Il y avait une affiche sur un mur de briques, humide et sale, et sur cette affiche était proclamée ma sentence.
Pour avoir sciemment commis des crimes contre la Couronne, Les plus crapuleux étant énoncés ci-après : Tentatives de révolutions, de meurtres ; Troubles de l'ordre publique ; Contrebandes ; Et surtout, Lèse-Majesté, Ces parias sont condamnés, sur ordre bienheureux des Princes, à la mort. Que cet exemple reste dans les mémoires comme une sentence divine, Et que Dieu ait pitié de leurs âmes.
Le même texte a été lu à voix haute, juste avant, pour les manants encore incapables de lire à la moitié de ce XVIIIème siècle funeste. Dire que le Royaume était autrefois réputé pour sa soif de Connaissances. Désormais, seule la Haute peut se permettre un tant soit peu de culture. J'ai vu les gens s'attrouper, leurs teint pâle, leurs yeux fiévreux tournés vers nous. Nous n'étions pas plus resplendissant il faut dire. Depuis quand n'avions nous pas vu la lumière du jour, enfermés dans les cachots en attendant notre exécution ? A n'avoir pour seule occupation que l'unique pari que nous pouvions faire, en misant des cigarettes ou des allumettes: qui seront les prochains ? Les dés avaient été jetés, et ceux qui avaient parié sur moi ont pu voir leurs mises doubler. Les gardes sont venus me chercher à l'aube, moi et six autres de mes compagnons. J'ai trouvé ça idiot, puisque les exécutions n'avaient lieu qu'à midi ; mais finalement j'ai vite compris le pourquoi de la chose : souillés, affamés, les mains liées, sans plus que notre regard pour témoigner de notre fierté et de notre insolence contre Eux, ces ordures de Gardes nous ont exposés plusieurs heures durant sur la grande place. Les nobles se pinçaient le nez en passant; les enfants poussaient de grands cris; certains de nos compagnons nous observaient dignement, le visage dissimulés sous un couvre-chef pour ne pas se faire remarquer par les Gardes. Sur la même place, à nos côtés, il y avait des corbeaux. Gras et repus, ils nous observaient eux aussi de leurs yeux noirs, sans bouger, lâchant juste de temps en temps un croassement sinistre. A midi, on nous a mis dos au mur, celui où il y avait l'affiche de notre exécution, et juste avant qu'on me mette une cagoule sur la tête j'ai eu le temps de voir qu'il y avait encore des traces de poudre et des éclaboussures sanglantes sur le sol dallé. Mon seul rêve était de mourir en héros. Dans ce monde pourri, dur de rêver mieux. Aussi, j'espérais que ma dernière pensée serait au moins dédiée à la Liberté. Il y eut un roulement de tambours, plus macabre que la mort elle-même. Un ordre de mise en joue. Et les coups de fusils retentirent. J'ai tout juste eu le temps de penser à la nuée de corbeau que j'entendis s'envoler après les détonations.
Dans un accord parfait, le violon et le clavecin donnaient la cadence joyeusement. Les talons claquaient sur le bois ciré ; les robes tournoyaient, soyeuses et éclatantes de couleurs. Parfois on entr'apercevait une cheville sous un jupon de dentelle, et l'on faisait semblant d'être scandalisé tout en reprenant un verre de vin. Les Lords restaient droits et fiers, les Ladies, rougissantes. On ne s'appelait plus qu'ainsi, « Lord » ou « Lady », Baron, Duc ou Marquis, qu'importe : on avait bien du mal à se rappeler du nom fortuné qui accompagnait le titre. Dans ce Royaume Maudit, reclus du reste du monde, les Princes avaient volé jusqu'aux noms de leurs sujets, nobles ou non. Mais peu importait, après tout, la danse macabre continuait. Lady Eugenia souriait, de ce sourire resplendissant de jeune fille malgré le corset qui lui compressait la poitrine. A moins que ce ne fut-ce autre chose qui comprimait ses entrailles ? Après un menuet, elle alla s'assoir sur un petit fauteuil pour contempler les danses. Lady Eugenia souriait, certes, mais cela ne dissimulait en rien les cernes violacées sous ses yeux, et l'épaisse couche de poudre blanche n'arrangeait pas la chose non plus. La jeune fille avait juste l'impression que c'était grâce à ce sourire obligeant et ses manières courtoises qu'elle n'était pas encore devenue folle. Et pourtant, elle aurait donné n'importe quoi pour ne plus voir ce même sourire crispé sur les visages alentours. Oh, certains s'en sortaient bien. Certains se moquaient de tout ça, d'autres s'enfermaient dans leurs propre monde, et d'autres encore trouvaient bien des avantages à la collaboration. A sa droite, deux hommes échangèrent furtivement une bourse. Dans un coin, un domestique était fouillé, les mains en l'air. De l'autre côté de la salle, loin de la foule, un garde chuchotait à l'oreille du Prince aîné. Elle frissonna. Et pourtant, tous les autres continuaient à danser vivement, en rythme avec la musique. Les mondanités n'étaient aucunement interrompues, des rires continuaient à fuser dans la pièce. « Avez-vous assisté à l'exécution tantôt ? - Oh ne m'en parlez pas, cela m'a complètement retournée. - Ah oui ? On dit que ces jeunes garçons ont été arrêtés pour avoir tenté un attentat... - Encore ! Ciel. » Peu importait, en effet, tant que la danse macabre continuait.
♦
Il était une fois... Un Royaume lointain s'apparentant à la noble Angleterre, gouverné par un Roi sévère mais juste. Le Roi avait des enfants. Une douce Princesse aux cheveux d'or et au regard cruel. Deux beaux Princes avides de pouvoir et ivres d'amour l'un pour l'autre. Un jour, le Roi commit une grave erreur en s'enorgueillant de vouloir les séparer au nom de Dieu. Alors ceux-ci se vengèrent, de manière cruelle et enfantine - de manière princière. Voila maintenant un an que les Princes Louis et Armand gouvernent le Royaume à la place de Feu leur Père, leur jeune sœur Eden à leurs côtés. De manière tyrannique, il ont séquestré le Pays, le coupant du reste du monde contre la volonté de ses habitants. Le Royaume qui autrefois resplendissait de sagesse, de couleurs et d'une grandeur sans borne n'est plus aujourd'hui que l'égout du monde, hanté par la folie, l'obscurité et l'anéantissement. Du haut de leur trône, les Princes rient, leurs âmes corrompues par le Diable. Les habitants les regardent jouer avec leurs vies, se demandant parfois si un jour quelqu'un sera assez puissant pour réussir à les renverser. Le doute assaille tout le monde, plus personne ne fait confiance à son voisin de peur qu'il soit un ennemi. Pour ou contre la Royauté ? est devenue la question récurrente, engendrant une discorde sans fin. Et les Princes vécurent heureux très longtemps.
Il était une fois un Royaume lointain, manipulé par le Diable en personne. Souhaitons qu'un jour, la fin de ce conte sera réellement : Ils vécurent tous heureux à jamais et pour toujours...
Dernière édition par Master le Mer 28 Juil - 14:35, édité 2 fois
Joker
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Sujet: Re: Contexte Dim 24 Avr - 22:31
Code Civile étiqueté par nos bons Princes
• Il est strictement interdit de sortir des murailles. Quiconque essaie de braver cet ordre se verra emprisonner, torturer, et/ou condamné à mort.
• Le respect des Princes est absolu, incontestable et imprescriptible.
• L’irrespect envers les personnes de choix des princes, ou la Cour Royale, est interdit, de même que l’irrespect envers moins titré que soi.
• Les duels sont autorisés tant qu'ils ne nuisent pas à l’ordre publique.
• Par soucis d'éviter les tentatives de rébellion de la part de certains réfractaires, tout rassemblement trop important est interdit.
• Le couvre-feu est instauré suivant l'humeur des princes.
• Les cachots sont gardés sous clef, et sont interdits d’accès en dehors des gardes et de la Royauté.
• L’hôpital est fermé le dimanche - jour du seigneur - et le mercredi - jour des dissections.
• Pour les personnes vivant au Château : x Les chambres du personnel sont le plus souvent des dortoirs non-mixtes, ou sont faites en fonction des couples mariés. (Les enfants dorment avec leurs parents.) Les salles de bains sont communautaires mais non-mixtes. x Les Nobles souhaitant résider au Château possèdent leurs propres appartements, avec chambres, salon, salle d'eau, etc... x Les appartements royaux sont strictement interdits d’accès en dehors de certains membres du personnel en qui les Princes placent toute leur confiance.
• Ceux qui ne vivent pas au château sont libres de leurs mouvements à condition de respecter le couvre-feu.
• Les jardins sont libres d’accès.
• Bien sûr, toutes les pièces et tous les lieux connus sont surveillés.
Toute personne surprise à ne pas respecter ces règles sera sévèrement réprimandée.
[C'était un message rédigé et sponsorisé par la Compagnie Roya/sblaf]
Contexte
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