dévastation -du moins était-ce les conclusions qu'Eulalie avait tiré à la suite de ses longues réflexions destinées à expliquer pourquoi, puisque tout le monde était si gentil, une multitude de désaccords existait entre les gens). Elle était en compagnie d'une sommité du royaume, qui le protégeait dans l'ombre, cela ne faisait aucun doute.

    Toute contente, elle se précipita pour s'accrocher au bras de Theo, qui portait la bassine de linge et se dirigeait vers un baquet, au fond de la pièce. Eulalie espéra qu'ils trouveraient de l'eau pour le remplir et refaire la lessive, car ce serait sûrement très dangereux de s'aventurer dehors, ainsi que son compagnon l'avait fait remarquer un instant plus tôt. Elle haussa les épaules et adressa un sourire radieux au jeune homme qui l'accompagnait à présent dans la galère (dans laquelle elle s'était mise toute seule. Mais, après tout, c'était toujours mieux d'en sortir à plusieurs, n'est-ce pas?).

    « Dites, Monsieur Theo, vous combattez les démons du royaume? Vous devez être très fort! Moi j'aurais peur à votre place! Ils doivent avoir DES CORNES »

    Elle piailla quelques instants en imitant des cornes au-dessus de sa tête, affichant une moue renfrognée, dans un croisement entre le taureau et le commerçant furieux, puis une autre idée lui vint.

    « Oh! Theo, c'est un diminutif? D'où vous venez? Ça veut dire quoi? C'est joli! »

    Elle fit quelques pas en sautillant, dépassant Theo qui marchait à côté d'elle, puis se retourna d'un bloc vers le pauvre garçon, son visage se faisant grave, son front se plissant tandis qu'elle cherchait à adopter une mine de circonstance. Elle devait formuler une demande importante, une demande comme l'on n'en faisait qu'une fois tous les trente-six du mois. Et elle avait envie qu'elle se passe bien. Dans son enthousiasme, elle se plaça en face du garde, de l'autre côté du bassin contenant les draps, et ses mains saisirent l'ustensile contenant les draps pour le porter en même temps que lui, comme pour l'aider. Sauf que si ses intentions étaient innocentes, elle ne pensait pas à soulager l'homme de la garde (qui n'en avait certainement pas besoin, de toute façon).

    « Pour réussir cette importante mission, il faut que nous soyons liés. Acceptez-vous de devenir mon ami? » dit-elle en fronçant les sourcils.

    Il était capital pour leur avenir qu'ils soient alliés, d'un serment qui ne puisse pas être brisé.

    Et puis, elle avait un peu envie qu'il soit son ami, aussi. Elle n'en avait jamais eu beaucoup.

    (Elle se demandait bien pourquoi, d'ailleurs)


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MessageSujet: Re: A silly situation { PV Eulalie ♥   A silly situation { PV Eulalie ♥ EmptyVen 17 Aoû - 2:02

    Il ne connaissait Eulalie que depuis une dizaine de minutes, et déjà, il avait l'impression d'être pris dans une bourrasque infernale. La jeune fille semblait vivre à un rythme incroyablement rapide, entrainant ceux qui l'approchaient sans qu'ils ne s'y attendent forcément. C'était le cas de Theophil, qui se demandait s'il n'allait pas bientôt avoir le tournis, à force de suivre cette cadence folle. Lui qui avait pourtant l'habitude de vivre à une allure effrénée depuis des années! C'était dire le niveau d'exaltation d'Eulalie.
    Celle-ci lui attrapa le bras, rayonnante de joie (c'était dingue, rien qu'en acceptant de l'aider à laver du linge il avait l'impression d'offrir son premier Noël à une malheureuse orpheline), et l'accompagna jusqu'au baquet, au fond de la pièce. Ils ne devaient pas être les premiers de la journée à entrer dans cette pièce, et visiblement, quelqu'un avant eux s'était chargé de faire une lessive : le récipient était encore rempli d'eau savonneuse. Il fallait croire que la chance leur souriait. Mais visiblement, Eulalie ne faisait plus vraiment attention à la lessive, dévisageant désormais Theo avec insistance. Il commençait à se sentir mal à l'aise, quand elle s'exclama :

    « Dites, Monsieur Theo, vous combattez les démons du royaume? Vous devez être très fort! Moi j'aurais peur à votre place! Ils doivent avoir DES CORNES »

    Theophil resta perplexe quelques secondes, avant de comprendre qu'elle faisait référence à son uniforme de garde royal comme si elle le remarquait seulement à l'instant. Puis il manqua de rougir, phénomène rare dans sa petite vie, en entendant le compliment. … Fort? Lui? … Oui, peut-être? Pourquoi pas? Il se sentit gonfler de fierté et d'orgueil – mais oui, il était un lieutenant accompli, après tout! Ha ha!
    Sans le savoir, Eulalie venait de faire s'envoler toutes les craintes de Theo concernant sa place dans la garde et les risques qu'il courait en séchant l'entrainement. (Accessoirement, elle venait aussi de se mettre le soldat dans la poche. On lui faisait rarement des compliments, ça faisait toujours plaisir d'en recevoir, même de la part d'une parfaite inconnue.)
    C'est vrai, après tout, il passait chaque jour de sa vie à pourchasser ces pouilleux de résistants, ces démons.... à cornes? Il cilla. La vision d'une cape passant devant ses yeux et de cheveux noirs comme la nuit lui revint.

    « Heu, des cornes, je ne sais pas, marmonna-t-il. Plutôt un masque... »

    Theo chassa cette image de son esprit. Il n'avait pas envie de penser à Corbeau maintenant, non plus de remâcher une énième fois la rancœur qu'il portait pour ce résistant insaisissable.
    Cependant Eulalie, toujours aussi vive, cessait déjà d'imiter la bête cornue pour poursuivre son interrogatoire – trois questions et une seule prise d'air, quel souffle. Et quelle curiosité. Autant de questions en si peu de temps le mettaient presque mal à l'aise – elle n'allait tout de même pas lui demander de déballer sa vie non plus, quand même? Il répondit tout de même, poussé par ce qui devait être les bonnes intentions de la jeune fille, qui ne semblait que vouloir sympathiser avec lui :

    « Mon vrai nom, c'est Theophil. C'est autrichien. On m'a dit une fois que ça voulait dire ''qui aime Dieu.''... Enfin, je crois. Et Eulalie, ça veut dire quoi? » ajouta-t-il, pressé de recentrer la conversation sur sa nouvelle camarade pour échapper lui-même à l'interrogatoire.

    Mais Eulalie sautillait déjà vers d'autres horizons – peut-être répondrait-elle à sa question plus tard, quand elle ne semblerait plus aussi préoccupée qu'en cette seconde précise. La jeune fille venait brusquement de se tourner vers lui, l'air très sérieux. Theo ne s'en formalisa pas – elle avait adopté la même attitude tout à l'heure, lorsqu'elle avait évoqué la formidable épopée que serait leur lessive, après tout. Sauf que cette fois, au lieu de saisir ses mains, ses épaules, son bras ou autre, elle s'empara du bac de lessive qu'il transportait. Le soldat resserra sa prise, craignant que la jeune fille ne fasse mine d'attraper la bassine sans la tenir vraiment et donc, la faire tomber. Aussi étrange que cela puisse paraître, sans la connaître depuis très longtemps, il avait l'impression de déjà très bien connaître son côté maladroit.
    Elle fronça les sourcils :

    « Pour réussir cette importante mission, il faut que nous soyons liés. Acceptez-vous de devenir mon ami? »

    Une fois encore, elle laissait Theophil sans voix.
    Il se demanda s'il était courant de faire des demandes solennelles pour ce genre de choses. Il avait toujours pensé que l'amitié se faisait progressivement, à force de moments passés avec une personne... Soit Eulalie était extrêmement simplette, soit il avait toujours été à côté de la plaque question relationnel. Il espéra que ce n'était pas le cas, sinon cela voudrait dire qu'il n'avait pas beaucoup d'amis officiels – d'ailleurs, c'est vrai, pouvait-il considérer les autres soldats de la garde comme des amis? Ou l'apothicaire qui lui vendait son tabac? … Il préféra se dire que c'était Eulalie qui était naïve, et qu'il n'avait aucun problème dans sa vie sociale. De toute façon, cela ne l'avait jamais gêné jusqu'à maintenant de n'être proche de personne en particulier, alors il ne voyait pas en quoi ça le dérangerait maintenant. Voilà.
    Il s'empressa tout de même de lâcher la bassine d'un côté pour attraper une des mains d'Eulalie, face à elle, et la serrer avec beaucoup de zèle :

    « Je serais ravi d'être ton ami, Eulalie. Tu, heu... Tu peux compter sur moi. »

    Son air cérémonieux et enthousiaste laissa bien vite place à une certaine gêne – il n'avait pas l'habitude de s'emporter aussi vite, à vrai dire. Il lâcha la main d'Eulalie pour rattraper la bassine de linge qui commençait à pencher dangereusement d'un côté, menaçant de renverser une fois encore les draps par terre. Arrachant ensuite le récipient des mains de la jeune fille, il alla au devant du baquet et déversa le linge sale dans l'eau mousseuse. Puis il s'agenouilla, remonta ses manches et plongea ses bras jusqu'au coude pour noyer les draps entièrement. Voilà un moment qu'il n'avait pas fait de lessive. S'il était obligé de s'en charger lui-même avant, pendant ses voyages, il n'avait plus à se préoccuper de ce genre de corvée depuis qu'il faisait parti de la garde – endroit idyllique à ses heures où l'on n'avait qu'à confier les uniformes sales aux domestiques du château pour pouvoir les récupérer propres et frais, comme par magie.
    Il se tourna vers Eulalie pour l'appeler. Comme il sentait encore ses oreilles lui chauffer un peu, après un instant de silence à chercher ses mots, il lui jeta un peu d'eau à la figure sans plus de cérémonie :

    « Le linge ne va pas se laver tout seul, viens m'aider. » Il ajouta, pour faire bonne mesure : « N'oublie pas qu'il nous faut faire vite, des esprits peuvent surgir dans la pièce d'un instant à l'autre. »

    Il ne put retenir un sourire. Même si elle était farfelue, il fallait croire que Theophil était plutôt content de sa première amie officielle.

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MessageSujet: Re: A silly situation { PV Eulalie ♥   A silly situation { PV Eulalie ♥ EmptyLun 10 Sep - 17:02

    Eulalie planait sur un petit nuage rose, aussi coloré que ses habits. C'était tout juste si de petits oiseaux ne lui sortaient pas des narines lorsqu'elle respirait tellement le contentement la remplissait toute entière. Enfin, pour parer au déficit des volatiles multicolores, elle se contentait de se déplacer par petits bonds, toute contente de la rencontre qu'elle venait de faire. Vraiment, quand elle avait commencé cette journée qui débutait si mal (enfin, pas vraiment plus mal que d'habitude, elle était en retard six jours sur sept dans la semaine, et la pluie était chose fréquente dans un pays au climat douteux. Connaissant la maladresse de la douce enfant, on pouvait en déduire que les mésaventures de la matinée n'étaient pas rares dans le quotidien de la petite servante, à son grand dam -et surtout à celui des autres, car Eulalie avait beau se désespérer facilement, elle récupérait aussi sec et se morfondait rarement -jamais- sur les mauvais événements qui pouvaient lui tomber sur la tête au hasard de l'existence), elle ne s'était pas doutée qu'elle se ferait un ami! Un des premiers, en fait. La plupart des gens qu'elle rencontrait semblaient la fuir, bien qu'elle ne comprenne pas pourquoi. Elle avait beau donner le meilleur d'elle-même dans la quête de l'amitié, ceux qu'elle imaginait être ses futurs compagnons avaient tendance à déguerpir quand elle tentait de les approcher. Heureusement qu'il y avait des exceptions, comme ces quelques jeunes filles avec lesquelles elle avait noué des liens très forts. Et Theophil, qui venait d'accepter sa compagnie. Il était ravi. Elle pouvait compter sur lui. Le sourire immense qui lui mangeait la moitié du visage se serait encore agrandi si cela avait été morphologiquement possible. Hors, comme cela ne l'était pas, Eulalie se contenta de jubiler intérieurement, remerciant le Seigneur et sa clique de lui avoir accordé une des choses qu'elle réclamait sans cesse chaque jour que Dieu faisait.

    Elle poussa un cri de surprise ravi lorsqu'elle se reçut les gouttes d'eau envoyées par son nouvel ami dans la figure. Obéissant aux invectives du garde, elle se dépêcha de s'agenouiller près de lui, puis sautilla ainsi accroupie pour se trouver en face, avant d'attraper un des draps qui flottaient dans la bassine. Quand elle ressortit ses mains, tirant vers elle le tissu gorgé d'eau, des gouttes supplémentaires vinrent orner ses vêtements. Elle resta dix secondes à regarder ses manches trempées, puis gloussa en secouant la tête, les paumes devant sa bouche, avant de remonter ses manches jusqu'aux coudes, et de basculer dans la bassine en frottant énergiquement les draps. Elle s'arrêta brusquement et se pencha vers Theo en mettant ses paumes autour de sa bouche, comme pour chuchoter un secret.


    « Tu crois qu'ils nous observent? Les esprits. »

    Elle se tut, passa un regard qu'elle imaginait furtif et soupçonneux autour d'elle. Elle était passée au tutoiement sans s'en rendre compte, comme si le fait que le soldat ait accepté de devenir son ami lui donnait automatiquement le droit d'être familière. Comme elle ne s'en rendit pas compte, le changement ne donna lieu à aucune prise de conscience de la part de la jeune fille, aucune excuse (« Oh mon dieu, je suis désolée, j'espère que ça ne vous a pas dérangé, je continuerai à vous vouvoyez jusqu'à ma mort pourvu que vous me pardonniez! »), aucun remous dans son cerveau de jeune écervelée. Elle se pencha en avant de nouveau, ses cheveux effleurant la surface de la bassine.

    « Peut-être qu'ils sont là depuis le début et qu'ils n'attendent qu'un moment d'inattention pour nous attaquer. »

    Elle sursauta quand un craquement retentit dans la pièce. Elle se tourna vers la source du bruit, mais ne vit rien. Ignorant les explications raisonnables qui consistaient à avancer que le bois travaillait ou qu'une souris était venue chercher refuge derrière les piles de linge, Eulalie décida qu'il ne s'agissait que de la preuve que les fantômes étaient bien là et les épiaient. Elle imagina des êtres avec des trous plein la tête et des vêtements sanguinolents, des femmes sans yeux portant des bébés décapités dans les bras, des barbares agitant des organes au bout de leur lance. Elle avait entendu une histoire comme ça, une fois, de la part d'un traine-savate qui sévissait aux alentours du château. Il racontait à qui voulait l'entendre que, la nuit, les anciens suppliciés sortaient des cachots pour venir tourmenter les vivants, à la recherche de leurs bourreaux. Eulalie plaignait un peu ces pauvres gens. Quelle idée de continuer à trainer ici-bas alors que le paradis s'ouvrait à eux. Il aurait fallu que quelqu'un leur explique qu'il feraient mieux de partir (Mais pas elle. Elle avait déjà bien trop peur de croiser un de ces morts-vivants pour oser ne serait-ce que mentionner l'idée d'en rencontrer un).

    Elle eut soudain une idée et renvoya de l'eau dans la figure de Theophil, comme il l'avait fait lui-même quelques minutes avant, puis leva les bras en l'air en signe de victoire.


    « Je suis sûre qu'ils sont repoussés par nos énergies positives! Tu crois que chanter les empêcherait d'approcher? Quand on est content, on chante, non? Enfin, moi, j'aime bien. Mais je chante pas très bien, même si Eulalie ça signifie le chant qui est joli. C'est joli Theophil, quand même! C'est bien l'Autriche? Je suis jamais sortie d'Angleterre, alors je connais pas le dehors. J'aimerais bien aller voir là où il y a des animaux bizarres. »

    Ses pensées dévièrent aussitôt vers les images que son frère lui avait montré, un jour. L'on y apercevait de gigantesques animaux pourvus de fourrures luxuriantes, de crocs inquiétants ou de cornes d'une longueur ahurissante. Elle se mit à chantonner à voix haute, reprenant la chanson qu'elle avait entendu brailler par des gardes un jour qu'elle se promenait dans la rue, sans en comprendre les paroles. Elle passa ses mains pleines de savon sur ses joues pour chasser une mèche rebelle.

    « Je suis tellement contente que tu sois mon ami! Je n'en ai jamais eu beaucoup. Surtout des amis qui veulent bien laver le linge avec moi. Je ne comprend pas pourquoi. »

    Elle sembla réfléchir quelques instants à cette difficile question, puis son visage se ranima, tandis qu'elle mimait ses paroles.

    « Est-ce que tu as déjà vu des animaux avec un grand nez? J'aime bien ceux-là, ils sont rigolos. Même si ça doit être dur de les faire rentrer à la maison. »

    On ne savait jamais, des fois qu'il y ait des éléphants, en Autriche.

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MessageSujet: Re: A silly situation { PV Eulalie ♥   A silly situation { PV Eulalie ♥ EmptyVen 30 Jan - 11:19

  • Eulalie était bien mignonne, mais il n'y avait pas à dire, elle ne semblait vraiment pas fute-fute. Pour ne pas dire carrément niaise. Pour autant, cela ne semblait pas déranger Theophil. Au contraire, là où la plupart des gens auraient ressenti de la fatigue, de l'exaspération, voire de l'énervement, le soldat ne rencontrait qu'une sorte de... calme. C'est ça, à sa manière, Eulalie était reposante. En tout cas elle l'était lorsqu'on la comparait aux troufions qui lui servaient de gardes dans son bataillon, à ses supérieurs lourds au possible et aux nobles tyranniques pour qui il avait déjà dû travailler. Avec elle, au moins, pas besoin de réfléchir à une posture, un comportement particulier. Tout semblait lui plaire : qu'on lui lance de l'eau, qu'elle trempe ses manches par inadvertance dans la mousse, que des fantômes l'observent – même quand elle sursauta, suite à un craquement du plancher, elle rayonnait. Elle était bien gentille, quoi.
    Et puis, tout en repensant à l'officialisation soudaine de leur amitié, un petit sourire flotta sur les lèvres de Theo, sans qu'il s'en rende compte.
    Il sortit de sa rêverie lorsqu'une giclée d'eau lui arriva sur la figure. Eulalie levait victorieusement les bras au ciel.

    « Je suis sûre qu'ils sont repoussés par nos énergies positives! Tu crois que chanter les empêcherait d'approcher? »

    Et tandis que Theophil essuyait son visage avec sa manche sans rien dire (c'était de bonne guerre), elle poursuivit sa tirade, passant du coq à l'âne avec un naturel presque affolant. Il eut à peine le temps de lui dire qu'elle avait un beau prénom, elle aussi, et que non merci, il n'aimait pas chanter : elle était déjà passée à autre chose.
    Chanter, non, valait mieux pas. Theophil s'y prêtait rarement. Quand il avait dix ou onze ans, on l'avait ramassé dans la rue, quelque part au fin fond du Saint Empire, pour le jeter dans un couvent. Un prêtre avait alors voulu l'initier aux profondes subtilités de cet art. Mauvais souvenir.
    Comme presque tous les autres liés à son pays natal. Pourquoi remettait-elle encore le sujet sur le tapis, justement ? Cette petite était trop curieuse. … Et elle avait des représentations étranges du monde extérieur – des animaux bizarres ? Si Eulalie disait n'avoir jamais quitté le continent britannique, il y avait également fort à parier qu'elle n'avait jamais quitté son village non plus.
    Sans cesser d'écouter le monologue d'Eulalie (c'était comme une sorte de bruit de fond rassurant, comme lorsqu'il s'accoudait au comptoir d'une auberge pour écouter les diverses conversations autour de lui), Theophil alla chercher une autre bassine, dans un coin de la pièce, remplie d'eau sans savon cette fois, pour rincer le linge. Il fut bien content d'être de dos, lorsqu'Eulalie réitéra sa joie de s'être fait un nouvel ami, cela lui évita de cacher sa gêne une nouvelle fois. Gêne aussitôt suivie d'un vague malaise : pauvre fille cherchant désespérément des amis pour partager sa petite vie, elle devait se sentir si seule... Ou non, en fait. Trop heureuse à la moindre occasion, elle ne semblait pas vraiment prêter attention à ce genre de détails. Brave fille. Theophil se tourna vers elle, avec un regain de sympathie (de pitié?) à son égard, et apporta la bassine d'eau pure.
    Tandis que la jeune fille se lançait dans une nouvelle série de mimes (Theophil ne s'en étonnait plus, maintenant. C'est dingue, la rapidité avec laquelle on peut s'accoutumer à certaines choses), le soldat la releva, l'emmena devant la nouvelle bassine, lui fit mettre les mains dans l'eau. Puis il alla récupérer le linge encore dégoulinant de savon, pour le plonger dans la deuxième bassine. La mousse s'éparpilla à la surface de l'eau.

    « Tu parles des éléphants ? Rince bien, hein, Eulalie. » ajouta-t-il.

    Il avait mis un moment avant de comprendre de quoi parlait Eulalie, puis il s'était souvenu avoir lu une histoire à propos d'un Général franchissant des montagnes à dos d'éléphants, et provoquant ainsi la déroute chez ses ennemis, au temps des Romains. Au couvent, on lui avait vaguement appris à lire à partir de deux sortes de textes : la Bible, et des textes antiques. Autant dire que le niveau de passion n'était pas égal pour les deux.

    « Désolé, il n'y en a pas dans mon pays. D'ailleurs, les animaux... »

    Il voulut dire « sont exactement les mêmes que chez nous », mais quelque chose, dans le regard émerveillé d'Eulalie, l'en empêcha. Alors il dit plutôt :

    « ...sont encore plus extraordinaires que ça. »

    Il soupira et se remit à frotter le linge. Il se faisait toujours avoir. Chaque fois qu'il allait au château, il se retrouvait – sans même savoir comment, parfois – à aider une cuisinière à éplucher les oignons ou une domestique à faire les poussières. Heureusement qu'il n'y avait pas de filles, dans la caserne, sinon il aurait été nommé ''bonne poire officielle''. Il n'arrivait pas à dire non. C'est pourquoi il se retrouvait à faire la lessive et à raconter des âneries à Eulalie.
    Il allait falloir étendre le linge, désormais. Puis ils auraient fini. Theo se redressa et regarda la jeune fille. A la vue de celle-ci, son expression oscilla entre l'amusement et la consternation.

    « … Tu peux t'arrêter, maintenant, avant d'inonder complètement la pièce. »

    A quoi cela servait-il de sécher l'entrainement sous la pluie, si c'était pour finir trempé de toute façon ?

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MessageSujet: Re: A silly situation { PV Eulalie ♥   A silly situation { PV Eulalie ♥ EmptyVen 27 Fév - 20:31

  • Eulalie agitait les draps dans tous les sens, avec l'intime conviction que, plus elle faisait de mouvements amples, plus elle était efficace – les autres servantes avaient eu beau lui affirmer sur un ton de plus en plus agacé que ce n'était pas le cas, la jeune fille était convaincue que le faire avec un enthousiasme certain, même désordonné, était le plus sûr moyen d'aller au but. Ainsi, elle gambadait dans la rue par tous les cas, mouillant et salissant ses jupons colorés, dessinant dans la gadoue, tirant ses cheveux avec la brosse quand elle se coiffait pour les grandes occasions (où sa tête, par la même occasion, semblait crouler sous les rubans), lançait son panier en l'air (et souvent les légumes aussi, qu'elle devait laver dans la fontaine glacée avant de les ramener à la maison), et toutes sortes d'excentricités qui lui attiraient soit les rires moqueurs, soit les cris de ses compatriotes.

    Elle était bien contente que Theo, lui, ne se montre pas froid comme ceux qu'elle connaissait, et discute avec elle sans se fâcher. Elle gloussa en continuant à chanter, l'eau mouillant ses manches retroussées, jusqu'à atteindre le bout de son nez, qui allait certainement se mettre à couler dans les cinq minutes suivantes. Elle ne fut pas étonnée que son nouveau compagnon connaisse le nom de ces bêtes étranges. Il devait être si savant ! Les gens savants étaient souvent très gentils. La dame échevelée du coin de la rue était très gentille aussi. Elle lui racontait tout le temps des histoires quand elle passait devant elle, et même plus quand elle lui donnait un sou ou un bout de brioche chaude. Elle avait essayé de partager ces histoires avec sa famille, mais le seul qui daignait l'écouter était son jeune frère. Il avait un sourire mi-figue mi-raisin qu'elle ne parvenait pas à identifier, mais il l'écoutait. Sa mère, en revanche, ne lui prêtait qu'une oreille distraite avant de lui dire d'étendre le linge ou de préparer le diner. Et quand elle avait voulu parler à son père, il s'était énervé si fort, en maudissant les charlatans et les mendiants, qu'elle n'avait jamais osé aborder le sujet une nouvelle fois. Si elle emmenait Theo la voir, est-ce qu'il l'écouterait avec autant de plaisir qu'elle ? Sûrement ! Elle devait lui en parler. Il méritait de savoir où se cachaient les lutins, de l'autre côté des murs.

    Elle fut un instant déçue de l'entendre dire qu'il n'y avait pas de ces animaux-là dans son pays, puis son visage s'éclaira, comme si un lampion s'était allumé derrière sa tête. Les dernières paroles de Theophil lui passèrent automatiquement au-dessus de la tête. Elle lâcha les draps dans la bassine, où ils s'enfoncèrent avec quelques bulles mécontentes, pour battre des mains en laissant échapper des glapissements aigus. Elle ne pouvait imaginer à quel point le pays de son ami devait être merveilleux. Dans son esprit, il se peuplait déjà d'arc-en-ciels, de bonnets colorés, de créatures poilues et ailées, qui ne devaient exister que dans la tête dure de sa propriétaire. Elle s'enfonça quelques instants dans sa rêverie, se mordillant le pouce, un sourire extasié épanoui sur sa figure. Oh, si seulement elle avait pu y aller ! Ce devait être excitant au possible. Bien plus que de découvrir une brioche avec un nouveau parfum ou d'acheter un jupon rouge, comme elle en rêvait depuis quelques mois. Même plus que de suivre un lézard pour voir où il habitait ! Ou que fixer le soleil pour avoir plein de petits points devant les yeux.

    Elle tourna son visage illuminé vers Theophil.


    « Je veux y aller ! Qu'est-ce que c'est, comme animaux ? Si c'est mieux que des éphélants, ça doit être merveilleux ! Et sennationel ! Selationnel ! Sensannio.... Magnifique ! Je suis sûre il y a des fées ! Et des chevaux cornus ! Y a des chevaux cornus ? »

    Elle s'arrêta un instant, rêveuse.

    « Si tu vas tout là-bas, emmène-moi avec toi. Promis ? »

    D'autorité, elle saisit sa main pour claquer ses petits doigts contre sa paume, éjectant quelques gouttes au passage, qui s'écrasèrent sur sa joue. Lâchant Theophil, elle s'essuya, sans succès, ne faisant qu'étaler l'eau sur ses tempes.

    « J'espère il y a des fées. La dame de la rue, elle dit il y en a ici, mais je les ai jamais vues. J'aimerais bien les voir. Elle dit elles sont belles, et elles exaucent les vœux si on s'y prend bien. Moi, je demanderai plein de bonnes choses à manger ! Et que les gens, ils sont heureux. Mon petit frère, surtout, pour qu'il peut sortir avec moi. »

    Elle se plongea quelques instants dans ses pensées, toute à ses rêves. Ce serait si bien, si tout se passait comme elle l'imaginait. La prochaine fois, elle achèterait deux brioches, et de la confiture, et elle les donnerait à la dame, et comme ça elle lui dirait comment voir les fées. Elle se demandait à combien de souhaits on avait droit ? Si elle pouvait en avoir un de plus, elle demanderait à ouvrir la ville pour retourner voir les champs qui s'étalaient autour de la cité. Elle avait envie de gambader dans les prairies, tout à coup. Et elle pourrait faire des couronnes de fleurs pour les accrocher à son corsage. Cela la mettrait certainement en valeur. Elle se remit à glousser, se souvint que Theophil avait dit quelques chose à propos d'arrêter de tremper la pièce, et retira ses mains de la bassine. Des flaques s'étalaient autour d'elle, et sur sa jupe s'agrandissaient de larges tâches sombres. Elle allait devoir se changer, quand elle aurait le temps. Elle mettrait ses jupons bleu et blanc. Et sa jupe rose. Ce serait charmant, surtout si elle avait le temps d'arranger ses cheveux par la même occasion.

    Mue par une pensée subite, elle fronça les sourcils et se remit à fixer Theo, tout en tentant d'essuyer ses mains dans ses vêtements trempés, sans succès.


    « Je vais demander à la dame comment on peut trouver les fées. C'est quoi tes vœux, Theo ? Faut y réfléchir sérieusement hein ! C'est important. »

    Elle tripota le drap dans la bassine, son expression sévère toujours tournée vers le jeune homme.

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