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 "L'assassin habite au 21" [PV Chan Dai]

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MessageSujet: "L'assassin habite au 21" [PV Chan Dai]   "L'assassin habite au 21"  [PV Chan Dai] EmptyMar 9 Nov - 23:04

    Assis à l'extrémité d'un canapé aux motifs fleuris, une jambe croisée sur l'autre de manière avachie et provocante, Clelio portait toute son attention sur une sucette aux couleurs criardes. Tantôt lentement, tantôt rapidement, il faisait tourner le bâton sur lui-même, entre ses doigts, observant les diverses couleurs se fondre les unes dans les autres; tandis qu'à l'autre main était suspendu un livre à la reluire de cuir. Quand le manège sucré eut suffisamment duré à ses yeux, il ouvrit la bouche de manière enfantine et porta la sucrerie à ses lèvres légèrement souriantes, avant de reprendre sa lecture en tenant toujours le livre par le haut, presque du bout des doigts, devant son visage.

    - Quand cesserez-vous de dilapider notre héritage en cochonneries, Clelio?

    Son sourire se perdit et la lueur brillant dans ses yeux se mua en un éclat froid. Il posa son livre sur ses genoux, tourna la tête vers l'autre bout du canapé où était sagement installée Cian, occupée à faire semblant de broder un motif non identifié sur un coussin.
    Sérieusement, pourquoi s'acharner à coudre quand on avait aucun talent pour cela – à part peut-être transformer en laideurs le moindre bout de tissus innocent passant entre nos mains? Clelio se le demandait sincèrement, saluant l'âme de ce malheureux coussin tout en retirant sa sucette de sa bouche. D'une voix teintée d'ironie, son sourire hautain étirant de nouveau ses lèvres, il répondit:

    - Votre héritage, très chère. Nous sommes loin d'être mariés.
    - Justement, voici une raison de plus pour arrêter de gaspiller ma fortune de manière stupide.


    Le ton était froid, bien que légèrement hésitant quant à l'assurance qu'elle essayait d'arborer.

    - Eh bien, il me semble vous avoir déjà soutenu qu'il n'appartenait qu'à vous et vos parents de rompre sur le champs nos fiançaill-HUMPF!

    L'intervention du malheureux oreiller qui lui fut envoyé à la figure l'empêcha de poursuivre. Cian quitta la pièce d'un pas tremblant mais fier.
    Vraiment, ces temps-ci la jeune fille semblait continuellement en proie à une agressivité totalement illégitime. Après tout, Clelio ne faisait le plus souvent que lui dire des vérités – cruelles certes, mais nécessaires. Comme la fois où il lui avait annoncé que sa nouvelle poudre lui donnait des airs de cadavres ambulant. Ou encore la fois où il était rentré après trois jours d'absence et lui avait expliqué qu'il ne pouvait pas dévoiler où il avait logé sans risquer de salir l'honneur d'une charmante chanteuse d'opéra. Ou encore la fois où...
    Reprenant sa sucette en bouche, Clelio reposa l'oreiller à ses côtés, non sans se demander une nouvelle fois ce que les motifs fraichement brodés dessus représentaient. Un chien? Une rose? Oh, un berlingot? L'adorable enfant, se moqua-t-il. Il croqua ce qui lui restait de sucrerie et reprit son livre, le tenant presque normalement maintenant qu'il n'y avait plus personne à exaspérer. Et bientôt l'ennui le gagna.
    Réellement, comment cette foutue Princesse de Clève arrivait à captiver un public? La littérature française atteignait-elle des sommets trop élevés pour sa modeste culture, ou bien étaient-ils juste complètement crétin à la cours d'Henri truc? Il allait refermer son livre, résigné à rester inculte s'il le fallait, quand le destin sauva sa conscience d'un coup de clochette.

    Clelio laissa négligemment tomber le livre à terre, se redressant sur le dossier du canapé en attendant qu'une des domestiques lui annonce de qui était cette visite soudaine et salvatrice. Mais personne ne vint, ni soubrette, ni invité. Clelio soupira. Il venait de se rappeler soudainement qu'il n'y avait temporairement plus aucune domestique. Bonnes, cuisinières, femmes de chambre – plus aucune femme à leur service. Tout cela parce que Cian avait décrété qu'elles passaient beaucoup plus de temps dans sa chambre à lui que n'importe où ailleurs dans la maison. La domesticité serait donc remplacée par un service entièrement masculin – la belle affaire, comme si cela réglerait vraiment le problème.
    La clochette fut sonnée une deuxième fois. Il se résolu à se lever pour ouvrir lui-même la porte. Le bâton de sa sucette encore au coin des lèvres, il quitta le salon et traversa le boudoir, avançant d'un pas trainant vers l'entrée. Là, il ouvrit de manière faussement révérencieuse la grande porte de bois, une main dans le dos, un sourcil haussé au dessus d'un vague sourire.

    - Plaît-il?
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MessageSujet: Re: "L'assassin habite au 21" [PV Chan Dai]   "L'assassin habite au 21"  [PV Chan Dai] EmptyDim 21 Nov - 19:26

En hiver les rues du royaume étaient assez crasseuses et il était difficile d’avancer à pied sans se salir. Chan Dai aurait souhaité ne pas sortir de son habitat avec son beau kimono rouge où était dessiné un dragon d’or. Aujourd’hui c’était le solstice d’hiver et il était de tradition de la fêter autour d’un bon plat, dans une bonne ambiance, dans de belles tenues. Elle attendait toujours avec une certaine impatiente un jour de fête chinois pour pouvoir s’habiller aussi élégamment et se coiffer avec des pinces qui tintaient doucement dès que la tête se penchait d’un côté.

Malheureusement il semblerait qu’une noble se souvint d’elle et ait besoin d’une robe. Son avare de père ne put refuser l’ordre envoyé par une lettre et força sa fille à aller au château sans tarder, sans se soucier du kimono qu’elle avait mis. Ainsi elle avait dû marcher en prenant soin de ne pas se salir ou encore d’être éclabousser de boue par des carrosses de nobles. Finalement elle arriva aux portes du château sans une petite tâche ce qui la soulageait. D’une part parce que c’était un kimono d’une très bonne facture et d’autre part parce qu’il était indécent de se présenter à une noble dans une tenue de fermière pleine de boue. Il ne manquerait plus qu’elle se moque de Chan Dai et détruise toute sa bonne humeur de la journée car oui lady Cian, telle était le nom de la noble, était vraiment agaçante quand elle le voulait.

Lasse, elle s’avança vers les appartements de la cour Royale. Son sac en tissus se balançait dans sa main et les aiguilles à l’intérieur se tintaient et émettaient un son presque inaudible. Elle n’avait quasiment rien emmené car elle devait juste prendre les mesures, savoir la commande, le tissu désiré et le délai maximum imposé. Elle soupirait d’ennuie une énième fois. Elle aurait réellement voulu rester chez elle au lieu d’arpenter ses couloirs froids où elle n’avait pas sa place. Décidément elle ne supportait plus son père, comment pouvait-il être aussi intéressé par l’argent au point de presque jeter sa fille à la rue pour qu’elle aille vite au lieu de rendez-vous ? Effectivement dans la hâte elle n’avait rien pris pour se tenir chaud et malgré que son kimono soit épais, il n’était pas imperméable au vent. Elle ne sentait plus ses mains tellement elles avaient eu froids, ses joues avaient du virer aux rouges à cause du vent et elle grelottait. Elle était certaine qu’elle allait tomber malade demain. Rien qu’à cette pensée son visage se crispa parce qu’elle détestait ces médecins qui faisaient leur « saignée ». Quelle technique barbare à son goût. Au lieu de se sentir guérit, elle se sentait encore plus faible et plus mal. Ces médecins tuaient plus qu’ils ne guérissaient selon Chan Dai.

Elle arriva enfin devant la porte de la chambre et toqua. Elle du attendre un certain temps avant que celle-ci s’ouvre. La personne qui l’accueillit surprit Chan Dai. Tout d’abord ce n’était pas le domestique habituel puis elle était certaine de l’avoir déjà vu, accompagnant Lady Cian. De vagues souvenirs lui rappelèrent qu’ils étaient assez proches ou plutôt leurs familles et qu’il n’était pas un domestique mais un noble ou un bourgeois.

- Plait-il ?


L’attitude cérémonieux, la posture et l’air grave laissèrent Chan Dai perplexe. Elle se demandait quelle était la nouvelle blague des nobles ?

- Bonjour. Lady Cian a fait appel à moi pour lui confectionner une robe apparemment. Est-elle là ?


Chan Dai était hésitante, ne sachant pas trop dans quelle situation se mettre et l’attitude à adopter. De plus les yeux rouges du jeune homme la mettaient mal à l’aise.
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MessageSujet: Re: "L'assassin habite au 21" [PV Chan Dai]   "L'assassin habite au 21"  [PV Chan Dai] EmptyVen 24 Déc - 16:50

    Elle ne lui était pas inconnue. Clelio la reconnaissait même très bien comme étant une des seules femmes à porter des tenues traditionnelles étrangères. Aujourd'hui en l'occurrence, un élégant kimono rouge qui s'accordait sans mal à ses joues et oreilles colorées par le froid.

    - Bonjour. Lady Cian a fait appel à moi pour lui confectionner une robe apparemment. Est-elle là ?

    Clelio perdit son sourire. Une robe. Cian avait encore commandée une robe? Et après, on disait de lui qu'il gaspillait de l'argent en inepties. En plus, ce serait surement encore une robe qui la boudinerait affreusement, dans des tons criards ou avec d'ignobles motifs à la mode. Comme des fleurs. Pourtant, les fleurs, c'est même pas joli, c'est plein d'épines, ça fane vite, et surtout, toutes les eaux de toilette pour femme empestent l'horrible parfum floral. Alors qu'aux yeux de Clelio, il suffisait d'être un minimum censé pour admettre que la lavande ou le jasmin n'étaient en rien synonymes d'odeurs agréables – et c'est peu dire.
    Il poussa un soupir théâtral et s'écarta de la porte en l'entrouvrant d'avantage. Son visage à demi-dissimulé dans l'ombre, appuyé contre le mur négligemment, il ôta un instant sa sucette de sa bouche et lança:

    - Eh bien, entrez donc et vérifiez par vous-même. Avant de mourir glacée comme un sorbet.

    Puis il referma la lourde porte, sucette au coin des lèvres de nouveau. Sans trop regarder si elle le suivait ou non, il traversa le boudoir, retourna dans le salon principal. Posté au milieu de la pièce, il se retourna vers elle dans un élégant demi-tour sur un pied. Comme s'il imitait une balance, les deux bras repliés de chaque côté de sa taille avec les paumes tendues à la manière d'un jongleur, il fit mine de peser le pour et le contre:

    - Miss Chan Dai, n'est-ce pas? J'ai bonne mémoire des noms. Désirons-nous l'attendre ici? Ou bien devons-nous prendre le risque hautement périlleux de monter dans ses appartements pour la chercher?

    Et sans même guetter une réponse – qu'il avait déjà donné lui même – il s'assit sur le canapé, jambes tendues devant lui et bras croisés derrière la tête, dans l'intention d'attendre sa cruche de fiancée. Comment saurait-elle qu'elle était appelée en bas, sans domestique pour la prévenir, Clelio s'en fichait. Il comptait sur le fait que la nature même de Cian la pousserait peut-être à revenir lui faire une scène de ménage. Au pire, si elle ne descendait pas, et s'il le fallait vraiment, mais alors vraiment, c'est à dire en cas d'extrême nécessité et sans aucune autre possibilité – par exemple, si Cian, coincée dans sa chambre, était brutalement en proie aux flammes, et que sa dernière volonté fut la commande de sa robe – et bien, ils iraient peut être la chercher.

    - Je vous en prie, installez-vous. Au diable les codes, nous ne sommes même pas entre nobles. Vous êtes toujours sur votre trente-et-un ou bien c'est pour rivaliser avec Lady Cian?

    Passant du coq à l'âne, il avait montré un fauteuil d'un vague geste de la main, avant de désigner du menton l'élégante tenue orientale de la jeune fille. Simple curiosité pour passer le temps.
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MessageSujet: Re: "L'assassin habite au 21" [PV Chan Dai]   "L'assassin habite au 21"  [PV Chan Dai] EmptyMer 12 Jan - 12:48

    La réponse de Chan Dai ne plut pas au jeune homme et sa comédie prit fin, en effet il se désintéressa rapidement de la jeune fille, se dirigea vers le salon principal. La brune se taisait et le suivait avec de petits pas, en effet le kimono limitait les gestes et les grandes enjambés n’étaient pas possible sauf si on voulait laisser voir toute sa cuisse, voir déchirer un peu le tissu en cas de coup violent. Etant donné qu’elle ne désirait aucune des deux options, elle s’avançait prudemment, scruptant le boudoir qui défilait sous ses yeux ou encore le salon à la décoration moyenne. Elle avait vu de plus beaux salons mais aussi des « pires » si on pouvait les appeler ainsi. Si elle vivait dans un seul de ses salons, même le plus pire, c’était déjà amplement suffisant pour Chan Dai qui ne vivait que dans un petit immeuble délabré, mal isolé et dont le quartier était dangereux la nuit.

    Son hôte s’arrêta et il fit un demi-tour élégant, digne d’un artiste, et adopta la position d’un jongleur. Clelio se souvenait de son prénom, ce qui était étonnant pour un homme côtoyant la noblesse, et lui demandait ce qu’ils allaient faire. Vraiment… l’appeler pour au final ne pas se présenter. Cette lady n’avait pas appris les manières, non en fait c’est sûrement à cause de son caractère capricieux. Maintenant elle devait attendre au lieu de fêter cette journée ? La journée qu’elle attendait chaque année avec impatiente venait d’être gâché par cette femme.

    D’ailleurs elle n’avait pas à donner une réponse car l’albinos répondit par lui-même en s’asseyant sur le canapé. Qu’allait-elle faire ? Il ne semblait pas vouloir se bouger et elle n’avait pas le droit de se balader dans les appartements du château sans une autorisation préalable. Il ne faut pas oublier qu’elle est issue du peuple par conséquent il fallait constamment donner la raison de sa venue. Généralement elle montrait la convocation et passait sans problème.
    Ses yeux marrons scruptèrent les recoins à la recherche d’un domestique et fut surprise de ne voir aucun valet ni servante.

    Le jeune homme lui proposa de s’asseoir et de ne pas faire attention à l’étiquette étant donné qu’aucun des deux n’étaient nobles. C’est vrai qu’ils étaient à priori de la même classe mais elle ne s’assit pas. La Chinoise avait assez entendue Cian se plaindre et mijoter mille et une plan de vengance envers les filles qu’elle suspectait d’avoir une liaison avec son fiancé. Il valait mieux, au cas où elle rentrerait furibonde, de ne pas être très proche de son « bien ». Simple mesure de sécurité.

    - Oh je n’oserais pas défier Lady Cian. Aujourd’hui est le solstice d’hiver et dans notre culture nous la fêtons. Ainsi qui dit fête, dit belles tenues occasionnelement. Si on ne m’avait pas appelé à la hâte, j’aurais pu avoir le temps de me changer.


    Une petite accusation toute bête et non méchante. En effet on l’avait appelé à la hâte et la lady n’était pas là. Il y avait de quoi enrager !

    - SI ce n’est pas indiscret, qu’est-il arrivé aux domestiques ? Je n’en vois aucun.

    C’était vraiment étrange que les appartements de cette noble soit si vide… c’était même inconcevable sachant que Cian était incapable de se débrouiller seule. Pour rester debout, elle fit semblant de s’intéresser à quelques porcelaines, tableaux ou tapisseries accrochées au mur.
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MessageSujet: Re: "L'assassin habite au 21" [PV Chan Dai]   "L'assassin habite au 21"  [PV Chan Dai] EmptySam 22 Jan - 19:55

    Lady Cian reposa brutalement son pinceau blaireau et son poudrier. Rien à faire, sa coiffeuse lui renvoyait toujours un reflet furibond et rouge, qu'importe la couche de poudre. Elle réarrangea pour la centième fois, presque nerveusement, ses boucles brunes coiffées de façon complexe. S'aspergea une nouvelle fois de parfum. Et c'était tout. Il n'y avait pas grand chose d'autre à faire qui soit intéressant dans sa chambre. Elle commençait déjà à regretter d'avoir quitté le salon. Rah, mais ce Clelio, quel impertinent ! Non, elle ne descendrait pas avant qu'il ne regrette ses insolences !
    Mais dans ce cas, elle était condamnée à mourir exilée dans sa chambre.
    Que Diable, elle était chez elle après tout, elle pouvait descendre quand elle le voulait !
    Oui, mais c'était encore trop tôt. Elle devait montrer ostensiblement son mépris, aussi n'irait-elle au salon que dans quelques heures. Elle n'avait pas à se fatiguer pour un rustre pareil. De toute façon, c'était elle qui avait raison dans l'histoire, voilà tout. Elle le savait et c'était tout ce qui comptait.
    Ah, mais que Clelio était énervant !
    Elle lança son poudrier à l'autre bout de la pièce.


    Un imperceptible sourire se traça sur le visage de Clelio lorsqu'il entendit du bruit, dans la pièce au dessus. Probablement un pauvre objet qui venait de rendre l'âme, balancé contre un mur, et ce simplement parce que son seul tort avait été de se trouver sous la main d'une fiancée en furie. Surement Mademoiselle l'hystérique descendrait bientôt les rejoindre, lui et la pauvre Chan Dai qu'on avait osé appeler un jour de fête, d'après ses dires. Ah, le Monde aurait réellement été plus tranquille sans cette histoire de robe incongrue.

    - Si ce n’est pas indiscret, qu’est-il arrivé aux domestiques ? Je n’en vois aucun.

    Clelio se leva et s'approcha silencieusement de Chan Dai. Il ne savait pas si elle faisait semblant ou bien si elle s'intéressait réellement aux porcelaines – lui, personnellement, n'y voyait rien de passionnant. Juste derrière elle, à une distance respectable cependant – prudence, la gente féminine est bien lunatique et peut toujours se montrer dangereuse, malgré les apparences – il répondit dans un chuchotement glauque, un air démoniaque peint sur son visage:

    - Qui sait ? Sans doute ont-ils tous été tués dans d'atroces souffrances. Un berlingot ?

    Clelio s'était saisi d'un bocal, au verre coloré comme un vitrail d'église, sur une étagère proche de la jeune fille. Il souriait de nouveau normalement, comme si de rien n'était. Défaisant le couvercle et renversant quelques sucreries dans sa paume, il guettait distraitement la réponse de l'invitée du jour – sa politesse n'alla pas plus loin car il engouffra sans sa bouche un berlingot rouge et blanc en attendant qu'elle parle. Il reposa le bocal, mit à plat la main qui portait les friandises, dès fois que la petite couturière désir se servir. Néanmoins, comme s'il sentait que l'ambiance s'était alourdie, il se lécha les lèvres et décida de répondre pour de vrai à la question de Chan Dai.

    - A vrai dire, c'est Votre Cliente, la Lady, qui a décidé sur un caprice de mettre à la porte l'ensemble de la domesticité.

    Un soupir, vite étouffé par un autre bonbon porté à ses lèvres. Inconsciemment, de dire ''votre'' le rapprochait un peu de Chan Dai – c'était comme s'il se déchargeait d'un poids, qu'il n'était plus le seul à avoir à supporter Cian. Après tout, Chan Dai n'appréciait pas non plus la Lady. C'était un peu comme s'ils étaient, en somme, liés face à l'Adversité.
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MessageSujet: Re: "L'assassin habite au 21" [PV Chan Dai]   "L'assassin habite au 21"  [PV Chan Dai] EmptySam 4 Juin - 16:44

Cet albinos était effrayant avec sa voix glauque et sa marche silencieuse. Elle lui avait innocemment demandé la raison de l’absence des domestiques, d’ordinaire qui courait de droite à gauche, et il avait répondu en se moquant clairement d’elle. Être tués ? Et puis quoi d’autre ? Qui oserait faire une chose aussi stupide ?
Sincèrement les nobles n’avaient donc pas mieux à faire que ce genre de stupides blagues et puis c’est presque lâche de tuer des domestiques. Ces derniers se font déjà écrasés, et donc il serait cruel de mettre fin à leur vie en plus.

Clelio prit un bocal et en sortit des friandises. C’était vraiment indécent ! Franchement après une telle blague, on s’excuse d’abord, on ne mange pas de cette manière si insolente ou alors c’est Chan Dai qui s’en fait une certaine idée résultat, elle voit un peu de travers cette scène, légèrement déformée. La colère, l’ennui déformaient réellement la perception des choses.

- Vous avez un sens de l’humeur spécial…

C’était plus une critique qu’un compliment et on l’entendait dans sa voix. Chan Dai pouvait réellement avoir les mots lorsqu’elle voulait, à ses risques et périls. D’ailleurs quand la Lady viendra ? Elle voulait en finir au plus vite avec cette séance et retourner dans sa modeste demeure, en affrontant le vent et le froid de cet hiver.

Enfin un soupçon d’intelligence revint à l’albinos qui donna la réelle raison de ce silence et ce vide. Lady Cian avait viré toute la domesticité. Ce n’était pas étonnant, au contraire, il fallait s’y attendre. Elle était jalouse et insupportable et cet homme ne semblait pas des plus fidèles, par conséquent voir le licenciement de plusieurs employés soudainement n’étaient pas choses inattendus.

Chan Dai se demandait si elle allait être ainsi plus tard, c’est-à-dire extrêmement détestable à cause d’un mari volage. C’était triste d’une part. Vraiment triste en fait.

Une chose l’avait déstabilisé dans ses paroles : Votre. Il semblerait qu’il mettait tout le poids du monde sur les épaules de Chan Dai, comme s’il déchargeait son propre fardeau pour la mettre sur la sienne. Désirait-il d’une certaine manière se rapprocher d’elle ? Pensait-il qu’ils s’entendraient avec ce Votre ? Pensait-il qu’ils partageaient la même plaie ? Peut-être, en tout cas elle avait la chance de ne côtoyer la Lady qu’une fois par semaine et pour une petite heure seulement. La couturière faisait tout pour que toutes les robes soient plus ou moins parfaites afin de ne pas trop traîner ici à écouter les jérémiades de Cian.

- Un étrange caprice … Arrivez-vous à subvenir à vos besoins, vous et la Lady ?

C’était vrai une Lady ne pouvait même pas nouer sa propre robe sans l’aide d’une autre.
D’ailleurs en parlant de Lady, cette dernière entra, furieuse et le rouge aux joues. C’était mauvais.

- Pourquoi ne m’avez-vous pas prévenu ? , hurla Cian.

Chan Dai était tentée de répondre « parce que vous n’avez pas de domestiques » mais ce tut. Elle n’était qu’une fille du peuple à priorié et bourgeoise ou non, elle restait inférieure à cette femme.
La Chinoise fit une discrète révérence en signe de bienvenue et se mit bien droite, prête à écouter les ordres.
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