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 Des lendemains qui chantent [Theo 8D]

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Lord Lucien

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Lord Lucien
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MessageSujet: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptyJeu 30 Avr - 16:45

  • Lucien grogna lorsqu'un rai de lumière malvenu vint heurter ses paupières closes. Le matin était une chose si ennuyeuse. Il s'enfonça de nouveau sous les draps et dans un sommeil cotonneux, s'étirant en même temps pour changer de position, la sienne étant devenue trop inconfortable pour qu'il espère la garder encore longtemps. Son pieds heurta quelque chose de dur, ce qui ne lui plut pas le moins du monde. Il s'acharna pendant une poignée de secondes sur l'obstacle, essayant de l'éloigner afin qu'il puisse continuer à dormir en paix. Malheureusement, l'obstacle ne semble pas décidé à lui obéir, et lui renvoya même un coup assez douloureux, qui acheva de réveiller Lucien. Celui-ci se redressa avec un juron, avant de se laisser retomber sur les oreillers. Qui était l'ignoble crétin qui osait le déranger ? Encore endormi, il tenta de rassembler ses idées. Cependant, avant qu'il y parvienne de son propre chef, celles-ci se remirent toutes seules en place lorsqu'il reconnut le visage à côté de lui. Il s'assit dans le lit et se frotta les yeux, passant les mains sur son visage pour émerger progressivement. Lorsque cela fut fait, il laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres, satisfait.

    Lorsqu'il avait entendu frapper à la porte de sa chambre, hier, il s'était demandé pourquoi Lelio n'entrait pas à l'improviste, sans gêne aucune, comme il en avait l'habitude. Après tout, il était son majordome et pouvait donc se permettre de vaquer à ses occupations sans demander automatiquement l'aval de Lucien. Après quelques secondes de silence où le comte avait fixé la porte, les sourcils levés, il avait fini par dire à Lelio d'entrer, d'une voix incertaine. Que lui valait ce brusque changement d'attitude ? Il n'aimait nullement les ennuis, et espérait qu'il pourrait régler celui-ci en deux coups de cuillère à peau, sans s'embêter davantage. Cependant, ce n'était pas Lelio qui s'était tenu dans l'embrasure de la porte. Lucien avait fixé Theophil pendant quelques secondes sans ciller, les lèvres pincées, le fixant depuis le couloir.

    Au final, tout s'était enchainé assez vite, et Lucien n'avait pu, sur le moment, prendre la pleine mesure de cette victoire. Ainsi, ce matin, resta-t-il quelques minutes les yeux braqués sur le mur d'en face, dans la pénombre qui se striait de trais de lumière pareils à celui qui l'avait dérangé peu de temps auparavant.

    Cependant, le silence finit par le déranger. Ce serait tellement plus amusant de mettre Theophil face au fait accompli. Il se demandait comment le garde allait réagir. Il espérait au moins que ce serait divertissant. Sinon, il serait affreusement déçu. Il s'interrogea pour savoir si le garde prendrait mal le fait de se faire pousser à terre. Il décida que oui, et employa donc une méthode un peu plus humaine, qui consistait à le pousser à l'épaule jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux. Lucien doutait qu'il soit réellement en train de dormir à ce moment-là. Plus probable était qu'il faisait semblant pour éviter toute discussion malvenue. Le réveil ne lui semblait pas bien naturel. Son sourire s'élargit, se fit moqueur. Il haussa un sourcil tandis que sa main s'attardait dans le cou de Theophil. Il finit par la retirer. Après tout, même pour lui, se retrouver dans cette situation avait quelque chose d'étrangement gênant. Mais il ne l'aurait avoué pour rien au monde, et cette brève impression fut majoritairement étouffée par le sentiment de satisfaction qu'il ressentait en même temps.

    Il s'obligea à planter son regard dans celui de Theophil.

    « Tu n'es pas autorisé à paresser. »

    Il avait fait mieux comme entrée en matière, mais les débuts de matinée n'avaient jamais été son fort. Il survivait bien mieux aux soirées. Theophil n'y mettait pas du sien, aussi. Il aurait pu faire un commentaire subtil sur ses capacités ô combien satisfaisantes pour son statut de néophyte. En plus de flatter son ego, cela aurait montré qu'il était capable de faire preuve de franchise – et aussi de beaucoup d'inconscience, car Lucien n'aurait jamais laissé passer une si belle occasion. Cependant, il ne fallait pas qu'il compte là-dessus. Que voulait-il, au juste ? La certitude qu'une telle nuit pouvait se reproduire, et se reproduirait nécessairement, lui parut une bonne réponse. Malheureusement, dur serait cette tâche. Il avait déjà eu du mal à obtenir la nuit précédente, alors une récidive... Il savait la mériter, mais l'autre crétin était parfois si borné.

    La gêne inexplicable, sous le vernis de la satisfaction, sourdait toujours, sans que Lucien parvienne à l'identifier. Une fois de plus, il repoussa Theophil du pied pour l'amener à réagir.

    « Habille-toi. »

    Son sourire s'élargit.

    « A moins que tu n'attendes la suite ? Car dans ce cas-là, tout peut s'arranger. »

    S'il ne s'en prenait pas une, il aurait de la chance. Commencer la journée de cette manière ne le satisferait pas spécialement, mais au moins pourrait-il en apprendre davantage sur ce qu'il était à même d'espérer.

    Quoique, Theophil était capable de lui dire le contraire de ce qu'il pensait. Il haussa les épaules et passa la main dans ses cheveux pour les ramener en arrière. Ils commençaient à devenir un peu trop long. Il n'aimait pas être gêné. Il allait falloir qu'il fasse venir un barbier qui n'aurait pas peur de travailler pour un noble. Trouver du personnel devenait tellement compliqué, ces temps-ci. Il fixa ses habits, jetés pêle-mêle dans la pièce, et se demanda vaguement s'il aurait la force de se lever pour aller les ramasser. Après cinq secondes de débat, il décida qu'il serait plus aisé d'attendre que Lelio daigne les ramasser, comme c'était habituellement sa tâche. Il n'allait d'ailleurs pas tarder à arriver. Que penserait-il de tout ceci ? Il était habitué aux frasques de son maitre, mais serait-il étonné de voir qui était la victime ? Il passa une main sur ses lèvres. Et plus que cela, quelle tête tirerait Theophil ?

    Maintenant qu'il avait obtenu ce qu'il pourchassait depuis des mois, il se rendait compte qu'il calculait la suite : parviendrait-il à convaincre Theophil de continuer ? Il soupira. Il n'était pas sûr que cela s'annonce comme une partie de plaisir.
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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptyVen 1 Mai - 2:40

  • Theophil sentait qu'il ne dormait plus d'un sommeil profond, mais il flottait si agréablement, dans une sorte de cocon épais, et il n'avait aucune envie d'en sortir. Ses paupières étaient encore lourdes, sa respiration, tranquille, et il était si bien installé, si détaché de toute sensation corporelle...
    De mémoire, jamais il n'avait aussi bien dormi de sa vie.
    Malheureusement pour lui, cela ne devait pas durer. Un coup brutal dans le genou commença à le tirer de son semi-sommeil. Il n'y prit pas attention, ça ne devait pas être bien important... Nouveau coup. Puis d'autres, qui suivirent avec un acharnement somme toute, familier ? Sans réfléchir, il grogna et renvoya un coup de pied à l'attaquant, bien décidé à retourner se nicher dans son cocon.
    On ne l'embêta plus. Mais le fait d'avoir donné un coup de pied avait réveillé Theo bien plus qu'il ne l'avait voulu, aussi ne se rendormit-il pas. Au contraire... Du fond de sa léthargie, il commençait à sentir que quelque chose clochait. Son cœur s'accéléra, sa respiration se crispa. Adieu, douces sensations de pré-réveil ! La dure réalité reprenait sa place. Il se souvenait.
    Mieux valait faire le mort. Avec un peu de chance, Lucien allait se rendormir. Il n'aurait qu'à attendre, guetter le son de sa respiration pour savoir quand se lever et partir discrètement... Pourquoi avait-il roupillé si longtemps et si profondément, aussi ! Lui qui ne dormait toujours que d'un œil. Il aurait pu partir à l'aube, comme si de rien n'était. Allons, tant pis, il n'y avait plus qu'à attendre que...-
    Lucien se mit à lui pousser l'épaule. Et merde.
    Theophil grogna, voulu dégager la main de Lucien d'un coup d'épaule et se retourner – se stoppa aussitôt. Il ouvrit brutalement les yeux. C'était lui ou bien... Son regard trouble s'accrocha à celui, narquois, de Lucien.

    « Tu n'es pas autorisé à paresser. »

    Mais quel emmerdeur. Du Lucien tout craché ça. Theo ne prit pas la peine de répondre, passant une main sur ses yeux et son visage pour se réveiller un peu. Si seulement il était parti plus tôt... Mais bon, le mal était fait. (Il retint une plainte – bordel, c'était le cas de le dire !) Il se demanda un court instant s'il avait bien fait de céder à la tentation, puis chassa l'interrogation aussitôt. Il n'avait aucune envie d'y réfléchir pour l'instant. C'était fait, voilà tout, il verrait bien les conséquences plus tard.
    Sauf que. Sauf que les conséquences allaient lui sauter à la gorge bien plus tôt qu'il ne l'avait prévu. L'une d'elles, déjà, était inévitable – elle se rappela à lui pour la deuxième fois quand Lucien le repoussa du pied, l'obligeant à remuer. Chose qu'il avait veillé à ne plus faire depuis les premières minutes qui avaient suivies son réveil.

    « Habille-toi. A moins que tu n'attendes la suite ? Car dans ce cas-là, tout peut s'arranger. »

    Une grimace passa sur son visage ; il se retourna pour l'enfoncer dans l'oreiller.
    Quelle idée à la con il avait eu d'accepter !
    Il ne releva même pas la provocation de Lucien, presque paniqué par l'autre constatation qu'il était en train de faire. Le grognement, à moitié étouffé par l'oreiller, s'échappa de sa bouche avant qu'il n'ait le temps de réfléchir aux conséquences désastreuses qu'elles auraient certainement sur Lucien.

    « Je peux pas bouger. Pas maintenant. Fous moi la paix » ajouta-t-il, anticipant un peu la réaction prochaine du noble.

    Encore une idée brillante ! Pourquoi ne réfléchissait-il jamais avant d'agir ou parler ?

    Theophil faisait distraitement les cent pas dans le couloir, interrompu seulement de temps à autre par des réflexions qui le poussaient à s'arrêter pour se prendre la tête à deux mains.
    Il s'était retrouvé devant la porte de Lucien plus tôt qu'il ne l'avait prévu, et il n'osait pas entrer.
    Un éclair fugace de mauvaise humeur prit le dessus sur les multiples autres émotions qui l'habitaient – allait-il resté planté là craintivement ? Il entendait déjà le rire moqueur de Lucien.
    Il y eut une sorte de passage à vide, dans son esprit. Avant qu'il ne le réalise, il avait toqué à la porte du Comte. La voix de celui-ci, de l'autre côté, le réveilla. Trop tard. Il inspira, ouvrit la porte.
    Le regard de Lucien exprimait de la surprise avant tout. Le noble se ressaisit pourtant bien vite, et, un nouveau sourire bien ancré sur ses lèvres, il se leva prestement pour attirer Theo à l'intérieur de sa chambre. Le garde n'eut même pas le temps de réfléchir d'avantage – Lucien faisait sans doute exprès de ne pas lui en laisser le temps, au cas où il aurait voulu tenter une fois de plus de se débiner. Mais Theo ne comptait pas fuir maintenant : il était un homme de parole, merde ! Et il était en train d'embrasser son patron. Et ça lui plaisait. Bordel. Il eut un petit rire, un peu nerveux, puis il se retrouva assis sur le lit de Lucien sans avoir vu venir la transition.


    Theophil était de plus en plus gêné. De plus en plus honteux, aussi – il était soldat, enfin, et il avait l'impression de se comporter en fillette. (Mais ça faisait mal, putain !) Trouver quelque chose d'autre à dire lui sembla nécessaire – mais la seule chose qui vint fut un autre grognement rauque, tandis qu'il se redressait un peu.

    « Bordel, j'espère que ça fera pas aussi mal la prochaine fois. »

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Lord Lucien

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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptyMer 6 Mai - 23:27

  • Il eut un sourire narquois en voyant Theophil enfoncer son visage dans son oreiller. Allons bon, voilà qu'il faisait l'enfant. Lucien était soulagé de quitter cet état d'entre-deux, entre le réveil et la journée, pendant lequel il ne savait pas comment se comporter. Retrouver la mauvaise humeur de Theophil était, quelque part, étrangement rassurant. Il fut un peu déçu lorsque le soldat refusa ses nouvelles avances (quoique la situation demeurât gênante, il n'aurait rien eu contre le fait de prolonger une nuit si divertissante), quand les paroles prononcées commencèrent à se frayer un chemin vers son cerveau.

    La première chose qui le frappa fut le tutoiement. Il se rappela, en même temps, que celui-ci avait été fortement usité au cours de la nuit, sans qu'il ne cherche à le brider, cette insolence étant quantité négligeable à côté de ce qu'il était en train d'obtenir – à vrai dire, l'information était restée à la limite de sa conscience, et il n'avait pas jugé utile de la relever. Cependant, à la lumière, sans ce contexte si particulier, le tutoiement le fit tiquer. Personne n'avait jamais osé faire preuve d'autant de familiarité avec lui. Sa famille le vouvoyait, comme il était d'usage dans les familles nobles. Son frère le tutoyait-il ? Il n'en était même plus sûr. C'était trop lointain. Toujours était-il que cet acte, de la part de son subordonné, auprès duquel il avait épuisé ses forces à lui faire comprendre ô combien il était inférieur à sa personne, lui sembla déplacé. Il allait faire une remarque lorsqu'une nouvelle parole, commencée par une insanité (Theophil saurait-il un jour user d'un langage châtié ? Il avait bien peur qu'il ne s'agisse d'un combat perdu d'avance), lui fit comprendre toute la portée de la phrase précédente. Et cette idée lui parut tellement incongrue dans ce contexte, et le fait que Theophil ose y faire allusion lui sembla si étrange, que sa réaction en fut disproportionnée. Lucien éclata de rire. Son écho se répercuta dans la chambre, pendant un long moment, sans qu'il parvienne à s'arrêter.

    Quand il s'était rendu compte que c'était Theophil qui se tenait devant lui, il avait esquissé un sourire nerveux. Était-ce enfin le moment qu'il attendait ? Sans attendre la confirmation – il fallait parfois profiter des opportunités sans se prendre la tête, n'est-ce pas ? - il avait saisi Theophil par sa chemise et s'était empressé de coller ses lèvres aux siennes, pour décourager toute tentative de fuite. Lucien n'avait pas l'intention de se laisser flouer une fois de plus. Il avait poussé le garde sur le lit, et, sans qu'il sache réellement comment, il s'était retrouvé au-dessus de lui. Les protestations de Theophil, venues un peu trop tard (les « Casse-toi », quand on sortait d'une séance intime, souffraient soudainement d'une perte de crédibilité) ne l'avaient pas arrêté. Ses mains avaient détaché sa chemise, et s'en était ensuivi ce qui s'était ensuivi.

    Et d'où ressortaient les présentes conséquences, qu'il avait totalement occultées. Il devait avouer que lui, dans sa position, n'avait que rarement - très rarement – rencontré ce problème, et s'il s'en était souvenu, n'aurait pas cru bon d'en informer Theophil, qu'il avait déjà eu assez de mal à persuader comme cela. Lorsque son rire se fut tari – avec quelques difficultés, il espérait ne pas avoir froissé l'ego de son amant tout frais, ce serait si dommage – il nota que l'expression « la prochaine fois » était un nouvel avantage au tableau. Il se sentit soudainement beaucoup plus détendu. Peut-être n'aurait-il pas dû rire. Il aurait été dommage que son indélicatesse pousse le jeune homme à changer d'avis. Mais nom de Dieu, ce n'était pas sa faute si tout s'était présenté de manière comique ! Theophil aurait au moins pu le ménager. Voilà, c'était entièrement la faute de ce crétin. Il n'empêchait qu'il y aurait une prochaine fois. Lucien passa une main sur sa nuque, assis dans le lit, puis ébouriffa les cheveux de Theophil d'un geste moqueur.

    « Allons, allons, Monsieur le garde, vous faites beaucoup de bruit pour une douleur passagère. »

    Il réprima à grand peine un gloussement, sorti de nul part, qui menaçait de passer ses lèvres. Rester calme en toutes circonstances. Comme quoi, le soldat avait un don pour provoquer ses réactions, quoi qu'il arrive.

    « Ne pleure donc pas comme une petite fille, ce sera bientôt passé. »

    Pas dit qu'il n'aurait pas eu la même réaction s'il s'était trouvé à sa place, mais autant ne pas le mentionner. Après tout, à sa place, il ne s'y trouvait pas. La question ne se posait donc pas. Il faisait déjà l'effort d'arrêter de rire, il ne devait pas non plus faire preuve de mimétisme pour compléter le tableau, non ? Il y avait des limites à sa compassion.

    « Enfin, au moins je remarque que tu prends tes aises. Le tutoiement des nobles n'est pourtant pas chose courante. »

    Il décida de laisser passer cette incartade. De toute façon, s'il l'interdisait à Theophil, nul doute que celui-ci ferait tout pour lui désobéir. Ce qui venait de se passer valait bien quelques concessions, qu'il était pour le moment d'humeur à accorder. Pour une fois.

    Il laissa son regard dévier jusqu'à la fenêtre, pour l'instant obstruée par les rideaux. Il s'appuya sur ses mains, ses mèches coulèrent sur ses épaules, les effleurant.

    Pourvu que Lelio arrive bientôt. Il allait être l'heure du petit-déjeuner. Et il détestait attendre. Sa patience avait été bien usée par les résistances de l'autre au cours de ses dernières semaines, et ses réserves lui paraissaient épuisées pour quelques années – au moins. Il retint un nouveau rire, et s'ingénia simplement à ressentir la présence de Theophil, à côté de lui. Une victoire durement acquise n'en était jamais que plus exquise, et celle-ci resterait certainement dans sa mémoire comme une des plus agréables.

    Ce serait certainement une bonne journée.

    Si Lelio arrivait avec de la nourriture, si Theophil continuait à l'amuser sans entamer sa joyeuse humeur, s'il ne démentait pas l'existence de prochains ébats, et si aucune catastrophe ambulante ne se pointait aujourd'hui à son domicile. Rien, somme toute, que de très sommaire.
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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptyDim 17 Mai - 0:03

  • A son grand étonnement, Lucien éclata de rire.
    Theophil resta un instant immobile, un peu scotché. Il pensa que c'était bien la première fois qu'il entendait le noble rire autant, et surtout, d'un rire qui semblait sincère. Depuis combien de temps travaillait-il pour lui, déjà ? Si on comptait ses trois mois de démission-temporaire... ça faisait presque un an. Theo l'avait déjà entendu ricaner – amer, sarcastique, moqueur, séducteur et bien d'autres – mais il ne se rappelait pas avoir déjà été témoin d'une telle manifestation de joie. Theo se renfrogna davantage, vexé, mais dû tout de même retenir un sourire contre l'oreiller. Ce n'était pas sa faute, le rire était transmissible.
    Il sentit une main lui ébouriffer les cheveux. Surpris, il releva la tête aussitôt, le menton toujours appuyé sur l'oreiller entre ses bras.

    « Allons, allons, Monsieur le garde, vous faites beaucoup de bruit pour une douleur passagère. Ne pleure donc pas comme une petite fille, ce sera bientôt passé. »

    Eh bien. Ça, c'était dit.
    Theophil décida qu'il n'aimait pas quand Lucien était de trop bonne humeur. Rassemblant les morceaux de sa dignité brisée (quelle dignité ? Celle qui était tranquillement rangée dans un coin sombre et abandonné, entre son honneur et sa fierté ? Celle qu'il avait volontairement décidé de piétiner en se laissant aller à des galipettes dans le lit de Lucien, la veille à peine ? Crétin irréfléchi, va), et inspira profondément dans le drap, se préparant à bouger rien que pour envoyer chier le noble et ses piques matinales.
    Ça sentait comme Lucien, au creux de l'oreiller. Se rendre compte qu'il reconnaissait l'odeur de son patron l'inquiéta vaguement.

    « Enfin, au moins je remarque que tu prends tes aises. Le tutoiement des nobles n'est pourtant pas chose courante. »

    Occupé à se concentrer pour réussir à se lever sans se taper la honte (en tout cas, pas plus que ce n'était déjà le cas), Theophil répondit presque distraitement, mais ironique :

    « Je ne suis pas le seul à ''prendre mes aises''. La bonne humeur post-volupté est-elle toujours de mise chez son altesse ? »

    Sous-entendu : d'habitude t'es qu'un vieux grincheux.

    « Il y a bien que les nobles pour continuer à vouvoyer quelqu'un après ce genre de choses. », ajouta-t-il dans un marmonnement.

    Il se tourna sur le côté, dos au comte, pour se redresser et s'asseoir au bord du lit – très mauvaise idée, de s'asseoir, putain, il valait mieux se lever directement en fait. Il manqua de trébucher dans ses propres pieds une fois debout, mais il se ressaisit sans avoir besoin de s'appuyer sur la rambarde du lit – et puis quoi encore – et heureusement, il était dos à Lucien lorsqu'il fit une horrible grimace.
    Il pesta, et cette fois les mots vinrent en allemand sur ses lèvres, sans trop qu'il sache pourquoi. En principe, c'était lorsqu'il était trop contrarié pour fermer sa gueule, mais qu'il restait assez censé pour faire en sorte d'éviter que Lucien comprenne son discours/ses insultes. Or, au point où ils en étaient, avait-il réellement besoin de se censurer ? L'habitude, sans doute.
    « Douleur passagère, connard, on voit que c'est pas toi qui va pas pouvoir t'asseoir de la matinée... » et ainsi de suite tandis qu'il s'efforçait de ne pas trop boitiller en direction de ses vêtements éparpillés. Rester digne, on avait dit.

    (Mais comment sa chemise avait-elle pu finir à l'autre extrémité de la chambre ?)

    La douleur avait achevé de le réveiller complètement, au moins. Il leva un instant les yeux vers Lucien. Celui-ci était appuyé sur ses mains, la tête en arrière (ses cheveux n'avaient-ils pas poussés ?), le visage empreint d'une souveraine tranquillité. Enfoiré.
    (Il trouva enfin son pantalon. Le plus dur était – ah, non, restait encore à l'enfiler c'est vrai.)

    Ramassant un vêtement de Lucien qui traînait à ses pieds, Theophil le lui jeta à la figure sans plus de cérémonie, un sourcil haussé comme pour dire : « Reluque pas » ou « T'as pas autre chose à faire que rester planté là ? ».

    Il avait à peine enfilé, difficilement, son pantalon, que quelqu'un toqua à la porte et entra aussitôt après sans le moindre scrupule, répandant une odeur de thé dans la chambre. Lélio s'arrêta net dans son mouvement. Il regarda Theo de haut en bas. Ce dernier était encore immobile comme un lapin surpris au milieu de la route, cherchant à toute vitesse une explication à sa présence dans la chambre de son patron, tôt le matin, torse-nu, avec des vêtements éparpillés par terre et Lucien tranquillement assis dans son lit et encore complètement à poil et – le visage de Lélio resta de marbre, quand il dit dans un soupir inaudible :

    « Je suppose que je vais simplement descendre chercher un deuxième plateau. »

    Il posa le petit déjeuner de Lucien sur la commode, à côté de la porte. Et il sortit. Comme ça. La deuxième putain de conséquence de sa nuit torride et irréfléchie.
    L'absence de commentaire était pire, en fait.
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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptyDim 19 Juil - 18:32

  • Lucien regarda Lelio partir d'un air distrait, regrettant simplement qu'il soit parti sans le servir. Il n'avait pas envie de se lever pour aller chercher son petit-déjeuner. Pendant quelques instants, il pesa ses deux options : valait-il mieux se déplacer lui-même, ou attendre que son majordome daigne revenir avec la pitance de Theophil ? Il esquissa un sourire narquois. La tête que tirait ce dernier, à mi-chemin entre l'anéantissement total et la perplexité, valait franchement le détour. Il était dommage que Lelio n'ait pas eu une réaction plus marquante mais après tout, c'était aussi ce que Lucien appréciait chez lui : il en avait vu tellement, des vertes et des pas mûres, qu'à présent il fallait que la nouvelle soit de taille pour susciter une réaction chez son domestique. Et apparemment, que Theophil ait enfin cédé aux tentatives de Lucien n'était pas assez exceptionnel pour être notifié par Lelio. Il ne savait pas trop si Theophil devait s'en sentir vexé ou non. Lelio avait-il déjà prévu que celui-ci finirait par céder ? Peut-être. Bien que cela irritât Lucien, Lelio possédait souvent une perspicacité impressionnante, à la limite de l'instinct, que l'on lisait dans ses yeux énigmatiques sans parvenir à savoir ce qu'il avait réellement vu. Ou alors, il était tellement habitué aux frasques de son maître qu'il était capable d'en deviner l'issue à l'avance. C'était possible aussi. Etait-il à même de deviner ce qui lui passait par la tête ? Il en avait parfois eu l'impression et cela le mettait mal à l'aise, mais il n'avait jamais pu lui en faire explicitement le reproche. Lelio avait trop l'habitude de rester dans les limites du respect dû à son employeur pour qu'il puisse le taxer d'insolence. Mais il n'en pensait pas moins, à son grand dam. Lucien soupira. L'avantage de Theophil, au moins, c'était qu'il n'était jamais compliqué de deviner quand il était en désaccord avec lui. Soit il le laissait entendre à corps et à cris, soit ses mimiques parlaient pour lui, de manière aussi expressive que s'il avait hurlé son dégoût.

    Dans tous les cas, et malgré son air impassible lorsqu'il remonta avec un deuxième plateau, Lelio avait parfaitement compris la situation. Quelque part, Lucien admirait sa capacité à ne rien laisser paraître. On aurait pu croire que la scène à laquelle il assistait était tout ce qu'il y avait de plus normal. Lucien haussa les épaules et entreprit d'enfiler la chemise que Theophil lui avait lancé à la tête quelques minutes plus tôt, provocation à laquelle il avait choisi de ne pas donner suite. Il trouverait un moyen de s'en venger plus tard. Pour l'instant, son employé-amant-quelque chose ? Avait l'air tellement anéanti qu'il aurait eu l'impression d'achever un homme à terre. Impression qui ne saurait durer, bien évidemment. Sa jauge de compassion n'avait jamais été bien impressionnante.

    Des yeux, il chercha de quoi parachever sa tenue. Son regard traina le long de la chambre, dans un silence que n'importe qui, autre que Lucien, aurait trouvé pesant. Il trouva ce qu'il cherchait, l'enfila, puis se dirigea vers la table où attendaient deux plateaux fumants, mais une seule chaise, ce qui dénotait bien d'une matinée inhabituelle. Dans un coin, derrière un rideau, trainait un siège qui n'avait pas dû être utilisé depuis des années, bien qu'il soit aussi impeccablement nettoyé par les domestiques que s'il devait servir tous les jours. Il esquissa un bref signe de main dans sa direction avant de se laisser tomber devant la table.

    « Si tu veux, il y a un siège là-bas. »

    Depuis combien de temps n'avait-il pas pris un petit-déjeuner avec quelqu'un ? Il se creusa la tête, sans parvenir à se souvenir. Le matin, il préférait être seul. Il avait assez à supporter les jérémiades des autres le reste de la journée.

    Il remarqua que si Lelio s'était carapaté sans plus de cérémonie, il avait tout de même pris le temps de verser le thé dans la tasse. Cet homme n'était-il pas fatigué d'être aussi professionnel ? Il remarqua que la tasse de l'autre plateau était remplie d'un liquide bien trop sombre pour être de l'eau avec des feuilles. La senteur âcre n'était pas celle du thé non plus. Il fronça le nez.

    « Tiens donc. Il semblerait que Lelio connaisse les petites habitudes de Monsieur. »

    Il avait oublié que Lelio savait tout, dans cette maison. Depuis les tracasseries des servantes jusqu'au nom des chevaux (plus rares depuis la révolution), en passant par le nombre d'œufs contenus dans les placards et les teintures à utiliser pour rafraichir les rideaux. Il connaissait sûrement Theophil mieux que lui ne le connaissait. Lelio était capable d'écouter ses semblables. Lucien était capable de s'écouter parler. Mais dresser l'oreille pour ce que les autres avaient à dire, il en était bien incapable. Il ne faisait que se disputer avec Theophil. Ils ne discutaient jamais. Il haussa les épaules avec mauvaise humeur. Qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire, de toute façon ? Physiquement, il avait eu le dessus sur Lelio cette nuit, n'est-ce pas ? Cette constatation lui laissait tout de même un goût amer dans la bouche. Il remarqua que Theophil n'avait toujours pas bougé. Aurait-il jamais fini de jouer les donzelles ? Il tapota la table à ses côtés, d'un mouvement quelque peu impatient.

    « Ne reste pas planté comme un piquet et viens ici. »

    Cela sonnerait peut-être trop comme un ordre aux yeux de Theophil, mais qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire ? Il pourrait toujours s'en plaindre à Lelio, et il lui ferait du café comme s'ils avaient élevé les cochons ensemble. Il marmonna dans sa barbe des paroles sans queue ni tête, où se croisaient des histoires de boisson, de réaction disproportionnées par rapport à la nuit passée, et de pudeur trop marquée. Il finit par les noyer dans l'eau du thé, qui fit quelques bulles fort peu gracieuses.

    Il se renversa un instant sur sa chaise, balayant la nappe du regard, puis attrapa une tranche de pain sur une assiette, l'enduit de confiture et la tourna quelques secondes entre ses doigts. Il se demanda vaguement si Lelio et Theophil se tutoyaient. Cette question lui laissa une impression désagréable.
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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptyJeu 23 Juil - 15:48

  • Qu'est-ce que Lelio en a pensé ? Il n'avait pas l'air étonné. … Est-ce que je dois mal le prendre ? Non, c'est juste qu'il n'est jamais étonné. Mais quand même, ça craint. … Putain, est-ce qu'il s'est dit que j'étais en dessous ?
    Theophil ne remarqua pas lorsque Lelio apporta le deuxième plateau de petit-déjeuner. Il resta les yeux dans le vague, jusqu'à ce que Lucien ne passe devant lui tranquillement. Il releva la tête pour le voir s'asseoir à son bureau, juste après avoir désigné une chaise dans un coin de la chambre, et là encore, il resta pensif.
    Lelio ne crachera surement pas le morceau. Mais est-ce que les autres domestiques se sont douté de quelque chose lorsqu'il est allé chercher un deuxième plateau ? Tout va bien, n'importe qui peut être dans la chambre du Comte. C'est quelque chose de fréquent après tout, non ? Mais quelle femme demanderait du café au petit-déjeuner ?
    Du café ?
    Theophil loucha en direction du bureau. Un café bien noir et bien corsé, oui, ça lui ferait le plus grand bien. Lelio savait toujours ces choses là.
    Attendez, le Comte l'avait invité à s'asseoir avec lui, à l'instant, ou bien il rêvait ?
    Était-ce dans son habitude, de déjeuner avec ses coups d'un soir ? (Est-ce qu'il était un coup d'un soir, lui aussi ? Ce titre était réservé aux inconnus qui n'entraient dans la vie de Lucien que pour ces sortes de choses. Mais Theo connaissait le noble bien avant sa regrettable faiblesse de la veille, non ? Est-ce que Lucien s'était déjà tapé un de ses employés, avant lui ? Connaissant le personnage... Puis les employés devaient disparaître, comme les coups d'un soir. ... He, est-ce qu'il serait toujours payé pour son boulot de garde du corps ou est-ce que, promu ''amant du moment'', il devrait oublier son salaire ?)
    (Amant ?)

    « Tiens donc. Il semblerait que Lelio connaisse les petites habitudes de Monsieur. »

    Cette phrase percuta les dizaines d'autres pensées qui s'agitaient déjà sous sa caboche comme des billes. Theophil regarda le noble en silence, s'interrogeant. Si en plus il devait interpréter les paroles de son patron pour leur trouver un sens, il était pas sorti. Déjà qu'il était complètement paumé.
    (Pourquoi Lucien avait-il semblé si amer, à l'instant ?)

    « Ne reste pas planté comme un piquet et viens ici. »

    Le comte bougonna encore des choses incompréhensibles, avant de se faire des tartines, sous le regard perplexe du soldat. Mais quoi, à la fin ? Il était pourtant de bonne humeur il y a encore quelques minutes Avant l'intervention, pourtant brève, de Lelio, en fait. Oh.
    Il passa une main sur sa nuque. Theo. Café. Remue-toi.

    « J'attendais que tu finisses ta crise de jalousie » , lança-t-il avec un haussement d'épaules.

    Il marcha tant bien que mal – essaya de ne pas trop boiter, surtout – vers la chaise que Lucien lui avait désignée, pour la ramener vers le bureau. Il aurait aimé se laisser tomber dessus avec désinvolture (chose qu'il ne manquait jamais de faire lorsqu'il s'installait quelque part et que Lucien l'observait, juste pour le plaisir de l'exaspérer un peu plus. « Tu crois que je te paye à rien faire ? » disait-il. « A moins que votre coupe-papier ne vous en veuille, je ne pense pas que vous ayez besoin d'un garde du corps lorsque vous vous occupez de votre courrier, Comte ». Ah, c'était le bon temps), mais mieux valait s'abstenir. Alors que Lucien jouait avec sa tranche de pain, Theophil s'assit, une jambe repliée sous lui pour échapper au mieux à la douleur. Dieu qu'il avait l'air bête. Il se rendit compte qu'il était toujours torse nu, et noya un soupir dans sa tasse de café.
    Il lança un regard oblique à Lucien, se demandant un instant s'il devait laisser couler, ou jeter de l'huile sur le feu. La boisson chaude l'enhardit un peu – autant mettre les choses au clair et que Lucien lui fiche la paix ensuite.

    « Ce n'est qu'un café, hein. Je ne vais pas te voler ton domestique. Tu serais perdu sans lui, de toute façon. »

    Il savait Lucien possessif, mais à ce point, ça dépassait l'entendement. Enfin, il ne s'étonnait plus de rien avec lui.

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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptyVen 31 Juil - 22:36

  • Lucien haussa les sourcils en voyant Theophil s'asseoir en face de lui sans rechigner. Il aurait pensé que ses velléités révolutionnaires se seraient rebellées contre tant d'oppression de sa part. Il finit par penser que, peut-être, les événements de la nuit bridaient quelque peu l'habituelle grande bouche de son adorable garde du corps – qui n'était même pas capable de s'habiller correctement, avait-on jamais vu homme plus insouciant ? Il se crispa en entendant la réflexion de Theophil. Crise de jalousie ? De quoi cet imbécile était-il en train de lui parler ? Il ne l'était pas le moins du monde. Il n'avait pas besoin de l'être. Après tout, qui pouvait bien se soucier des autres quand il se trouvait dans la même pièce ? De plus, nourrir de tels sentiments pour un individu ayant aussi peu d'importance que lui était ridicule. S'il avait été un amoureux transi, il n'aurait pas dit, mais il s'agissait ici de sexe. Theophil était-il donc stupide à ce point ? N'avait-il donc pas compris les principes de cette relation ? A quel moment une interaction purement physique était-elle censée se doubler de préoccupations aussi inutiles ? (La réponse était jamais). D'ailleurs, Lucien ne comptait pas s'en préoccuper. Il ne s'était jamais intéressé aux tourments des duchesses qu'il honorait, ce n'était pas pour tomber lui-même dans des pensées de midinette pour un vulgaire prolétaire. Surtout celui-ci. C'était stupide.

    Son agacement retomba d'un cran sous le coup de la surprise, en entendant la suite des explications de Theophil, puis il se sentit abasourdi. Il hésita à rire, mais se borna à esquisser un sourire méprisant (tiens, cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eu la visite de celui-ci. Cela lui avait presque manqué). Theophil n'avait décidément aucune conscience des relations qui pouvaient exister, ou non, entre les différentes classes sociales. Il ne tenait pas à Lelio au sens où il le sous-entendait. Son domestique était pratique, tout simplement. Il connaissait ses habitudes, ses défauts, ses manies, et son emploi du temps. C'était un employé, qui était payé pour faire ce qui était nécessaire. Leur relation, bien qu'il admette en avoir besoin, restait hiérarchique. Lelio n'était pas son frère ou son amant. Il n'avait pas à nourrir de tels sentiments à son égard. D'ailleurs, cela ne lui serait même pas venu à l'idée. De toute façon, Lelio ne pouvait pas se passer de lui. Il ne trouverait jamais un maître qui serait son égal ailleurs. Il avait tout intérêt à rester. Lucien n'aurait pas compris son départ, qui aurait sans aucun doute été une action irraisonnée et profondément honteuse. Il l'aurait renié à jamais s'il avait osé faire cela (lui faire cela -il balaya cette idée en un instant). Non, vraiment, Lelio ne partirait jamais. Cette discussion était stupide.

    Il gratifia Theophil de son plus beau rictus, haussant un sourcil. La tranche de pain fut reposée dans son assiette, sans qu'il y ait encore touché.

    « Ne sois pas ridicule, Theophil. Lelio ne s'en ira jamais. »

    Il se rendit compte, à l'instant où il la prononçait, que sa réplique ne sonnait pas aussi sèchement qu'il l'aurait voulu. Il enchaina en vitesse en haussant les épaules.

    « Il est mon employé, il a une bonne situation ici. Pourquoi partirait-il ? Ce serait manque de jugeote que de s'abaisser à pareille action. »

    Si cela pouvait rappeler à Theophil que lui s'était défilé devant cette bonne situation qu'il lui avait offerte, qu'il était par conséquent stupide, et Lucien supérieur, cela lui ferait infiniment plaisir. La dernière partie de la réflexion de ce petit impertinent ne luit plaisait pas, aussi. Il était tout à fait capable de se débrouiller sans Lelio. C'était lui qui serait tout à fait incapable de rien faire sans lui ! Il tenait les cordons de la bourse, après tout. Et qui aurait encore voulu engager un majordome par les temps qui couraient ? Peu de monde. Oui, il restait la planche de salut de ses employés, n'en déplaise à cet irritant personnage. Il espérait qu'il avait très mal là où il pensait. Il réfléchit ensuite à ce qu'il venait de souhaiter. Non, c'était contre son intérêt. Cela risquait de freiner ses plans si cela était le cas. Autant qu'il en profite le plus possible, qu'il s'en lasse par la même occasion, et que tout reprenne un cours normal avant une quinzaine de jours. Cela devrait suffire. Il se secoua.
    « Pour conclure la tirade que tu m'obliges à faire de si bon matin, je démentirai ta dernière affirmation. Je crains, par les temps qui courent, que Lelio, tout comme toi, ait davantage besoin de moi que je n'ai besoin de lui. Sur ce, bon appétit. »

    Il saisit sa tasse et commença à boire son thé par petites gorgées distraites, pensant à son programme de la journée. Il lui semblait avoir vu, la veille, deux ou trois lettres attendre qu'il les ouvre. Il n'avait pas eu la concentration pour s'en occuper à ce moment-là, mais il faudrait bien qu'il s'y mette aujourd'hui. Ah oui, un noble au nom obscur avait demandé à ce qu'ils se rencontrent dans l'après-midi, également. Il espérait que sa requête ne serait pas trop dérangeante. Il ne se sentait pas la patience de faire des ronds de jambe. Cependant, refuser brutalement lui procurerait un ennemi supplémentaire alors qu'il en avait déjà à ne savoir qu'en faire, et qu'il n'en désirait pas davantage. Avoir des amis pouvait parfois être utile, surtout quand les menaces de mort pesaient à tout moment sur votre tête. Il fallait que tout se passe sans accroc aucun. Il se concentra brusquement sur Theophil, en face de lui.

    « Habituellement, il ne me semble pas nécessaire de le préciser, mais avec toi je me méfie : nous sommes bien d'accord que le tutoiement que tu te crois permis d'user -soit dit en passant, si tu pouvais t'en dispenser, je t'en saurais gré- est exclusivement réservé au cadre de cette chambre ? En-dehors de ces activités, tu es mon employé. Je te paye pour cela, après tout. »

    Satisfait de sa recommandation, il replongea ses lèvres dans le thé. Sa journée semblait fin prête, planifiée à la perfection.
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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptyMer 19 Aoû - 0:34

  • Durant la tirade de Lucien, Theo ne fit que lever les yeux au plafond et souffler une fois de plus dans sa tasse. « Mais oui, pensait-il. Rajoute-en quelques couches, histoire d'être un peu moins convainquant encore. »
    Il eut un léger ricanement au « Bon appétit » coupant net toute tentative de répartie. Un vrai gamin. Mieux valait l'ignorer.
    Il avait également noté au passage le « tout comme toi » : visiblement Lucien n'avait toujours pas admis – et n'admettrait surement jamais – que Theo pouvait très bien se débrouiller sans lui. Même si le salaire qu'il lui proposait n'était pas de refus par les temps qui couraient, en effet, il ne lui était pas non plus indispensable – Theo dépensait assez peu, par le fait, il avait pu mettre de côté une somme conséquente lui assurant une certaine stabilité. Quant à la sécurité du poste... Eh bien, elle était comme partout ailleurs en période de troubles politiques : peu fiable. Lucien pouvait bien la ramener : c'était plutôt lui qui avait plus que jamais besoin d'un garde du corps.
    Theophil ne voyait que deux raisons d'avoir besoin de quelqu'un en particulier : un lien financier, ou sentimental. Et Lucien ne répondait à aucune des deux, n'est-ce pas ?

    Contre tout attente, le noble reprit la parole – un vrai moulin ce matin, décidément – mais ce fut sans aucune surprise que Theo accueillit les dires aussi peu aimables que d'habitude de son patron. Tiens donc. Le retour du « Je te parle comme à un demeuré ».
    Peut-être était-ce le café qui l'échauffait, ou peut-être était-ce simplement qu'il était plus réveillé maintenant, mais Theo trouva soudainement que la conversation manquait un peu trop de combativité de sa part. S'il continuait à se laisser faire de la sorte, le Comte aurait tôt fait de s'y habituer et de le traiter définitivement comme son larbin (plus encore que d'habitude, en tout cas). « Et nous ne voulons pas cela, pas vrai ? »

    « Voyons, je ne me le permettrai pas. » dit-il d'un ton qui menaçait du contraire.

    Theophil reposa sa tasse, et planta son regard dans celui du noble, un sourire froid aux lèvres.

    « Cependant, je te présente d'avance mes excuses si par mégarde un tutoiement malheureux apparaissait lors d'une conversation en public, pour une raison quelconque. Au hasard : si tu te montrais aussi désagréable que maintenant. »

    Il laissa tout juste le temps à Lucien d'encaisser sa première provocation de la journée (histoire de bien la commencer. Obéir aux ordres et boitiller lamentablement, ça allait bien deux minutes, mais c'est tout. Fallait pas déconner non plus). Puis il ajouta, sans un regard, secouant un peu sa tasse pour en faire tournoyer la boisson :

    « Et j'espère bien être payé pour mon emploi de garde et pas pour d'autres activités, en effet. »

    Le terme, dans la bouche de Lucien, avait énervé Theo sans qu'il ne sache trop pourquoi. Pourtant, il résumait si bien la nature de leur relation actuelle : une occupation comme une autre, sans fondement ni futur. « Encore heureux », pensa-t-il sur le champ.
    Le garde but une nouvelle gorgée de café bien chaud – hm, oui, si une chose allait bien lui manquer, c'était le café du Comte, si différent de celui qu'on lui servait à l'auberge. (Un an seulement dans cette maison et voilà qu'il prenait des goûts d'aristo, lui aussi. Il serait bientôt définitivement fichu si ça continuait.)
    Pourquoi pensait-il à ça, d'abord ? Il n'y avait aucun intérêt. Il chassa aussitôt ses pensées : autant laisser faire les choses et en tirer du plaisir sans penser à la suite. Il serait injuste que le Comte soit le seul à en profiter, après tout.
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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptySam 13 Fév - 1:39


  • Qu'était-on censé faire, au lendemain d'avoir couché avec un de ses employés ? Question épineuse, que Lucien essaya d'éclaircir tandis qu'il continuait à boire son thé d'un air concentré, comme si rien  n'avait plus d'importance que ce liquide brun, dont il ne parvenait même pas à sentir le goût. Il se sentait étrangement mal à l'aise. Comme s'il n'était pas déjà passé par assez d'émotions en cette matinée. C'en était presque épuisant. Il secoua la tête. Quelles émotions ? Comme si Theophil avait ce pouvoir-là ! C'était parfaitement ridicule. Il fit la moue. Il ne pouvait cependant nier qu'il ne se sentait pas particulièrement détendu. Etait-il de bon aloi de continuer à manger avec ce serviteur, alors qu'il ne parvenait pas à définir réellement son statut ? Serviteur, était-ce d'ailleurs le bon mot à employer ? Il n'était pas sûr que Theophil l'ait jamais été. Pas au sens commun du terme, en tous cas. Il s'était toujours acquitté de son travail avec sérieux, bien que Lucien se plaise à prétendre le contraire à chaque fois qu'il en avait l'occasion. Cependant, il s'était montré en permanence réfractaire à son autorité, et en cela, on ne pouvait pas affirmer qu'il ait jamais été à son service. Lelio l'était, parce que malgré ses réflexions plus ou moins silencieuses (il était presque certain de connaitre ses pensées, à  présent, tellement il avait l'habitude de les entendre), il ne lui serait pas venu à l'idée de réellement contester ses décisions. Theophil, lui, faisait montre de son avis avec tant d'enthousiasme qu'on ne pouvait hésiter une seule seconde à taxer cela d'insolence, voire d'insubordination. Heureusement, Lucien n'était pas partisan du lynchage public. Ses punitions avaient une toute autre valeur. Et elles ne l'aidaient absolument pas en cet instant précis.

    Il reporta son regard sur Theophil pendant que celui-ci lui répondait. Il remarqua que celui-ci avait retrouvé tout son mordant. Il esquissa un sourire. C'était tellement irritant. Mais voir Theophil s'aplatir aurait été affreusement décevant. Il était heureux de constater que les idiots ne se décourageaient pas facilement. Il émit un ricanement.

    « Tu ne manques pas de culot, pour oser menacer ton supérieur. »

    Il haussa les épaules.

    « Enfin, tu te doutes bien que je ne vais pas cesser de t'éduquer simplement parce que tu me le demandes, n'est-ce pas ? »

    Il appuya sur le terme « éduquer » avec un plaisir non dissimulé. Il avait réussi pendant un moment à se distraire de ce qui l'embêtait. Que devait-il faire pour la suite ? Certes, ils avaient la possibilité de continuer à manger. Soit. Cela leur prendrait, quoi, une dizaine de minutes ? Il était persuadé que Theophil serait rapide, et qu'il se retrouverait comme un imbécile, sans savoir comment amorcer la suite de la journée. Devait-il se lever et prétendre qu'il avait du travail ? Et si l'autre abruti le suivait ? Il n'était même pas sûr d'avoir laissé du papier sur son bureau. Theophil allait-il rester dans sa chambre ? Et si une idiote de servante entrait et le trouvait là ? Il se secoua. Qu'en avait-il à faire de ce que pensait le personnel ? Non, là n'était pas la question. La vraie question, c'était : au moment où il quitterait Theophil, quand et comment aurait-il la possibilité de répéter le schéma de cette nuit ? Il devait avouer qu'il avait un peu espéré que son obsession cesserait avec ce qui s'était passé. Ce n'était pas le cas. L'événement touchait à sa fin. Il devait donc chercher comment le reproduire. Theophil avait nettement affirmé – du moins, c'est ce qu'il avait compris – que cela serait le cas. Mais quand ? Il n'était pas prêt à sacrifier trois autres mois de sa précieuse vie au harcèlement. Le jeu en valait peut-être la chandelle, mais il était trop affreusement long. Comment être sûr qu'il n'attendrait pas trop longtemps à son goût ? Son cerveau tournait à plein régime. Il y avait forcément une solution, qu'il allait forcément trouver, puisqu'il était noble, qu'il était Lucien, et qu'il était remarquablement intelligent.

    Sa remarquable intelligence fit donc le reste. En deux minutes, il avait monté un nouveau plan de bataille. Qui se révélerait peut-être ironiquement foireux, après tout -puisqu'il y avait beaucoup d'inconnus dans l'équation, comme, au hasard, la réaction de Theophil, la réaction de Theophil... Et c'était tout. Autant dire que cela se résumait à une chance sur deux. Moins, étant donné que le garde semblait quelque peu remonté contre lui depuis sa mise au point -parfaitement justifiée, par ailleurs.  Au hasard, il décida donc de tenter le coup. Qu'avait-il à perdre, de toute façon ? Au pire, il se retrouverait seul et frustré. Ce qui arriverait dans tous les cas s'il ne faisait rien. De manière purement objective, ce qu'il s'apprêtait à faire était la meilleure des solutions.

    Avec un sourire narquois, il se pencha au-dessus de la table, approcha sa main de celle de Theophil, saisit sa tasse et la reposa dans sa coupelle -il aimait faire les choses proprement, et remettre chacune à sa place. Il attrapa le bout des doigts de Theophil. Sa voix était suave, basse.

    « La journée ne fait que commencer. S'arrêter en si bonne voie serait terriblement frustrant, non ? »

    Il hésita à se saisir de sa nuque pour l'embrasser, histoire de faire dans le totalement explicite, mais il tenait à la vie. Qui sait comment le soldat aurait pu réagir à une attaque aussi violente ? Il n'était déjà pas sûr de conserver l'usage de ses doigts... Et s'il avait menti et comptait se carapater en douce dès le petit-déjeuner fini ? Cette idée lui laissa un goût amer dans la bouche. Il ne laisserait pas une telle chose arriver. Il serra plus fort la main de Theophil. C'était absolument hors de question. Il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour le garder auprès de lui jusqu'à la fin. Jusqu'à ce qu'il se soit lassé.

    Il planta son regard dans celui du garde, droit, dur, les lèvres serrées. Il s'obligea à reprendre son air ironique. Au final, tout ceci n'avait pas vraiment d'importance, c'était certain.



Dernière édition par Lord Lucien le Dim 12 Avr - 19:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptyMar 23 Mai - 19:50

  • « Tu ne manques pas de culot, pour oser menacer ton supérieur. Enfin, tu te doutes bien que je ne vais pas cesser de t'éduquer simplement parce que tu me le demandes, n'est-ce pas ? »

    Theophil tiqua. A peu près aussi violemment que s'il venait de mordre dans un citron. Quant à Lucien, malgré son sourire énervé, il semblait y prendre un certain plaisir.
    A peu près autant que lorsque Theo provoquait le Comte.
    C'était comme un jeu, sans cesse : un point partout, la balle au centre. Sauf que chacun revendiquait invariablement la légitimité de son attaque par la même excuse : « Pour qui se prend-il, celui-là ? ».

    « Oh, toi, tu me revaudras celle-là » pensa Theophil.

    Mais alors que le garde commençait tout juste à prendre goût à la bataille, alors qu'à ses yeux, la véritable joute allait enfin débuter, Lucien, sans se départir de son sourire narquois, ôta la tasse de la main de Theo pour la reposer, doucement mais prestement, dans sa coupelle. Sans lui laisser le temps de protester, il saisit la main du soldat, ou plutôt le bout de ses doigts. D'une voix basse, que Theophil trouva agréable malgré lui :

    « La journée ne fait que commencer. S'arrêter en si bonne voie serait terriblement frustrant, non ? »

    La voix de Lucien lui laissa d'abord la sensation d'un bourdonnement plaisant. Malheureusement, le sens des mots prit rapidement le dessus sur leur forme, et la douce impression laissa vite place à une certaine confusion. Theophil resta sans voix, lèvres closes et gorge sèche. Il regardait les doigts de Lucien enserrant les siens, et l'image de ces mêmes doigts, caressant sa nuque, appuyant sur son torse pour l'allonger, à peine quelques heures auparavant, lui apparut furtivement. Il déglutit difficilement.
    Parallèlement à cela, le discours hautain de Lucien résonnait encore à ses oreilles, sarcastique. Theophil était fier. L'attitude condescendante de Lucien, juste avant son revirement cavaleur, l'énervait autant que sa difficulté à refuser ses avances. Merde, il y a un an il n'aurait pas réfléchi à deux fois avant d'en retourner une au Comte ! Le problème, c'est qu'en cet instant, il aurait trouvé aussi naturel de l'embrasser que de le gifler.
    Theophil releva les yeux pour croiser le regard ironique de Lucien. Les doigts se serrèrent, possessif. Comme si le soldat lui était déjà acquis. Et l'agacement l'emporta sur le doute.
    La joute ne faisait pas que commencer : elle n'avait jamais cessée.
    Theo dégagea ses doigts, pour pouvoir attraper la main de Lucien et la plaquer aussitôt sur la table. La paume était tournée vers le support, aussi, le bruit fut aussi bruyant que l'action était soudaine.
    Mais contrairement au geste, la voix de Theophil était caressante :

    « Oh, pardon. Je n'avais pas compris qu'après avoir subi tes diverses sautes d'humeur, j'étais censé me jeter immédiatement dans tes filets de bon cœur, une nouvelle fois. »

    La main qui retenait celle de Lucien remonta doucement vers le poignet du noble, puis son avant-bras. Il se pencha vers Lucien, rapprochant son visage du sien au passage :

    « Toujours ce problème d'éducation, sans doute. » mais cette fois sa voix était profondément sarcastique.

    Alors qu'un « Ha ha ! Dans ta face ! » victorieux résonnait dans sa tête, une autre voix pesta : « Schwachkopf, tu le dragues ou quoi ? Dégage de là ! ».

    Il s'aperçut alors confusément qu'il était incohérent dans ses paroles et ses gestes, et, à défaut de savoir lequel de la parole ou du geste devait l'emporter, il se tut et ne bougea plus. Il n'osait pas avancer davantage, donc il resta « là », proche de Lucien, sans toutefois se résigner à reculer ou à lâcher le noble. Il pensait vaguement, à ce moment là, que reculer aurait été un signe de soumission – et qu'il en avait suffisamment manifesté cette nuit pour avoir le droit de s'en passer pendant un certain temps.  

    [Une réponse 4 mois après seulement, hourra Des lendemains qui chantent [Theo 8D] 3063606395 *jetée*]
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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptyDim 12 Avr - 19:13


    Il n’y avait pas à tourner autour du pot, son plan ne se déroulait pas exactement comme il l’avait prévu. A vrai dire, son projet initial avait été de gagner du temps : qui était capable de prévoir quand Theophil serait à nouveau dans de bonnes dispositions ? Ce garçon était rigoureusement incapable de faire preuve de discernement, et au lieu de laisser les individus pourvus d’une minimum de réflexion -lui-même et… lui-même, c’était déjà bien, après tout- prendre les choses en main, il s’empressait de débiter des inepties et de commettre des actes qui n’étaient pas bien plus censés. Nul doute, par ailleurs, qu’il était persuadé d’agir pour le mieux. Toujours était-il que Lucien – dans sa grande mansuétude- se devait d’agir au plus vite – dans son intérêt. Et en profiter le plus possible de tout ce qu’il pouvait tirer du soldat dans l’immédiat.


    Cette pensée bienheureuse fut toutefois mise à mal par le soudain rejet de sa main, qui se retrouva plaquée contre la table alors qu’elle n’avait visiblement rien demandé à personne, si ce n’est de continuer la matinée à explorer des endroits somme toute agréables tandis que le reste du corps de son propriétaire s’aventurerait dans des espaces qui ne se le seraient pas moins. Il ne put réprimer un frisson lorsque Theophil laissa ses doigts s’aventurer le long de son avant-bras, son visage se rapprochant du sien. Impression somme toute agréable qui fut immédiatement contrebalancée par les paroles entendues.  


    « Oh, pardon. Je n'avais pas compris qu'après avoir subi tes diverses sautes d'humeur, j'étais censé me jeter immédiatement dans tes filets de bon cœur, une nouvelle fois. »  


    Le temps qu’il choisisse une réponse adaptée parmi toutes les idées mordantes qui tournoyaient dans son esprit, l’insolent avait déjà enchaîné.  


    « Toujours ce problème d'éducation, sans doute. »  


    Il aurait bien laissé échapper un ricanement sarcastique -ou un flot d’injures bien senties, s’il avait désiré se rabaisser à agir comme un membre des bases castes- au vu de l’évident paradoxe contenu dans le duo des paroles et de l’attitude du garde, s’il n’avait craint que cette réaction ne serve nullement ses intérêts. Il ravala son indignation. Dire qu’il se sentait obligé de refréner sa juste colère pour satisfaire la fierté d’un autre ! Il se rectifia. Non. Il n’en était pas obligé, il choisissait de le faire afin de servir ses fins, ainsi qu’il l’avait toujours fait. Et ce n’était pas un garde réfractaire qui le ferait dévier de ses habitudes. Qui était-il pour lui faire face ? N’était-il donc jamais fatigué de lui tenir tête ? Puisque son plan (pour autant qu’il ait jamais mérité ce nom) était avorté, il allait devoir adopter un nouvel angle d’attaque. Le garde avait la tête dure, mais Lucien était tenace.


     Son sourire s’agrandit. Avec Theophil, c’était un combat sans cesse renouvelé. Il avait été capable de le piéger, mais en de si rares occasions. Et le garde tirait toujours son épingle du jeu -ou du moins, il tentait de le faire, n’aurait été l’acharnement toujours renouvelé de Lucien à lui mettre des bâtons dans les roues. Il arrivait en général à atteindre ses objectifs, mais avec cet olibrius, il fallait souvent emprunter mille chemins détournés – et les chemins détournés étaient constitués d’autant de circonvolutions malvenues. Il retira sa main, s’écarta de Theophil et se rencogna au fond de sa chaise. Renoncer serait si facile, si combattre n’était pas infiniment plus excitant.


     Il croisa ses mains sur ses genoux sans se départir de son expression calme – et sarcastique, histoire de faire bonne mesure. Ne pas perdre de vue que son interlocuteur avait tendance à fortement l’irriter malgré ses indéniables atouts.  


    « Toutes mes excuses. Crois-tu qu’attendre quelques jours réglerait tes scrupules ? »


    Son ton indiquait nettement que ses paroles n’étaient rien moins que des excuses.


    « Que cela te plaise ou non, maintenant que tu es venu une fois, tu reviendras. »


    Il espérait ne pas trop s’avancer en affirmant cela d’un ton si péremptoire. Il ne pouvait pas se tromper. N’empêche que tout au fond de lui, une petite voix demandait -probablement avec justesse, s’il était bien sage de tenter le diable de cette façon. Que ferait-il si Theophil le prenait au mot et s’en allait sans plus de cérémonie ? L’idée lui laissait un goût plus amer qu’il ne l’aurait voulu.  


    « Cependant, tu es libre de tes mouvements et je ne suis pas un geôlier. La porte est ouverte. »


    L’avantage de Lucien était qu’il n’était jamais à court d’idées. Puisque Theophil était indéniablement réfractaire à toute initiative de sa part, autant lui donner le choix de réagir comme il l’entendait. Si cela ne lui convenait pas, il serait toujours temps de s’en occuper à ce moment-là. Après tout, il n’avait jamais abandonné facilement. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait commencer.  

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Theophil

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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent [Theo 8D]   Des lendemains qui chantent [Theo 8D] EmptyLun 20 Avr - 11:12

    Theophil comprit qu'il avait fait mouche, quand il vit Lucien ravaler sa colère. Pourtant, en apparence, il ne s'était pas départi de son petit air sarcastique – c'était quelque chose dans son regard, une infime nuance que Theophil savait reconnaître, après tout ce temps passé à se quereller avec lui. Et ce qui lui plaisait plus encore que voir ses remarques irrespectueuses agacer Lucien, c'était quand le noble s'obligeait à ne pas s'énerver. Ce bref instant où il se livrait une bataille intérieure, pour résister à l'insolence de Theo, et ne pas céder à la colère, sans doute parce qu'il savait que cela ne servirait pas ses intérêts. Le soldat ne s'en lassait jamais.
    Malheureusement, quand Lucien refusait de se laisser entraîner, c'était souvent pour repartir ensuite à l'attaque de plus belle, un nouveau plan tordu en tête. Cette fois encore, cela ne loupa pas.
    Le noble retira sa main et s'éloigna de Theophil, s'appuyant contre le dossier de sa chaise.
    Theo s'obligea à ignorer cette petite pointe de déception en lui, lorsque le Comte rompit le contact. Cette attirance (ce mot lui en coûtait toujours autant, mais il avait de plus en plus de mal à le contourner, ces derniers temps) qu'il ressentait stupidement pour Lucien depuis quelques temps n'avait jamais joué en sa faveur, et ne lui avait apporté que des ennuis – si, en plus, il se mettait à à ressentir de la déception dans ce genre de situations insignifiantes, il ne sortirait jamais gagnant de cette liaison.
    Déjà qu'il doutait d'en sortir indemne.
    Le sourire de Lucien s'élargit, et Theophil se crispa, se préparant à encaisser sa réponse :

    « Toutes mes excuses. Crois-tu qu’attendre quelques jours réglerait tes scrupules ? »

    Le sarcasme qui perçait sous sa voix était toujours aussi frustrant, bien qu'habituel. Theophil était sur le point de lui répondre que, tiens, oui, bonne idée, et pourquoi pas attendre quelques mois, tant qu'on y était – ce ne serait pas de sa faute à lui, après tout, mais celle de ses scrupules tiens. Qu'il se les carre là où le soleil ne brillait pas, ses soi-disant scrupules. Comme si Theophil n'avait pas déjà l'impression de les piétiner sauvagement chaque fois qu'il cédait quelque chose à Lucien.

    « Que cela te plaise ou non, maintenant que tu es venu une fois, tu reviendras. Cependant, tu es libre de tes mouvements et je ne suis pas un geôlier. La porte est ouverte. »

    Theophil avait beau être habitué aux railleries du noble, il avait encore du mal à y rester insensible.
    (Tu as du mal à rester insensible tout court, Theo, c'est bien ça le problème – il étouffa sauvagement cette petite voix narquoise) Il se renfrogna aussitôt.
    « Maintenant que tu es venu une fois, tu reviendras. » - quel prétention ! Cela l'agaçait d'autant plus que Lucien sous-entendait que leur liaison se poursuivrait uniquement parce que Theo ne pourrait pas y résister, maintenant qu'il y avait goûté. Combien il avait envie de le lui faire avaler, son fichu orgueil ! Alors que pour Theo, il avait été clair depuis le début que cette nuit ne serait pas la seule. Quand il avait rejoint le noble, la veille au soir, il n'avait pas envisagé cela comme un coup d'un soir : il s'engageait à une sorte de... relation à court terme ? C'était ce dont ils avaient convenu, dans la bibliothèque : « Je n'aurais pas mon mot à dire quant à la fin de cette histoire, aussi voudrais-je décider moi-même quand la commencer. » avait-il dit, et Lucien avait accepté ses conditions. Il avait la mémoire courte, décidément.

    « Il me semble que nous avions convenu dès le début que cette nuit serait certainement suivie de quelques autres, répliqua-t-il sèchement. Alors oui, je reviendrai. Mais pas besoin d'être aussi présomptueux, tes talents n'ont rien à voir la dedans. »

    A moins que... Peut-être que Lucien n'avait jamais vu les choses de cette façon. Peut-être qu'il avait envisagé leur nuit, non pas comme le début d'une courte liaison, mais bien comme un coup d'un soir test ? Et que maintenant que Theophil avait passé l'épreuve, il se disait que ça n'avait pas été si mal et qu'ils pourraient réitérer la chose. Que c'était seulement ce matin, au réveil, que Lucien avait désiré une suite. Que Theo s'était monté la tête tout seul.
    Cette idée le vexa plus qu'il ne l'aurait cru.
    Le Comte était-il capable de harceler quelqu'un aussi longtemps pour une seule et unique nuit ? Peut-être. Probablement. Oui. On parlait de Lucien après tout.
    Il reprit sa tasse de café, qui commençait à refroidir sur la table, et la termina d'une traite. Puis il se leva en réprimant une grimace. Combien de temps encore allait durer cette douleur ridicule ? Il alla récupérer la chemise qu'il avait retrouvé à l'autre bout de la chambre, un peu plus tôt, puis jeté négligemment sur le lit.
    D'un ton cassant, il lança :

    « Je vais y aller. Il ne manquerait plus qu'à cause de trop de... proximité, nous commencions à nous supporter mutuellement. »

    Il commença à attacher les boutons de sa chemise, tout en pensant : « Il ne manquerait plus que ça » et en imaginant Lucien répondre : « Comme si c'était possible ».
    Mais dans le fond, une petite voix lui susurra : est-ce que ce n'est pas déjà le cas ?
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